Les cinq Gundams et leurs pilotes se rendirent directement à la planque,
une grande cabane de pêcheur au sommet d'une falaise, aux pieds de laquelle
se trouvait une grotte suffisamment grande pour y cacher les armures mobiles.
Duo installa directement Deathscythe sur la seule place qui fut au sec, donnant
pour raison les problèmes d'étanchéité de son Gundam.
Il avait, pendant le trajet, raconté ce qui s'était passé
en omettant toutefois quelques... détails. L'existence de sa queue de
poisson et des ailes d'oiseaux de Heero, entre autres. Quatre s'était
bien aperçu qu'il ne disait pas tout, mais le soldat japonais lui envoyant
un regard noir par écran interposé lorsqu'il chercha à
avoir des précisions, il supposa pour lui-même que c'était
d'ordre privé et ne le regardait pas. Quoique... il aurait bien aimé
avoir des détails... Peut-être que s'il demandait gentiment à
Duo...
Ils sortirent tous de la grotte et entreprirent de grimper le chemin de chèvre
le long de la falaise qui les emmenait jusqu'en haut, admirant au passage la
magnifique vue qu'ils avaient sur l'océan et le soleil qui se levait.
Et aussi sur les récifs qui tapissaient le bas de la paroi et sur lesquels
les vagues venaient se briser. Ferait pas bon de faire un faux pas.
Ils étaient toujours en Bretagne, à quelques dizaines de kilomètres
seulement du lieu de leur dernière mission, la planque dans laquelle
ils se trouvaient étant suffisamment sûre pour qu'ils n'aient pas
besoin de s'éloigner plus que ça.
Duo fut bien content d'arriver enfin en haut, ses pieds nus commençant
à être franchement réticent à marcher sur de la caillasse,
d'autant plus qu'il n'appréciait guère sentir le vent s'engouffrer
sous le maigre vêtement qu'il portait. L'était bien content de
n'avoir personne derrière lui. Encore que ça aurait fait rager
Wufei, songea-t-il en rigolant intérieurement.
La cabane de pêcheur n'était pas aussi inconfortable qu'elle ne
le laissait prévoir au premier abord ; l'aspect vieux bois branlant qu'elle
avait de l'extérieur était factice, comme ces vieilles maisons
qu'on aurait rénovées à l'intérieur, tout en laissant
croire qu'elles étaient tout aussi pourries de dehors.
Il y avait une cuisine bien équipée, avec un frigo bien rempli,
un séjour assez grand pourvu d'un canapé et d'un fauteuil, avec
même une cheminée de pierre calcaire arrachées à
la falaise. Deux chambres, avec deux lits chacune, et une salle de bains, certes
petite, mais équipé d'eau chaude. Duo la réquisitionna
dès son arrivée et passa une heure où presque sous la douche
en chantant à tue-tête. Assis près d'une fenêtre,
Wufei se demanda si le verre n'allait pas finir par exploser quand, en posant
une main sur la vitre, il s'aperçut qu'elle tremblait au rythme des beuglements
(faute d'un autre mot pour qualifier ces... sons) de l'américain.
La journée s'écoula, paisiblement malgré tous les efforts
de Duo pour... réchauffer l'atmosphère, et les regards noirs que
ne cessait de lui lancer Heero. Plus que d'habitude. Quoi qu'il se soit passé
la nuit précédente, le japonais avait l'air de lui en vouloir.
Pas à mort, mais presque.
Quand la nuit fut totalement tombée, que Heero en eut assez de pianoter
sans fin sur son portable, que Quatre entraîna Trowa d'un pas décidé
vers la chambre qu'ils partageaient et que Duo se trouva suffisamment fatigué
pour aller se coucher, ils donnèrent d'un commun accord le couvre-feu
et se mirent au lit.
Wufei resta un moment assis en tailleur dans le canapé, attendant que
les bruits des mouvements de ses compagnons se calment. Sachant pertinemment
qu'il était parti pour entendre des chuchotements et des gémissements
provenant de la chambre de Trowa et Quatre pendant la majorité la nuit,
au bout d'une dizaine de minutes il se leva et alla récupérer
la chaussure dans son sac. Il s'installa dans la cuisine, qui possédait
le meilleur éclairage, et entreprit d'examiner le cuir imbibé
d'eau de mer et par conséquence bien esquinté à la recherche
de... de quoi, d'abord ? De ce qui avait bien pu faire exploser cette godasse
de cette manière ? Elle aurait très bien pu être dans l'eau
depuis des mois. Ça pouvait être un reste d'un de leurs ennemis
de la veille. Ça pouvait être... n'importe quoi.
