-…Fullmoon is on the sky and ~He's not a man anymore… dadadaaaa,
ladeeda... fredonnait le garçon à la natte en s'agitant dans la
cuisine, dansant de droite et de gauche pour retrouver les ustensiles dont il
avait besoin. Fullmoon…
Chantonnant les paroles qui lui trottaient dans la tête depuis le matin,
Duo posa le plat sur la table de la cuisine et se débarrassa du tablier,
puis referma le four d'un coup de talon avant de reprendre le soufflé
et de se diriger en fredonnant vers la salle à manger où Trowa
et Quatre attendaient le repas.
-In the mist of the morning he cannot fight anymore
Thousands moon or more, he's been howling
Knock on the door, and scream that is soon ending
Mess on the floor again...
-Approprié, lâcha la voix grave de Heero.
Duo ne sursauta pas en poussant un hurlement, mais seulement parce qu'il n'avait
pas envie que son heure passée dans la cuisine à se démener
avec les livres de recettes et le four diabolique ne se trouve réduite
à néant, le forçant à recommencer ET à nettoyer
le sol. Fronçant les sourcils, il jeta un méchant regard au garçon
qui descendait les escaliers en rajustant les manches de sa chemise et lui tira
la langue avant de continuer vers la table à manger.
-Tiens pendant que tu es debout, Yuy, va donc te chercher une assiette et des
couverts… je vais pas me bouger pour des retardataires, ordonna-t-il sans
se retourner.
Heero poussa un "hn" qui pouvait être un oui, ou simplement
un rire avorté, et descendit les dernières marches d'une foulée.
-Va t'asseoir, conseilla-t-il à celui qui le suivait, je vais chercher
les couverts.
Wufei aurait voulu protester qu'il pouvait le faire lui-même, mais après
tout ce n'était pas grand chose, et de toute façon il ne savait
pas où étaient rangés les articles de cuisine. Hésitant,
il leva les yeux vers les deux autres garçons assis à la table.
Le petit blond le regardait, curieux, mais son sourire était trop amical
pour qu'il se formalise de l'inspection.
-Bonjour, l'accueillit-il d'une voix douce, haute et presque chantante.
Le chinois hésita quelques millièmes de seconde avant de le saluer
de la tête.
-Bonjour.
Le garçon à la mèche leva les yeux vers lui pour lui jeter
un coup d'œil, et l'asiatique sursauta imperceptiblement. Il avait des
yeux si verts, c'en devenait frappant. Wufei se souvenait de ces yeux. Un regard
vert dans l'ombre, discret mais toujours là…
-Yo, Wu-man!!! Comment va? reste pas là, assieds-toi!!
Le chinois sursauta cette fois visiblement, sur les nerfs, et se trouva face
à face avec la personne avec qui Heero avait discuté, qui le fixait
avec un énorme sourire qu'il ressentait comme presque moqueur. Il fronça
les sourcils, prêt à remettre le garçon à sa place…
… son élan fit remonter sa lourde natte derrière son dos,
la faisant se balancer dans l'angle de vue de Wufei.
Duo avait eu la flemme de la refaire entièrement ce matin, après
le retour de Quatre. Il l'avait laissée assez lâche, pas serrée,
et seulement faite jusqu'à mi longueur. Une traînée de longs
cheveux libres flottait derrière le gros nœud de l'élastique,
sur au moins une trentaine de centimètres.
-… C'est toi que Zechs me rappelait… murmura le chinois, momentanément
hypnotisé.
L'américain cligna des yeux.
-… Wufei…?
Ils restèrent là à se dévisager, Wufei submergé
par une vague de souvenirs de son temps chez OZ et quelques flashbacks, Duo
surpris et songeur de voir que son camarade n'était pas aussi remis qu'il
l'avait espéré, essayant de comprendre ce dont il se souvenait.
-Allez vous asseoir, lâcha Heero en posant une main dans le dos du garçon
à la natte pour le pousser doucement en avant.
Duo déposa le plat sur la table pendant que Heero installait les couverts
qu'il avait ramenés, et Quatre commença à les servir. L'ambiance
était tendue, impatiente.
-Wufei ne se souvient pas encore de tout, finit par lâcher Heero après
que Trowa lui ait jeté un regard significatif. Mais ça lui revient
petit à petit, par association.
-Par association?
-Quand il voit quelque chose qui lui remet en mémoire des choses. Jusqu'à
ce que ça arrive, ce… flash, c'est comme s'il ne savait rien, qu'il
n'avait jamais su. Une fois qu'il s'est rappelé… Ca reste, non?
-Une fois que je me souviens, je n'oublie plus, non, acquiesça le garçon.
-Tu te rappelles de leurs noms ou tu veux qu'on te le dise? demanda Heero au
chinois qui, assis, regardait son assiette.
-Je… ne suis pas sûr… avoua-t-il à voix basse, gêné
d'offenser des personnes qu'il sentait être ses alliés en oubliant
leur nom.
-Bah!! pas grave, mec… répliqua Duo en lui balançant une
énorme tape dans le dos, le faisant chanceler en avant.
-MAXWELL!!! Bon sang, tu… Maxwell…?
Le garçon à la natte se mit à rire, s'affalant sur la table.
-Ah, c'est sympa de savoir que mon nom est à jamais associé avec
ton envie de me remettre en place! gloussa-t-il.
Heero renifla et Quatre eut un petit sourire qu'il tenta de réprimer,
pas trop sûr de la manière dont ce serait pris.
-Tu t'appelles Maxwell… répéta Wufei en clignant lentement
des yeux, visiblement surpris de cette révélation; le nom était
venu sur ses lèvres d'instinct… . Ton prénom?
-Duo. Et eux, tu te souviens?
-Je suis désolé… Non, répondit le garçon en
secouant la tête.
-Ce n'est pas grave, répondit Quatre avec un sourire chaleureux. Je suis
Quatre Winner et voici Trowa Barton.
Wufei hocha la tête en guise de salut puis s'assit à la table,
un peu gêné, pas très sûr de sa place dans le groupe.
-On a eu les chtouilles pour toi, mec, juré… M'enfin tu t'en es
pas trop mal tiré tout seul, non? Si? Non?
-Je n'ai pas eu trop de problèmes, non…
-Tu peux nous donner un compte-rendu de ce qui s'est passé? Ce dont tu
te souviens?
-Je me suis réveillé un jour dans un lit, et ma cuisse me faisait
si mal que je ne pouvais pas bouger. J'avais des bleus partout, mais je ne me
souviens pas vraiment de la manière dont je les ai reçus…
Une poursuite, un coup de feu… je ne me souviens de rien de plus, pas vraiment.
Quatre hocha la tête, baissant brièvement les yeux. Il avait honte;
pendant que ce que racontait Wufei arrivait, il était tranquillement
en train de rejoindre Heero dans la voiture.
-Il y avait des gardes, et je ne savais pas pourquoi ils avaient l'air si méfiants.
J'étais attaché au lit…
-Au moins tu as eu un lit, murmura Duo en se rappelant son séjour dans
une petite cellule puante et sombre sur une colonie, avant que Heero ne vienne
le chercher.
Wufei le dévisagea brièvement.
-Ensuite?
-Treize est venu me voir.
Les autres pilotes échangèrent un regard en entendant la manière
qu'avait Wufei de référer à son vieil ennemi. Pas de Général
Kushrenada, pas de Lui… et le ton, vaguement adouci, presque imperceptiblement
attendri.
-Il a compris que je ne me souvenais plus…. C'est lui qui m'a dit comment
je m'appelais. Il me traitait très bien… Il a ordonné qu'on
me détache, déjà. J'ai été examiné
par des psychiatres pour déterminer si mon amnésie était
feinte ou pas. Ensuite, j'ai reçu une plus grande liberté…
même si il avait toujours quelqu'un qui me suivait, ajouta-t-il avec une
pointe d'amertume.
Treize avait cru qu'il ne s'était pas rendu compte de ça; mais
il avait juste fait semblant. Il avait été déçu
que Treize ne lui fasse pas confiance… mais maintenant qu'il savait qu'ils
avaient été adversaires, il comprenait mieux pourquoi. En fait,
l'homme avait eu raison.
-Tu n'as pas été maltraité? Torturé?
-Torturé?! répéta-t-il avec une pointe d'horreur. Grands
Dieux, non!
Il fixa tour à tour les quatre adolescents, qui avaient l'air sérieux
et un peu grave. Ils ne plaisantaient pas…
Et puis il se souvint des regards haineux que lui lançaient certains
soldats, de la manière circonspecte dont l'avait traité Zechs,
du refus de lui adresser la parole autrement que sur un mode hautement formel
et impersonnel de l'aide de camp de Treize, Lady Une, et se dit que oui, ils
l'avaient tous traité comme un ennemi qu'ils étaient forcés
de tolérer. S'ils l'avaient pu… peut-être pas Zechs, mais
peut-être la Lady… il y avait des moments où ses yeux lançaient
des éclairs d'une froideur arctique, et quand elle était comme
ça, il avait l'impression qu'elle aurait pu faire n'importe quoi sans
battre un cil.
-Non… Treize m'a protégé. Il disait que puisque je ne me
souvenais pas, ça ne servait à rien. Qu'entre-temps, il me traiterait
comme un invité, pas différemment. Je… crois que… je
n'avais pas entièrement compris la situation, avoua le chinois en baissant
les yeux sur son assiette.
-Eh ben, je trouve toujours que ces conduites nobles et chevaleresques sont
foutrement stupides dans le cadre d'une guerre moderne, mais en tout cas je
ne vais pas m'en plaindre quand elles viennent de l'ennemi, lâcha Duo
en se balançant sur les deux pieds arrière de sa chaise, mains
croisées derrière son crâne. C'est vachement pratique finalement…
Bon c'est pas pour dire, mais ça refroidit! Alors pour une fois que je
fais la cuisine, hein…
Heero jeta un regard suspicieux à son assiette.
-Yuy, annonça l'américain d'un ton rien moins que plaisant, si
tu fais un seul commentaire sur mes dons culinaires, je te fais ingérer
ta part par une extrémité qui est plus adaptée à
l'évacuation, si tu vois ce que je veux dire…
Heero renifla d'un air moqueur et jeta un regard circonspect à Duo.
-Je ne suis pas sûr que ça fasse tellement plus de dégâts
de cette manière de toute façon…
-Rhooooo toiiiii… gronda Duo en se levant de sa chaise pour lui frotter
le crâne avec ses phalanges.
