En queue de poisson-suite

Série : Gundam Wing. OUAIIIIIIIS !! J’AI ACHETE LE DVD !!!
Auteur : Shinia Marina, bronze en cours de microscopie électronique…
Genre : yaoï, garoutisation zarbi, OOC, surtout Trowa et Heero, le retour des scientifiques fous… ^^
Couples : 4x3, 1+2
E-mail : shinia_marina@hotmail.com
Disclaimer : Pas a moi-eu !! Vous voulez mes profs ?? Je vous les prête volontiers. Mais s’ils vous embarquent dans leur labo secret ce serra pas ma faute-eu !!! ^___^

Chapitre 8 : Dégel de printemps

Ody soupira bruyamment en passant une main dans ses cheveux blonds et sales. Il grimaça. Depuis combien de temps n'avait-il pas fait une pause, pris une douche et dormi dix heures d'affilée dans un vrai lit ? Pas depuis longtemps. Pas depuis qu'on leur avait amené ce garçon poisson et qu'il avait passé son temps à l'étudier avec Belin.

L'ennui, c'était que leur petit poisson était parti, personne ne savait exactement comment, à part le fait qu'il semblait évident qu'il ait reçu une aide extérieure. Tous les examens et dossiers qui avaient été faits avaient aussi disparu, et le peu qui restait avait été immédiatement confisqué tandis que Belin se retrouvait dans un labo miteux à compter des drosophiles [1] et Ody quasiment aux archives du département d'anatomie comparée évolutive.

La haine, quoi. Comme s'ils étaient responsables de la fuite du sirein ! À quoi étaient censés servir les gardes alors ?

Sentant poindre une abominable migraine il massa doucement ses tempes et finit par se lever pour rejoindre les toilettes, histoire de se passer un peu d'eau fraîche sur le visage, mais à peine fut-il debout que le téléphone de son misérable bureau envahi par les dossiers sonna. Après quelques secondes de lutte avec une pile d'archives mal placée il finit par réussir à porter le combiné à son oreille, à moitié couché sur les dossiers qui glissaient petit à petit sur le côté dans l'espoir de se carapater, malgré le fait qu'il essayait de les retenir de sa main libre.

- Ody à l'appareil. Grommela-t-il.

- C'est moi.

Il n'y avait qu'une seule personne de son entourage à se présenter de cette manière au téléphone : Belin. Ody s'était aperçu que même quand il frappait à une porte, il omettait de se présenter, sauf si on lui demandait de s'identifier.

- Belin ? Qu'est-ce qui vous arrive ?

- Sais tu où se trouve la salle B 503 ?

Ody bloqua un instant ; Belin, LE scientifique, LE généticien, avec ses éternelles lunettes en demi-lunes sur le bout de son nez, qui ne vivait que pour son boulot et avait un caractère de cocker neurasthénique, Belin donc, venait de le tutoyer ?

- Heu... La salle B 503 tu dis ? Oui, c'est un vieux cagibi pas loin des archives. Puisque le généticien avait vraisemblablement décidé qu'ils étaient assez proches pour laisser tomber le vouvoiement, autant faire de même.

- Alors vient. Maintenant.

- Maintenant ? Répéta le physiologiste en se redressant, envoyant valdinguer la pile de dossiers sur le sol.

- Oui, je t'y attends. Et il raccrocha.

Ody jeta un regard éberlué au combiné du téléphone comme si celui-ci avait une réponse à lui donner, puis le remit à sa place en soupirant :

- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

Il regarda la pile de dossiers qui s'était joyeusement éparpillée, puis son bureau en général, petit, bancal, miteux et coincé entre deux étagères d'archives.

Il sortit de la pièce sans se retourner.

 

Belin ne se retourna pas en entendant la porte s'ouvrir puis se refermer derrière lui, et attendit que le physiologiste s'avance pour lui lancer un coup d'œil.

- Tu as fait connaissance avec Rôminou ? Lui fit-il en montrant du menton le gigantesque squelette fossile du tigre à dents de sabre.

- Oui. Je voulais avoir ton avis.

- Sur quoi ? C'est un fossile vieux d'au moins 40.000 ans, pas une mouche du vinaigre.

Le généticien lui lança un regard faussement courroucé. Il avait fini par connaître suffisamment Ody pour savoir que sous ses airs faussement guignol, il était véritablement doué dans sa branche. Belin désigna les hanches arrière du squelette, et tous deux contournèrent le tigre pour s'en approcher.

