Mike frappa à la porte, et attendit. Rien ni personne ne lui répondit. Le sweeper soupira et recommença, frappant plus fort cette fois. Une espèce de marmonnement se fit entendre, et il put enfin ouvrir la porte, la lumière du couloir pénétrant dans la cabine.
Un bras sortait de la couchette, la main reposant presque sur le sol, et une touffe de cheveux bruns dépassait des couvertures. Mike sourit malgré lui ; deux semaines plus tôt il s'était avéré que Heero et Duo étaient ensemble, et depuis étaient indésckotchables, parvenant Dieu sait comment à dormir dans la même couchette sans se balancer par terre mutuellement.
Une bouille toute chiffonnée et endormie sortit de sous les draps et cligna des yeux en tentant de faire la mise au point sur le sweeper. Puis elle lorgna le radioréveil sur la tablette de chevet, avant de revenir sur Mike.
-Keskya ? Fit la voix nasillarde de Heero.
-On accoste dans une heure, les mecs. Depuis le temps que vous voulez aller vous amuser sur la terre ferme...
Les cinq jeunes terroristes étaient restés sur le porte-avions de Howard, après y avoir ramené leur Gundams, profitant des ateliers de réparation et des vacances au large, que seules deux missions de routine étaient venus interrompre. Mais au bout d'un certain temps, Duo avait commencé à râler parce qu'il n'y avait pas de glace sur le bateau, pas assez de place à son goût pour faire le zouave, et qu'il voulait tout simplement pouvoir aller faire un tour dans une ville.
- On est où, exactement ? Demanda Heero.
- Un peu au nord de Bordeaux, on va accoster à Arcachon.
- C'est Duo qui va être content... Si j'arrive à le réveiller... Rajouta-il en tournant la tête vers son compagnon.
- Bonne chance. Rigola doucement Mike en refermant la porte.
Une fois le sweeper parti, le japonais souleva la couverture pour trouver Duo allongé sur son torse, un bras tombant à terre tandis que l'autre se perdait jusqu'à... hem.
L'américain avait la bouche entrouverte et avait visiblement bavé pendant la nuit. Heero soupira en passant les doigts dans les longues mèches encadrant le visage de Duo, puis tenta de réunir l'épaisse crinière détachée qui les recouvrait tous deux en une seule queue.
Duo marmonna quelque chose d'inintelligible en remontant son bras et se serra davantage contre le japonais sans pour autant se réveiller.
- Duo... Chuchota doucement Heero en lui caressant la joue.
-Duo... Réveille-toi. Insista-t-il en commençant les chatouiller les côtes.
Duo se mit à gémir en riant presque, et se tortilla comme une anguille dans le vain espoir d'échapper à son tortionnaire. Deux semaines à dormir dans le même lit avaient appris beaucoup de choses à Heero : déjà que l'américain avait les pieds froids, et que celui-ci avait sacrément tendance à le confondre avec un oreiller, ce qui n'était pas pour lui déplaire, mais surtout qu'il était horriblement difficile à réveiller. Surtout après une nuit particulièrement bien agitée...
Seules deux choses s'étaient avérées efficaces : le seau d'eau froide, qui avait pas mal d'inconvénients, le premier étant d'obliger à changer de matelas et de couvertures pour la nuit prochaine, et les chatouilles, à condition d'être un spécialiste. Et Heero s'était découvert un don particulier dans ce domaine.
Riants aux éclats, l'américain commença à rendre la monnaie de sa pièce à son compagnon, tous deux s'emmêlant mutuellement dans les couvertures, et finissant par tomber à terre, Heero se retrouvant alors assis sur le ventre de Duo qui riait toujours convulsivement de manière quasi hystérique et le japonais décida qu'il était temps de le faire taire. Il se pencha et l'embrassa, longuement, profondément, jusqu'à être sûr qu'il n'ait plus assez de souffle pour recommencer à rire.
Heero se redressa et le toisa, un petit sourire narquois aux lèvres. Allongé sur le sol sous lui, encore haletant et les cheveux éparpillés tout autour de lui, Duo lui rendit son sourire avant de tordre la tête vers l'arrière pour regarder le réveil.