Heero l'esquiva d'une torsion et repoussa sa main, manquant le faire tomber
de sa chaise.
-Je plaisantais, Wufei, lâcha-t-il quand il vit l'expression méfiante
que le chinois avait adoptée à l'encontre de la part que Quatre
lui avait servie. Il ne se débrouille plus si mal que ça…
-Ha! s'exclama Wufei. Ca ne doit pas être si dur de faire mieux que ce
fiasco avec le cake au jambon…
-Hé! C'est pas de ma faute si le four avait décidé de brûler
d'un seul côté et pas de l'autre!!
-Et le sucre à la place du sel, c'était sans doute qu'ils avaient
échangé de boîte tous seuls pendant la nuit? répliqua
le chinois.
-Gnagnagna… Sympa de voir que ça, tu as pas oublié…
Faux frère!
Trowa et Quatre se regardèrent et échangèrent un sourire.
Tout revenait à la normale.
* * * * * *
/ L'homme-guépard avait découvert une petite place dans la forêt
tranquille qu'il aimait tant visiter, où il se sentait encore mieux,
encore plus en paix. Un petit étang, avec un ruisseau qui cascadait dedans
et s'en allait sur un lit de cailloux qui le faisait chanter et scintiller dans
la lumière de l'aube. Il passait le plus clair de son temps dans ce rêve
particulier allongé dans l'herbe fraîche et tendre de la berge,
ses pattes arrière traînant dans l'eau, ses doigts dessinant des
traits scintillants à la surface quand il l'effleurait de ses griffes,
dans un état de calme et de contemplation. Ce rêve particulier
le soutenait toujours, le calmait quand il était stressé, quand
il avait peur, quand il était las d'avoir trop ressenti toutes les émotions
et passions d'autres que lui.
Et puis le reflet du petit ruisseau se troubla, refléta brièvement
des sommets montagneux enneigés, si hauts qu'ils en devenaient bleus.
Et la tristesse de la solitude./
Une vague de surprise le réveilla de son rêve, de la surprise
qui se colora par la suite de soulagement et d'une douce-amère consolation.
Le jeune arabe s'assit dans son lit et cligna des yeux, brièvement confus.
Il avait du mal à reconnaître la source, mais pourtant il savait
exactement de qui ça venait, sans même avoir besoin d'y réfléchir.
La place vide dans le fond de son empathie était de nouveau occupée.
La surprise se teintait de tristesse, et il se leva en silence, passa une robe
de chambre et se glissa pieds nus le long du couloir, vers la source des sentiments.
Il hésita, puis toqua doucement à la porte.
-Wufei? murmura-t-il en entrebâillant la porte.
Le chinois était penché sur le carton contenant son petit temple
à offrandes et les possessions que Duo avait récupéré
dans sa chambre, presque un mois auparavant. Il avait un ruban blanc dans les
mains, et les yeux fixés sur une photo cornée.
-Oh, Quatre… Entre.
Le petit blond fit quelques pas dans la chambre, puis s'arrêta.
-C'est Duo qui a rassemblé ce qu'il a pu quand nous avons dû partir
de la dernière maison en catastrophe, admit le garçon à
voix basse. Il n'a rien oublié d'important, j'espère?
-Non… Non, rien d'essentiel, répondit le chinois, l'air pensif et
toujours attristé.
Il ferma les yeux et secoua la tête, comme pour chasser le pénible
souvenir que la photo lui évoquait, puis prit une inspiration et lança
un petit sourire à l'arabe.
-Il faudra que je le remercie.
-Je peux aller te chercher des allumettes, si tu veux, offrit l'arabe quand
Wufei sortit le petit temple de la boîte et le déposa contre le
mur.
Wufei le regarda, surpris, puis hocha la tête, et ses yeux exprimèrent
pour lui toute l'étendue de la gratitude que sa pudeur l'empêchait
de transformer en mots ou en actions.
-Je te remercie.
Le petit blond disparut dans le couloir, courut jusqu'à la cuisine et
attrapa la boîte d'allumettes, puis repartit en courant, agrippant une
mandarine au passage, passant un Heero mal réveillé dans la cuisine
sans prendre la peine de lui adresser la parole pour lui expliquer sa hâte.
Heero se gratta le crâne, puis se remit en chasse du bol pour son café. Fallait pas espérer qu'il soit capable d'aligner deux pensées cohérentes avant d'avoir eu sa dose non plus.
Quatre gratta à la porte puis entra d'un pas léger. Wufei était
agenouillé devant son temple, contemplatif. Il leva les yeux vers son
camarade, et lui sourit légèrement en remerciement pour ce qu'il
lui rapportait. La mandarine le fit lever les sourcils.
-Présent pour les Ancêtres, expliqua le petit blond en rougissant.
Wufei ne répondit pas pendant longtemps, et Quatre pensa qu'il l'avait
offensé en allant mettre son nez dans son business. Mais finalement,
le chinois bougea… s'inclinant profondément devant lui, le remerciant
sans un mot. Quatre lui rendit sa courbette, puis sortit de sa chambre, le laissant
seul avec ses souvenirs.
* * * * * *
Quand Quatre revint à la cuisine, Trowa était attablé
à côté de Heero et ils sirotaient de concert un grand bol
de café, apparemment sans même s'apercevoir qu'ils étaient
synchronisés. Le petit blond gloussa, amusé, et se glissa sur
le banc en face d'eux. Son sourire radieux attira l'attention des deux bruns,
qui échangèrent un regard porteur de tout un dialogue silencieux.
Quatre éclata d'un rire cristallin. Leur échange disait si clairement
"tu lui demandes ou je lui demande?" qu'il ne put se retenir. Quand
Trowa le regarda et leva un sourcil encourageant en sa direction, le garçon
était toujours en train de glousser.
-Quatre?
-Wufei est revenu!
Les deux bruns échangèrent un autre regard, plus circonspect.
Cette fois, ce fut Heero qui prit la parole.
-… Quatre, il est revenu hier, déjà…
-Mais non, je voulais dire là!! s'exclama l'arabe en pressant une main
sur son cœur, incapable d'expliquer autrement ce qu'il ressentait.
-Tu le perçois de nouveau? s'étonna Trowa.
-Oui! répondit le blond avec un sourire encore plus radieux que le premier.
Et il est presque comme avant, dedans… Sauf… Moins… enfin, plus…
Haa, c'est dur à expliquer! Un peu différent, quoi. Mais c'est
lui, il est de nouveau avec nous, et je… ho là là, je crois
que je vais faire une crise… Je suis tellement heureux!
Trowa se pencha par-dessus la table et posa la main sur son bras, et Quatre
posa sa propre main par-dessus, un immense sourire aux lèvres et des
larmes aux yeux.
-Ah, je suis tellement émotif, c'est atroce… marmonna-t-il en passant
un bras sur ses yeux.
-Comment est-il différent? demanda Heero pour le distraire de son embarras.
-… C'est dur à expliquer. Par exemple, tu as des émotions…
Acérées, comme des éclats de glace des fois, et quand je
pense à une couleur à leur attribuer, je pense blanc ou bleu clair,
mais violent, tu vois? Comme une lampe torche de police ou un phare. Duo est
comme une flamme, ça danse sans cesse et c'est très beau, mais
impossible à saisir ou à assigner une forme définie. Rouge,
souvent, passionné et dangereux, des fois noir ou pourpre sombre quand
il est triste ou de mauvaise humeur. Trowa… Je ne sais pas. Doux en tout
cas. Vert et blanc, des couleurs pastels surtout, sépia des fois. Mais
Wufei… Il avait les émotions aussi acérées que les
tiennes, Heero, mais maintenant, elles sont un peu plus arrondies aux angles.
Un peu moins nettement tranchées peut-être? Je ne sais pas tellement
à quoi ça correspond… Ca se ressent, ça ne s'explique
pas très bien.
-Hmmm…. enfin, c'est toi le spécialiste. Du moment que tu comprends
ce que tu ressens, ce n'est pas important de le mettre en mots, l'assura le
japonais.
Quatre poussa un long soupir pour évacuer sa tension et lui sourit, avant
de plonger sur le pot de café pour sa dose.
* * *
Quand Wufei descendit dans la cuisine, les quatre autres garçons étaient
assis à la table en train de déjeuner. Il hésita imperceptiblement,
pas sûr de réellement faire partie du groupe, mais le grand sourire
que lui envoyèrent l'américain et l'arabe et la chaise que Trowa
lui délogea du pied lui prouva qu'il était le bienvenu.
-Comment va?
-Bien, merci, répondit-il avec un petit sourire en prenant sa place et
en tendant la main vers le pot de café.
La discussion le matin était calme et quelquefois sporadique, portant
sur les nouvelles politiques dans les journaux qu'ils avaient juste reçu,
et le plan pour la journée. Wufei se contenta de prêter l'oreille
sans réellement participer, absorbant les informations. Il avait manqué
tant de choses pendant ses… vacances à OZ.
Il avait tellement d'informations à trier, que ce soit ce qu'il avait
manqué, ou… ce dont il se souvenait. Ce n'était pas encore
très ordonné, mais d'une manière ou d'une autre, le blocage
mental avait commencé à disparaître entièrement et
il redécouvrait des pans entiers de sa vie, comme si c'était la
première fois. C'était étrange de se souvenir de choses
comme ça, presque comme s'il recevait des mémoires d'une autre
personne. Il n'avait pas entièrement l'impression que ça lui appartenait.
Il s'était regardé dans le miroir de la salle de bains avant
de descendre. Son image lui était familière après ce mois
passé à la base, mais pendant qu'il avait été devant,
des tonnes de souvenirs lui étaient revenus sur son apparence précédente.
Cheveux détachés emmêlés, cicatrice entre les yeux,
mèches folles trop courtes pour les ranger derrière l'oreille
qui balayaient son visage… Il s'était fixé pendant longtemps,
avait mesuré et classé les différences, avait effleuré
du doigt cette cicatrice… Puis avait résolument brossé ses
cheveux en arrière, coiffés serré, et les avait noués
avec une bande rouge qui traînait sur la tablette. Un guerrier ne pouvait
se permettre d'avoir des cheveux dans tous les sens, c'était trop ennuyeux
et pouvait causer trop de problèmes.