- Est-ce que ce fossile a pu être mal monté ? Ody lui lança un regard surpris.

- Hé bien c'est possible, cela dépend d'où est-ce qu'il vient...

- Ça je ne le sait pas encore. Mais il me semble que ses postérieurs sont en peu trop long, non ?

Le physiologiste se recula pour avoir une vue d'ensemble sur le félin, et remarqua, effectivement, que l'arrière-train était excessivement élevé par rapport aux épaules. Il se rapprocha et entreprit de vérifier le montage du fossile, mais ne vit rien qui puisse expliquer cette bizarrerie.

- Alors ? Demanda Belin.

- Il a bien été mal monté, mais c'était pour tenter de gommer la longueur de ses postérieurs. De plus... Rajouta-t-il en se glissant entre les pattes arrière du félin. Le bassin est mal placé ici.

- Comment ça ?

- La tête du fémur n'a pas été mise à sa place. Il se redressa et essaya d'imaginer comment le fémur et le bassin auraient dû être mis.

Il recommença plusieurs fois. Pour être sûr.

- Oh bon sang. Finit-il par murmurer.

- Quoi ? ?

- Cette bestiole était bipède...

 

* C’est rouge tout autour de moi tellement rouge sur le sol sur moi mes mains aussi… rouge dans mes yeux sur mon visage et ces dents… ces dents… Non… Non ! Ce n’est pas moi ce n’était pas moi mais pourtant si ce goût dans ma bouche ce rouge autour de moi et l’odeur métallique si métallique… C’est moi je… je les ai… je les ai tué… *

 

Trowa ouvrit les yeux en se retenant toutefois de sursauter. Il avala sa salive, vaguement surpris de ne pas trouver le goût du sang dans sa bouche, et soupira en portant sa main libre à son visage. Puis baissa les yeux sur le petit corps chaud bouiné contre lui, la tête au creux de son épaule, une jambe par-dessus les siennes et un bras passé au travers de sa poitrine, soupirant doucement de soulagement en s'apercevant qu'il ne l'avait heureusement pas réveillé.

Il passa doucement ses doigts dans les mèches blondes de Quatre mais stoppa soudain en s'apercevant de ce que la pénombre de la cabine ne lui avait pas permis de voir avant : la peau de l'arabe était blanche, vraiment blanche. Et ce n'était pas de la peau.

C'était de la fourrure, courte et incroyablement douce et soyeuse, parsemée çà et là de taches noires, et deux grands appendices sortaient des côtés de sa tête pour retomber sur ses épaules. Des oreilles de lapin bélier.

Quatre s'était transformé en lapin pendant la nuit.

Trowa l'observa un moment, regardant la tache noire autour de son œil gauche, celles sur les bouts de ses oreilles, le long de ses bras, dans son dos avant la... queue, petit pompon de poil que l'arabe avait à la base du dos, essayant de ne pas bouger pour ne pas le réveiller, se demandant s'il allait redevenir humain avant de sortir du sommeil, comme la dernière fois que c'était arrivé.

Ce jour-là, Trowa n'avait rien dit. Il n'avait pas su quoi dire, en fait, et hésitait quant à la conduite à tenir. Il avait fini par faire comme si rien ne s'était passé.

Le français passa doucement la main sur le dos de Quatre, d'abord dans le sens d'implantation de la fourrure puis à rebrousse-poil, provoquant d'innombrables frissons le long de la colonne vertébrale de l'arabe qui se bouina contre lui en rentrant la tête dans les épaules et faisant petit bruit de gorge, une sorte de « glop, glop » guttural [2]. Le lapin se décala lentement jusqu'à se retrouver à plat ventre sur la poitrine de Trowa, et ouvrit les yeux lorsque son nez se trouva à quelques centimètres de celui du français.

Il sourit, dévoilant deux incisives plus longues d'un demi centimètre, et posa doucement ses lèvres sur celles de Trowa pour l'embrasser mais se figea brusquement en sentant la taille anormale de ses dents et la présence de fourrure sur son corps. Le brun passa lentement sa main sur son dos et le serra contre lui, tentant de le rassurer.

- Shhhhhh… C'est rien.

- Ze, ze me suis transformé... En dormant ? ! Fit Quatre d'une voix quasi hystérique et rendue comique par un zozotement prononcé.