-7 heures 14 ? Pourquoi tu m'as réveillé aussi tôt ? Gémit-il en soupirant. Heero se redressa et aida l'américain se relever, lequel retourna se rouler en boule sur le lit
-On accoste dans moins d'une heure, à Arcachon.
Soudain parfaitement réveillé, Duo sauta sur ses pieds en hurlant sa joie comme un gamin et piqua les lèvres de Heero d'un rapide baiser avant de commencer à s'habiller au rythme où il retrouvait ses affaires ; le tee-shirt, une chaussette, le jean noir mais d'abord il faut le calbut ; ah, le voilà. La deuxième chaussette et enfin l'éternelle chemise noire à col de prêtre. Le japonais le regarda faire en souriant doucement, appréciant simplement le fait de le voir bouger si souplement et se battre avec ses vêtements.
- Tu t'habilles pas ? Finit par demander Duo en cherchant vainement sa casquette dans les recoins de la cabine.
- Tu l'as laissé à la salle de repos hier.
- Hu ?
-Je parlais de ta casquette. Et pour répondre à ta question, je préfère te regarder... Avoua-t-il dans un souffle, un demi sourire au coin des lèvres.
Duo releva un sourcil et finit par sortir un jean de la commode pour le lancer sur le japonais qui le rattrapa de justesse avant de se faire assommé. Il regarda le vêtement d'un air dubitatif.
- Je préférerais mon short.
- Tout le monde mate quand tu le mets. Répliqua Duo d'un ton un peu acerbe.
- Jaloux ?
L'américain se tourna vers lui et s'avança souplement avant d'embrasser Heero, le repoussant sur la couchette et laissant courir ses mains sur le corps encore nu du japonais. Lorsqu'il cessa et se redressa, un sourire satisfait aux lèvres, Heero haletait, à bout de souffle, les joues rouges.
- Oui. Souffla alors Duo. Je te veux pour moi tout seul...
Ody se retourna tout en marchant, vérifiant que personne n'était derrière lui, et essuya d'un geste nerveux la sueur qui lui coulait dans les yeux, serrant un énorme tas de paperasses instable contre lui. Il marchait d'un pas raide et saccadé, se retenant à grand peine de courir pour rejoindre les garages où il avait rendez-vous avec son... acolyte. En espérant que celui-ci ne se serait pas fait prendre.
Il soupira de soulagement en apercevant Belin qui semblait vérifier que sa voiture n'avait aucun mouchard. L'un comme l'autre savait qu'il était peu probable qu'ils en trouvent un avec un examen aussi superficiel, mais c'était une manœuvre plutôt rassurante. Sans un mot, le généticien désigna la place du passager à Ody qui s'y installa, gardant ses dossiers sur ses genoux, et se passant une main tremblante dans les cheveux.
-Je suis trop vieux pour ces conneries [1]. Souffla-il pour lui-même quand Belin s'assit derrière le volant et démarra. Il semblait bien plus calme que son collègue, mais le physiologiste, qui commençait à le connaître, remarqua les lèvres pincées et la mâchoire serrée.
-On a surtout de la chance de s'être aperçu qu'ils surveillaient nos activités de près avant qu'ils ne décident d'agir.
Ody acquiesça, sa respiration reprenant un rythme normal, et jeta un coup d'œil à Belin et à l’habitacle de la voiture.
-Où as-tu mis tes dossiers ? Demanda-t-il en ne voyant rien sur le siège arrière. Si jamais ils avaient besoin de quitter la voiture précipitamment, ils n'auraient peut-être pas le temps d'ouvrir le coffre pour tout récupérer.
Belin étouffa un petit rire.
-Tout est dans mon ordinateur portable, derrière mon siège. Moins encombrant que toute ta paperasse, et mieux protégé. Je ne l'avais pas déclaré officiellement, personne ne savait que je le possédais.
Ody se renfrogna dans un silence boudeur. Un ordinateur était effectivement plus pratique, mais lui avait toujours eu une incompatibilité certaine avec ce genre de machine. Et il préférait de toute façon sentir la texture du papier sous ses doigts et son éternel stylo.
La voiture fila vers le nord, encore incognito vis-à-vis de Oz. Pour l'instant.
