Wufei récapitula, d'un ton vaguement agacé :
- Deux équipes, on entre, on le trouve, on l'embarque et on ressort,
c'est ça ?
- C'est un parfait résumé, oui. Fit Heero sans détourner
le regard des gigantesques bâtiments au-dessus de lui, s'élevant
haut au-dessus d'un lac naturel.
- Je ne résume pas Yuy, je me contente de répéter ce que
tu viens de dire. Grogna le chinois. Ils se jetaient sans réfléchir
dans une gigantesque base ennemie pour retrouver leur ami alors qu'ils ne savaient
même pas où il se trouvait. Enfin, Heero avait délimité
une zone assez restreinte de couloirs et d'étages dans lesquels il fallait
chercher, sans toutefois leur donner les raisons de son choix.
Dans la mesure du possible, il ne tenait pas à leur révéler
la... particularité de l'américain. Mais c'était plutôt
mal parti si ce qu'il supposait était juste, à savoir que Duo
pataugeait probablement dans un aquarium quelque part là-dedans.
- En deux équipes, on aura plus de chances de le retrouver rapidement.
On agit le plus discrètement possible, inutile d'avoir tout la base sur
le dos.
- Qu'est-ce que tu nous caches ? Demanda alors Quatre d'un ton inquisiteur indiquant
bien qu'il n'avait pas l'intention de lâcher le morceau comme ça.
Heero tressaillit, ouvrit la bouche pour répondre, puis la referma, ne
trouvant rien à dire.
- Il y a quelque chose avec Duo. Reprit le jeune arabe, essayant de biaiser
pour tirer les vers du nez du japonais. Qui se contenta de baisser la tête
sans rien piper.
Le petit blond fronça les sourcils, et se préparait à redemander
quand le brun finit par répondre :
- Il y a quelque chose avec Duo, oui. Souffla-t-il. Tout ce que je demande,
c'est qu'on le retrouve, ça te va ? Alors maintenant on y va, sinon on
ne sera jamais parti. Rajouta Heero en se détournant et s'éloignant
à grands pas, plus parce qu'il ne voulait pas qu'on le voie rougir qu'autre
chose. Il se sentait un peu idiot ; Quatre ressentait parfaitement ces choses-là,
le blond ressentait probablement sa gêne de parler de Duo, et devait s'imaginer
qu'il... qu'il ressentait... pour l'américain...
Mais c'était même pas vrai ! !
Enfin...
Pas beaucoup...
Il secoua fortement la tête, remettant ses réflexions à
plus tard. Pour lorsqu'ils auraient retrouvé Duo par exemple. Ou lorsqu'il
aurait l'occasion d'aller se dérouiller les ailes, il ne connaissait
rien de mieux pour éclaircir les idées.
Quatre regarda tour à tour Wufei, qui avait levé un sourcil dubitatif,
et Trowa qui arborait toujours la même expression parfaitement neutre
que d'habitude mais n'en pensant pas moins.
- C'était pas la réponse que j'attendais. Fit l'arabe avec un
petit rire. On le sait qu'il en pince pour Duo. Mais je persiste à dire
qu'il y a autre chose.
- Peut-être. Répondit le chinois en haussant les épaules.
Il se demanda un instant s'il allait leur parler des écailles qu'il avait
trouvé dans la chaussure de Duo mais se retint au dernier instant. Ce
n'était vraiment pas le moment pour ce genre de révélations.
- Allons y. Finit par faire Trowa en lâchant la main de son amant et suivant
Heero, suivant les équipes qu'ils avaient décidé un peu
plus tôt. Quatre le regarda partir avec une petite moue boudeuse :
- Pourquoi je peux pas faire équipe avec mon Trowa-à-moi-tout-seul
? Couina-t-il.
- Parce que ni moi ni Yuy avons l'intention d'aller vous rechercher lorsque
vous aurez oublié la mission pour vous isoler dans un placard à
balais. Répondit simplement Wufei en se dirigeant vers leur rentrée
discrète.
Une plaque d'égout.
Heero leva les yeux sur Trowa qui sortait de la petite pièce où
il venait de se changer. Comment le français parvenait à avoir
l'air si naturel dans un uniforme de Oz resterait à jamais un mystère
à ses yeux. Et pourquoi il avait un costume de lieutenant alors que lui
devait se contenter d'un de caporal était une injustice de plus.
- Rappelle-moi pourquoi tu es plus gradé que moi ? Souffla le japonais
au détour d'un couloir.
- Parce que j'ai déjà fait partie de l'armée de Oz. Répondit
simplement Trowa digne et droit comme un peuplier.
