The werewolf

Série: Gundam Wing
Auteur: Asuka
Episode 10
Avertissements pour cet épisode: mmmm… violence? Shounen Ai? (1+2+1, 3+4, et si on regarde ça d'un certain angle, 1+5 ^_________^V),
Bishonen folâtrant à poil dans les bois (je sais c'est pas ça qui va vous faire fuir ^^)
Heero OOC si on prend le Heero normal mais si on prend mon Heeroloup, nan, je pense qu'il agit comme il faut
Feifei OOC mais il est encore tout confusationné le pauvre alors c'est normal je suppose ^^

* * * changement de point de vue pour des personnes qui sont au même endroit.
* * * * * *endroit différent ou quelque temps plus tard
* * * * * * * * * gros trou dans le temps.
(mais en fait tout le monde sait que je fais ça au pif et que je respecte jamais ce que j'ai dit ^____^)
Notes: Enfin, Fei-chan reprend du poil de la bête… dans tous les sens du terme ^__^

Evolutions définitives

Quatre referma la porte du salon derrière lui le plus doucement qu'il put pour laisser le chinois se reposer et rejoignint les trois autres pilotes à la cuisine.
-J'ai fini de l'examiner, annonça-t-il à ses amis qui le regardaient en silence. Il ne semble pas avoir de traumatisme crânien, ou alors ça s'est résorbé depuis un bon moment. A part quelques bleus et griffures qu'il s'est probablement faites en essayant d'échapper à Heero en se cachant dans ce buisson, il n'a pas de marques. La blessure de sa cuisse, qui doit dater de sa capture, est juste une cicatrice rose qui ne devrait pas tarder à disparaître. Elle a été très bien traitée. Pas de séquelles.
-Il n'a pas été…
-Torturé? Non, apparemment pas. En fait, il est propre et bien nourri… je pense qu'il a même dû gagner un demi-kilo ou plus. Il devait bien manger…
Imaginant la réaction que le chinois aurait en se réveillant dans un corps de sumo, Duo pouffa dans sa main. Wufei était encore plus obsédé par la maintenance de son corps à son poids et son niveau de musculature idéal que le pilote de Wing lui-même. Et il y avait fort à parier qu'il n'avait pas eu tellement le temps de faire ses exercices quand il était chez OZ, perdant probablement un peu en tonicité et en souplesse.
-Il va râler… Quand il…
Et puis, il se tut.
-Est-ce qu'il…se souviendra ?
-Il y a de bonnes chances, le rassura Quatre avec un sourire. Je ne suis pas un spécialiste, mais… Si son amnésie a été causée par un choc à la tête, c'est que le choc avait formé un caillot de sang dans le cerveau. Si, comme dit Heero, ses souvenirs commencent à revenir tous seuls, c'est que le caillot se résorbe de lui-même. Et il n'avait pas l'air d'avoir subi des dommages permanents, n'est-ce pas Heero?
-Non. Il avait peur, mais il était tout à fait lucide et très logique. Ses mouvements n'étaient pas handicapés. Il a toujours ses instincts de méfiance, aussi…
-Il avait peur? répéta Duo en jetant un drôle de regard au japonais. Chang Wufei?
Heero haussa les épaules et considéra la table, fronçant les sourcils d'un air pensif.
-Il ne se souvient pas d'avoir été un combattant. C'est comme s'il n'était rien de plus qu'un écolier normal. A sa place, n'importe qui aurait peur en voyant une personne armée à sa recherche, dans cette situation.
-C'est vrai… accorda l'américain en jouant nerveusement avec sa natte.
-Et au pire on peut toujours le montrer à Sally… suggéra Quatre avec un sourire. Elle le passera au scanner pour vérifier les dommages internes, comme ça on sera sûrs…
-Elle est où en ce moment? demanda Duo.
La dernière fois qu'il avait vu la jeune femme, elle avait été perdue au fin fond de la Chine à coordonner les actions des différents groupes de résistants, mais elle parlait déjà d'aller en mission ailleurs dès qu'on n'aurait plus besoin d'elle pour faire la liaison.
-Elle a une couverture de médecin scolaire, répondit Heero. En Amérique.
-Ouille. On peut pas lui amener tout de suite alors, soupira le garçon à la natte. C'est un poil trop loin de l'Europe de Sud pour y aller comme ça…
-Ce n'est pas comme s'il était dans un état instable. On l'emmènera après que la pleine lune sera passée et qu'on lui aura tout expliqué…
-Tiens, j'y pense, Sally va s'en rendre compte…
-Il aurait bien fallu lui dire de toute façon, répliqua Trowa en haussant les épaules. Et nous avons besoin d'un médecin au courant de cette… particularité.
-T'as raison. Bon, alors, on va en faire quoi de Wufei en attendant?
-Je n'en sais pas plus que toi… soupira Quatre en passant la main dans ses cheveux.
-Ce à quoi nous devrions penser d'abord, répondit Heero, c'est de décider ce qu'on fera de lui ce soir. Je ne sais pas comment il a fait pour qu'il ne se passe rien hier, ou pour qu'on ne remarque rien, mais ce soir ce ne sera pas pareil.
-On devrait lui en parler avant… Histoire qu'il ne panique pas et sache à quoi s'attendre… Non?
-Oui, accorda le japonais.
-Bon, alors qui le fait? demanda innocemment Duo.
Tous les regards se tournèrent sur lui et il se leva à demi, une main en avant comme pour chasser cette idée de leur tête.
-Non non non non non… Vous rigolez?! Il va pas me croire! Il va me prendre pour un cinglé!
Les regards ne s'abaissèrent pas. Quatre lui fit un sourire encourageant.
-Allons, Duo, ce sera juste une petite explication… Tu es beaucoup plus doué que nous avec la rhétorique, je suis sûr que tu trouveras un angle qui lui permettra de bien comprendre… On est avec toi. Au besoin Heero lui fera une démonstration… ok?
-Vous m'en devrez une belle, grommela l'américain en croisant les bras sur sa poitrine.
-Bien sûr, Duo, répondit Quatre d'un ton discrètement soulagé.

* * *

Wufei se réveilla avec un mal de crâne incroyable. Grimaçant, il porta une main à son front, tâtant par réflexe la cicatrice entre ses deux yeux. Bon sang, il entendait presque des cloches… Il valait mieux qu'il appelle un des médecins de Treize, il avait sérieusement besoin de quelque chose de plus balaise qu'une aspirine.
Il entendit des voix à l'arrière-plan, et se figea, une habitude ancienne le forçant à rester immobile jusqu'à ce qu'il ait identifié les présences.
C'étaient des voix jeunes, des voix de garçons. Des voix de personnes qu'il ne connaissait pas. Et trop juvéniles pour être celles de soldats. Mais comme elles ne sonnaient pas comme si ils étaient dans la même pièce que lui, il se résolut à entrouvrir une paupière. Yep, il était bien seul. Il était allongé sur un sofa, dans un salon couvert de boiseries avec de grandes portes-fenêtres, et les persiennes entrouvertes laissaient filtrer des rais de lueur orangée. On était sans doute en fin d'après-midi. Et il n'était plus dans la base de Treize, ça c'était pour sûr.
-Bon, alors, on va en faire quoi de Wufei en attendant?
-Je n'en sais pas plus que toi…
Il fronça les sourcils. On parlait de lui… pour être plus précis, on essayait de décider ce qu'il allait lui arriver.
/comme un animal en cage, sans choix, sans liberté/