Trowa resserra son bras autour des épaules de Quatre, et écarta de justesse son petit amant de la trajectoire de la bombe Maxwell qui courait comme un dératé le long de la côte en sautant de joie, faisant se retourner plusieurs personnes, pour la plupart des promeneurs profitant de la température agréable de la matinée.
Heero arriva à leur hauteur et se gratta le crâne d'un air gêné.
- Qu'est-ce que tu lui as fait, encore ? Demanda Quatre d'un air innocent pas si innocent que ça, cachant une curiosité mal placée pour ce genre de détail.
- Rien que tu n'aies besoin de savoir. Rétorqua le japonais avec un petit sourire en coin.
Dès qu'ils avaient mis pied à terre, Duo s'était mis à sautiller partout comme un siphonaptère sous tiptamines [2] en hurlant sa joie tout en embrassant Heero, sautant au cou de Quatre, chatouillant Wufei et... restant à l'écart de Trowa, s'étant aperçu que celui-ci avait des réflexes fulgurants lui permettant de l'attraper au vol avant qu'il n'ait le temps de s'enfuir.
Sans oublier Sally et Mike qui arboraient un air de résignation collective en sachant qu'ils allaient devoir le supporter toute la journée.
Heero finit par attraper sa tresse au vol quand il repassait vers eux dans un vrombissement de formule 1 et, alors que l'américain se retournait en piaillant vers son compagnon, le plaqua contre la barrière de métal surplombant l'océan pour lui rouler une pelle. Profonde. Longue. Très longue. Très, très longue.
Lorsque enfin il le lâcha, Duo reprit son souffle à grand bruit et regarda Heero d'un air étonné :
- Comment tu fais... pour avoir autant de... souffle ?
-Chais pas. Répondit simplement le japonais qui lui n'était pas essoufflé pour deux ronds. J'ai peut-être des poumons d'oiseau. [3]
L'américain se colla contre lui et glissa sa main dans la sienne, calmé pour un moment, et ils rejoignirent les autres qui s'étaient éloignés. Ils remarquèrent que Quatre arborait un gigantesque sourire, et rendait sa montre à Mike qu'il venait de lui emprunter.
- Félicitations ! S’exclama-t-il sans cesser de sourire. Heero et Duo se regardèrent avant de tourner à nouveau la tête vers l'arabe, remarquant au passage que Trowa souriait lui aussi. Méfiance.
- Quoi ? Finit par demander Duo.
- Sept minutes 24 secondes de roulage de pelle, record battu ! !
Sans avoir pu s'en empêcher, l'américain vira au rouge plus rouge que rouge tandis qu'il sentit Heero hausser les épaules à ses côtés.
- J'aurais pu faire mieux, mais lui n'y survivrait pas. Fit-il d'un ton où pointait une pointe d'ironie. Duo lui pinça les côtes, le faisant sursauter.
- Frimeur.
- Tu veux que je te montre ?
L'américain lui sauta au cou et, enserrant sa taille de ses genoux, s'exclama :
- Oh oui ! Tout de suite même !
Les autres regardèrent d'un air blasé le couple tomber à la renverse et finirent par s'éloigner, Mike faisant remarquer :
- La technique de Heero est efficace mais n'est pas rentable.
- Pourquoi ? Demanda Sally avant d'avoir pu s'en empêcher. Le sweeper fit un grand sourire en expliquant :
- Sept minutes de pelle pour le calmer pendant trois minutes, ça ne vaut pas tellement le coup.
- Si. Fit Wufei d'une voix neutre. Pour l'instant il nous laisse tranquille et s'occupe d'épuiser Yuy.
Ils restèrent silencieux un moment, jusqu'à ce que Quatre propose une retraite stratégique :
-Éloignons-nous avant qu'il ait terminé, notre sérénité à tous en dépens.
D'un même mouvement, ils quittèrent la promenade le long de la côte pour entrer dans la ville.
Ody sursauta lorsque Belin apparut dans son champ de vision. Le généticien s'est changé et arborait une magnifique chemise colorée de touriste, ainsi qu'une casquette et un bermuda beiges [4]. Il ne lui manquait qu'un peu plus de bronzage.
- Tu ressembles à un touriste. Lui fit remarquer le blond en remontant la hanse du sac de voyage sur son épaule dans lequel il avait caché ses dossiers.