- Tu parles, t'as surtout joué au petit espion lèche botte. Grogna
Heero en se souvenant de cet épisode de leurs relations. Lui prisonnier,
Trowa garde chiourme.
- Tu deviens aussi bavard que Duo. Lui fit simplement remarquer le français
avec un nanoscopique sourire.
Du coup, le japonais ne pipa plus un seul mot, les rares personnes qu'ils croisaient
se demandant sans doute pourquoi il était plus rouge qu'une tomate bien
mûre.
Juste à temps, Wufei ferma la porte derrière lui, le plus rapidement
et le plus silencieusement possible et se retourna en adressant un regard furieux
au petit blond qui, en éternuant au mauvais moment, avait failli les
faire repérer.
- Rappelle moi de te passer un savon une fois qu'on sera sorti de là
! Siffla le chinois devant le regard confus du jeune arabe.
Ses yeux se levèrent lentement, cessant de fixer Quatre pour ce qui se
trouvait derrière.
Inquiet du brusque changement d'humeur de son coéquipier, le blond se
retourna lentement.
Et fit un bond de deux mètres en étouffant un cri.
Sûr, on n'a pas tous les jours l'occasion de se retrouver nez à
nez avec le crâne grimaçant d'un félin aux crocs particulièrement
aiguisés.
Euh, non. Long. Ils faisaient une vingtaine de centimètres au bas mot.
L'un d'eux était cassé, mais l'autre était sacrément
pointu, comme pu en juger Wufei en passant lentement son doigt dessus, d'un
geste doux, presque cérémonieux, comme s'il craignait de réveiller
l'énorme créature dont le squelette se dressait face à
lui, maintenu dans une position debout par quantité de fil de fer.
- Un tigre aux dents de sabre. Souffla le chinois, impressionné par la
taille du squelette qui, même en le descendant du socle sur lequel il
se trouvait, lui arriverait encore à mi poitrine.
- Qu'est-ce qu'il est grand ! Murmura Quatre en se rapprochant un peu.
Ils restèrent plusieurs interminables minutes figés dans la contemplation
du large crâne et de ses dents, des orbites vides, des gigantesques griffes...
Il était fixé dans une telle position qu'on s'attendait à
chaque instant à le voir bâiller, s'étirer et se détourner
pour vaquer à d'autres occupations.
Étrangement, il n'avait pas l'air menaçant. Il était juste
très impressionnant.
Et magnifique.
C'était le mot, oui.
Brisant l'instant magique qui s'était installé, Wufei se détourna
du tigre et observa la pièce dans laquelle ils se trouvaient ; elle n'était
pas très grande et sentait le renfermé, et tous ses murs étaient
recouverts d'étagères emplis de bocaux renfermant diverses bestioles
dans du formol et quelques squelettes de petits animaux. Le tigre à dents
de sabre étant la pièce la plus imposante de cette... collection
pour le moins surprenante. Pendant un instant, le chinois eut impression de
se trouver dans un musée d'histoire naturelle en miniature.
Se retenant d'ouvrir une armoire pour y jeter un coup d'il curieux
[1], il se rappela qu'ils avaient une mission à remplir
et qu'il était temps de sortir d'ici. Duo n'était vraisemblablement
pas dans cette pièce. Sauf peut-être en pièces détachées
dans les bocaux de formol, mais c'était une hypothèse peu envisageable.
Il allait poser la main sur l'épaule de Quatre pour lui indiquer de partir,
lorsqu'il s'aperçut que l'arabe fixait le tigre de manière étrange.
Comme s'il était... hypnotisé ?
Wufei haussa les sourcils et finit par interrompre la confrontation silencieuse
du félin fossile et de son ami en le secouant doucement. Quatre sursauta
et lui adressa un regard surpris.
- Il faut y aller. Lui fit Wufei d'un ton assez doux, pour ne pas trop brusquer
le jeune empathe.
L'arabe cligna des yeux 2, 3 fois, puis hocha la tête.
- Oui. Excuse-moi, mais... C'était comme si... Le chinois acquiesça
doucement pour l'encourager. Comme une présence familière ; il
me rappelle quelqu'un. C'était comme s'il... me parlait...
- Te parlait ? Tu veux dire, en passant par ton empathie ?
- Oui. Souffla Quatre en baissant la tête.
Instant de flottement.
- Qu'est ce qu'il disait ? Qu'est-ce que tu ressentais ?
L'arabe eut un petit rire.