-Ce à quoi nous devrions penser d'abord, intervint une voix froide qu'il reconnut, celle-là, c'est de décider ce qu'on fera de lui ce soir. Je ne sais pas comment il a fait pour qu'il ne se passe rien hier, ou pour qu'on ne remarque rien, mais ce soir ce ne sera pas pareil.
Hier? Que s'était-il passé, hier? Sans doute rien, il avait eu une crise et avait passé la nuit assommé par les drogues. Avec la dose qu'on avait dû lui injecter, il avait sûrement passé son temps à ronfler.
Cette voix… C'était le garçon aux yeux bleus, celui à qui il pensait associé au nom de Wing, même s'il sentait que ce n'était pas vraiment le sien. Celui qui avait l'air si dangereux /et connaissait son nom/… Où l'avait-il emmené? Où était Treize?
'mais Treize est un ennemi…'

Il ne comprenait rien à ce qu'ils racontaient, mis à part qu'il devait lui arriver quelque chose. Mais il savait une chose. Il n'avait pas envie de rester ici en attendant qu'on le manipule comme une poupée.
Et la porte-fenêtre n'était pas fermée à clef.
/stupide/

Il se demanda quelques secondes s'ils n'avaient pas une bonne raison de lui faire tellement confiance, mais finit par hausser les épaules. Tant qu'il n'avait pas de preuves, hein… Tant pis pour eux. Il reviendrait peut-être quand il se serait fait une meilleure idée de la situation. Pour le moment…
Il se glissa dehors en silence, vaguement surpris quand il eut sous les yeux le paysage de forêts à perte de vue.
/Courir dans la forêt… Etre libre… /

Il secoua la tête. Plus tard les impulsions étrange. Il se dirigea vers le garage du plus vite qu'il pouvait en restant silencieux. Une voiture assez banale était garée à côté d'un 4x4 et d'une limousine noire. Que choisir… Il se demanda vaguement comment il savait qu'il savait conduire; après tout il n'avait pas encore seize ans. Mais même s'il n'avait pas de souvenirs précis à ce sujet, il savait qu'il avait appris à conduire, comme il savait qu'il savait lire.
Son regard tomba sur la bâche qui recouvrait la moto dans un coin, et sa décision fut comme qui dirait prise pour lui.

 
* * *

Quand Duo sortit sur la terrasse en trombe, suivi de près par les autres pilotes, il eut juste le temps de voir l'arrière de la moto qui disparaissait entre les buissons entourant la piste, dans un rugissement enthousiaste de moteurs.
-FUCK!!!
-Quoi?
-Il a pris sa bécane… Goddamn shit!
Quatre cligna des yeux sous la violence du ton autant que le vocabulaire de son ami. En général il était bien assez bilingue pour pouvoir jurer dans la langue qu'ils parlaient. Il ne se mettait à jurer dans sa langue natale que quand il était très en colère…
Sans se concerter, les quatre garçons sautèrent dans le 4x4, Trowa au volant, les trois autres sur la plate-forme arrière. La voiture démarra au quart de tour sur la piste dans les bois, à la poursuite de la moto.

L'air passait autour des trois garçons à l'arrière en rugissant, rejetant la natte de Duo en arrière, soulevant les habits de Quatre et le t-shirt de Heero.
Celui-ci s'appuya à la barre entre les sièges avant et la plate-forme et se dressa de toute sa hauteur, nez au vent, tentant de saisir l'odeur flottante d'une moto passée en trombe. Ses sens devenaient encore plus aiguisés qu'avant, et il avait conscience que ce n'était pas juste parce qu'en ayant besoin, il les forçait à se concentrer. C'était la pleine lune après tout, le deuxième soir. Et la nuit approchait à grands pas. Il sentait le Loup juste sous la surface, qui poussait du museau, empressé de sortir au grand jour…
Quand à Quatre, assis sur le sol contre la porte arrière, il était dans un état encore plus avancé. Il était déjà couvert d'une fine fourrure dorée tachetée, ses iris avaient envahi le blanc de son œil, rendant son regard d'un bleu-vert absolu et totalement inhumain, et il arrachait allègrement tous ses vêtements, trouvant insupportable d'être emprisonné dans de la toile. Un sursaut de pudeur le fit toutefois garder le pantalon.
-A gauche, Trowa! lâcha-t-il en repérant les traces dans la terre à un embranchement.
Ils s'agrippèrent comme le mercenaire virait au quart de tour. L'élan déséquilibra Duo qui donna de l'épaule dans la hanche du japonais toujours debout. Heero posa une main sur son épaule pour le stabiliser, l'aidant à se dresser à côté de lui.
-Pourquoi il a filé comme ça, bon sang? pesta l'américain en prenant place à côté de son camarade.
Heero haussa les épaules, nez au vent.
-Il ne sait pas qui nous sommes. Il n'a pas confiance.
Duo baissa les yeux, découragé.
-Je sais, mais…
La route était tout en lacets et en épingles à cheveux et Trowa roulait à tombeau ouvert pour rattraper la Kawasaki. Heero ne pouvait pas lâcher la barre à laquelle il s'agrippait. Mais le ton de son compagnon de meute était si déprimé… L'animal dépourvu d'inhibitions en lui maintenant plus proche de la surface, il se contenta de frotter sa mâchoire contre l'épaule du garçon à la natte, sans embarras aucun.
Instinctivement, Duo tourna le visage vers l'autre, et inspira brutalement, surpris, quand il se rendit compte que les cheveux de Heero chatouillaient le bout de son nez. Troublé, il resta totalement immobile l'espace d'un battement de cœur, puis son corps se rapprocha imperceptiblement de celui de l'autre, ses lèvres caressant les mèches emmêlées du garçon. Heero releva la tête en sentant le contact, et leurs visages se retrouvèrent à quelques centimètres l'un de l'autre. Surpris tous les deux, ils se dévisagèrent, les yeux imperceptiblement écarquillés.
-Aie!
La voiture venait de rebondir violemment sur un nid-de-poule, et ils s'étaient cogné le front. Perdant l'équilibre, Heero raccrocha en catastrophe sa deuxième main à la barre … se rendant compte quelques secondes plus tard qu'il avait dû passer son bras autour de la taille de son ami. Mais Duo ne s'en rendit pas compte, trop occupé à frotter sa bosse en jurant comme un charretier pour ça.
Ils sursautèrent tous les deux en entendant un petit rire étouffé venant de derrière eux. Quatre avait la main sur la bouche et s'efforçait de ne pas éclater de rire, mais ses gloussements montaient quand même, incontrôlables.
-Vous êtes mignons, tiens! lança-t-il avec un immense sourire.
Duo rougit légèrement, mais ne put empêcher un petit sourire de venir jouer sur ses lèvres.
-Blebleble, répliqua-t-il en tirant la langue au guépard.
Amusé, Heero lui fit un microscopique clin d'œil et frotta sa mâchoire contre la sienne avant de reprendre sa pose de vigie, comme s'il ne s'était rien passé.
Duo vira à l'écarlate, puis, après quelques secondes, se laissa aller en arrière jusqu'à s'appuyer légèrement sur le torse de son camarade et se détendit graduellement.