-Regarde autour de toi : il n'y a que des touristes. Rétorqua-il avec un petit sourire, enfonçant un bob sur le crâne de Ody.
Après avoir changé de voiture plusieurs fois, ils avaient fini par changer complètement de direction, allant au sud-ouest, et s'étaient arrêtés dans cette ville au bord de l'océan. Ils avaient l'intention de rester immobiles quelques jours avant de trouver un moyen pour rejoindre une base spatiale afin d'y gagner une des colonies. Laquelle, cela dépendra des possibilités qui se présenterait, mais s'ils avaient le choix se serait L 3. Car ils avaient obtenu la certitude que le squelette du tigre à dents de sabre en provenait, et espéraient qu’ils y trouveraient des explications cohérentes aux résultats de leur recherches et examens.
Ody releva un peu le bob de ses yeux et observa la tenue de Belin d'un œil critique. Puis il regarda la sienne qui était celle de tous les jours : un vieux jean râpé et une chemise à carreaux, celle-ci ayant tout de même des manches courtes.
- Tu sais quoi ? Finit-il par dire. Il nous manque un élément pour parfaire notre déguisement de parfaits touristes.
- Ah bon ? Quoi ?
- ... Une glace.
- Heeroooooooooooooo... Teupléééééééééééé !
- Non. Ce sera ta troisième.
- Bah justement, jamais deux sans trois !
- Quand les autres apprendront que tu t'es goinfré de glace toute la journée... Soupira Heero tandis que Duo le traînait malgré lui à un stand de glace à quelques mètres de là. L'américain semblait avoir décidé de rattraper les deux semaines sur le porte-avions où il n'avait pas pu manger. Et Heero songea avec résignation que, malheureusement, Sally avait promis d'en acheter.
Pauvre de lui.
Duo se fraya un passage dans les attroupement de touristes et bondi devant le petit magasin ambulant avec un grand sourire charmeur-baveux-tremblez-petites-glaces-voilà-le-grand-méchant-Maxwell, et demanda, ignorant le client qui était là avant lui :
- Une chocolat pistache avec du coulis de fraise s'il vous plaît ! [5]
- Dites donc jeune homme, j'étais là avant vous ! Fit le client en se tournant vers Duo, dévisageant l'adolescent de sous le rebord de son bob.
Il cligna des yeux.
Duo fit de même.
Ody fit un pas en arrière, tandis que Duo poussait un cri strident particulièrement aigu et allait se cacher derrière et Heero en hurlant :
-C'est l’tortureur de poisson rouge !
Le japonais lui lança un regard surpris, ne comprenant pas où il voulait en venir. Il se tourna alors vers le physiologiste qui, cramponné à son sac comme si celui-ci aurait pu le sauver, dévisageait Duo avec un air de stupéfaction totale sur son visage. Un autre homme apparut derrière lui, et observa l'américain de derrière ses petites lunettes, des cheveux grisonnants s'échappant de sa casquette de mauvais goût.
Scotché à son dos, Duo lui souffla doucement à l'oreille :
- C'est les deux scientifiques qui m'ont étudié. Puis, faisant un sourire Shinigami de mauvais augure : dis, je peux les tuer ?
-Ils pourraient peut-être nous servir. Murmura Heero, tout en se demandant d'une part comment il allait faire pour retenir Duo si jamais celui-ci mettait sa menace à exécution, ce qui était plus que probable, et d'autre part ce que ces deux scientifique faisaient ici, d'autant plus que l'un se baladait avec une valise de portable et qu'ils étaient très mal déguisés en touriste.
Il finit par s'avancer vers le vendeur de glaces qui observait la scène avec hésitation, se demandant s'il devait servir les trois glaces qu'on lui avait demandé, et surtout si l'on allait le payer. Le japonais sortit un billet de sa poche, paya, donna sa glace à Duo et fourra les deux autres dans les mains du physiologiste qui s'était figé dans une expression très comique de merlan frit avec la bouche entrouverte et fixant toujours l'américain des yeux.
-Venez. Souffla Heero d'un ton doux pour éviter de trop les brusquer. Allons discuter plus loin.