- C'est... Difficile à expliquer, mais... C'est comme s'il y avait encore
une présence flottant autour de ce squelette... Ça ne devrait
pas être possible, surtout que c'est un fossile datant de plusieurs dizaines
de milliers d'années... [2]
Quatre secoua brusquement la tête pour s'éclaircir l'esprit, puis
se dirigea vers la porte.
- Tu as raison, il faut qu'on y aille. Je vais essayer de localiser Duo par
mon empathie. Rajouta-il en souriant.
Wufei le suivit sans un mot, adressant un dernier regard au tigre à dents
de sabre, et s'apercevant un peu tard que l'arabe avait éludé
sa question : il ne l'avait pas dit de quoi le félin lui avait parlé,
ni ce qu'il lui rappelait...
Il se tourna à droite, puis à gauche, se retourna à nouveau
à droite et finit par se mettre sur le dos. Duo resta immobile pendant
une seconde et demie puis recommença à se tourner dans tous les
sens, pliant et dépliant sa queue comme il le pouvait dans l'espace restreint
de l'aquarium, faisant trembler la table sur laquelle il était fixé.
L'inaction lui pesait fortement ; ce n'était plus que de l'ennui mental,
c'était devenu de l'ennui physique. Il bouillonnait d'énergie
accumulée dans ses muscles et qu'il ne pouvait pas dépenser autrement
qu'en sautillant sur place dans l'aquarium, s'attirant ainsi des regards d'abord
agacés, puis franchement inquiet de la part des deux scientifiques qui
ne devaient pas oser imaginer les dégâts que pourrait faire 3 m
cubes d'eau se déversant dans leur labo pour le cas où le merboy
réussirait à briser une des vitres de sa cage de verre.
Le physiologiste finit par se lever et s'approcha du sirein, essayant d'attirer
son attention pour le calmer. Duo lui lança un regard noir de rage contenue.
Le scientifique eut un mouvement de recul surprit. Sa tête bascula alors
brusquement en avant et frappa la vitre de l'aquarium dans un grand BONG, et
il glissa sur le sol, assommé pour un bon bout de temps.
Wufei s'autorisa un petit sourire de satisfaction ; Quatre, bien plus rapide
et efficace que ne pouvait laisser penser son apparence chétive et fluette,
venait d'assommer proprement l'autre scientifique de l'autre côté
de la pièce tandis que lui s'occupait de celui qui tournait alors le
dos à la porte. Il releva les yeux de l'homme inconscient Et croisa le
regard de Duo, qui, un grand sourire aux lèvres, semblait bien content
de le voir là.
Duo qui se trouvait derrière une vitre, les mains et le nez collé
contre le verre.
Duo dont plusieurs mèches de cheveux s'étaient échappées
de sa longue tresse à demi défaite et flottaient autour de lui.
Duo qui était à poil mais ce n'étaient pas si gênant
que ça puisse qu'à partir de ses hanches, des écailles
de poisson irisées prenaient la place de la peau pâle le long de
la longue queue de poisson remplaçant ses jambes.
Duo qui se trouvait dans un aquarium presque trop petit pour lui.
Wufei eut la soudaine vision idiote d'un bocal rempli d'anguilles attendant
qu'on les sorte de là pour les cuire.
Et le chinois en tomba sur le cul, disparaissant momentanément du champ
de vision de Duo qui essaya de sortir ses yeux de leurs orbites pour voir ce
que faisait son sauveur.
En relevant le nez, l'américain put voir que la réaction de Quatre
valait elle aussi le détour ; le jeune arabe avait la bouche grande ouverte
à un tel point que Duo craignit un instant qu'il se fût déboîté
la mâchoire, et les yeux exorbités par la surprise. Enfin, à
ce niveau là, on ne pouvait plus parler de surprise. C'était la
révélation du millénaire.
Duo frappa la vitre de la paume de sa main pour faire réagir ses deux
amis. Quatre referma sa bouche en un "clap" presque audible et Wufei
se releva d'un bond, semblant tout à coup remis du choc et entreprit
de débloquer le système de fermeture de l'aquarium. Sentant soudain
la liberté se rapprocher de lui, le merboy se mit à tressauter
de joie et fit sauter le couvercle qui le retenait prisonnier avant que le chinois
ait terminé d'ouvrir tous les loquets. Duo se redressa vivement par dessus
les bords de l'aquarium, inondant au passage le sol de la pièce et Wufei
qui n'avait pas eu le temps de s'écarter.
Il vida ses poumons d'une grande partie de l'eau qu'il contenaient et inspira
une grande goulée d'air avant de s'exclamer :
- Salut les gars ! C'est gentil de passer me...