* * * * * *

Vitesse, le vent en face, la puissance de la machine entre les jambes, et toute la route devant soi… Il avait déjà vécu ça.
Et visiblement il aimait toujours autant.
Wufei était en plein dans un tournant, et il se retenait à peine de crier sa joie et l'enivrement de la vitesse, quand une vague d'un étrange malaise lui fit tourner la tête. La moto fit une embardée, et il la redressa de justesse. Il grinça des dents sous la douleur intense et inattendue, espérant que la crise passe vite.
Des images, des sons, des voix, des sentiments se pressaient dans sa tête, tournaient et frappaient aux bords de sa conscience, luttant pour sortir au grand jour, le rendant presque inconscient de tout ce qui se passait à l'extérieur du petit monde de son crâne. Absorbé, il essaya de repousser les souvenirs, de les refouler tout au fond. Il allait trop vite pour se permettre d'être distrait. Il allait …
… se planter…

Il n'avait pas fermé les yeux plus d'une seconde… mais quand il les rouvrit, il était immobile, si immobile qu'il en eut la nausée. Il roula sur le côté, vomit de la bile en longs spasmes douloureux, sa gorge sèche … et après quelques instants de douleur si forte que le monde semblait en devenir noir, réussit à repousser l'évanouissement et reprit suffisamment conscience pour se rendre compte qu'il n'était plus sur la moto. Il était allongé sur le dos dans l'herbe, sur le bas-côté, et regardait le ciel qui s'assombrissait. Pendant quelques minutes, ou quelques heures, il resta là, les bras en croix, sans penser à rien, laissant la douleur couler de lui comme de l'eau hors d'une vasque brisée, se contentant juste d'apprécier la fraîcheur de l'air et de l'herbe sur sa peau fiévreuse, d'admirer le ciel qui s'assombrissait, passant par des roses qui devenaient mauves et violets. Il avait l'impression de flotter, détaché de la terre, détaché de son corps, comme s'il avait été drogué. Il était bien.
Un arrière-goût de fumée chatouillait ses narines, et de quelque chose qu'il n'identifia pas comme de l'huile de moteur. Mais ce n'était pas assez près pour le concerner.

Au début, il ne prêta même pas attention aux bruits de moteur qui ralentissait pour accélérer à nouveau que faisaient les voitures freinant pour observer l'accident. Il écoutait les oiseaux qui pépiaient, se pelotonnaient dans leurs nids pour la nuit, les petites bêtes qui se faufilaient dans les buissons juste à quelques mètres de lui, tous ces petits bruits de la nature. Mais quand, quelques dix minutes plus tard, un autre véhicule stoppa juste au bord de la route où il se reposait, dérangeant les animaux et brisant la paix des bois, il fut bien forcé de prêter attention. Des cris, des pas qui s'approchaient. Il gronda à voix basse, se relevant sur un coude, et jeta un regard furibond aux imbéciles qui osaient venir le déranger, alors que pour une fois depuis si longtemps, il s'était senti en paix.
-Bon sang, et pourquoi on a besoin d'examiner la place, tu peux me dire?
-Parce que ça fait partie de notre accord avec la police locale, soupira un autre homme d'une voix impliquant qu'il avait déjà répété plusieurs fois. Elle avait besoin de renforcements, on avait besoin de plus d'influence, pas compliqué…
Trois soldats en tenue étaient en train d'examiner quelque chose… les restes de ce qui avait été sa moto, à quelques dizaines de mètres
'j'ai volé sur tout ça? wow… quelle chance de ne m'être pas fait mal…'

et jacassaient avec animation devant les bouts de métal ruinés. Deux autres faisaient le tour des environs du regard, cherchant il ne savait quoi. Ils se retournèrent tous en voyant bouger dans l'ombre des buissons, sortant leurs revolvers.
Ils étaient dans son espace vital, s'approchaient de lui comme s'ils le traquaient… Wufei gronda, menaçant, les avertissant de rester à distance.
Les hommes firent une pause, surpris. Puis l'un d'entre eux alluma une lampe torche, l'éclairant en plein dans la figure, lui donnant l'impression de recevoir des éclats de verre à travers les yeux, jusque dans son cerveau. Son grondement devint rugissement. Il se redressa sur les deux mains, leur faisant face, restant ramassé à quatre pattes, près de la terre. Il se sentait fort, et agressif, et prêt à combattre, si ils le voulaient. Ils n'étaient rien d'autre que des proies.
-Oh mec, des rayures… entendit-il un des hommes murmurer.
Sa tête ne lui faisait plus mal comme avant… cette fois, c'était bien pire, plus rien à voir. Son crâne donnait l'impression de se compresser vers l'intérieur. Il avait mal de partout, des impulsions de souffrance violentes, jusque dans la moelle de ses os. Ses muscles qui l'élançaient, comme s'ils se déchiraient lentement sous une tension qu'il sentait monter, monter… Et sa douleur donnait naissance à une rage folle, un besoin de dissiper son mal en l'infligeant à d'autres.
Sa vision se brouilla brièvement, devint presque noire –puis s'éclaircit, encore plus qu'avant, comme si c'était le crépuscule encore et non plus déjà presque la nuit.
-Oh mec, entendit-il encore une fois –mais les mots avaient perdu tout leur sens.
Les intrus faisaient des bruits, criaient, mais il ne comprenait qu'une chose.
Il ne voulait pas d'eux sur son territoire.