Sans les attendre, il se dirigea vers le bord de l'océan en entraînant Duo qui fusillait du regard les deux scientifiques. Belin prit sa glace et poussa Ody devant lui, celui-ci n'ayant visiblement toujours pas retrouvé ses esprits.
Sur l'injonction du japonais, tous deux s'installèrent sur un banc au bord de l'océan tandis que les deux adolescents s'adossèrent à la barrière métallique surplombant les flots. Heero donna un petit coup de coude à Duo qui continuait de fixer les deux hommes d'un air mauvais et fit :
-Arrête un peu, tu leur fiches les jetons. Puis, d'une voix un peu plus amusée : et ta glace est en train de fondre.
Aussitôt, l'américain se mit à la lécher et la savourer consciencieusement, sans pour autant vraiment détourner le regard de ses deux pauvres cibles ; mais il fallait bien avouer que même Shinigami a l'air moins dangereux et moins effrayant avec une glace dans le bec...
Heero soupira et se décida à démarrer la conversation.
-Votre glace aussi est en train de fondre. Fit-il remarquer à Ody toujours état de choc ; Belin, lui, avait presque terminé la sienne est cillait à peine sous le regard meurtrier de Duo.
-Il mange des glaces... Murmura doucement le physiologiste, sortant enfin de son mutisme.
-Ouais. Comme à peu près tous les ados normaux. Répliqua Duo d'un ton dur.
-On part donc de l'hypothèse que tu te considères comme un ado normal ? Demanda alors Belin avec une lueur d'intérêt scientifique au fond de ses yeux clairs.
-Suffisamment pour bouffer des glaces et des pizzas et avoir envie d'étriper les deux bouffons de scientifiques qui m'ont regardé flotter dans un aquarium à langoustes pendant trois jours ! Oh, je sais, je vais vous noyer les mecs, histoire de vérifier si vos propres poumons peuvent supporter l'eau aussi bien que les miens !
Ody frissonna à ces dires, mais Belin se contenta de croquer le biscuit de sa glace, le mâcha consciencieusement, l'avala, puis :
- Est-ce que tu sais d'où tu viens ? Pourquoi tu es ainsi ?
Duo lui lança un regard mauvais puis se détourna, boudeur, se concentrant sur sa glace.
- Parce que vous, vous le savez ? Demanda Heero d'un ton interrogateur vaguement innocent. Belin lui fit un petit sourire énigmatique :
-Il se pourrait que j'en aie une vague idée.
Le japonais et le généticien restèrent à se fixer du regard pendant de longues secondes, dans une tension presque palpable malgré les petits sourires qu'ils arboraient tous deux ; ils semblaient aussi doués l'un que l'autre pour l'hypnose-des-regards-de-la-mort-qui-tue...
Ils furent cependant interrompus par Duo qui se mit à sautiller sur place entre eux en faisant de grands gestes avec les bras, s'adressant aux trois autres pilotes de Gundam, Sally et Mike qui venaient d'apparaître hors de la foule à une dizaine de mètres de là.
-Woééééééééééé ! On est làààààààààààààààà !
-Mayday mayday Duo nous a repérés, je répète : Duo nous a repérés. Souffla Mike pince sans rire avant de terminer son cornet le plus vite possible.
Ody et Belin regardèrent avec appréhension les cinq nouveaux arrivants, étant soudain moins sûrs de pouvoir s'échapper si jamais Oz les repérait [6]. Le physiologiste sursauta visiblement lorsque Duo sauta par-dessus le banc où il était assis pour se précipiter sur Quatre qui tenait une énorme glace à peine entamée.
-Ouuuuuuuuuuuh... Dis mon petit lapinou, tu finis ta glace ? Fit-il les yeux brillants plein d'espoir.
-Tu viens à peine d'en terminer une. Intervint Heero d'un ton désolé.
Trowa attrapa Duo qui continuait de sautillait autour de Quatre dans l'espoir de lui piquer son cornet, avança de quelques pas en soulevant l'américain par le col et le déposa à côté de Heero.
- Surveille-le, tu veux ? Fit le brun. Pour toute réponse, Heero attrapa son amant par la ceinture et le tint contre lui.