Ca faisait étrange d'être de nouveau le Wufei d'avant… il
n'avait plus l'habitude d'avoir les cheveux tirés en arrière et
il avait trouvé ça bizarrement restrictif. Après quelques
secondes, il avait passé sa main à contresens dans ses cheveux,
délogeant les mèches plus courtes, les avait arrangées
pour qu'elles encadrent son visage, comme un rappel du rideau de cheveux d'ébène
dont il avait pris l'habitude.
Il s'était dévisagé longuement, encore une fois. Voilà,
c'était mieux. La cicatrice et les mèches folles, avec la queue
de cheval. Un mélange.
Pensif, il passa le doigt sur sa cicatrice, suivant le léger relief.
Heureusement, ce n'était pas un gros bourrelet de chair hideux, juste
un trait de peau plus sombre, légèrement plus épaisse.
-Je me demande pourquoi elle n'a pas encore disparu, murmura-t-il pour lui-même.
Un blanc dans la conversation permit aux autres garçons de l'entendre
et il se sentit rosir. Il les regarda tour à tour.
-De quoi tu parles, la cicatrice? demanda Duo.
Wufei hocha brièvement la tête.
-Oui.
-Tu t'es fait ça pendant… ta capture?
-Je crois, oui, je ne suis pas sûr.
-Oui, il l'avait avant. Un des gardes avait une arme blanche, je crois, répondit
Quatre. Mais elle n'avait pas été bien profonde, tu m'avais dit,
elle aurait dû s'effacer… Est-ce qu'elle a été mal
soignée?
-Non, pas du tout, au contraire. Mais en un mois elle ne s'est qu'à peine
estompée… Je trouvais ça curieux, c'est tout, ajouta le chinois
en haussant une épaule.
-C'est par là que tu as reçu du sang de Quatre? questionna Heero
en reposant son bol. L'endroit où j'ai été mordu aussi
est resté plus que bien visible. Ca a peut-être un rapport.
-Sûrement, répondit Quatre en tirant sa manche pour regarder les
points blancs, décolorés, où les crocs de Heero avaient
percé sa peau. Ca n'a pas disparu non plus. C'est peut-être le
premier contact avec le virus qui marque la peau… Non?
-Mmm, peut-être. Peut-être que c'est bien par là que j'ai
reçu ton sang… Je ne me souviens pas encore très clairement.
-On en parlait justement avant-hier, répondit Quatre. Tu te souviens
de Sally?
-Oui…
-Elle est en Amérique, elle aide le réseau local de résistance
à s'organiser, à créer des liens entre leur Chinatown et
les groupes de résistants en Chine auxquels elle a appartenu… Enfin
tu vois quoi. On se disait qu'il faudrait mieux qu'un médecin de nos
alliés soit au courant pour … notre particularité, à
Heero, toi et moi. Et avec ta captivité et ton amnésie, même
si, si longtemps après les faits, elle ne peut plus faire grand-chose,
bon, on ne sait jamais. Il vaudrait mieux qu'elle t'examine, tu ne penses pas?
-Ce n'est pas une mauvaise idée, admit le garçon avec lenteur.
Oui, ça vaudrait sûrement mieux.
-Elle a une couverture de médecin scolaire, nous nous étions dits
que le meilleur moyen pour nous de la voir serait encore de nous faire passer
pour des élèves dans son établissement…
-De plus, ça nous permettrait de passer plus inaperçus dans la
ville, ajouta Heero. On fait ça?
-Ca me va! répondit l'américain.
Trowa hocha la tête.
-Bon c'est réglé, on part en Amérique. Séparément?
-Mmm…
-Franchement, je n'aime pas trop ça… Cinq nouveaux élèves
du même âge arrivant en masse dans une nouvelle école, même
si on étale les arrivées sur une semaine ou deux, ça fait
trop suspicieux.
-Pas si on arrive visiblement ensemble, répondit Duo en souriant.
-Comment tu vois ça?
L'américain prit quelques secondes pour ordonner ses idées, puis
se lança, réfléchissant à voix haute.
-Si on arrive tous ensemble, mettons parce que nos parents ont tous déménagé
en même temps… mettons à cause de leur travail? Leur entreprise
voulait ouvrir une succursale ou quelque chose du genre? Alors comme ils étaient
plus ou moins amis, ils ont décidé de partir ensemble. En plus
ça nous donne une excuse pour nous connaître, si nos parents étaient
collègues et amis, nous avons plus que vraisemblablement rencontré
les autres au moins lors de dîners d'entreprise ou un truc comme ça.
Vous en pensez quoi?
-On aurait besoin d'une vraie entreprise en cas de vérification, et des
gens pour jouer nos parents, parce que autant d'étudiants d'un coup va
sûrement attirer plus l'attention, conseilla Quatre.
-On peut demander à Sally de nous trouver des gens là-bas. Dans
son réseau?
-S'ils sont de Chinatown, ce sont majoritairement des gens d'origine chinoise.
Pour Heero et moi, ça passera, nous sommes plus ou moins typés
asiatique, mais pour vous trois, ce sera plus dur… répondit Wufei,
pensif.
-Quatre et moi pouvons passer pour demi-frères, on l'a déjà
fait. Doit être les joues, répondit Duo en pinçant celles
de Quatre. Un couple de moins à trouver pour les parents.
-Je ne compte pas aller en cours avec vous, lâcha Trowa. J'ai besoin d'entrer
en contact avec mes réseaux d'information d'Amérique centrale,
je serai probablement là par intermittence seulement. J'ai beaucoup de
gens à voir. De plus il me faut des munitions pour HeavyArms, je commence
à être à sec. J'aurai besoin de temps. Je pourrais faire
vos courses en même temps, proposa-t-il en les regardant.
-Ok, ça me fait une identité de moins à créer, agréa
Heero. Quatre? objections?
-Ca sera probablement aussi bien comme ça. Tu comptes orbiter autour
de notre zone?
-Oui.
-Tant que tu n'es pas trop loin si une mission se présente, ça
devrait aller. Et puis si nous sommes découverts, tu ne seras pas capturé
avec nous, au moins, agréa le petit blond en se retenant de soupirer.
Trowa allait lui manquer… Enfin, il ne serait pas loin, et puis ce n'était
pas pour longtemps…
-Duo, Wufei, objections?
Les deux garçons secouèrent négativement la tête.
-Bien, je vais faire les arrangements pour le transport. Quatre, tu contactes
Sally et tu lui expliques? Les autres, faites ce que vous voulez pour la matinée.
Après le repas de midi, on range nos affaires et on fait disparaître
nos traces de cette maison, on part ce soir au plus tard. J'aurai arrangé
un vol.
-Pour nos identités?
-Je ferai ça pendant le voyage. J'en ai quelques-unes de préfabriquées,
ça ira.
Tous ensemble, ils se levèrent de la petite table et se mirent à
débarrasser, avant de vaquer à leurs occupations.
* * * * * * * * *
Ca faisait deux jours qu'ils étaient en Amérique et tous les
détails mineurs de leur déménagement avaient été
réglés. Ils avaient rendez-vous en personne avec Sally plus tard
dans la journée, pour lui expliquer en détail ce que Quatre n'avait
fait qu'effleurer au téléphone. Aujourd'hui était leur
premier jour d'école.
L'entretien avec la directrice de leur nouvelle école s'était
plutôt bien passé, même si les options qu'ils avaient choisi
et le besoin d'équilibrer les effectifs les avaient dirigés dans
des classes différentes, mais au moins Wufei n'était pas laissé
seul, même s'il en savait pas s'il avait eu envie d'être avec Duo.
Heero et Quatre étaient chacun dans une classe différente. Il
faudrait qu'ils comparent leurs horaires pour pouvoir se retrouver en cas de
besoin.
La cicatrice de Wufei avait déclenché une question polie, et pendant
un moment, il n'avait su que répondre. Au moment où ça
devenait tendu, Quatre avait diffusé la situation en gloussant et en
répondant qu'il avait honte d'avouer qu'il était tombé
en vélo. Wufei avait grommelé, mais s'était assuré
de se souvenir de cette explication au cas où. Il ne s'était pas
attendu à attirer ce genre d'attention.
Semblant percevoir sa nervosité, Duo posa une main sur l'épaule
du chinois et lui fit un clin d'œil complice. Wufei haussa les épaules
et se détourna, mais au fond il était bizarrement rassuré
de savoir que l'américain serait avec lui. Prenant une inspiration discrète,
il toqua à la porte.
-Oui?
-Bonjour monsieur! s'exclama l'américain d'un air jovial. On est des
nouveaux élèves, ajouta-t-il en lui tendant le papier que la directrice
leur avait remis.
-Monsieur … Shen Long?
Au diable ce crétin à la natte! pensa encore une énième
fois l'asiatique. Heero n'aurait jamais dû lui laisser choisir leurs noms,
il s'en était donné à cœur joie.
-Long Shen, rectifia Wufei en essayant de rester impassible. Long est mon nom
de famille, mais la tradition veut qu'il se place en premier.
-Et monsieur…
-Duncan Myles, avec un y. Et contrairement à mon ami, je place mes noms
dans l'ordre civilisé, ajouta-t-il avec un clin d'œil malicieux.
Wufei lui donna une légère tape sur le crâne et un regard
agacé, même si au fond il appréciait l'humour de son camarade
comme un soulagement bienvenu.
La classe entière avait les yeux fixés sur eux, mais peu des élèves
restèrent aussi silencieux que leur professeur le leur demandait. Pas
encore revenu à son état normal, Wufei se sentit mal à
l'aise en voyant tous les regards curieux et calculateurs qui les dévisageaient
tous les deux, mais il mit toute sa fierté à garder un visage
de pierre. Il resta froid, vaguement désapprobateur devant le manque
de discipline dont faisait preuve la classe entière. Le professeur avait
essayé de demander le silence, mais ils ne prêtèrent même
pas attention, par-dessus le brouhaha… Peut-être que ça n'avait
pas été une bonne idée, finalement.
Duo jeta un coup d'œil à l'air constipé que Wufei avait pris,
signe de son malaise et de son besoin de mettre des distances entre lui et la
classe, et décida d'attirer l'attention sur lui pour le soulager un peu.
Il lança un grand sourire charmeur au groupe de jeunes filles entassées
sur les deux rangées du milieu. Immédiatement, elles le lui rendirent,
se mettant à glousser et à chuchoter entre elles, ayant déjà
presque oublié le chinois à l'air coincé qui l'accompagnait.