Il se mit à tousser comme s'il était atteint de mucoviscidose
[3], ses bronches enflammées irritées par l'air
qu'il venait d'inspirer. Il replongea la tête sous l'eau et se força
à calmer sa joie le temps de réhabituer son organisme à
d'autres conditions, puis ressortit et fit d'une voix rauque :
- Ils ont fait plein d'examens, des radios, des prises de sang. Vous pouvez
récupérer un peu tout ce qui traîne par là ?
Wufei acquiesça en silence et commença à embarquer tous
les dossiers et les disquettes qui traînaient autour des plans de travail,
et vida les échantillons sanguins dans un évier où il avait
ouvert le robinet. Mais Quatre restait debout au milieu de la pièce,
un air toujours aussi incrédule sur son visage d'ange.
- Yo, Q-man. Fit Duo en passant la main devant le visage de son ami. Tu atterri
ou faut venir te cherche sur ton orbite ?
- C... Comment est-ce possible ? Fit l'arabe d'une toute petite voix.
- Ben, si j'le savais...
Sur ce, l'américain cracha toute l'eau qui lui restait encore dans la
poitrine et fit revenir ses jambes. Après la dernière fois où
Heero lui avait ordonné de reprendre forme humaine alors qu'il était
encore dans l'eau, il s'était aperçu qu'en se concentrant suffisamment
il pouvait changer d'apparence sans attendre que sa queue sèche.
Alors que sa nageoire se séparait doucement en deux, l'américain
se rappela qu'il allait se retrouver à poil devant deux de ses amis,
dont un obsédé comme c'était pas imaginable, même
pour lui.
- Heu, Quatre, tu peux me filer le pantalon de ce mec ? Demande Duo en désignant
le physiologiste toujours inconscient aux pieds de l'aquarium. Le blond s'exécuta
machinalement, tandis que Wufei revenait vers lui en montrant un sac qu'il avait
rempli avec tout ce qu'il avait trouvé. Le chinois détourna les
yeux pendant que Duo sortait hors de l'aquarium, titubant un bref instant, ayant
perdu l'habitude d'être à la verticale, et enfila le pantalon que
Quatre lui tendait, trop choqué encore pour penser à mater.
- Les autres sont là, aussi ?
- Oui. Fit Wufei. Ils cherchaient à l'étage en dessous. L'américain
lui lança un regard interloqué.
- Vous ne saviez pas où j'étais exactement ?
- Heero avait défini une zone où te chercher, et Quatre a réussi
à te sentir tout à l'heure... Heero sait, n'est-ce pas ? Demanda
alors le chinois.
- Ouais. Il va me tuer pour ce coup là. Fit Duo en baissant la tête.
Quatre sortit soudain de sa torpeur.
- À mon avis, il sera bien trop content de te retrouver en un seul morceau
!
L'américain lui dédia un regard surpris, mais repoussa la question
qui lui brûlait les lèvres.
- On s'arrache, j'ai pas envie de rejouer au poisson rouge dans son bocal, moi.
Ils sortirent avec précaution du labo, le chinois enclenchant le petit
émetteur qu'il avait à la ceinture pour prévenir les autres
qu'ils avaient récupéré Duo.
Le physiologiste émergea lentement de sa torpeur, grimaça en
sentant poindre un gros mal de crâne et se tourna vers le généticien
qui se redressait en grognant.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Fit ce dernier en remettant ses lunettes
en place et en remarquant, surpris, que son collègue était en
caleçon et que le labo était complètement inondé.
- M'est avis que notre petit poisson a pris le large. Marmonna-t-il. Sans jeu
de mots.
- Quelqu'un peut m'expliquer comment ils nous ont repéré ? Hurla
le chinois entre deux coups de feu.
- Je crois que c'est à cause de Duo ! Répondit l'arabe en cisaillant
les chairs de ses deux petits poignards de manche.
- Méééééééééééééheuuuuuuuu
!!!!!! C'est pas de ma faute si j'ai pas pu sécher mes cheveux !
- Et c'est pas de ta faute si les ozzis sont tombés sur les traces d'eau,
aussi ? Répliqua Wufei en tranchant ce qu'il pouvait avec son sabre.
Lui et l'arabe protégeaient Duo qui, accroupi derrière eux devant
une porte, seule issue possible, faisait l'une des choses qu'il savait faire
le mieux. Crocheter une serrure. Le verrou se débloqua soudain et l'américain
empoigna ses deux amis à bras-le-corps, leur fit passer la porte et referma
derrière eux, la rebloquant plus rapidement encore qu'il ne l'avait ouverte.