- Ce n'est pas la première fois, tu sais. Dit Trowa de sa voix calme.

- Et tu n'avais rien dit ?

- Ce n'est pas ça qui me fera changer d'avis sur ce que je ressens pour toi.

L'arabe soupira doucement et se serra contre lui, laissant échapper un glop involontaire, tandis que Trowa continuait de passer ses doigts dans la fourrure de son dos, et finit par descendre jusqu'aux reins et à la petite queue ; il passa sa main dans les poils un peu plus long de l'appendice et sentit son petit amant s'agiter et rigoler doucement.

 -Za chatouille...

- Désolé.

Quatre se redressa alors et s'assit à califourchon sur le ventre de Trowa, le toisant d'un regard amusé, et se pencha pour l'embrasser en laissant ses mains se promener, sentant avec satisfaction le brun frissonner de plaisir en sentant ses doigts couverts de fourrure soyeuse et ses longues oreilles qui, en tombant, lui effleuraient la peau.

Bien involontairement, Trowa commença à ronronner, et Quatre cessa de le caresser pour regarder son brun perso avec circonspection.

- Trowa ? Pourquoi tu ronronnes quand ze te fais l'amour ?

- Je quoi ?

- Tu ronronnes.

- Moi ?

- Oui. Trowa lui lança un regard interloqué. Lui, ronronner ? Si c'était le cas, il ne s'en était jamais aperçu... Ronronner... Comme...

* un chat un félin griffes aiguiséescrocs acérés sang tout autour sur les mains/griffes et la bouche et le visage sang rouge si rouge si rouge si rouge si… *

- Nooooooooon... Gémit soudain Trowa en portant les mains à ses tempes et en secouant convulsivement la tête.

- Trowa ? Couina Quatre. Le jeune arabe s'agenouilla à côté du français et lui caressa doucement la joue, faisant la grimace sous les sentiments contradictoires du pilote d’Heavy Arm le frappant de plein fouet, mais surtout cette peur, cette peur atroce qui lui pinçait le cœur, lui faisant presque mal. Il serra Trowa qui s'était recroquevillé contre lui, remontant ses genoux contre sa poitrine et continuant de gémir, ne sachant pas quoi faire d'autre que rester avec lui, ne sachant pas comment faire pour l'empêcher de souffrir autant. Au bout d'un long moment Trowa se décontracta imperceptiblement dans ses bras et releva les yeux vers son amant, croisant le regard bleu plus qu'inquiet.

- Za va mieux ? Chuchota Quatre en écartant les mèches brunes de devant le visage du français.

- Hn. Oui. Je... … Désolé.

- Ze n'est rien, Ze n'est rien. Fit l'arabe en le serrant un peu plus contre lui. Trowa... Qu'est-ze qui t'arrive ? Qu'est-ze qui z'est pazé ?

Le brun ne répondit pas, se recroquevillant un peu plus contre l'arabe et celui-ci allait reposer sa question quand Trowa fit :

- C'était il y a longtemps. J'étais encore enfant... presque. Ça ne faisait pas très longtemps que j'étais arrivé dans la troupe des mercenaires, et... cinq d'entre eux... on voulut...

Sa voix s'étrangla et Quatre passa doucement sa main sur son visage pour le réconforter. Trowa reprit sa respiration et continua.

- J'avais... peur, je ne voulais pas... Ils me faisaient mal... Alors je me suis défendu. J'ai griffé... J'ai mordu... Il y avait... du sang... partout. Gémit-il alors qu'un sanglot secouait ses épaules. Du sang... sur mes mains, sur le sol... dans ma bouche...  Je les ai tué, je... les avais... tué...

Il enfouit son visage dans les genoux de Quatre, laissant aller ses larmes, ne pouvant plus les retenir, ne voulant plus les retenir et pleura toutes ces années de souffrance et de peur sans plus aucun complexe ; se laissant aller, pour une fois, complètement, sans craintes.

 

- Bipède ? ! S'exclama Belin. Tu te fiches de moi ?

- J'aimerais bien. Fit Ody d'un ton mal assuré. Un félin bipède ça ne s'est jamais vu.

- Mais... Vraiment bipède ? Ou comme un ours qui peut se mettre en station debout ?