Une simple chaussure de cuir noir avec des lacets épais de taille 39.
La taille des pieds de Duo. Exactement la même chaussure que celles qu'ils
portaient tout le temps. Les habitudes vestimentaires de l'américain
étaient aussi invariables que celle de Heero, et Wufei commençait
à les connaître. Il était certain que s'il allait voir dans
les affaires du brun natté, il trouverait une paire de chaussures identiques.
Il poussa un bref soupir en posant la godasse devant lui. Il se sentait un peu
stupide, et commençait à fatiguer lui aussi. Ferait mieux d'aller
se coucher, songea-t-il en se frottant les yeux. Il se redressa, et son regard
tomba soudain sur la chaussure avec un autre angle par rapport à la lumière.
Quelque chose brillait. Du sel peut-être ? Il s'approcha, touchant presque
le cuir de son nez, refusant de voir ce qu'il voyait. Sur la partie interne
du talon, brillaient comme de petits cristaux. Mais ce n'était pas du
sel. Oh non. C'était des écailles, comme des écailles de
poisson, grises et irisées, reflétant la lumière froide
du néon de la cuisine.
Wufei se laissa aller en arrière contre le dossier de sa chaise, prenant
une grande inspiration et tentant tant bien que mal de calmer les battements
de son cur. Il avait bon dos son entraînement à la maîtrise
de soi et de son corps, tiens...
Il continuait de fixer les petites écailles brillantes jusqu'à
ce que son champ de vision s'assombrisse tandis que les souvenirs s'imposaient
à lui, sans qu'il ne fît quoique ce soit pour les rejeter...
-L'enfant regarde ses bras se couvrir de petites écailles vertes... Elles
sont douces... C'est joli... En levant les yeux, il s'aperçoit que le
monde est bien plus beau, tout est tellement plus coloré et vivant autour
de lui ! Ils se met à courir, les bras écartés, dans la
pelouse entretenue de ce parc sur L5, et il tourne sur lui-même en regardant
vers le ciel artificiel, et il rit, il rit ! !... Mais père le rattrape
soudain et le sert dans ses bras en tentant de le calmer " il ne faut pas,
il ne faut pas. C'est dangereux. Si on te voit, on te fera du mal. Rentre le
à l'intérieur de toi, garde le en toi. Ne le laisse pas sortir,
jamais... On te ferait du mal... "-
Wufei soupira. Le souvenir de son père était tellement flou dans
sa mémoire, par moments... Mais de cet épisode de sa vie, il s'en
souvenait parfaitement. " Ne le laisse pas sortir ". C'est ce qui
l'avait toujours fait. D'ailleurs, il croyait être le seul, il croyait
être le dernier, mais les écailles, dans la chaussure de Duo...
Et ce matin, Duo et Heero se trouvaient dans l'océan, ils avaient dû
nager pour les rejoindre. L'américain ne savait pas nager. Où
l'aurait il appris ? Il n'y avait pas de piscine sur L2, de toute façon...
Alors pourquoi était-il allé dans l'eau, obligeant ainsi Heero
à aller le chercher ?
Ce pouvait-il que Duo... Soit comme lui, ou presque ? Alors... Il ne serait
plus seul...
Le chinois secoua la tête. Il commençait à avoir la migraine
et détacha ses cheveux pour libérer un peu son crâne de
la pression qu'ils lui imposaient ainsi. Ses mèches noires et ébène
tombèrent sur ses épaules et devant ses yeux.
Comme un automate, il se leva et se rendit à la salle de bains, et passa
avec soulagement de l'eau fraîche sur son visage. Avisant la baignoire,
il se demanda s'il allait oser prendre un bain, et pourquoi pas, s'endormir
dedans, comme l'américain l'avait déjà fait. Hm... Pas
avec les gémissements ininterrompus provenant de la chambre, juste à
côté... Trop... déconcentrant.