* * *

Quand le 4x4 stoppa en face du van militaire abandonné, et que Heero, Trowa et Duo en sautèrent, arme au poing, ils ne trouvèrent que les débris toujours fumants de la moto de Wufei… et trois cadavres déchiquetés.
Une fois assuré qu'il n'y avait personne, Quatre sortit à son tour, sa main crispée sur son cœur. Il avait préféré ne pas prendre d'arme du tout, son esprit trop proche de l'animal en lui pour qu'il se montre vraiment utile avec en cas de combat. Sa queue balançait en grands arcs derrière lui, comme un chat mal à l'aise. Il avait tellement envie de changer… Il dévisagea Heero, qui avait visiblement le même problème, si on en jugeait par les canines hypertrophiées pointant sous le rictus qui lui crispait le visage de temps en temps, quand l'envie devenait trop forte.
Le brun était en train de renifler la scène, yeux à demi clos.
-Il n'a pas été touché. Je ne sens pas son sang.
Duo soupira de soulagement.
-Regardez ça, lâcha l'américain en soulevant du sol les restes déchirés et salis de terre d'un pantalon blanc.
-C'est celui de Wufei, assura Heero après l'avoir humé. Il a changé.
-Changé… Changé? demanda Duo en faisant de grands gestes avec la main qui ne tenait pas le vêtement irréparablement déchiré.
Heero renifla, moqueur, puis leva un doigt pour désigner la lune, qui commençait à éclairer les nuages à l'horizon. Ses yeux brillaient bizarrement sous la lampe torche de Trowa, comme s'ils réfléchissaient la lumière. Ils avaient des reflets rouges.
-Oh. Bon bah au moins on sait qu'il s'en est bien tiré, pas comme Quatre… Et? Tu peux savoir ce qu'il est?
Le pilote japonais secoua négativement la tête.
-Non. Pas un loup en tout cas. Ni un guépard.
-Génial… soupira l'américain. J'adore les surprises.
-Il est parti à la poursuite de deux autres soldats. J'y vais.
Duo se trouva soudain avec le flingue de Heero mis de force dans sa main.
-Mais… balbutia-t-il, ne comprenant pas.
L'arme du japonais était extrêmement importante pour lui, presque comme une part de son corps, quelque chose dont il ne se passait jamais, même à l'école, même en dormant. Qu'il le lui tende… Pourquoi?
Il tourna vivement les yeux en constatant que le garçon venait de faire sauter le t-shirt et le holster en dessous, et se penchait en avant pour enlever ses chaussures et chaussettes. Heero en fit une boule, jeta dessus le short qu'il portait, fourra le tout dans les bras de son camarade natté, et se dirigea vers la forêt d'un pas presque dansant tant il était énergique.
Duo détourna avec effort les yeux de son postérieur musclé s'éloignant dans l'obscurité, surmonté par une ligne de fourrure s'allongeant déjà dans le début d'une queue qui ne faisait qu'accentuer sa descente de reins.
-Rentrez, vous ne pouvez rien faire, lâcha Heero en se retournant juste avant d'entrer dans les bois. Demain, rendez-vous sur la terrasse aux premières lueurs de l'aube. On se concertera pour mener une recherche. Quatre?
-J'arrive, feula le garçon, ronronnant de plaisir de pouvoir enfin laisser aller le fauve.
La transformation faisait mal, mais il serra les dents et se laissa emporter sans produire un son, s'accrochant au souvenir de la liberté, de la force qu'il obtenait ensuite. Cette fois, c'était un peu moins douloureux que ce dont il se souvenait… et beaucoup plus rapide. Il espéra que plus il s'habituerait et moins ce serait douloureux. Peut-être qu'un jour il en sentirait plus rien du tout? Ce serait bien…
Le petit blond s'étira de tout son corps, surpris de sentir la manière dont les muscles répondaient, roulant sur sa peau, pleins d'une puissance à peine réprimée. C'était une sensation très grisante. Il se sentait de bien meilleure humeur que la veille à la même heure. Il n'avait plus aussi peur, et la nervosité due à la méfiance avait presque entièrement disparu. Au contraire, il se sentait gai, enjoué presque.
Le guépard et le loup reniflèrent brièvement le museau de l'autre, refaisant connaissance avec l'odeur de leur compagnon, puis disparurent dans les bois, Heero nez au sol, traquant la bête que Wufei était devenu avec persistance, Quatre folâtrant comme un chaton fou à côté de lui. Enivré de la manière dont son corps lui répondait, le guépard sautait sur la plus petite feuille voletante devant lui, lui donnant des coups de pattes et la secouant avant de s'en trouver une autre plus intéressante, bondissait comme un lapin dans un champ d'herbes… Heero le surprit même une fois à courir après sa propre queue. Il renifla, amusé et un peu surpris de ces actions dont il ne comprenait pas vraiment la raison, et continua à essayer de traquer Wufei.

Ils cherchèrent pendant une demi-heure avant de tomber sur un autre cadavre, déchiré à coups de griffes fortes et larges sur toute la longueur de son dos et de son ventre ouvert, répandant ses entrailles.
Quatre poussa un petit miaulement, un peu dégoûté par l'apparence du cadavre, mais son côté animal lui empêcha d'avoir pitié. C'était une proie, il avait succombé à un prédateur, voilà tout. Normal. Même s'il trouvait tellement étrange que cette proie n'ait pas été mangée. C'était du pur gaspillage. Si la proie n'avait pas porté l'odeur d'un autre fauve, hein…
'Ca serait du cannibalisme!!!'
protesta une petite voix, mais il renifla de mépris et n'écouta pas. Du cannibalisme? Il n'était pas un deux-pattes, lui!! Et puis, c'était juste de la viande, hein…
Heero le bouscula légèrement de l'épaule et montra un peu les dents quand Quatre regarda passer une petite bête comme s'il voulait foncer dessus, et, contrit, l'arabe essaya de juguler son côté animal. Mais ce n'était pas facile, il y avait tellement d'odeurs, tellement de présences à découvrir…
/il ne peut pas se calmer un peu? toutes les proies nous entendent venir à cent mètres… Wufei va s'enfuir/

Quatre aplatit les oreilles en arrière et prit une mine contrite. Oups, Heero n'avait pas l'air patient… Mais il avait raison, il allait alerter Wufei, et il n'était pas sûr que celui-ci les reconnaisse… Peut-être même à cause de son amnésie, était-il totalement parti dans son côté animal, et ne se rappelait-il même plus suffisamment de ce qu'il avait été étant humain pour maîtriser la bête en lui.
Le guépard essaya de se maîtriser et d'adapter la démarche la plus silencieuse qu'il pouvait. Il tenta de flairer la piste de Wufei, lui aussi, mais il n'avait pas autant d'odorat que le loup. Au final, il se contenta de suivre son camarade, jetant un dernier regard plein de regrets à une musaraigne qui s'enfuyait.

* * *

Le fauve était en train de traîner sa dernière proie à l'abri d'un buisson, quand il capta dans le vent l'odeur de deux autres prédateurs. Il découvrit les crocs jusqu'aux gencives dans un grognement silencieux, furieux qu'on ose pénétrer sur ses terrains de chasse.
Mais ils étaient deux et il n'était qu'un… Et pour se battre, s'il devait en arriver là, cet endroit n'était pas idéal.
Il abandonna la proie qu'il traînait et sauta avec grâce par dessus un buisson, avant de se couler entre les arbres, silencieux comme une ombre.

* * *

Quatre frissonna et hérissa son poil pour gagner un peu de chaleur, mais il avait la fourrure si rase que ça ne faisait pas une grosse différence. Eternuant, il envia tristement l'épaisse fourrure du loup. Il n'était pas fait pour des climats si humides.
/ah, k'so!!!/

Quatre sursauta à l'agacement perceptible chez Heero et aplatit les oreilles en arrière. Il miaula faiblement, le questionnant. Avait-il alerté Wufei en éternuant?
Heero désigna l'avant du museau, grognant comme un ours ronchon.
Ils étaient devant une rivière. Wufei avait dû l'utiliser pour couper sa piste. Mais était-il remonté en amont, s'était-il laissé flotter en aval, avait-il posé pied sur la même rive ou sur celle d'en face? Pour le savoir, pas le choix…
Quatre miaula d'un air dégoûté. Traverser de l'eau… Berk.

* * * * * *

C'était déjà pratiquement l'aurore, quand après des tours et des détours à n'en plus finir, Heero réussit à retrouver la trace de Wufei. Ses pattes étaient endolories à cause des champs de cailloux que l'autre leur avait fait traverser, sa fourrure était pleine d'épines, de branchettes, et de feuilles mortes, et pour tout dire il commençait à en avoir plein le dos de traquer cet abruti.
Mais il était trop bon à couper sa piste; si Heero le laissait prendre de l'avance, il ne le retrouverait probablement jamais.