L'une des filles du premier rang lui fit une place et il accepta d'un air ravi,
tandis que Wufei s'installait en bout de rangée, aussi loin d'eux qu'il
le pouvait. Immédiatement, Duo et les filles se mirent à papoter
avec entrain.
Le chinois soupira et s'apprêta à passer une longue, ennuyeuse
journée.
* * * * * *
La monotonie des cours fut rompue vers les onze heures et demie par la levée
soudaine de sa chaise de son camarade à la natte. Wufei releva un sourcil,
surpris.
-Monsieur, j'me sens pas très bien… je peux aller à l'infirmerie
s'il vous plaît?
Pour un peu Wufei aurait réellement cru que Duo avait un malaise…
Il avait l'air épuisé et ses yeux avaient une expression étrange,
et tout son langage corporel indiquait qu'il souffrait mais essayait de le cacher.
Le chinois crut même voir son teint devenir un peu grisâtre.
Une demi-douzaine de filles se proposa pour l'accompagner, puisqu'il ne pouvait
pas se promener seul dans les couloirs, mais il opta pour son ami Shen et ils
partirent, Wufei supportant à demi le garçon.
-Félicitations, murmura le chinois quand ils furent hors du bâtiment
sans que Duo ait cessé de jouer la comédie plus de la seconde
nécessaire pour lui faire un clin d'œil. Pour un peu je t'aurais
cru. Tu imites remarquablement bien un malaise…
-Dans la rue, c'est requis pour la survie. On apprend vite à faire croire
qu'on est plus mal en point qu'on l'est… comme on apprend à agir
de la même manière même si on es bel et bien aussi mal en
point qu'on le montre.
Ne sachant trop que dire, le chinois se contenta de resserrer brièvement
sa prise sur son épaule, et son ami lui lança un sourire avant
de se mettre à chantonner.
-And… I'm just waiting for the moon to come and set me free,
And I'm just waiting for moonlight and then my eyes you can see!
I'm just waiting for the moon to come and set me free,
Because the moonlight can release me from my miiisery!
Wufei cligna des yeux, puis soupira. Depuis qu'il était revenu, Duo ne
faisait que chanter des chansons qui, d'une manière ou d'une autre, parlaient
de loups ou de transformations un soir de lune, comme s'il essayait de monter
une collection. Heureusement qu'il chantait bien… et certaines des images
et tournures utilisées étaient intéressantes. Et puis,
d'un autre côté, de traiter la chose avec tant de naturel l'empêchait
de prendre peur à force de trop réfléchir, le poussait
à voir les choses du côté "garou" égale
"magie", "don" plutôt que du côté "humain
maudit".
Et puis, la plupart, venant le plus souvent du hard-rock ou metal, avaient un
bon rythme et une énergie intéressante.
Même si évidemment quand il en parlait avec le garçon il
faisait rarement autre chose que de se plaindre de leur violence et de leur
manque de mélodie. Après tout on ne pouvait pas argumenter avec
quelqu'un sur une chose qu'on approuvait tous deux.
-Mademoiselle? Mon ami est malade, lança Wufei en guise d'introduction
à la jeune femme qui leur tournait le dos, fouillant dans ses dossiers.
Sally n'hésita pas une seule seconde avant de leur faire signe d'entrer;
visiblement, elle les attendait. Il n'y avait personne dans la salle d'attente,
mais elle leur fit comprendre qu'une personne se reposait dans la petite chambre
à côté. Elle referma la porte de son bureau derrière
eux deux et leur désigna des chaises.
-Nous pouvons parler librement mais pas trop fort, j'ai une patiente qui fait
la sieste.
-Hey, Sally! lança l'américain en se penchant par-dessus son bureau
pour lui faire la bise.
Elle cligna des yeux puis eut un petit sourire amusé, et fit un salut
de la tête à Wufei.
-Pour ce qui est des détails avec tes amis, Quatre t'en parlera plus
tard. Il viendra te voir ce soir chez toi, ok? On est plus là pour mister
Feifei, nous deux.
-Oui, j'en ai entendu parler. Viens là, Wufei, demanda-t-elle, soudain
toute professionnelle.
Elle l'entraîna dans la salle d'examens, et Duo resta adossé de
l'autre côté de la porte entrouverte, les écoutant sans
regarder, pour laisser à Wufei un minimum de pudeur. Sally l'examina
pour trouver des marques de sévices physiques ou séquelles de
blessures qui pouvaient le rendre incapable de piloter, mais n'en vit aucun.
Il entendit le garçon expliquer à la jeune femme son mois d'amnésie
et son retour de souvenirs, peu de temps auparavant.
-Te reste-t-il des symptômes? Maux de tête, pertes d'équilibre…
-Je n'ai pas eu de migraines depuis avant-hier, répondit le chinois.
Mais avant, j'en ai eu tout le mois et elles étaient assez violentes.
-Je vois. C'était sûrement d'origine psychologique, tes souvenirs
essayant de revenir. Logiquement, ça devrait cesser dans peu de temps.
On ne sait pas si les crises vont revenir, mais si c'est le cas tu prends ça,
et pas plus d'un comprimé et demi, c'est puissant. Te reste-t-il des
trous de mémoire?
-Je ne sais pas, je suis encore dans le processus de classer mes souvenirs.
Je ne pense pas, mais c'est encore très confus par endroits.
-Et qu'est-ce qui a provoqué le retour de ta mémoire? La confrontation
avec les Gundams et Yuy, sans doute, non?
Wufei se mordilla les lèvres. Ils arrivaient à la partie difficile.
-Ca avait commencé avant. Et… Ca a été un déclencheur,
mais pas le seul, et j'aurais mis des semaines de plus je pense, si… Duo!
Je ne sais pas comment lui dire!
L'américain entra dans la pièce et jeta un regard interrogateur
à Wufei.
-Raconte-lui, pour… ce que tu sais.
-Okay. Heu, on ferait mieux de s'asseoir, c'est long, d'acc?
Fronçant les sourcils, la jeune femme obtempéra. Elle n'aimait
pas vraiment ces secrets ni l'air de gêne qu'affichait son compatriote.
Ca ne présageait rien de bon…
-Bon, alors… Y a de ça plusieurs mois, Heero s'est fait mordre par
une grosse bête. Il a été malade comme un chien pendant
une semaine, ensuite il a eu un caractère atroce pendant les trois semaines
restantes, du genre syndrome prémenstruel en pire, sautes d'humeur, susceptibilité,
et tout ça. On savait pas ce qui se passait, lui non plus. Ses cinq sens
ont commencé à devenir hypersensibles, enfin, certains plus que
d'autres, et il est devenu carrément nocturne à un moment. A la
fin du mois, il a… enfin bref, je te dirai plus tard, mais en gros il a
mordu Quatre, qui lui aussi a exhibé ces symptômes, puis Wufei
aussi a été contaminé, sauf que c'était juste avant
de disparaître. Tu suis toujours?
-Tour à tour tes camarades se sont transmis quelque chose qui rendait
leur comportement aberrant?
-Oui.
-Vous voulez un examen pour en déterminer la source?
-Heu… Non, Sally. On sait très bien ce que ça fait. On ne
pense pas que tu puisse les guérir de toute façon, je veux dire,
les profs ont pas pu penser à un moyen, je sais pas si tu pourrais, mais
je suis pas sûr qu'ils voudraient être… guéris. Parce
que… les désagréments dont je t'ai parlé, ce n'étaient
que des symptômes. La raison derrière eux est déjà
évidente, plus qu'évidente même, ajouta-t-il avec un petit
rire. On veut juste que tu sois au courant, si jamais ils ont besoin d'une aide
spécialisée…
-J'ai peur de ne pas te suivre Duo.
-La bête qui a mordu Heero, c'était un loup-garou.
Il y eut une longue minute de silence.
-Tu peux répéter?
-La bête qui a mordu Heero était un loup-garou. Un humain capable
de prendre une apparence de loup. Heero est devenu un loup-garou. Tu peux lui
demander, il te fera même une démonstration. Il a la capacité
de se transformer en loup, entièrement ou en partie. Il a ses sens même
en humain. Il a ses instincts.
Elle regarda Wufei, sûre qu'il allait avoir l'air de se retenir de rire,
ou satisfait de s'être payé sa tête, mais il était
toujours aussi grave. Totalement sérieux.
-Et Quatre et toi ont été contaminés, tu dis?
Le chinois hocha sobrement la tête.
-Alors vous êtes des… Loups-garous aussi? Tu peux me montrer?
-Non. Quatre et moi ne sommes pas des loups. Et je ne suis pas encore garou
depuis suffisamment longtemps pour avoir le contrôle sur mon apparence
que Yuy a.
-Comment ça pas des loups?
-Ben, c'est ça qui est super strange, Sally, Quatre est devenu guépard
et Wuwu est un tigre… On pige pas trop. Je veux dire, si c'était
un virus qui transmet la capacité de se changer en loup, pourquoi ils
sont devenus des félins? Perso ça m'a mis sur le cul, passke d'après
ce que je sais de tout ça… Et donc bref, c'est ça qui a forcé
les souvenirs de Wu à la surface, c'est à la pleine lune, il s'est
transformé pour la première fois. Le choc a dû l'aider…
Elle secoua la tête comme pour éclaircir ses pensées et
les dévisagea.
-Je suis désolée mais je DOIS poser la question. C'est un poisson
d'avril? Parce que j'avoue que j'ai du mal à le croire…
Wufei ferma les yeux et se concentra sur l'image du tigre qu'il avait entrevu
dans le reflet d'une flaque d'eau.
Aucun changement ne se fit ressentir et il rouvrit les yeux, un peu déçu.
Sally avait les yeux écarquillés, et même Duo paraissait
surpris.
-Wow, classe, mec…
Le chinois leva un sourcil.
-Regarde ton bras, vite avant que ça disparaisse…
Il avait des rayures sur la partie externe des bras, qui sous ses yeux s'estompaient
pour passer de brun sombre à brun clair, puis beige, jusqu'à se
fondre avec le teint naturel de sa peau.
Sally ramassa sa mâchoire qui traînait sur le sol et haussa les
épaules d'un air fataliste.
-"Il y a plus de choses sur le ciel et la terre, Horatio, que n'en a rêvé
ta philosophie"… cita-t-elle avant de se relever. Ok, Wufei, viens
là, je vais te faire une prise de sang. Ensuite on testera tes sens.