Il se redressa, et regarda fixement son reflet dans le miroir. Un garçon
asiatique, des cheveux noirs tombant sur ses épaules, le regardait tout
aussi fixement, et ses yeux ébènes se colorèrent soudain
en un vert émeraude très pâle, tandis que les pupilles s'allongèrent
verticalement, jusqu'à faire là même hauteur que ses yeux.
Wufei siffla, trop faiblement pour qu'on l'entende, trop aigu aussi, trop proche
des ultrasons.
Le miroir se fendit sur toute une diagonale dans un craquement sec.
Duo sortit de la maison en claquant la porte, laissa le soleil réchauffer
sa peau un instant, et s'avança jusqu'au bord de la falaise. Il avait
bien envie d'aller piquer une petite tête, mais il doutait que Heero le
voie d'un très bon il. Et il savait aussi qu'il valait mieux que
ça ne se sache pas, pour leur sécurité à tous les
deux.
- Tu vas tomber Maxwell. Lui fit obligeamment remarquer Wufei.
Duo s'aperçut qu'il avait effectivement les pieds à la limite
acceptable pour ne pas se casser la margoulette, et recula avec précaution.
- Tu t'inquiètes pour moi Wuffy ?
- M'appelle pas comme ça. Gronda le chinois en retournant à sa
tâche, à savoir aiguiser son sabre. Comme s'il n'était pas
déjà assez coupant, songea Duo en se dirigeant d'un pas nonchalant
vers le chemin qui permettait de rejoindre les Gundams.
- Duo ! ! Hurla Heero de la porte de la maison, faisant rentrer la tête
de l'américain dans ses épaules.
- Vi ? Fit celui-ci avec le sourire contrit d'un gamin pris en faute.
- Tu ne descends pas seul ! L'un d'entre nous doit t'accompagner ! Ordonna le
pilote de Wing d'une voix cassante et dure.
Duo se renfrogna et jeta un coup d'il à Wufei, mais le chinois,
absorbé par sa tâche, ne semblait pas avoir le moins du monde envie
de descendre.
- Méheuuuu ! Il faut que j'aille réparer Deathscythe ! J'ai pas
envie de reboire la tasse, moi !
- Quoique tu fasses, tu n'y vas pas seul ! Il était obstiné le
bougre, en plus ! Duo allait lui dire qu'il n'avait qu'à venir, lui,
pour le surveiller en personne, mais Quatre sortit alors de la maison tel un
diable (ou plutôt un ange...) de sa boîte en manquant de renverser
Heero au passage et bondit vers l'américain.
- J'y vais ! Je dois aller voir Sandrock, de toute façon. Fit-il à
l'adresse du japonais et en poussant Duo devant lui sur le sentier.
- Empêche le d'aller dans l'eau ! Dit Heero en retournant dans la maison.
Et en se demandant quel mouche le piquait pour qu'il s'obstine à vouloir
surveiller tous les faits et gestes de Duo.
- Oui, oui !
Duo se demanda comment l'arabe faisait pour avoir autant la pêche après
la nuit qu'il venait de passer. Bon sang, il avait été réveillé
trois fois par leurs gémissements, à lui et Trowa ! Comment faisait-il
pour tenir le coup ?
- T'as une pêche d'enfer, dis donc ! Ça te fait du bien de t'envoyer
en l'air avec Tro, on dirait ! Lui fit-il remarquer avec un sourire hilare.
Quatre eut le bon goût de rougir un peu sous ses cheveux blonds.
- Et toi, alors ? Qu'est-ce que tu as fait à Heero pour qu'il soit autant
colère contre toi ?
- Ça se voit tant que ça qu'il n'est pas content ? Demande Duo
avec son petit air d'innocence incarnée.
- Il y a même pas besoin du uchuu no kokoro pour ça.
- Ouh, ben c'est qu'il doit vraiment être furax... Fit l'américain
en secouant la main, une feinte expression douloureuse sur le visage.
Arrivé en bas, ils se dirigèrent chacun vers leur Gundam et Duo
se força à ne pas regarder l'eau qui clapotait contre la paroi,
juste en dessous de lui. Il entreprit de vérifier les joints d'étanchéité
et de contrôler les systèmes d'ouverture de la porte. La voix de
Quatre lui parvint, étrangement déformé par l'écho
de la grotte.
- Sans rire, qu'est-ce que tu lui as fait ? Tu lui as sauté dessus ?