Quatre en avait eu assez au milieu de la nuit environ, et il était retourné à la maison tout seul. Ses longues pattes étaient faites pour galoper sur des étendues plates, pas se glisser entre des buissons et des terrains rocheux. Et il n'avait pas eu envie du tout de se retrouver encore une fois avec une épine entre les coussinets, merci bien! C'était quelque chose de réellement désagréable. Alors, deux fois de suite… Il s'était assuré que Heero comprenait ce qu'il allait faire, et n'était pas dérangé par le fait de continuer la chasse seul, puis l'avait laissé, sachant très bien que de toute façon, tant qu'ils étaient animaux, le mieux à faire avec Wufei était de le laisser courir pour se calmer, tout en s'assurant de ne pas perdre sa trace pour le ramener au matin. Et l'animal qu'il était se sentirait probablement moins dérangé par un autre fauve que par deux.
Même si le guépard n'était pas réellement une menace… Quatre savait instinctivement que ses griffes usée et non rétractiles ne serviraient pas à grand chose dans un combat. Son atout majeur était sa vitesse, mais dans la forêt, il ne pouvait pas vraiment en gagner.

* * *

L'aube était sur le point de se lever quand le grand loup brun s'arrêta enfin à l'orée d'une petite clairière, silencieux comme une ombre. Les buissons touffus dissimulaient bien la place, le ruisseau encaissé coulait juste au bas de la petite pente, procurant un chemin d'évasion peu remarquable de loin, et les ronces pouvaient décourager d'éventuels intrus… c'était une bonne cachette. L'herbe était haute, visiblement confortable… mais ce n'était pas dans l'herbe qu'avait choisi de s'allonger la bête.
Dans le sable brun clair du bord de l'eau, une de ses pattes avant traînant dans le liquide froid, son museau sur l'autre patte, un tigre aux yeux fermés s'étalait, somnolant, le contraste avec le sable et les premiers rayons du soleil levant faisant ressortir le chaud reflet doré de sa couleur. Les lignes marquant son pelage étaient fines, soulignant ses formes souples, et d'un noir si sombres qu'elles en semblaient bleutées. La bête avait un corps long et bien découplé, même si la longueur de ses pattes indiquait qu'elle n'était pas encore sortie de l'adolescence. Et le loup-garou pouvait voir qu'elle était visiblement plus lourde que lui, et peut-être plus haute au garrot.
Un adversaire redoutable, s'il choisissait de l'affronter… mais il n'en avait pas le moins du monde envie. Il ne pouvait qu'espérer que si le sentiment n'était pas mutuel, il s'en rende compte avant que le tigre soit trop près pour qu'il s'enfuie.
Le loup observa pendant quelques longues minutes en silence, totalement immobile. Le tigre ne bougeait pas, mis à part quelques brefs tressaillements de ses moustaches de temps en temps. Il avait l'air d'être profondément endormi.
S'asseyant sur son arrière-train, Heero se demanda comment la transformation inverse allait se passer. Wufei serait-il désorienté? Quel effet cela allait-il avoir sur sa mémoire?
Sans qu'il ait trahi sa position, le tigre releva soudain la tête et ouvrit ses yeux, regardant tout droit de son côté, comme s'il avait su précisément où il était depuis le début. Le loup ne bougea pas, le tigre ne bougea pas non plus. Ils restèrent à se fixer dans les yeux pendant de longs moments par-dessus l'étendue de la clairière.
Les yeux de Wufei étaient d'un noir abyssal dans l'écrin de sa fourrure, et les rayures noires tout autour agissaient dessus comme du mascara l'aurait fait, les agrandissant. Deux traits partant en diagonale du coin intérieur de ses yeux donnaient l'impression de sourcils perpétuellement froncés. Une ligne de poils plus clairs à peine discernable croisait en travers entre ses yeux et sur son museau, suivant la cicatrice de la blessure qui l'avait contaminé.
Un oiseau s'envola en pépiant, déclenchant l'éveil de la population de ce coin des bois et les faisant cligner des yeux, brisant le contact. Wufei étira ses pattes, dégainant ses griffes, et bâilla, dévoilant des crocs d'une blancheur étincelante tout aussi remarquables que ceux de Heero lui-même. Puis, s'étirant comme un chat, d'abord l'arrière-train, puis l'avant, il se leva et avança nonchalamment vers le loup qui le regardait. Heero resta immobile. L'autre ne montrait pas de signes d'agressivité particulière, juste de méfiance dans la manière dont il le regardait.
Il s'assit au milieu de la clairière, en face du loup, et ils restèrent là à se regarder. Le tigre semblait confus, sa queue allant et venant, preuve de son malaise. Heero se contenta de rester le plus figé qu'il le pouvait.
Lentement, très lentement, Heero s'allongea au sol, dans la position du sphinx, et attendit encore. Le tigre se ramassa en boule, sans le quitter des yeux, visiblement extrêmement désorienté.

* * *

/yeux bleus de glace, bleus comme l’espace, profonds et froids/
Comme… Le garçon. Wing. Celui qui l’avait traqué dans les jardins de roses.
Mais ça n'était pas possible.
Wing était un /deux-pattes/ ’un humain’, pas un prédateur à quatre pattes comme lui… ‘mais je ne suis pas un quatre-pattes non plus…si ?’
Le tigre secoua la tête, confus, assailli par toutes sortes d’images sans aucun sens. Des humains avec qui il… chassait ? tuait ? aux côtés de qui il se battait /mais les humains sont proies/, avec qui il parlait…
‘comment puis-je les comprendre ? Je ne me souviens pas, pourtant je sais que c’est important…’
'Stupide, ce loup ne peut être le deux-pattes, ce n'est pas logique…'

Mais il savait que même s'ils n'étaient pas la même personne, il connaissait quand même cet animal. Il se rappelait confusément voir sa forme sombre bondir entre des buissons, dans les fourrés, courir de droite et de gauche, et son rire et celui de ses amis quand par réflexe il partait derrière un quelconque rongeur…

Wufei cligna des yeux, et secoua la tête, essayant de s'éclaircir les idées. Et puis il sursauta de tout son corps.
Devant lui soudain, à son ébahissement total, l’odeur de l’autre se modifiait totalement , passait du fauve à celle d’un deux-pattes si faible, tout nu. Son corps changeait lentement, sa fourrure disparaissait pour laisser place à de la peau fragile, brun-rosée. Un moment, l’homme-bête leva ses yeux sur lui, des yeux bleus si humains au milieu d’un visage encore à mi-chemin, et il sursauta. Il avait déjà vu ce visage comme ça, il avait déjà vu ‘Heero’ comme ça, humain féroce muni de crocs, plongeant sur sa gorge…
Il avait été dans le salon avec … Wing ? Heero ? et un autre, un silencieux avec des yeux si verts, et ils avaient été en colère, conflit de dominance, et Wing avait attaqué, et …changé…
Le garçon aux yeux verts… son nom ne lui revenait pas … Mais il se souvenait de lui, vaguement… présence silencieuse dans les ombres, mais toujours là. Et 'deux autres. je crois.'.