Je verrai ce que je peux apprendre sur votre métabolisme. J'ausculterai
Quatre ce soir chez moi, arrangez-vous pour que Yuy me voie dans la journée
ou le rejoigne. Ok?
-Ok, Sally! s'exclama l'américain. Heu… Ca va?
-Ca va… Ca va. Pour le moment. Mais je suis encore sous le choc, aussi
vous feriez mieux de sortir vite une fois finie, que je puisse fermer mon bureau
et avoir une petite crise d'hystérie en privé, ok?
-Ok, répéta le garçon à la natte, se retenant de
glousser pour la seule raison que la jeune femme avait été parfaitement
sérieuse.
* * * * * * * * *
Heero sortait de classe entre deux cours quand il capta une odeur qui le fit
piler net. La fille qui était derrière lui le bouscula, et protesta
lourdement, mais un seul regard à son visage fermé et froid, agressif,
la fit taire aussi sec. Il resta là quelques secondes, essayant de fixer
l'odeur dans sa mémoire, puis se mit à la suivre avec détermination,
oubliant ses cours.
Il poussa la porte du bâtiment dans lequel se situaient les dortoirs des
garçons avec tellement de détermination qu'elle claqua contre
le mur. L'odeur lui sauta au nez, et il sut avant même de regarder où
l'autre serait.
Devant la chambre où dormaient Duo et Wufei, prête à pousser
la porte, la source de l'odeur se tenait, vêtue d'une veste en jeans et
d'une casquette sur de courts cheveux noirs, totalement anodine.
Il fut sur elle à la seconde où elle passait la porte et la plaqua
contre le mur, refermant la porte d'un coup de pied, grondant.
Wufei était allongé sur son lit, mains derrière la tête,
Duo à la table écrivait quelque chose sous la supervision de Quatre,
un devoir sans doute. Les deux garçons se retournèrent d'un bond
pour voir le dos de Heero enfonçant un inconnu dans le mur, et Duo se
leva lentement, s'approchant de la paire.
Wufei s'assit sur le rebord de son lit, méfiant. Yuy avait apparemment
la situation en main, mais cette odeur…
-Ben heureusement que je sais que c'est pas ce dont ça a l'air, parce
que sinon, j'aurais des sérieux doute, lâcha le garçon à
la natte. … Heu, est-ce que c'est vraiment autre chose que ce dont ça
a l'air?
-De quoi ça a l'air? demanda Heero sans quitter des yeux l'autre, toujours
aussi sérieux.
-De deux gars en train de se bisouiller dans le cou dans un coin tranquille,
pourquoi?
Un reniflement amusé s'échappa de l'autre contre lui, et il leva
des yeux d'un bleu intense de ciel d'automne par-dessus l'épaule du japonais
pour dévisager Duo.
-Un gars? Merci! lança une voix joviale, haute et claire à un
niveau inattendu.
L'américain se figea, totalement immobile, puis tira brutalement son
camarade en arrière pour avoir une vue correcte du nouvel arrivant. Ledit
nouvel arrivant releva sa casquette du bout du doigt, dévoilant son visage,
et lui lança un clin d'œil malicieux.
-Hey, Duo, ça roule?
-HILDIE!!! s'exclama le garçon en se jetant sur l'autre pour la serrer
dans ses bras avec vigueur. Bon sang, Hildie-baby, que ça fait du bien
de te revoir!! Mais qu'est-ce que tu fais là? demanda-t-il d'un ton surpris
mais heureux.
Grondant, Heero le saisit par l'épaule et le repoussa en arrière.
Duo voulut protester, mais se rendit compte que son camarade avait le regard
et l'attitude plus animal qu'humain; il valait mieux respecter ses réactions.
Il voyait Hilde comme une menace, Duo ne savait pas trop pourquoi au juste,
sauf que ça avait naissance dans sa partie animale. Est-ce que c'était
l'odeur du revolver qu'elle portait peut-être, avait en tout cas porté
avant?
-Bon, mec, c'est quoi cette embrouille? demanda-t-il à voix basse, espérant
calmer son camarade.
-C'est un loup-garou, répliqua Heero d'une voix atone, sans quitter l'intrus
des yeux.
-Une louve, corrigea la brunette en se désintéressant du japonais.
Duo cligna des yeux et essaya de se rappeler si d'une manière ou d'une
autre elle avait pu être contaminée par l'un d'entre eux, mais
ne trouva rien. Elle ne connaissait que lui parmi les pilotes et à ce
qu'il savait il était toujours non contaminé.… Et puis il
ne l'avait pas revue depuis des siècles.
La brunette n'avait pas fait trois pas dans la pièce qu'elle se retrouvait
plaquée contre le mur, un bras en travers de la gorge et l'autre bloquant
son bras droit.. Au milieu des cris de protestation de Duo, un grondement menaçant
s'éleva de la gorge de Heero.
Un grondement non moins menaçant, si plus aigu, s'éleva de celle
de Hilde. S'appuyant sur le mur, elle rua contre le ventre du japonais et se
libéra d'une torsion, montrant les crocs.
'Oh merde, elle aussi?' fut la seule chose que réussit à penser
l'américain pendant un bon moment, la réalisation de ce qu'elle
avait dit le frappant soudainement.
Sortant de sa stupeur, Duo se jeta entre les deux bruns aux yeux bleus, essayant
de les tenir loin l'un de l'autre d'une main sur la clavicule. Heero tenta de
le repousser pour se jeter sur la jeune fille mais Duo saisit son poignet au
vol et le fixa des yeux jusqu'à ce qu'il accepte de le regarder et non
de jeter des regards meurtriers à Hilde.
-Suffit, ordonna-t-il.
Il attendit quelques secondes pour s'assurer qu'il avait bien compris puis tourna
la tête vers la jeune fille. Elle ne grognait pas ni ne montrait les crocs
mais son air fier et belliqueux montrait qu'elle ne se laisserait pas faire.
Duo la dévisagea quelques secondes à son tour puis soupira.
-Le pire, Hildie, c'est que les oreilles poilues et les crocs te vont bien…
lâcha-t-il d'un ton las.
Elle eut la bonne grâce de paraître gênée pendant quelques
secondes puis lui fit un petit sourire canaille. Duo soupira.
-Vous êtes calmés tous les deux? Oui? Bien!! Heero, pourquoi l'as-tu
attaquée à vue?
-Elle n'a rien à faire ici, siffla le japonais, ses crocs saillants.
Hilde se montra un peu plus secourable.
-Bon heu apparemment, t'es au courant de ce qu'il est, donc… Je suis pas
de sa meute et je rôde sur son territoire, Duo-babe, et vu qu'il était
déjà parano…
-Mouaif… Et ca fait longtemps que tu es garou?
-Je suis NEE garou, Duo, répondit la jeune fille.
-Ah. Euh. Cool.
-Excusez-moi… Mademoiselle? Duo? Vous vous connaissez depuis longtemps?
Demanda Quatre.
-Cat, c'est ma copine Hilde, Hilde Schbeiker. Je t'ai parlé d'elle, non?
Répondit le garçon à la natte d'un air faussement déçu.
-Oh, oui, exact! S'exclama le petit blond avec un sourire amical. Je suis…
-Quatre Winner, répondit la brune en lui tendant la main.
Heero gronda, menaçant Hilde. Elle leva un sourcil en sa direction mais
n'affecta pas sa manière vigoureuse de donner une poignée de mains
pour autant, refusant de se laisser intimider.
-Duo m'a parlé de toi… Mais je ne savais pas que tu étais
un garou, ajouta-t-elle en fronçant un sourcil, pensive.
-Je ne te l'aurais pas dit, Hilde… Tu ne m'en as pas parlé pour
toi!
-Je savais pas comment tu le prendrais, et puis je vivais pas dans une meute
alors c'était pas important… Mais c'est pas ce que je voulais dire.
Je l'aurais senti si tu avais connu un autre garou que moi.
-Il l'est pas depuis longtemps. Il vient juste de passer sa première
lune… Feifei aussi tiens, ajouta-t-il en désignant le chinois assis
sur son lit.
Elle cligna des yeux.
-Trois garous qui n'y connaissent rien et vous êtes tous toujours entiers…
me demande pourquoi on prend autant la tête avec les règles alors…
Deux félins, un canin et deux humains normaux… quoique normal, dans
ton cas, ajouta-t-elle en aparté en regardant Maxwell.
-HEY!!
-Ca doit être explosif comme groupe, continua-t-elle sans paraître
entendre la protestation.
-Ca l'est, lâcha Wufei en bâillant légèrement.
-Et c'est ma meute, ajouta Heero en la foudroyant du regard.
Il étendit la main et agrippa fermement la natte de Duo, le tirant doucement
en arrière. Hilde cligna des yeux puis éclata de rire, et le japonais
la foudroya du regard. Elle le fixa en silence pendant quelques secondes puis
lentement, délibérément, elle bascula la tête en
arrière, présentant sa gorge.
Heero s'avança lentement, de son pas léger qu'il utilisait quand
il traquait quelque chose ou quelqu'un, et stoppa à deux pas d'elle,
pas plus. Elle rencontra son regard calmement, ne montrant ni soumission, ni
agression.
-Si je te jure que je ne causerai pas de problèmes et que je te considèrerai
chef de meute tant que je suis là? Ca ira?
-Ca ferait mieux d'aller, agréa le japonais d'un ton suave. Si tu ne
respectes pas tes engagements, je te tuerai.
Hilde serra brièvement les dents, mais ne parut pas excessivement inquiète.
Duo soupira.
-Mec, toi et les mots doux qu'on dit aux filles, c'est pas encore ça…
Mais tu sais elle est plus coriace qu'elle en a l'air. Elle sait se battre,
et vachement bien!
-Tu me flattes, répondit la jeune fille en papillotant des cils.
Heero leva un sourcil et fixa Hilde dans les yeux, attendant des explications.
-Hey, vous avez beau croire, c'est pas que des nuls dans OZ vous savez…
C'est comme tout, dépend des unités… La mienne était
balèze!
Les trois Gundam pilotes s'étaient figés et la dévisageaient,
ne se retenant d'attaquer que parce que Duo ne montrait pas de signe de surprise
ou d'inquiétude.
-Relax, les mecs… Hilde est ok.
-Elle sait ce que nous sommes? demanda Wufei lentement.