- Pas du tout ! Répondit-il. Ce serait même plutôt le contraire,
rajouta-t-il pour lui-même.
- C'est juste que... On va dire que j'ai fait une connerie, d'accord ? Ça
va lui passer !
- Fais-lui un bisou, il te pardonnera peut-être... Proposa Quatre, pince
sans rire.
- Mmh... Crois-moi que si je me décidais, je lui ferais plus qu'un bisou,
ce mec a un corps à tomber par terre ! S'exclama Duo.
- Monsieur Duo Maxwell, vous êtes un petit pervers.
Duo sortit de son cockpit et regarda Quatre qui faisait des vérifications
sur le bras de son Gundam. L'innocence même.
- Dis donc chaud lapin, c'est à moi que tu dis ça ? Tu t'es bien
regardé avant ? Lui fit remarquer Duo avec un grand sourire.
L'arabe eu un petit rire bizarre et continua de sourire jusqu'aux oreilles,
même quand le brun natté fut retourné dans son cockpit.
Un chaud lapin, oui. C'était vraiment -exactement- ce qu'il était
dans le fond.
Ses frères nagent autour de lui, criant et jouant. Ce monde-là
est si beau, si calme et si vivant en même temps... Il aime la pression
de l'eau sur son corps, c'est comme une douce amie qui le caresse, c'est si
agréable... Il nage, inlassablement, dans le bonheur absolu...
Quelque chose lui accroche ses fragiles nageoires, il se retourne violemment
et étouffe un cri de douleur : ça s'est resserré. Mais
il ne voit rien ! La panique le gagnant, il tente de se libérer de l'ennemi
invisible mais ne fait que renforcer sa prise sur son corps. Il lui arrache
les écailles, lui emprisonne les mains et les nageoires, tire ses cheveux...
Bientôt il n'arrive plus à respirer, et la douleur envahie sa conscience,
juste avant qu'il comprenne, dans un éclair de lucidité... Un
filet... C'est un filet de pêche...
Heero sauta de son lit en entendant son voisin gémir et se débattre
dans ses draps, et se précipita vers l'américain en s'apercevant
qu'il prenait bien trop de place sur son matelas pour avoir encore une forme
humaine.
Ce baka s'était transformé dans son sommeil !
Le japonais le prit par les épaules et le secoua pour le réveiller,
d'abord doucement, puis un peu plus violemment, jusqu'à ce que les grands
yeux violets s'ouvrent et le fixent d'un air perdu.
- He
Heero ?
- Oui. Tu as fait un cauchemar. Fit le japonais en désignant la lourde
queue de poisson qui dépassait des draps et battait faiblement l'air,
se demandant ce qu'elle foutait là.
- Oh. Duo la regarda d'un air surpris, comme si c'était la première
fois qu'il la voyait et tout doucement, sans qu'il ne puisse rien faire, ses
jambes revinrent à la place des écailles.
- Je viens de bousiller un caleçon. Fit-il remarquer à voix haute.
Près de lui, Heero... rit. D'un petit rire à peine audible, presque
un ricanement amusé, mais rit quand même. L'américain l'attrapa
par l'épaule et mit une main sur son front pour vérifier que Mister-je-suis-un-glaçon-d'habitude
ne soit pas en train de faire une crise de delirium tremens dû à
une forte fièvre.
- C'est bizarre, ça, t'as même pas tes ailes... Ah je sais, c'est
parce que tu te dégèles la nuit, c'est ça ? Il se prit
une baffe à l'arrière de la tête.
- Baka... Ça m'arrive, aussi. Une nuit... J'ai rêvé qu'on
m'avait... Arraché les ailes...
Le brun frissonna en s'asseyant près de Duo. Lequel se poussa un peu
pour lui faire de la place.
- Je ne sais pas... Comment réagir. D'un côté j'ai envie
de voler, de ne plus quitter mes ailes, de tout oublier... De l'autre l'entraînement
que j'ai subi me force à rester maître de moi-même, à
faire ce que j'ai à faire, je...
Heero baissa la tête en poussant un profond soupir. Il n'arrivait pas
à exprimer vraiment ce qu'il ressentait, il ne comprenait pas pourquoi
il s'inquiétait autant, juste pour ça
Jamais il n'avait
oser parler ainsi, à qui que ce soit. Il se refusait à admettre
qu'il pouvait avoir peur
Mais Duo
il était comme lui, non
?