- Qu'est-ce qu'ils font là, eux ? S'exclama soudain Wufei de sa voix colérique en dévisageant les deux scientifiques. Devant tant d'animosité à leur égard, Belin décida de jouer au con [7]:
-On se connaît jeune homme ?
-C'est moi qui ai assommé votre collègue. Répondit le chinois d'un ton acerbe en lançant un regard noir associé à un sourire sadique digne du Shinigami au physiologiste qui vira soudain bien blanc en se recroquevillant sur son banc.
-Oh. Fit Belin en levant les sourcils. Et moi ?
-C'est moi. Fit Quatre entre deux bouchées de glace.
Belin dévisagea le petit blond d'un air surpris : il avait été assommé par ce petit bonhomme tout maigre et chou comme un ange ? Voilà qui avait de quoi le blesser dans son amour propre. Puis, pris d'un léger doute, il entreprit d'observer attentivement les cinq jeunes adolescents qui leur faisaient face ; ils s'étaient placés d'office à des points stratégiques autour du banc, coupant les retraites faciles sans pour autant paraître menaçant. Tous cinq semblaient rapides, ils étaient souples dans leurs mouvements et semblaient plus solides et forts que ne le laissait supposer leur apparence de gamin. Le généticien savait qu'il n'avait pas été frappé par une arme ou un objet contondant, mais par un coup à mains nues asséné sur un point de sa nuque précis qui lui avait fait perdre connaissance. Ces gosses savaient se battre. Et ils étaient cinq. Cinq, comme les...
-Messieurs vos papiers je vous prie.
Belin se retourna en sursautant vers les trois militaires de Oz qui se tenaient derrière le banc, croisant au passage le regard horrifié de Ody qui était en train de virer au vert. Le militaire qui venait de leur demander leurs papiers tendait la main sans être trop brusque, mais gardait son arme en vue, comme les deux autres derrière lui.
Ils étaient venus vers eux directement, ignorant les sept autres personnes qui se trouvaient là, ce qui ne signifiait qu'une seule chose : Oz les avait repéré.
Belin se retourna lentement, plongeant ses yeux dans ceux de Heero, remarquant que l'ados semblait un peu tendu, et croisa son regard.
Heero leva les sourcils, et jeta un coup d'œil vers les militaires, puis hocha doucement la tête à l'adresse du généticien.
Le soldat de Oz ouvrit la bouche pour réitérer sa demande.
Il n'eut pas l'occasion de la refermer.
-Vous étiez obligé de leur foutre une telle raclée ? Hurla Belin en suivant les 5 G boys dans les ruelles de la ville. Ils avaient proprement cassé la gueule aux ozzis, mais manque de chance, l'un d'eux avait réussi à appeler du renfort. Résultat des courses, ils étaient maintenant poursuivis par toutes les garnisons du coin qui semblaient bien décidées à leur mettre la main dessus.
- Perso je veux vous tuer moi-même ! Fit Duo en lui adressant un sourire sadique par-dessus son épaule.
- Mike et Sally vont prévenir Howard pour qu'il lève l'ancre, on les rejoindra par nos propres moyens. Dit Wufei en vérifiant d'un coup d'œil qu'ils étaient pour l'instant à peu près en sécurité dans le coin où ils s'étaient arrêtés.
-Vous deux. Continua Heero en s'adressant à Quatre et Trowa. Vous rejoignez le porte-avions et vous confirmez à Howard de partir. Comme ils cherchent les deux scientifique vous ne devriez pas avoir de problème. Quant à nous...
Il se tourna vers Wufei, Duo et les deux hommes déjà passablement essoufflés par leur course. Le chinois le regarda d'un air interrogateur et fronça les sourcils envoyant un petit sourire fleurir au coin des lèvres de Heero.
- Duo tu passes par l’eau en emmenant celui-ci. Fit-il en désignant Belin. Wufei et moi on embarque l'autre par la voie des airs. À ces mots, Duo fit la moue.
- Meuuuuuuuuh... Vous avez besoin d'être deux pour porter cet imbécile ?
- Cet imbécile et son sac. Lança Wufei en lorgnant le gros sac de voyage plein à craquer de paperasses.
- On prend aussi ton ordinateur. Fit Heero en arrachant presque la petite valise des mains de Belin.