-Que vous êtes pilotes de Gundam vous aussi? Ouais je m'en doute! Après
tout y a pas trente six mille personnes qui pourraient traîner avec Duo
comme ça… et puis il m'a un peu parlé de vous …
-Et comment tu le sais, ce que Duo est? Je ne pense pas qu'il te l'aie dit…
répliqua le chinois, prenant un air dangereux.
-Bah comment tu crois que j'ai rencontré Duo?
Clignement de paupières général. L'intéressé
se chargea d'expliquer.
-Elle faisait partie d'un détachement chargé de me coincer alors
que je foutais le camp d'une colonie. Elle m'a repéré au point
de contrôle d'identité… Elle a essayé de m'attraper,
j'ai filé en piquant un mobile Suit, elle m'a poursuivi, cette saloperie
était endommagée, j'ai été capturé, elle
a été assignée à ma surveillance, on a eu une discussion
sur les bienfaits de OZ, elle m'a laissé tout seul dans une pièce
avec juste des menottes toutes bêtes…
-HEY!! Comment je pouvais savoir que tu étais le roi de l'évasion,
mec? Et puis je pensais pas à ça moi…
-.. J'ai refoutu le camp, failli me faire tuer, elle a déserté
pour m'aider et m'a sauvé la peau. Les mecs, vous imagineriez pas ce
qu'elle peut faire avec un Mobil Suit, si jamais elle avait ses mains sur un
Gundam, ca barderait grave. Voilà. Je l'ai aidée à s'intégrer
dans un réseau de résistance. Depuis on s'est revus de temps en
temps, pour des missions ou pour le fun… On s'entend super bien, ajouta
l'américain avec un immense sourire.
-Un réseau de résistance? Alors qu'elle sortait tout droit d'OZ?
-Hey, j'ai pas choisi de m'enrôler par plaisir, mec, ni parce que je croyais
réellement en leurs idéaux. C'était ça ou rester
à la maison. J'avais pas trop le choix !
-Tu n'avais sûrement pas plus de quinze ans quand tu t'es enrôlée…
commença Wufei.
-Treize et demi.
-… et tu as décidé de ne pas rester à la maison? Pourquoi?
Elle soupira.
-J'ai eu un désagrément avec la famille de mon père. Un
gros désagrément.
Les garçons ne dirent rien, attendant la suite des explications. Duo
était aussi attentif que les autres, n'ayant jamais eu droit à
plus que ça pour ce qui était de l'explication.
-Je vis pas avec la meute, je vivais en villa avec ma mère, mais j'étais
quand même soumise au chef de meute du coin. Je suis une louve. J'entrais
en âge nubile.
-Et?
-J'avais pas envie de devoir poireauter pendant que des crétins se battaient
pour savoir qui d'entre eux allait avoir l'honneur de m'engrosser pour le restant
de ma vie, merci! Je veux bien qu'il faille perpétuer l'espèce,
mais y a des limites, merde! Et j'ai pas besoin de quelqu'un qui chasse pour
moi, je peux chasser toute seule, ajouta-t-elle en se renfrognant, croisant
les bras sur sa poitrine. Et les petits, ca attendra. D'abord, je pourrais latter
n'importe lequel d'entre eux d'une seule main, ils croient pas que je vais me
soumettre à un imbécile plus faible que moi?
-Hn!
Heero ne voulait pas approuver, mais il devait avouer qu'elle était intéressante.
-Bien dit Hildie!!! s'exclama son ami en levant les poings dans les airs. Ca
c'est ma fifille!! ajouta-t-il en se pendant au cou de la demoiselle en papillonnant
des cils à son encontre.
Elle lui rendit son sourire et ses battements de cils et passa un bras autour
de son cou elle aussi, et Heero se demanda s'il allait faire exploser son émail,
dents de garou plus résistantes ou pas.
-Vous êtes… Proches? demanda Quatre, se retenant de poser une pain
sur son cœur par réflexe pour estomper ce qu'il ressentait venant
du Loup.
-Hilde et moi? Oui, très, mais pas comme ça! C'est ma meilleure
amie, et comme on est tous les deux assez portés sur le contact, bah…
-A ce qu'il paraît on nous prend souvent pour un couple, ajouta la jeune
fille.
-Apparemment pour une meuf se balader en tenant une amie fille par la taille
ça passe, mais pas un mec, termina Duo avec un sourire malicieux.
Hilde éclata de rire, s'esclaffant d'une manière incontrôlable.
-Quoique… des fois…
-Hilde, tais-toi!! protesta le garçon.
-A ce qu'il paraît si je m'habille en garçon et avec ma casquette,
je ressemble à un joli garçon… et Duo…
-Hilde, tais-toi!! répéta Duo, essayant de la bâillonner.
-Quoi?
-Ce qui fait que des fois, on se fait prendre pour des homos… Mais c'est
pas le pire! Certains crétins sont pas capables de voir que Duo est pas
une fille au premier coup d'œil, résultat un jour on nous a pris
pour un couple… Mais inversé!
Wufei et Quatre se mirent à rire.
-Ca va, hein, ronchonna le garçon à la natte.
-Faut dire aussi que je l'avais convaincu de nouer ses cheveux en queue de cheval…
-Tu es moins masculin qu'une vraie femme, Duo! s'esclaffa le chinois en dévisageant
son camarade d'un air narquois.
-Gnagnagna… Moins masculin que Hilde, c'est pas dur, c'est pas ça
qui va m'atteindre dans ma virilité.. Aïe!
-Non mais, toi, dis tout de suite que je suis une camionneuse! Enfin bref, j'étais
explosée de rire, et Duo le croyait tellement pas, il disait que c'était
juste ce crétin qui avait besoin de lunettes, alors pour le convaincre
qu'il pouvait bel et bien faire une nana convenable, et qu'on était un
peu bourrés, on a fait un pari… Je m'étais mise en minijupe
pour sortir, et on a échangé de vêtements dans les toilettes…
-Hiiil-deeee… s'il te plaîîîîîîît…
chantonna le garçon, essayant de la faire taire.
-Duo en travesti? j'aurais voulu y être… Et ensuite? demanda Wufei,
se penchant en avant avec un sourire carnassier sur les lèvres.
-Il a pas arrêté de se faire accoster!! J'ai dû casser la
gueule à trois mecs pour protéger sa vertu… vous auriez vu
la gueule du quatrième quand Duo en a eu marre de jouer le jeu et qu'il
lui a botté le train!
-Duo en jupe? j'aurais voulu voir ça moi aussi, lâcha Quatre avec
l'air de pas y toucher.
-J'ai des photos, répliqua Hilde, mortellement sérieuse.
-Mais, la pellicule que j'ai piquée?!?
-Désolée mon petit chou, c'étaient les photos de vacance
de ma grand-mère.
-Garce!!
Heero en eut assez de les écouter plaisanter alors qu'il avait des questions
à poser.
-Hey, appela-t-il pour les couper.
Les quatre autres se tournèrent vers lui et le dévisagèrent.
-Je suis le seul à trouver que c'est une grosse coïncidence, que
l'amie de Duo, qui j'assume se pointe ici pour le voir, est elle aussi garou?
-Ce n'est pas une coïncidence, répondit Hilde. Que ce soit moi qui
me pointe, je veux dire.
-Ah?
-Nope.
Elle bascula en arrière sur le lit et s'appuya sur un coude, s'emparant
de la bouteille d'eau de Wufei et en descendant une longue rasade. Quatre, habitué
aux méthodes que Duo utilisait pour délayer ses réponses,
reprit doucement la bouteille et la déposa hors d'atteinte, puis se retourna
vers elle, souriant de son sourire immuable qui ne révélait rien
de son réel état d'esprit.
-Bon, ok, ok… soupira la brunette. Toutes les meutes du monde sont plus
ou moins en contact, comme un réseau secret. Vu qu'on est une minorité,
que notre existence est secrète et que si on était révélés
on finirait sans doute dans des zoos ou en tapis on a besoin de rester informés
de très près de ce qui se passe chez les autres meutes, voyez
quoi? Enfin, on a des réseaux pour chaque espèce. Les Loups sont
les plus, heu, proches, parmi les uns les autres? Y a des communautés
de pumas dans le coin d'ailleurs, ajouta-t-elle en aparté.
-Et?
-Une meute d'Europe a annoncé y a peu deux garous tout neufs, tout juste
contaminés, qu'ils n'avaient pas réussi à intégrer
dans leur meute. Logiquement, vous voyez, quand un pauvre type se retrouve transformé
et qu'il survit, c'est à la meute de celui qui l'a contaminé de
l'éduquer, lui apprendre les règles, les us et coutumes, la manière
de contrôler son côté animal, tout ça quoi. Enfin
bref, c'est une meute très reculée, y vivent comme des sauvages
au fond des bois, bonjour la consanguinité… On a pas tous les détails
si ce n'est qu'ils se sont faits rétamer par les garous qu'ils essayaient
d'intégrer plus quelques humains avec qui ils voyageaient. Comme vous
pouvez le penser, évidemment, ça les a plutôt inquiétés.
Pourquoi vous en avez tué au fait?
-Ils nous attaquaient, répliqua Heero en grondant. Ils ont essayé
de prendre Quatre.
Elle leva une main devant elle, comme une défense.
-Je critique pas… De toute façon j'étais pas là, alors…
Enfin, pour en revenir à mon histoire, vous avez créé une
légère panique. Normalement les gens qui viennent de Changer,
ils sont confus, et franchement trop heureux qu'on les aide, mais vous avez
montré une telle capacité destructive… Voilà, votre
signalement a été passé à toutes les meutes en quelques
semaines, avec l'ordre d'ouvrir l'œil et de prévenir le QG si jamais
vous étiez vus. Ils ont pas réussi à vous retrouver avant
que vous arriviez ici… Moi à cette époque je m'en foutais
de cette histoire, je suis pas très impliquée dans la Meute de
toute façon, mais quand j'ai entendu la description, et que je me suis
rendue compte que la ville où les renégats avaient été
vus, c'était celle où cinq Gundam Boys venaient de se pointer
pour aller voir une amie résistante que je connais bien…
-Tu connais Sally?