- Non... Enfin, c'est difficile à dire, mais je pense qu'il pouvait se déplacer ainsi. Fit le physiologiste en passant ses mains sur les os lisses du fossile, le contournant lentement.

- Si ce truc était vraiment bipède, je n'ose pas imaginer la taille qu'il devait avoir en étant debout. Dit pensivement Belin, en estimant mentalement la longueur de l'animal. Il devait bien faire dans les 2,50 m, 3 m, songea-il pour lui-même. Il n'aurait pas aimé se retrouver face à lui. Surtout en supposant qu'il devait savoir se servir de ses crocs.

- J'ai trouvé quelque chose. Fit brusquement Ody qui se tenait de l'autre côté, près de l'un des antérieurs du fossile. Belin le rejoignit.

- Regarde, l'os de l'épaule a été percé et un fragment a été prélevé. C'est assez récent, une vingtaine d'années peut-être.

- Et tu penses à quoi. Demanda le généticien qui commençait à comprendre où l'autre voulait en venir.

- Quelqu'un a voulut faire une analyse génétique ?

- Ou une datation au carbone 14. Rajouta Belin. Les deux scientifiques se fixèrent pendant un moment, commençant à comprendre ce qu'ils allaient faire. Sans dire un mot, Belin sortit un petit sachet plastique d'une de ses poches et entreprit de prélever un fragment d'os, tandis que Ody s'avançait vers le crâne de la créature et observa attentivement la boîte crânienne, la mesurant de ses mains et trouva avec satisfaction ce qu'il supposait.

- C'est à vérifier bien sûr mais... Le cerveau qui se trouvait là dedans était trop développé pour un simple mammifère, même supérieur.

- C'est-à-dire ? Demanda Belin en refermant soigneusement son sachet. Pour toute réponse, Ody tapota son front

- Le lobe frontal ??

- Oui et même le cortex préfrontal.

- … Je croyais que c’était une des caractéristiques de l’homme ?

- Normalement, oui. C'est la partie responsable des capacités d'abstraction et d’apprentissage de l'être humain [3].

Les deux hommes se regardèrent longuement, soudain très graves. L'espèce humaine n'était donc pas la seule espèce intelligente de cette planète ? Alors que tous se tournaient vers l'espace était-il possible que la Terre réserve encore des surprises ?

Belin finit par rompre le silence.

- Je vais faire une extraction d'ADN, mais ça ne donnera peut-être pas grand-chose. Je vais essayer aussi une datation au carbone 14.

- Moi je vais tenter de comprendre d'où il vient, il doit bien y en avoir des traces dans les archives... Et, Belin ?

- Oui ?

- ... Sois prudent. Je ne pense pas qu'on reçoive l'approbation d'Oz pour ces... recherches.

Le généticien fit un petit sourire sous ses lunettes en demi-lunes.

- T'inquiète.

 

Trowa s'était assoupi, la tête toujours sur ses genoux, et Quatre continuait à lui caresser doucement la joue et les cheveux, pensif. Il était comme lui, il pouvait se transformer. Le jeune arabe pensait avoir vécu le martyr avec toutes ses sœurs le prenant pour un lapin en peluche vivant, mais ça avait dû être bien pire pour Trowa, qui n'osait plus se transformer tellement il avait peur de ce qu'il risquait de faire aux autres.

Il ne savait même pas ce qu'il était ; probablement un félin puisqu'il ronronnait, il avait toujours ronronné. Quatre s'en voulut soudain de le lui avoir fait remarquer.

Le petit blond fut interrompu dans ses réflexions lorsqu'on frappa à la porte et que la voix grave et rigolade de Duo s'éleva.

- Les mecs ? Zêtes présentables ? Quatre recouvrit machinalement le corps de son amant avec la couverture avant de répondre.

- Oui oui, z'est bon.

La porte s'ouvrit au moment où il réagissait : non ce n'était pas bon ! Il était encore en lapin ! Duo apparu, amenant avec lui la lumière venant du couloir, et contempla avec stupéfaction le jeune arabe qui clignait un peu des yeux sous la brusque augmentation de la luminosité.

Fidèle à lui-même, l'américain ne resta pas silencieux bien longtemps :

- Roooooooh ! Le mignon petit lapinou ! S'exclama-t-il.

- Naaaan... Gémit Quatre en se cachant derrière ses oreilles.