- Soyez prudent ! Recommanda Quatre en s'éloignant, suivi par Trowa. Heero lui répondit d'un signe de tête.
-Maintenant, on y va. Fit-il en commençant à monter un escalier de secours pour rejoindre les toits.
Duo le rattrapa par son tee-shirt pour le redescendre à sa hauteur et l'embrassa rapidement, puis entraîna Belin vers un chemin côtier sortant de la ville. Le tout pour lui était de réussir à atteindre l'océan.
Ody tomba sur les fesses et poussa un vague gémissement en voyant les deux ados asiatiques à priori normaux se transformer en créatures ailées. Et malgré sa trouille certaine, ne put s'empêcher de réfléchir à toute vitesse pour tenter de comprendre comment des plumes ou des écailles pouvaient sortir aussi facilement de leur corps et comment cela fonctionnait.
Wufei passa une main verte devant ses yeux, le faisant sursauter :
-Tu te retiendras de hurler tout seul ou il faut te bâillonner ?
-Oh, c'est simple. Fit Heero l’oiseau avec un grand sourire. S’il hurle, je le lâche.
Ody serra les lèvres et fit un petit signe de tête, indiquant qu'il avait compris.
Mais lorsque Heero l'empoigna à bras-le-corps et s'élança du toit suivi de Wufei qui portait les sacs, il regretta soudain de ne pas avoir un bâillon à mordre pour s'empêcher de hurler. Et lui qui avait toujours détesté les grands huit...
-Je déteste l'eau... Grommela Belin en suivant néanmoins Duo qui avançait dans les rouleaux de l'océan tant enlevant ses chaussures, son jean et sa casquette pour les nouer ensemble. À demi immergé dans les vagues, il se tourna vers le généticien et lui lança un sourire Shinigami particulièrement sadique :
-Oh, t'inquiète pas pépère, je m'arrangerai seulement pour que tu boives la tasse une bonne centaine de fois. Ils voudront pas me croire si je raconte que tu t'es noyé par accident…
- J'ai dit que je détestais l'eau, pas que je ne savais pas nager. Soupira Belin en rejoignant le merboy qui flottait à présent entre deux eaux, tentant de suivre la transformation sans vraiment y parvenir. Duo souriait toujours :
- Que tu saches nager ou pas ne fera pas une grande différence si je t'entraîne 200 m de fond...
Sur ce, il plaça les mains du scientifique sur ses épaules et s'élança vers le large, faisant attention à ne pas aller trop vite pour ne pas que son fardeau ne lâche prise.
[Dégel de printemps] [News Frankensteins]
[1] Zissi : ça remonte à quand
la dernière fois que tu as regardé la série de L’Arme Fatale ?? ^^
Shinia : :D
[2] cherchez
pas, délire de biologiste…. C’est la même chose qu’une puce sous LSD…
[3] Shinia :
les oiseaux ont des poumons particuliers avec des sacs pulmonaires et un sens
de circulation de l’air, ce qui est plus efficace que nos poumons pour prélever
l’oxygène de l’air.
Zissi : tout le monde s’en fout, tu sais…
Shinia : tu me gâches mon plaisir, là… -_-
[4] MDR !!! J’essaye d’imaginer mon
prof dans cette tenue !!
[5] Shinia : beuuuuuuuh… -_-
Zissi : t’aimes pas la glace ?
Shinia : Siiiiii… mais ça me rend malade, comme les frites et les pâtisseries
à la crème…
Zissi : ma pauvre… ^__^
[6] Zissi : ils ignorent visiblement
de quoi sont capables Heero et Duo…
Shinia : bah, ils savent pas qui ils sont.
[7] Shinia : chose qu’il sait particulièrement
bien faire. Exemple : « M’sieur, je comprend pas : pourquoi la
complémentation intragénique ne peut pas servir à isoler la mutation reverse
si on peut l’utiliser pour isoler le transcrit principal ? » Réponse :
« à votre avis ? » Et là on a l’air bien con au milieu de l’amphi
de 300 places parce que évidemment, si on pose la question, c’est qu’on ne le
sait pas…
(Et si un biologiste me lit, OUI la phrase que j’ai sortie ne veut rien dire….)