-Ouais bien sûr, j'ai toujours des contacts avec les résistants,
je lui donne des coups de main des fois… Mais les garous savent pas que
je suis résistante et bien évidemment les résistants savent
pas que je suis garou, ajouta-t-elle avec un clin d'œil. Bon, donc, j'ai
reconnu la description, et puis je me suis proposée pour aller vous parler,
en faisant valoir que vous étiez sûrement un peu paumés
et qu'une jeune femelle de votre âge vous semblerait moins menaçante…
-Evidemment ils ont pas pris en compte la parano de Yuy, lâcha Duo pince-sans-rire.
Hilde et Duo éclatèrent de rire en chœur. Heero serra les
dents et détourna la tête.
-Bon logiquement, vous devriez retourner dans une meute pour être éduqués,
mais je pige pourquoi vous voulez pas. Et puis étant donné que
vous êtes pas de la même race, vous seriez séparés,
quand à Duo et au dernier, faut pas rêver non plus, z'imagineriez
pas ce qu'ils sont méfiants envers les humains, s'ils savaient que vous
savez… Un bon coup de crocs, et puis après ça, vous survivez,
vous survivez pas, le problème est réglé de toute manière…
-Je vois, siffla le japonais, luttant pour ne pas se laisser aller à
changer de forme. Hilde? Tu feras passer le message à tes supérieurs,
mot pour mot. Ces quatre-là sont MA meute, humains ou félins,
je m'en fous, ils sont MA meute et je tuerai quiconque essayera de leur causer
le moindre problème. Ca vaut aussi pour ceux que ma meute considère
amis ou famille. Et ce qu'ils pensent qu'on doit faire ou savoir, j'en ai rien
à foutre non plus. On s'est débrouillés sans eux, on continuera.
On ne dévoilera pas notre présence aux médias, c'est tout
ce que je peux, ou veux, leur accorder. Et qu'ils se rappellent ce que nous
avons été capable de faire quand c'était moi, trois humains
et un garou malade, pris par surprise. Qu'ils essayent de s'imaginer ce que
ce sera maintenant que nous sommes en pleine santé et sur nos gardes.
-Ben dis donc, t'aimes te faire des amis toi, siffla la jeune fille d'un air
ébahi. Ok, je leur dirai ça. Enfin, je peux comprendre pourquoi
vous ne pouvez pas perdre de temps à être éduqués
dans une Meute et tout ça. J'essayerai de leur présenter les choses
de manière à ce qu'ils sachent que vous allez rien dire et qu'ils
vous laissent tranquille. Ca va comme ça?
Le japonais hocha sèchement la tête, puis tourna sur ses talons
et sortit en refermant la porte avec force.
-Ben, quel sale caractère… souffla Hilde d'un air ébahi.
Duo haussa les épaules.
-Il aime pas les surprise, et avec tout ce qui s'est passé avec les autres
garous, ben…
-Mouais, lâcha le jeune fille, pas convaincue.
Ils oublièrent le pilote japonais et se mirent à papoter avec
entrain, rattrapant des mois de séparation.
* * * * * *
Heero grinça des dents quand en sortant le lendemain, il vit dans la
cour que Quatre et Duo étaient encore en train de discuter avec Hilde.
Pourquoi elle ne repartait pas celle-là?
Il les entendait parler, même à une dizaine de mètres. Ils
ne l'avaient pas vu; il en profita pour écouter quelques minutes.
Ils étaient en train de lister les chansons que Duo avait dans sa collection,
ses chansons de loups, comme il appelait ça. Amusée, Hilde lui
citait celles qu'elle avait en tête.
-Tiens, tu connais celle-là? Wolf Moon …
Elle se redressa, prit une pose de cantatrice pour faire rire ses camarades
puis se lança, d'une voix basse et rauque, presque d'outre-tombe. Le
rythme était puissant mais languissant, comme une plainte.
-The 28th day
She'll be bleeding again
And in lupine ways
We'll alleviate the pain
Unholy water
Sanguine addiction
Those silver bullets
A last blood benediction
It is her moon time
When there's iron in the air
A rusted essence
Woman may I know you're there
Hey wolf moon
Come cast your spell on me
Hey wolf moon
Come cast your spell on me
-Je pouvais vivre sans savoir qu'il y a une chanson pour les problèmes
intimes des louves, grommela Wufei. Vous ne pourriez pas arrêter de chanter
ça? C'est glauque…
Ils se regardèrent, puis se pendirent au cou de Wufei et entonnèrent
en chœur, d'une voix lascive et traînante au possible:
-I wanna Fuck you like an animal,
I want to Feel you from the Inside,
I wanna Fuck you like an animal!
-MAXWELL!! SCHBEIKER!!!
-Quoi? c'est toi qui voulais qu'on arrête l'autre chanson! protestèrent-ils,
toujours en stéréo.
Quatre se tordait de rire à côté d'eux, autant de la chanson
et de la stéréo que de l'expression du visage du chinois. Heero
se mordit l'intérieur des joues et continua son chemin.
Quatre sentit la présence du japonais et se retourna, tout sourire,
mais la seule chose qu'il vit, ce fut une masse de cheveux bruns emmêlés
disparaître dans la foule à l'entrée du bâtiment.
Troublé, il fronça les sourcils et essaya de se concentrer pour
savoir ce que ressentait l'autre, une chose qu'il faisait rarement de lui-même,
consciemment, mais Duo posa un bras sur son épaule et sa connexion fut
perdue avant d'avoir été finie. Haussant les épaules, Quatre
se retourna vers ses camarades et sourit.
-Quelque chose ne va pas, Kitty-Cat?
-Oh, ce n'est rien, sourit-il en espérant que ce soit vrai.
Heero alla s'asseoir sur un des bancs dans la première cour, celle
qui se trouvait vers l'entrée du bâtiment, à l'opposé
de celle qu'il venait de quitter, qui se trouvait entourée de toutes
parts par les classes et les dortoirs. Il soupira et baissa la tête, se
demandant pourquoi il se sentait si hostile envers Hilde. Duo s'était
porté garant d'elle, et s'il le faisait, c'est qu'il le pouvait sans
risques, alors Heero ne pouvait pas se justifier en disant qu'il n'avait pas
confiance en la jeune fille, ce serait juste comme de dire qu'il n'avait pas
confiance en Duo lui-même.
Il pouvait bien se l'avouer à lui-même, ce n'était pas son
caractère le problème, même si elle pouvait sans doute se
montrer agaçante. Duo avait exactement le même caractère,
et lui, il le tolérait bien. Et pour être franc, il avait été
hostile envers elle dès la première seconde, avant même
qu'il sache comment elle était. Et puis, bon sang, c'était une
louve! Il ne pouvait pas l'attaquer comme ça!.. même si elle se
déplaçait avec la confiance et la précision du chasseur
dangereux, même si elle avait été soldat.
Il était jaloux, tout bonnement. Jaloux de son amitié avec Duo,
jaloux de leur proximité. Jaloux aussi de l'intérêt qu'elle
évoquait chez Quatre et Wufei. Inutile de se voiler la face. Elle avait
un sens de l'humour développé, elle était énergique,
courageuse, même lui devait l'avouer… après tout elle lui
avait tenu tête sans ciller, elle était intéressante, forte,
intelligente sans aucun doute. Et amicale. Très amicale.
Alors que lui ne savait qu'à peine répondre quand on lui adressait
la parole.
Si elle avait été une petite gonzesse sans importance, une de
ces gourdes qui gloussaient à chaque foi qu'elle apercevait un beau garçon
et ne s'intéressait qu'à ses vêtements, ce serait allé,
aussi amusante soit-elle, mais elle était capable de combattre, de servir
de partenaire à Duo. Elle l'avait déjà fait après
tout. Heero savait bien que l'américain resterait dans son équipe
aussi longtemps que la guerre durerait et qu'il aurait un Gundam à piloter,
mais aussi longtemps que Deathscythe n'était pas nécessaire, rien
ne l'empêchait de passer son temps avec la brunette. Rien du tout.
'Certainement pas ma personnalité sympathique et souriante, c'est sûr'
pensa-t-il en se mordant le bord de l'ongle.
Bon, ils avaient dit qu'ils ne sortaient pas ensemble, c'était déjà
ça… mais c'était peut-être simplement par manque de
temps, ou parce que Hilde avait refusé de risquer de le transformer…
parce qu'elle tenait trop à lui pour lui faire subir ça sans avertissement
peut-être. Peut-être qu'après la guerre elle lui proposerait
de rejoindre sa meute…
Heero était si occupé à ne pas gronder tout haut qu'il
ne se rendit compte qu'on l'approchait que quand une paire de souliers à
talons s'arrêta sous son nez.
-Bonjour, Heero, dit une voix qu'il n'avait plus entendue depuis des mois.
Il leva lentement la tête, bouche bée.
-Toi?
* * *
Hilde et Duo avaient décidé d'accompagner Quatre à l'infirmerie
pour prendre des nouvelles de Sally. En trois jours, elle leur avait fait subir
des tests et avait commencé à prendre la mesure des différences
de métabolisme chez les garous. Sa modélisation de leur code génétique
devait être finie, et Quatre avait très envie de savoir si ils
étaient réellement aussi modifiés qu'ils le croyaient.
-Sally? appela-t-il.
Le bureau était vide, mais il l'entendait bouger dans le labo derrière.
Les trois adolescents pénétrèrent dans l'arrière-salle
pour voir l'ex-médecin penchée sur des feuilles de transparents.
-Bonjour…
-Salut! Tu as reçu les résultats alors?
-La plupart de ce que j'ai appris, c'est surtout des données techniques…
répondit-elle en se retournant. Tiens, bonjour Hilde, ajouta-t-elle avec
surprise et un peu d'incertitude.
-Ca va, elle est au courant, la rassura Duo en avançant pour jeter un
œil à ce qu'avait été en train d'observer l'ex-major.
C'est une louve elle aussi.
L'américain écarquilla les yeux après quelques secondes,
quand il eut enfin compris ce qu'il voyait. C'était une hélice
d'ADN. Les courbes s'enroulant en symétrie autour de l'axe.
Sauf qu'il n'y avait pas deux lignes d'ADN enroulées l'une autour de
l'autre, mais quatre.
-Ca, c'est Wufei, lâcha Sally en s'approchant, les deux autres à
la suite.
-C'est dingue… souffla le garçon à la natte. Mais… Je
veux dire, logiquement, une des deux lignes est censée représenter
le reflet de l'autre, non? mais comment elles font si il y en a quatre?
-Elles marchent deux par deux. Une est un code génétique humain
parfaitement ordinaire. L'autre est…
-Un tigre?
-Non.