/je suis
‘je suis
/sauvage-libre-fauve-tigre
/tigre
‘qui suis-je? Je me souviens…

Le souvenir quand il était chez Treize. Métal et feu … une deux-pattes, tombée devant lui, une fille, pas encore une vraie femme /ma femelle quand même/ tombée dans ses bras, son sang, sa vie qui s’échappe
‘mes mains sont rouges…’

Rage du combat, vengeance, férocité, plus rien que le froid du métal pour lui, plus de chaleur, plus de vie… en partant elle a tout pris.
‘mes mains…’
se dit-il en fixait ses pattes rayées, sachant, sentant, que ce n’était pas ce qu’il aurait dû voir.
‘Nataku, déesse de la guerre que je mène, armure du plus dur des métaux
‘Meiran


* * * * * *

Après avoir passé la moitié de la nuit à faire les cent pas, Trowa et Duo avaient laissé tomber l'idée même d'aller dormir dans leurs chambres, et avaient pris résidence sur la terrasse, enroulés dans les couvertures que l'américain avait rapportées pour rendre l'attente plus confortable. De temps en temps, l'un d'entre eux se levait pour aller faire un petit tour le long de la rambarde, mais l'obscurité ne révélait rien.
L'américain soupira et se laissa aller sur la balancelle à côté de son camarade, ramenant les couvertures plus étroitement autour de lui. Il avait le bout du nez presque anesthésié de froid, et ses pantalons trop étroits ne protégeaient guère ses chevilles. Frissonnant, il ôta ses bottes et ramena ses pieds sous lui, se blottissant contre les coussins. Seul un effort conscient le fit se retenir de se blottir plutôt contre Trowa, mais il n'osa pas, malgré le froid.
Il ne savait pas pourquoi, mais il avait beau avoir le contact très facile, il ne pouvait pas toucher Trowa aussi aisément que les autres. Heero, il le faisait pour l'embêter… enfin, au début, il l'avait fait parce que ça ennuyait l'autre, et ensuite parce qu'il trouvait ça confortable et qu'il savait que même si il ronchonnait, ça ne le dérangeait pas vraiment; Quatre adorait les embrassades donc ce n'était absolument pas un problème; et Wufei… Wufei tempêtait pendant des heures, mais au final le laissait faire, utilisant le prétexte de faire plaisir au cinglé américain pour accepter un contact qu'il appréciait plus qu'il ne voulait l'admettre. Mais Trowa… A chaque fois qu'il le touchait sans qu'il s'y attende, c'était comme si l'ex-mercenaire devenait de pierre. Il n'osait rien dire, mais son inconfort était palpable, et bien plus réel que l'attitude "bas-les-pattes" des deux asiatiques. Duo voulait partager le bien-être qu'il ressentait, pas le rendre malade de nervosité refoulée. C'était à se demander comment il avait grandi, pour être si mal à l'aise par un simple toucher.
Quoique… C'était peut-être juste son caractère. Mais leur amitié était encore trop neuve et trop superficielle pour qu'il puisse se permettre de lui poser ce genre de questions.
Il soupira, malheureux. Il avait froid, et il s'inquiétait pour Wufei, et maintenant voilà qu'il avait le mystère Trowa qui tournait dans sa tête…
-Ne, Trowa?
-Hm? lâcha l'autre garçon sans se tourner vers lui, ses yeux toujours fixés vers l'horizon que le lever du soleil rendait rose et or.
Duo jura en pensée. Il n'avait pas voulu parler, mais ça lui avait échappé malgré lui! Une idée, vite, vite!
-On est les deux derniers non-garous, maintenant… On est en minorité. Ca fait bizarre, hein?
L'autre garçon hocha la tête, mais n'ajouta rien. Pas possible, est-ce qu'il avait réellement une langue? Duo se dit qu'il devrait demander à Quatre d'aller vérifier, un jour… et puis se rappela avec un pincement de tristesse pour ses deux amis qu'ils ne pouvaient pas. C'était l'une des premières choses que Heero lui avait dites, dans les premiers jours, quand Duo avait admis qu'il appréciait le pilote 01. Un seul baiser le contaminerait.
-Je me demande ce que ça fait, d'être un garou… de pouvoir changer… D'avoir les sens si ouverts, si puissants… D'avoir l'animal à l'intérieur… Heero a l'air heureux comme ça. Il est beaucoup plus ouvert. Quatre, je ne sais pas, je suppose qu'on a pas encore assez vu sa personnalité post-première transformation pour juger, mais au moins il devrait cesser d'avoir ces changements d'humeur… Je m'y attendais plus ou moins de la part de Heero, mais ça m'a toujours fait bizarre de voir p'tit Quat' taper une crise de nerfs atroce et puis éclater en sanglots parce qu'il a été méchant avec nous…
-C'est vrai. Il s'est beaucoup tourmenté au sujet des changements dans sa personnalité.
-Je m'en suis douté, mais il n'a jamais voulu m'en parler. J'espère qu'il s'est au moins ouvert à toi… ca aurait été trop dur pour lui, sinon.
Trowa hocha la tête.
-Nous avons…parlé … un peu.
Duo lui sourit.
-Ca me soulage. Si quelqu'un pouvait l'aider, c'était bien toi, Trowa. Il a toujours eu une énorme confiance en toi, tu sais? Même juste pour l'écouter, je pense que ça l'a aidé plus que je n'aurais pu le faire.
Le clown ne répondit pas, baissant les yeux d'un air gêné. Duo n'insista pas.
-J'espère qu'ils vont réussir à ramener Wufei… soupira-t-il avant de rabattre sa tête en arrière, considérant pensivement le baldaquin de tissu au-dessus de la balancelle. Et que ça ne va pas aggraver son problème de mémoire…

* * * * * *

La transformation prit Heero par surprise, et comme il était très calme et que son côté humain avait été en contrôle même dans l’animal, il ne réussit pas à enrayer le changement avant d’être déjà à mi-chemin… trop tard pour inverser. Si Wufei décidait d’attaquer maintenant, il était mort. Après quelques seconds d’indécision, il essaya de hâter son retour dans un corps humain. Tant qu’il était entre deux formes, sa mobilité était trop fortement compromise. Il était vulnérable et il avait horreur de ça.
Le tigre sursauta, et Heero le regarda quelques secondes. La bête semblait troublée… Lentement, le japonais leva sa main en direction du museau de la bête, paume en haut, lui permettant de le flairer s'il le désirait. Mais Wufei était si stupéfait qu'il resta sans réaction.
Et puis lentement, la fourrure rayée commença à diminuer de taille et les membres à craquer sous le changement. Le soleil levé, l’influence de la Lune avait pris fin sur leurs formes. Wufei avait été si immergé dans son côté animal qu’il avait réussi à tenir plus longtemps, mais apparemment il ne désirait pas assez fort rester tigre pour ne pas changer de forme automatiquement au bout d'un moment.
Heero espérait juste que le jeune adolescent qu’il avait récupéré chez Treize ne crise pas en se retrouvant tout nu au milieu d’un bois avec un autre mec à poil en face de lui, et des souvenirs trop vivaces d’un drôle de rêve pour procurer un background à ces égratignures dont les ronces l’avaient gratifié.