Duo hésita un instant, puis passa son bras autour des épaules
du japonais et le serra un peu contre lui.
- J'ai peur ... Murmura Heero d'une voix à peine audible, comme s'il
avait peur qu'on l'entende. Peur de ce qu'on me fera si on apprend ce que je
suis.
- Chut. T'es plus tout seul. On n'est plus tout seul. Ça ira.
L'américain commença à bercer doucement le brun, celui-ci
finissant par poser sa tête contre son épaule. Ils restèrent
là, sans bouger, pendant un long moment, profitant simplement du fait
d'être... ensemble.
" C'était moi qui cauchemardait, et je me retrouve à consoler
celui qui n'a normalement peur de rien ". Songea Duo en resserrant sa prise
sur les épaules de Heero.
Quatre releva la tête quand un pincement au cur l'interrompit un
instant.
Un cauchemar.
Duo.
Mais ça se calma rapidement, l'américain venant probablement de
se réveiller, et le jeune arabe se baissa à nouveau vers Trowa
allongé sur le ventre en dessous de lui et qui tentait, en mordant profondément
dans les draps, d'étouffer ses gémissements fiévreux.
La nuit n'était pas terminée. Oh non.
Le lendemain, la journée était tellement splendide que les garçons
sortirent la table à l'extérieur pour déjeuner au soleil.
L'humeur de Heero semblait être miraculeusement remontée pendant
la nuit. Bon, il n'était pas plus loquace que d'habitude, mais avait
cessé de menacer sans cesse Duo de son regard-de-la-mort-qui-tue. Wufei
en était venu à penser que la relation entre l'américain
et le japonais était faite pour être ainsi, orageuse, alors qu'il
était en fin de compte assez visible qu'ils tenaient l'un à l'autre.
Enfin... Ils avaient tout de même une drôle de manière d'exprimer
leur amitié.
Yuy était scotché à son portable, qu'il avait sorti aussi
pour l'occasion, en piochant régulièrement dans le plat de crudités
qu'avait préparé Quatre.
Le petit arabe, végétarien, ne se gênait malgré tout
pas pour se goinfrer ouvertement, ses... activités nocturnes lui demandant
probablement bien plus d'énergie qu'habituellement. Trowa récupérait
d'une autre manière : allongé à plat ventre sur le banc,
la tête posée sur les genoux de son petit amant, il somnolait sous
la chaleur du soleil, en profitant toutefois des caresses que Quatre lui dispensait
d'une main dans ses cheveux.
Duo fut presque sûr, malgré le vent de l'océan qui lui hurlait
aux oreilles, d'entendre le grand brun ronronner. À vérifier,
songea-t-il, en remarquant que Quatre tenait dans sa main libre un radis presque
aussi gros que son poing et qu'il croquait dedans d'un air gourmand.
Cependant, il continua à manger sans y faire attention les grandes fanes
du radies, les feuilles rêches et piquantes ornant le légume.
- Q-man ? Fit Duo en se retenant d'éclater de rire.
L'arabe leva son regard bleu vers son ami.
- Tu es sûr que la verdure fait partie du régime alimentaire de
base d'un pilote de Gundam ?
Quatre le regarda sans comprendre, puis baissa lentement les yeux sur ce qu'il
mangeait. Rougit. Avala tout rond ce qu'il avait encore dans la bouche. Et posa
les fanes restantes sur la table, sous les rires de l'américain qui avait
commencé à le comparer à un ruminant. Même Wufei
se retenait à grand-peine de sourire.
La tête ensommeillée de Trowa apparut de derrière la table,
et il piocha un morceau de poulet dans le plat préparé par le
chinois, tout en lançant un regard interrogatif à son amant.
Un bip provenant du portable de Heero interrompit les éclats de rire
de l'américain, sauvant la fierté de Quatre au passage.
Quatre regards se posèrent sur le japonais qui ne s'en émut pas
le moins du monde et continua à pianoter.
- On a une mission. Finit-il par dire.
Duo poussa un soupir monumental en posant sa tête sur ses bras croisés.
- Pfffffffff
Et moi qui commençais à m'imaginer en vacances.
Ce qui lui valut un regard noir de la part de Heero, auquel il répondit
en tirant la langue.