Trowa releva alors la tête vers l'américain, ses yeux brillants étrangement dans la pénombre et fit d'une voix rauque : 

- Oh Ariel la petite sirène, fiche la paix à mon lapin blanc.

- Zuis pas blanc ! Protesta l'arabe.

- Les mecs ? Attendez que je ne sois plus là pour faire une scène de ménage, d'accord ?

Quatre se figea alors qu'il commençait l'attaque vengeresse spéciale chatouille sur Trowa qui rigolait presque, et regarda Duo ; adossé au montant de la porte, l'américain les regardait faire avec un grand sourire amusé et finit par dire :

- J'étais venu vous prévenir que le petit déjeuner est servi à la cantine. Et que si on tarde trop il n'y aura plus rien, je connais les sweepers.

Les deux amants se regardèrent et le français demanda :

- Tu as faim ? Quatre se pencha vers lui et commença à le papouiller et l'embrasser en faisant :

- Ouiiiiiiii, de toi !!

Duo se détourna d'un air faussement dégoûté et écœuré  et fit avant de sortir et de fermer la porte :

- Bon, je vais chercher Heero, vous vous démerderez pour rejoindre la cantine...

Des rires étouffés lui répondirent.

Une fois dans le couloir, Duo se dirigea vers la porte de la cabine et qui avait été assignée à Heero et se figea dans la contemplation du panneau.

Heero ne lui avait pas adressé la parole de toute la soirée, après qu'ils soient revenus sur le bateau. Il ne lui avait même pas adressé un seul regard, se contentant de rester distant et efficace dans les explications qu'ils avaient donné à Sally, Howard et quelques sweepers, et Duo se demanda ce qui lui avait pris. Pourquoi l’avait-il l'embrassé ? Question idiote. Parce qu'il en avait eu monstrueusement envie, voilà pourquoi. Mais ça n'expliquait pas pourquoi le japonais l'ignorait, après tout, il avait eu l'air d'apprécier autant que lui. Était-ce parce qu'il était en oiseau à ce moment-là ? Bon, c'est vrai qu'il était beaucoup plus ouvert et relâché, et réagissait beaucoup plus comme un ados normal lorsqu'il avait ses plumes, mais c'était une raison un peu... maigre. Dans le fond, ils ne changeaient pas tant que ça, lui restait aussi bavard et agité, Wufei restait le même quoiqu'un peu plus décoincé, même Quatre n'avait pas eu l'air si différents que ça dans le fond. Quatre en lapin... Duo pouffa intérieurement en intégrant l'information. Le pire étant que les oreilles tombantes et les tâches noires lui allaient bien...

Mais Heero... Heero changeait du tout au tout. Comme si le soldat refusait en bloc de se laisser envahir par les sentiments et que cette inhibition disparaissait avec la venue des plumes.

Duo frappa doucement à la porte, trois petits coups nets, et appela :

- Heero ? T'es réveillé ? C'était une question stupide puisque le japonais se levait toujours avant lui, mais il préférait vérifier. Pour la première fois depuis longtemps ils n'avaient pas partagé la même chambre, et Duo s'était surpris à passer une mauvaise nuit ; il avait pris l'habitude d'avoir une présence avec lui.

Aucun son ne lui répondit, ni un mouvement, ni un hn caractéristique du japonais. Vaguement inquiet de ce silence, l'américain ouvrit doucement la porte et se figea dans l'entrée, laissant ses yeux s'habituer à la pénombre. La cabine n'est pas grande et à part une couchette le long du mur en face de la porte et une commode à la droite de l'entrée, il n'y avait pas d'autres meubles. Et Heero n'était pas dans le lit, les draps ne semblaient même pas défaits. Fronçant les sourcils, Duo allait repartir, se demandant où le japonais avait bien pu pouvoir passer la nuit, lorsqu'il entendit très faiblement une respiration. Il entra complètement dans la pièce en rabattant un peu la porte derrière lui et vit enfin, caché derrière la commode, un corps recroquevillé sur lui-même, les genoux contre la poitrine et les bras refermés sur les jambes.

- Heero ? Souffla l'américain en se précipitant vers lui. Il s'agenouilla à ses côtés et l'obligea à relever la tête pour le regarder, mettant pour cela les mains sur les joues du japonais.

Joues qui étaient trempées de larmes. Duo passa une main dans les cheveux bruns, décollant les mèches de son visage.