Wufei haleta encore quelques secondes sur le sol, puis releva les yeux sur le jeune homme accroupi devant lui. Ils se dévisagèrent encore, comme ils n’avaient cessé de le faire de toute la nuit… et puis le chinois lâcha un grand soupir, ferma les yeux et se laissa aller sur le sol, son corps détendu. Après quelques secondes, Heero se laissa aller à prendre son poignet pour vérifier s’il était encore en vie. Il dormait, si profondément qu’un tremblement de terre ne l’aurait sûrement pas réveillé. Le japonais soupira imperceptiblement, puis le moment de fatigue post-transformation passé, ses muscles ayant retrouvé leur force, il chargea son camarade en travers de ses épaules et partit vers la maison. Avec de la chance, et s’il ne s’abîmait pas les pieds, il serait rentré dans deux à trois heures… à condition que Wufei ne se réveille pas d’humeur à essayer de filer encore une fois.

* * * * * *

Quand Quatre arriva en trottinant tranquillement par le chemin de terre, les deux garçons se sentirent intensément soulagés. Mais ce soulagement ne dura pas. De tout le temps que prit le guépard pour les rejoindre sur la terrasse, aucune autre forme quadrupède n'apparut à sa suite.
-Quatre? Où sont les deux autres?! s'exclama Duo en envoyant balader sa couverture et en se précipitant vers la rambarde.
Le félin miaula en contournant le coin du mur et grimpa avec lassitude les marches qui menaient à la terrasse. A peine arrivé, il se laissa tomber sur son arrière-train et bâilla, dévoilant ses crocs… et le fait que ses babines et le dessous de sa gorge étaient souillés de large taches de sang à demi séché, ainsi que ses pattes avant et sa cage thoracique. Duo eut à peine le temps de cligner des yeux que Trowa était déjà à genoux à côté du fauve, ses mains le palpant délicatement mais avec une certaine urgence pour découvrir la source de toute cette hémoglobine. Le fauve cligna des yeux surpris, puis miaula, repoussant d'une patte sur le bras le garçon avant de frotter le haut de son crâne sur son bras pour le calmer. Puis il lâcha prise sur l'esprit du fauve et le laissa retourner dans les profondeurs, emportant sa forme avec lui.
Quelques minutes plus tard, Quatre levait des yeux las vers eux, assis fesses à l'air sur les dalles froides, ses cheveux tout emmêlés, des petits bouts de sang séché s'émiettant sur le sol. Il avait la bouche entourée de traînées rouge sombre qui lui donnaient l'air d'un ange déchu tourné vampire. Il bâilla encore, s'étirant, puis frissonna. Duo s'empressa de retourner en arrière pour lui donner la couverture qu'il avait laissée sur le sol. Quand il se retourna, Trowa était en train de vérifier si le petit blond n'était pas blessé, avec obstination. Il était si inquiet pour lui qu'il ne se rendait même pas compte qu'il était en train de poser ses mains sur un Quatre à poil, rigola l'américain.
-Ca va, Trowa, je ne suis pas blessé… le rassura le petit arabe en saisissant la couverture que Duo lui tendait et en s'en enveloppant. Ce n'était pas mon sang.
-Ca vient d'où alors? demanda le jeune homme à la mèche en chassant de la main une plaque de sang sec sur le menton du garçon.
Un sourire de bonheur absolu transforma complètement le visage du garçon.
-J'ai chassé, Trowa! Il y avait un daim dans un champ, et j'ai réussi à l'attraper tout seul! Tu te rends compte? Moi tout seul! Il m'a vu et il a couru vers les bois, et je savais que je le perdrais si je le laissais aller, et j'ai couru si vite, on aurait dit que je volais! j'avais l'impression que mes pattes ne touchaient plus le sol tellement j'allais vite… C'est presque mieux que la première fois où j'ai volé dans Sandrock! Et je lui suis rentré dedans, wham! C'était un sacré choc, mais il a réussi à se relever, alors je lui ai sauté à la gorge. Il a essayé de s'enfuir, mais je n'ai pas lâché, même si… Bon, il m'a un peu marché dessus, mais je vais bien, Trowa, je t'assure! C'était tellement bon…
-Tu l'as mangé? demanda Duo, luttant héroïquement contre son fou rire.
-Pas tout, mais je l'ai caché dans les bois, j'espère que personne ne me le volera… Si ces fichus renards essayent de me le prendre, j'irai les extirper de leur terrier et je… enfin, je…
Quatre se rendit compte de l'emportement enfantin avec lequel il avait décrit les événements, et rougit comme une tomate, relevant la couverture autour de lui. Il se releva, utilisant la main que Trowa lui tendait, et passa une main dans ses cheveux.
-Je crois que je vais aller prendre une douche…
-Vaut mieux, ouais… Oh, attends, où est Heero?!
-Il… heu… il trouvait que je me comportais comme un chaton fou, alors il est parti traquer Wufei tout seul… Je lui ai fait comprendre, il était d'accord. Il a plus de chances de le retrouver sans moi de toute façon, je n'ai aucun flair et je n'arrivais pas à rester discret… Il voulait le suivre à distance jusqu'à ce que la transformation survienne dans l'autre sens, je suppose que ça doit être en train de se passer maintenant… On n'a plus qu'à attendre.
-Ok, agréa l'américain, avant que quelque chose ne le frappe. …attends une minute.
Quatre se retourna et jeta un regard curieux à Duo.
-Oui?
-Tu as dit que tu lui avais dit, qu'il pensait… mais vous étiez des animaux, non? Alors comment vous avez pu…
Quatre écarquilla les yeux une fraction de seconde. Sur le moment, il n'avait pas réalisé, mais Duo avait raison… Il avait encore… Encore… Il jeta un regard affolé à Trowa, ne sachant plus que faire pour étouffer les soupçons du garçon à la natte.
-C'est vrai… Je vais prendre une douche. A plus tard!
Duo cligna des yeux, surpris. Pourquoi Quatre avait-il paru si gêné par sa question?
-C'est louche… murmura-t-il.
Trowa se contenta de hausser une épaule et de ramasser sa propre couverture avant de se diriger vers l'intérieur de la maison. Duo étrécit les yeux.
-Apparemment tu sais quelque chose que je ne sais pas… Intéressant.
Ca ressemblait trop à un challenge pour qu'il accepte de laisser courir.