Et les trois Gundams boys se retrouvèrent très cons au sommet
d'un bâtiment dont les échelles de secours étaient de toute
façon déjà surveillées, et dont la seule sortie
se trouvait derrière eux. La porte commença à trembler
sous les coups que donnaient les soldats derrière.
- Bien joué, Maxwell. Grogna Wufei en s'avançant jusqu'au bord
du toit. Ils se trouvaient à une cinquantaine de mètres au-dessus
du lac qui s'étendait loin devant lui, rejoignant sur l'autre rive une
paroi rocheuse à pic et une forêt de conifères et de feuillus.
Les deux autres le rejoignirent et contemplèrent aussi le paysage pendant
un instant, oubliant pour le coup les ozzis qui étaient leurs trousses.
Wufei soupira. " Ne le laisse pas sortir. " Oui, mais aujourd'hui...
Il fallait bien faire quelque chose, non ? Et puis, Duo s'était bien
transformé, même s'il n'avait rien à voir avec lui, et s'en
était sorti indemne. Il n'avait pas fait tout ce chemin pour retrouver
le sirein -le sirein, bon sang, Duo est une sirène au masculin !- pour
abandonner maintenant.
Le chinois mit le sac avec les examens du merboy entre les bras de Duo et enleva
son éternel débardeur noir, sous les regards surpris des deux
autres qui en oublièrent de sortir une remarque mal tournée à
l'asiatique.
Lequel se plia en deux en sifflant, tandis que ses bras et ses épaules
se couvraient d'écailles vert pâle et que quatre excroissances
apparaissaient dans son dos. Elles s'allongeaient rapidement, semblant tourner
sur elles-mêmes en s'étendant, de part et d'autre de chaque côté
de Wufei qui continuait de siffler de façon si aigu qu'il leur faisait
mal aux oreilles. Quatre et Duo s'écartèrent et ne le regrettèrent
pas lorsque quatre ailes aux armatures fines et recouvertes d'une membrane presque
transparente claquèrent brutalement au vent. Laissant le chinois haletant,
se retenant vraisemblablement de se laisser tomber au sol.
Il releva la tête vers l'américain derrière lequel se cachait
Quatre et Duo sursauta en croisant les yeux aux pupilles oblongues, les yeux
si clairs soudain dans ce visage recouvert de fines écailles vert pâle,
avec deux... moustaches, faute d'un autre mot pour désigner les deux
fines et souples excroissances écailleuses qui filaient de sous son nez
jusqu'à mi poitrine.
Mince alors. Wufei était un dragon.
Et le dragon était rapide ; en moins de deux secondes, il avait empoigné
les deux jeunes garçons, passant un bras autour du torse de chacun, et
s'élança par-dessus le rebord du toit en étendant ses quatre
ailes, laissant le vent les porter jusqu'à la forêt de l'autre
côté du lac.
Au fond de lui, Wufei rayonnait. Il planait !! Il volait !!! L'expérience
aurait probablement été plus enrichissante s'il n'y avait pas
eu d'un côté Maxwell en train de hurler sa joie comme un gosse
dans un grand huit et de l'autre Quatre qui se cramponnait en gémissant
presque à son cou, mais c'était déjà tellement extraordinaire
!
Et à mesure qu'ils se rapprochaient de la forêt et des grands arbres
qui surplombaient la rive du lac, une évidence frappa soudain le chinois
de plein fouet. C'était la première fois qu'il volait, il ne savaient
même pas qu'il en était capable, et il ignorait totalement comment
est-ce qu'il s'y était pris. Mais ce dont il était sûr,
c'était qu'il se sentait parfaitement incapable d'atterrir, surtout avec
ses deux compagnons comme poids morts supplémentaires.
Et les arbres, eux, se rapprochaient.
- Oups. S'autorisa à souffler le chinois.
[Comme un poisson dans un aquarium] [Le Zoo]
[1] : A déconseiller, croyez moi,
se retrouver nez à nez avec un concombre de mer flottant dans l'éthanol
ou un bocal de cloportes n'est pas recommandé pour sauvegarder sa santé
mentale
Expérience perso ^^,,,,,
[2] : 35000 avant JC si je raconte pas de bêtises
[3] : une maladie d'origine génétique qui liquéfie
les poumons. Histoire de ne pas ressortir comme un tuberculeux en phase terminal
que j'ai déjà vu 36000 fois dans les fics que j'ai lu