- Heero ? Heero qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui t'arrive ? ? Fit-il d'un ton vaguement affolé. Le japonais ne répondit pas mais se détendit brusquement, se laissant tomber presque contre Duo qui resserra ses bras autour de ses épaules par réflexe, tandis que les mains de Heero s'agrippèrent presque convulsivement à sa chemise dans son dos et qu'il commença sangloter, le visage enfoui contre le torse de l'américain.

- Heero... Murmura-t-il, surpris du comportement du soldat normalement parfait

- Duo. Croassa le japonais. Je … je … ai…

- Shhhhhh... Fit doucement Duo en frottant son dos et en le serrant un peu plus contre lui. Il ne savait pas ce qui avait bien pu le mettre dans cet état mais en avait tout de même une vague idée ; Heero avait subi un entraînement particulièrement dur, et n'avait eu en aucun cas une enfance normale. Lui non plus dans un sens, mais ce n'était pas pareil : on ne l'avait jamais empêcher de rire, d'aimer ou de détester quelque chose ou quelqu'un. On avait fait de Heero une machine frigide, renfermé sur lui-même, incapable de montrer et d'interpréter ses sentiments. Il ne savait pas quoi en faire.

Et voilà que depuis peu, il avait découvert cette capacité de transformation, qui faisait de lui un être sensible, un être capable de faire avec ses sentiments et de réagir avec.

Il était tiraillé entre deux parties de lui-même quasi incompatibles.

Accroché à la chemise de Duo comme si sa vie en dépendait, Heero continuait de pleurer convulsivement, et Duo resserra ses bras autour de lui, essayant de le réconforter sans trop savoir comment s'y prendre.

Il prit alors sa respiration, doucement, et commença à chanter, d'une voix faible mais clair, n'ayant strictement rien à voir avec les beuglements qu'il avait coutume de hurler. Il ignorait la signification des sons qui sortaient de sa gorge, pour autant qu'ils en aient eu une, et tandis que son chant gagnait en intensité et en profondeur, il sentit que son corps tout entier vibrait avec sa voix, alors qu'en même temps Heero se détendit complètement dans ses bras, relâchant un peu son étreinte tout en restant bouiné contre lui, et sa respiration reprit rapidement un rythme normal. Duo cessa alors de chanter, luttant contre l'envie qu'il avait de continuer, et regarda Heero qui restait pelotonné contre lui.

- Continue... de chanter. Fit-il d'une petite voix.

- No. Si je continue tu seras complètement hypnotisé, et je n'arriverai plus te réveiller.

- Hypnotisé ?

- Oui ; c'est pour ça que je ne chante jamais juste en public.

- Je me disais que c'était pas normal pour une sirène de chanter aussi mal. Fit Heero d'une voix lasse. Duo rigola doucement, et resta silencieux pendant un moment, n'osant pas bouger de crainte de briser l'instant de sérénité qui s'était installé. Il finit toutefois par demander :

- Heero ?

- Hn ?

- Est-ce que ça va ? Un soupir lui répondit.

- ... Je ne sais pas. Je ne comprends pas. Fit le japonais d'une voix presque inaudible.

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?

- Je... J'ai envie... de rester avec toi. Avoua-t-il.

- Alors reste avec moi. Chuchota Duo en se penchant pour lui embrasser le front. Heero se redressa et croisa le regard améthyste de l'américain et, passant une main sur sa nuque, l'attira vers lui jusqu'à ce que leurs lèvres se rencontrent.

  [Entre ciel et Terre][La fuite des cerveaux]

[1] Les drosophiles sont communément appelées ‘mouches du vinaigre’. Ce sont de petits moucherons d’un millimètre de long énormément utilisés en génétique parce que facile à faire muter. Au début je les plaignais presque. Mais après un après midi passé à jongler avec des tubes emplis de mouches, une bouteille d’éther pour les endormir et une loupe pour les compter, séparer les mâles des femelles ou encore chercher les mâles avec des yeux rouges et des poils courts j’ai changée d’avis… -_-
[2] Shinia : le bruit que fait Zissi quand elle réclame des caresses.
Zissi : glop glop !!
Shinia : ‘caresse, caresse’
[3] J’ai comme un doute… Il est possible que certains primates proches de nous, notamment le bonobo, possèdent également ce lobe préfrontal dans leur cerveau… Mais ce n’est en tout cas pas le cas des félins… normalement ^__^