* * * * * *

Heero était encore à une demi-heure de marche de la maison quand il sentit le corps en travers de son dos se tendre légèrement. Wufei se réveillait, marmonnant des mots inintelligibles. Prudemment, le japonais déposa son fardeau sur un coin d'herbe dense, le soutenant en position semi-assise d'un bras, et attendit avec impatience que ses yeux s'ouvrent.
Les épais cils noirs battirent une ou deux fois avant de se soulever lentement sur des yeux encore confus. La lumière du matin tombait sur le visage de Wufei selon un angle curieux, rendant ses prunelles brun doré, montrant que ses iris n'étaient pas vraiment noirs, juste d'un brun très sombre.
Heero retint son souffle. Wufei avait l'air si fragile… Nu, sa peau dorée ciselée par les ombres et la lumière de l'aube, ses longues mèches d'ébène tombant sur ses épaules et en travers de son visage…
Le japonais croisa mentalement les doigts. Il ne savait pas ce qu'il espérait au juste, mais il espérait de tout son cœur qu'il ne serait pas forcé d'assommer le garçon pour le ramener. Pourvu qu'il puisse lui expliquer, pourvu que l'autre accepte de le suivre…
Le regard du chinois se leva vers la figure de la personne penchée sur lui, et il plissa les yeux, essayant d'éclaircir sa vision trouble. De sombres yeux bleu acier le fixaient intensément au travers de mèches emmêlées.
-Heero? murmura-t-il, incertain.
Le sourire immédiat qu'il reçut en réponse était… saisissant. Il cligna des yeux, perplexe. Etait-ce bien la personne qu'il croyait? Il était sûr qu'il ne l'avait jamais vue avec cette expression… C'était si … déconcertant … Oui, une totale métamorphose.
-Heero?
-Hai, répondit l'autre, ses lèvres retournant à leur place habituelle…. mais le sourire toujours au fond des yeux.
-Qu'est-ce que…?
-De quoi te rappelles-tu?
Le chinois secoua la tête et baissa brièvement les yeux… et se rendit compte qu'il était entièrement nu, comme son camarade, et que celui-ci le soutenait en l'appuyant contre son propre corps.
-Yuy?!? glapit-il en reculant d'un bond. Qu'est ce que je fiche à poil au milieu d'une forêt seul avec toi?!
Le japonais cligna des yeux, puis pouffa dans sa barbe. Son camarade fronça les sourcils, encore plus confus. Ce n'était définitivement pas la réaction qu'il avait anticipée.
-De quoi te rappelles-tu, Wufei? répéta le japonais avec patience.
-Je…
Le chinois essaya de remettre en place les bribes confuses de souvenirs qu'il avait de la nuit précédente.
Mais ça n'avait aucun sens.
-Je me suis réveillé… dans une maison, que je ne connaissais pas… et j'ai entendu des voix… j'ai pris une moto pour m'enfuir… Et puis j'ai eu mal, et j'ai perdu contrôle de la moto, je suis tombé.. et après… des hommes… Ils me mettaient en rage, j'étais si bien, et ils me dérangeaient, alors je… je…
Il porta une main à sa tête. Un bout de migraine commençait à pointer.
-J'ai frappé… ajouta-t-il, en un murmure incertain, mimant inconsciemment le geste, doigts crispés comme des griffes.
Il s'immobilisa et considéra ses mains en silence, yeux écarquillés, essayant de les réconcilier avec son souvenir de deux grosses pattes rayées munies de véritables crocs de boucher, assenant des coups brutaux et sanglants à des hommes hurlant de terreur.
-Ensuite? l'encouragea doucement la voix grave de son camarade.
-J'ai couru… marmonna-t-il en portant une main à sa tempe, essayant de comprendre ces flashes où il se glissait entre les branches, chassait à quatre pattes, se coulait entre les buissons aussi naturellement et facilement que s'il avait été fait pour ça.
Il leva des yeux emplis d'incompréhension et d'une pointe de terreur vers son camarade.
-Je n'y comprends plus rien…
-Hé du calme, tout va te revenir bientôt, chuchota Heero en lui frottant l'épaule d'une manière réconfortante. Pas la peine de stresser, ce n'est pas si important…
Il lui tapota le dos, et avec un soupir las, Wufei se laissa aller et posa son front sur l'épaule du japonais, réclamant son soutien en silence. Heero passa son bras autour de ses épaules et serra brièvement.
-Je n'arrive pas à mettre mes souvenirs dans l'ordre… Et certains sont juste trop incroyable et… étranges pour que je sache quoi en faire!
-Fais-leur confiance, Wufei… Dis-moi juste ce dont tu te rappelles, ok?
-Je courais dans la forêt… à quatre pattes, et je me souviens d'un sentiment de force, de souplesse… et j'étais le maître absolu, rien ne pouvait m'atteindre… Je me sentais si puissant, si sûr de moi… J'étais le… le…
-Le prédateur en haut de la chaîne? suggéra Heero.
-Exactement! Comment tu…?
-Tu sais comment, Wu… Tu sais comment.
Les yeux du chinois s'agrandirent.
-Le loup… Le loup aux yeux si froids… Et tu… Mais comment? Ce n'est pas possible…
-Tu ne te souviens pas d'avant?
-Avant?
Heero se mordit la lèvre. Il avait été si heureux que l'autre se souvienne, mais apparemment, Wufei avait encore des trous énormes dans sa mémoire.
-Je sais ce que tu as ressenti cette nuit… je suis passé par là moi aussi. Wu… Qu'est-ce que tu sais sur moi? ne réfléchis pas, dis moi ce qui te passe par la tête.
Le chinois se redressa et se dégagea de l'étreinte de son camarade, légèrement gêné de s'être laissé aller maintenant qu'il reprenait contrôle de lui-même.
-D'abord… Tu ne m'appellerais pas Wu. Tu ne m'as jamais appelé comme ça. Tu … devrais être froid, et distant, pas… Pas me sourire comme ça, pas me… me toucher comme ça…
-J'ai changé depuis que tu as fait ma connaissance, admit le japonais avec un petit sourire. Mais j'avoue que le mois où tu as disparu y a été pour beaucoup. Nous étions si inquiets… Nous ne savions pas ce qui t'était arrivé, ni même si tu étais toujours vivant…
Wufei secoua la tête. Il avait tellement de mal à admettre que Heero Yuy avait bien ouvertement admis avoir été très inquiet à son sujet. Il ne savait pas s'il devait se sentir flatté ou inquiet.
-Nous?
-Moi et les autres…
-Les autres voix que j'ai entendues? … Je me suis rappelé un peu, tout à l'heure, mais je ne suis pas sûr… Il y avait… le silencieux, il a des yeux… verts, non? et … et quelqu'un d'autre… mais tout ce que j'ai comme impression, c'est qu'il est gentil… Et … je ne suis pas sûr, mais quand tu m'as appelé Wu, j'ai pensé que… Ce n'était pas comme toi de m'appeler comme ça, que c'était plus comme lui… mais mis à part qu'il existe, je ne me souviens de rien de concret, soupira-t-il. J'ai des souvenirs des fois, flottants, des phrases, des moments, mais… je ne peux pas les rattacher les uns aux autres.
-Ca te reviendra quand tu rencontreras les garçons en question, ne t'en fais pas…
-C'est bizarre… Quand je te regarde, je sais que je te connais. Je sais à peu près ce que tu vas faire, comment tu es censé réagir… Je connais les mots que tu emploierais plus volontiers, tes expressions faciales, tout ça… mais quand j'essaye de me souvenir de la manière dont j'ai acquis ces informations, tout devient blanc, et je ne suis même plus sûr de le savoir, peut-être que je suis juste en train de l'imaginer…
-Détends-toi et fais-leur confiance. Ca te reviendra.
Heero se demanda si le garçon se souvenait encore des Gundams et de leur combat, mais il n'avait pas envie d'ajouter à sa confusion maintenant.
-Allez, tu as le temps. Viens, on rentre.
Il se releva et tendit sa main à son camarade. Wufei la saisit, rougissant légèrement quand le fait qu'il était nu se rappela à son bon souvenir.
Heero ne put s'empêcher de lui lancer un clin d'œil, et manqua se mettre à rire quand les joues de son ami virèrent au rose vif. Lui tournant le dos, il se remit à ouvrir le chemin. Après quelques secondes d'hésitation, Chang le suivit.
-J'espère juste qu'on ne rencontrera aucun randonneur égaré… marmonna-t-il dans sa barbe.
Le rire de Heero résonna loin sous les arbres.

[Sauvetage] [Interlude: Dans les bois]