-Heu, Sally, si c'est le code de Wufei ça peut pas être un poisson
rouge…
-Je sais… Mais ce n'est pas un animal. Je ne sais pas ce que c'est.
-Relax, répliqua Hilde en croisant les bras derrière sa tête.
C'est quelque chose qui n'est pas un tigre, mais qui y ressemble vachement,
non?
-C'est comme si on avait pris des gènes humains et qu'on les avait forcés
à s'exprimer comme des gènes de tigre, répondit Sally,
pensive. Mais ce ne sont pas des gènes de tigre, per se. Ce sont des
gènes qu'on trouve chez l'humain… mais leur utilité n'était
pas connue. Bon sang, c'est dingue. Et dire qu'aucun d'entre vous trois n'a
la même mutation, c'est… totalement aberrant. Et encore, je parle
du code génétique quand il est statique! Je ne veux même
pas savoir comment les cellules n'explosent pas une par une quand les codes
dominants s'intervertissent.
-Je ne connais rien à la génétique, Sally, et je ne pense
pas que notre peuple ait jamais pris la peine d'essayer de le savoir, mais…
Je sais que les anciens présentent les choses de cette manière:
le virus ne donne que la possibilité de se transformer. Ce qu'on devient
dépend de son animal intérieur, son… totem peut-être?
l'animal de qui notre âme est la plus proche. Genre si on a un caractère
de cochon… ajouta-t-elle en pouffant. Alors peut-être que ce deuxième
code génétique, il est déjà présent chez
tout le monde, mais caché? Et d'être mordu le sépare du
premier… non?
-N'importe qui pourrait se transformer?
-Heu, non, pas exactement, répondit la jeune fille. Perso, vous savez,
j'ai pas grandi dans une meute, alors je sais pas autant de choses que je pourrais…
mais on m'a dit qu'on ne pouvait survivre que si on avait un esprit particulièrement
combatif, et si son animal était suffisamment gros. Sinon on meurt pendant
la première lune.
-Suffisamment gros?
-Si la masse de l'animal est aussi ou plus importante que celle de l'humain,
éclaircit-elle.
-Et pourquoi ça marche dans ce sens et pas dans le sens contraire? D'où
vient la masse supplémentaire de l'animal? répliqua Sally en se
passant les mains dans les cheveux, frustrée. Parce que ce devrait être
le contraire, ce devrait être la deuxième forme qui serait plus
maigre que la première avec toute l'énergie utilisée pour
la transformation! D'ailleurs, d'où vient l'énergie nécessaire
pour la transformation? parce que Heero m'avait dit qu'il avait très
faim après, mais même d'avaler son propre poids tout de suite après,
ça ne devrait pas être assez pour une transformation aussi totale,
même si ça se passait en quelques mois au lieu de quelques minutes!
Et le pire, c'est que ce n'est pas un code ou l'autre, c'est une majorité
d'un code, et une pointe de l'autre! Je pense qu'en fait, vous n'êtes
plus jamais à cent pour cent humain ou animal, juste à quatre-vingt
quinze au grand maximum… Et puis, et l'influence de la lune dans tout ça?
Qu'est-ce que ça vient faire là? C'est totalement aberrant, tout
ce fatras. C'est dément. Ca ne devrait pas être possible, pas du
tout.
Hilde haussa les épaules. Tant que ça marchait, hein… Après
tout, elle avait lu quelque part que scientifiquement, il était impossible
aux bourdons d'être capables de voler, une question d'aérodynamique…
allez dire ça à sa mère qui avait dû lui enlever
un dard dans la joue à la pince à épiler.
Les quatre résistants se turent pendant quelques minutes, réfléchissant
sur leurs découvertes.
-Mais alors, comment ça se fait qu'on puisse naître garou d'une
race si la race dépend de son animal intérieur?
Hilde haussa les épaules encore une fois.
-Tu nais en développant une personnalité de type Loup ou Tigre
ou Puma… après tout les gosses ont pas une personnalité fixe
définie dès la naissance. Ils évoluent dans le sens de
leur animal intérieur, c'est tout. Dans le sens inverse, tu as des personnes
qui vivent à tel endroit qui ont plus de chance de devenir tel animal
si elles sont contaminées, parce que quand tu vis dans une cabane en
Arkansas tu as plus de chances de devenir un ours ou un loup qu'un tigre du
Bengale… M'enfin la plus grande majorité de la population est pas
autre chose que lapin ou mouton, ou chien peut-être. Ca survit pas, ça.
Ca doit pas faire deux semaines de contamination avant d'en mourir, alors qu'on
en a besoin de quatre avant la pleine lune pour passer confortablement.
Duo siffla entre ses dents, impressionné.
-Et quand on arrive à arriver jusqu'à la pleine lune, on doit
encore survivre à la première transformation jusqu'au bout…
Bon sang…
-ET à la première nuit après la transfo, Duo… Y en
a qui était instables au départ, ils se retrouvent tellement traumatisés
par le choc qu'ils se perdent dans leur animal, je te raconte pas le bordel.
Deviennent fous en général. Se dévorent eux-mêmes,
se jettent dans des ravins sans faire gaffe, ce genre de trucs.
-Brr… Arrête, Hilde, c'est pas rassurant ton truc.
Le petit arabe frissonna. Il l'avait échappée belle…
-On peut devenir un élan ou un cerf, tu crois? demanda Quatre pour changer
de sujet.
La brunette repoussa sa casquette en arrière pour se gratter le crâne.
-Techniquement, ça devrait être possible… mais vu que ce sont
des personnalités de type proie, je suis pas sûre qu'ils aient
la rage de vivre nécessaire pour s'accrocher jusqu'au bout de la transformation.
On m'a dit que quand on était pas né comme ça c'était
très dur. Enfin, un cerf, ça doit pouvoir se faire… Je suppose…
J'en ai jamais entendu parler en tout cas. J'ai entendu parler d'un ours brun
une fois…
Ils auraient sans doute continué leur discussion un peu plus longtemps,
mais à ce moment, la porte de l'infirmerie s'ouvrit avec fracas et Heero
entra d'un pas rageur.
-On décolle d'ici, notre sécurité a été compromise.
Duo poussa une bordée de jurons et Quatre serra les poings.
-Comment?
-Fuite d'infos, on a été repérés.
-Par OZ?
-Non, répondit le japonais, mais…
-Heero! Tu aurais pu m'attendre!! protesta une voix de jeune fille dans le couloir.
-… Ca ne saurait tarder, termina-t-il en regardant ses camarades d'un air
abattu.
Debout près du groupe, Relena les regardait tour à tour, mais
ils refusaient de la regarder.
[Evolutions définitives] [Interlude: Dans les bois] [Souffrance]
Chansons (je traduis juste les extraits, hein, passke ho, vais pas me taper
les entières chansons):
Fullmoon de Sonata Arctica: (c'est de la balle, téléchargez-le!!)
Fullmoon is on the sky and he's not a man anymore :
àla pleine lune est dans le ciel et il n'est plus un homme
In the mist of the morning he cannot fight anymore
Thousands moon or more, he's been howling
Knock on the door, and scream that is soon ending
Mess on the floor again...
à dans le brouillard du matin il ne peut plus combattre
Des centaines de lunes ou plus, il a hurlé
On frappe à la porte, et un cri qui se finit vite
'désordre' sur le sol encore une fois…
Waiting for the Moon de Rage (tripant, j'adore ^^)
And… I'm just waiting for the moon to come and set me free,
And I'm just waiting for moonlight and then my eyes you can see!
I'm just waiting for the moon to come and set me free,
Because the moonlight can release me from my miiisery!
à Et… J'attends juste que la lune vienne et me libère
et j'attends juste la lumière de la lune et après mes yeux vous
pouvez voir
J'attends juste que la lune vienne et me libère
Parce que la lumière de la lune peut me libérer de ma misère!
Wolf Moon de Type O Negative (strange mais j'aime la voix, super glauque ^^)
The 28th day
She'll be bleeding again
And in lupine ways
We'll alleviate the pain
Unholy water
Sanguine addiction
Those silver bullets
A last blood benediction
It is her moon time
When there's iron in the air
A rusted essence
Woman may I know you're there
Hey wolf moon
Come cast your spell on me
Hey wolf moon
Come cast your spell on me
à Le 28ème jour,
elle saignera encore
Et de manières lupines
Nous soulagerons la douleur
Eau non bénite
Addiction sanguine
Ces balles d'argent
Une dernière bénédiction par le sang
C'est son temps de lune
Quand il y a du fer dans l'air
Une essence rouillée
Femme puis-je savoir que tu es là
Hey lune des loups
Viens jeter ton sort sur moi
Hey lune des loups
Viens jeter ton sort sur moi
Closer par Nine Inch Nails: (toute la chanson passke elle me fait triper, ils
sont grave! ^_____^)
you let me violate you, Tu me laisses te violenter
you let me desecrate you Tu me laisses te profaner
you let me penetrate you, Tu me laisses te pénétrer
you let me complicate you Tu me laisses te compliquer
help me Aide-moi
I broke apart my insides J'ai brisé mes entrailles
help me Aide-moi
I've got no soul to sell Je n'ai pas d'âme à vendre
help me Aide-moi
the only thing that works for me La seule chose qui marche pour moi
help me get away from myself Aide-moi à m'éloigner de moi-même
I want to fuck you like an animal Je veux te baiser comme un animal
I want to feel you from the inside Je veux te sentir de l'intérieur
I want to fuck you like an animal Je veux te baiser comme un animal
my whole existence is flawed Mon entière existence est défectueuse
you get me closer to god Tu me pousses plus près de Dieu
you can have my isolation Tu peux avoir mon isolation
you can have the hate that it brings Tu peux avoir la haine que ça m'apporte
you can have my absence of faith Tu peux avoir mon absence de foi
you can have my everything Tu peux avoir mon tout
help me tear down my reason Aide-moi à déchirer ma raison
help me its' your sex I can smell Aide-moi c'est ton sexe que je peux sentir
help me you make me perfect Aide-moi tu me rends parfait
help me become somebody else Aide-moi à devenir quelqu'un d'autre
I want to fuck you like an animal Je veux te baiser comme un animal
I want to feel you from the inside Je veux te sentir de l'intérieur
I want to fuck you like an animal Je veux te baiser comme un animal
my whole existence is flawed Mon entière existence est défectueuse
you get me closer to god Tu me pousses plus près de Dieu