Dans les lumières des projecteurs du hangar, Wing se dressait à
quelques mètres de lui à peine, et le garçon à la
queue de cheval l'observa quelques secondes, ses pensées dérivant
sur son propriétaire. Wufei soupira doucement avant de retourner à
son Gundam. Il avait plus ou moins fini de travailler dessus, mais après
tout il n'avait pas grand-chose de mieux à faire.
Et puis… Il avait besoin de réfléchir. Il s'était passé
tellement de choses ces derniers temps… Des choses qu'il lui avait fallu voir
pour les croire. Il avait encore du mal d'ailleurs. Avec le recul, pourtant,
il trouvait de plus en plus d'indices sur la condition anormale de Yuy, des
choses qui auraient dû lui mettre la puce à l'oreille, mais il
n'était pas stupide au point de se blâmer trop fort pour ne rien
avoir vu. Après tout, comment aurait-il pu ne serait-ce que commencer
à imaginer une chose comme ça?
Les horaires de sortie de Yuy… Sa vie nocturne. C'était étrange
mais justifiable si on pensait qu'il ne devait pas se faire repérer et
donc ne pouvait sortir de la maison que le soir. Et puis les terroristes avaient
rarement des horaires considérés normaux.
Sa claustrophobie… Il avait fait un admirable travail de dissimuler les signes,
de les brouiller en quelque chose d'autre, comme par exemple le simple énervement
à l'idée de rester en leur présence. Il était suffisamment
antisocial pour que ça ne soit pas surprenant. Vexant, oui, pour Maxwell,
blessant pour Quatre, agaçant pour lui-même… mais pas si insolite.
Le sang sur ses vêtements, ça, ça avait été
plus suspicieux. Mais après tout il pouvait bien recevoir en cachette
des autres pilotes des missions supplémentaires, d'assassinat ou autres
dont il n'aurait pas eu le droit de parler. Wufei supposait qu'avec un sadique
comme le docteur J, tout pouvait plus ou moins arriver; il avait eu de la chance
que maître O ait été un ami de sa famille et que leur rapport
se passe un tout petit peu plus sur un mode personnel… J considérait
Heero plus comme un objet ou une arme vivante que comme un être humain.
Et le vieux cybernétisé avait un contrôle si étroit
sur ce que faisait Yuy… C'était un peu effrayant. Même lui avait
eu plus de liberté. Les autres pilotes recevaient des objectifs à
remplir et quelquefois les moyens de mettre en œuvre ces objectifs, mais Heero
recevait souvent la mission entièrement désignée dans ses
moindres détails… Et jamais dans ces cas-là il ne laissait un
seul petit bout de son plan de mission inaccompli. Jamais non plus il n'oubliait
de remplir ses comptes-rendus de mission, même si ça lui prenait
quelquefois des heures. A telle heure telle minute telle seconde, démembré
Leo selon angle de tant à tel endroit. A telle heure… … Cible détruite
à telle heure… Passionnant…
L'instabilité émotionnelle, c'était un indice d'un problème,
mais ça aurait pu être n'importe quoi d'autre qu'une crise de lycanthropie
aiguë. Après tout, on ne pouvait pas vraiment considérer
un garçon orphelin, conditionné depuis Dieu seul savait quand
pour devenir un pilote haut de gamme, un soldat obéissant à l'extrême
et un assassin, comme un modèle de stabilité émotionnelle,
surtout en pleine puberté. Et même pour quelqu'un d'aussi peu doué
en relations publiques que lui, les yeux de Heero hurlaient "répression"
et "refoulement" à fond. Fallait bien que ça pète.
Wufei sourit… mentalement du moins, en s'entendant penser. De temps en temps,
il se surprenait avec une pensée de ce genre-là… Une pensée
qui avait des colorations d'accent américain… Ca avait commencé
peu de temps après qu'il ait commencé à fréquenter
les autres pilotes et en particulier un certain Duo Maxwell.
En voilà un type étrange… Bien plus dur à comprendre que
Yuy, malgré son apparente ouverture.
Un bruit de pas pratiquement silencieux même pour son oreille exercée
le fit se retourner. Seules trois personnes pouvaient posséder ce degré
de maîtrise. Et Duo n'en prenait normalement pas la peine quand il n'était
pas en mission. Sauf quand il voulait faire une farce, dans ce cas il devenait
entièrement indétectable. Ce pouvait donc être Trowa, ou…
Heero se tenait debout à l'entrée du hangar, et le regardait,
hésitant visiblement à entrer. Il le salua d'un petit hochement
du menton sec et entra d'un pas qui n'était pas tout à fait aussi
décidé que d'habitude. Sans rien dire de plus, il se dirigea vers
son Gundam, se glissa dans le cockpit et se mit à vérifier les
datas de la dernière mission.
Wufei finit les vérifications sur Shenlong et s'essuya les mains dans
un chiffon. Il jeta un regard pensif sur le Gundam où l'autre pilote
se trouvait. Il avait des questions à poser, mais ne savait pas comment
le faire sans risquer de paraître stupide ou même d'offenser Yuy;
après tout il ne s'énervait pas facilement en temps ordinaire
mais ces derniers temps on ne pouvait plus être sûr de rien. Et
puis, le japonais semblait lui être presque allergique… Wufei savait que
ce n'était pas sans raisons, entre autres, ils étaient tous les
deux pourvus d'un caractère fort et dominant… et peu habitués
à faire des concessions. Ils avaient toutefois besoin de mettre leurs
différents de côté pour le moment s'ils voulaient fonctionner
comme une vraie équipe… Ce qu'il avait soudain réellement envie
d'essayer. Non plus de se contenter de subir la présence des autres comme
un mal nécessaire, comme il l'avait fait au début, lui le solitaire.
La porte de Wing était grande ouverte… Il ne pouvait pas avoir vraiment
envie qu'on le laisse tranquille dans ce cas, non?
-Yuy…?
Heero avait entendu Wufei approcher depuis la seconde même où il
avait posé le pied sur son Gundam. Heureusement pour le chinois d'ailleurs,
parce que sinon il aurait sûrement eu un réflexe mal placé
avant même de le reconnaître. Il fut tenté quelques secondes
de l'envoyer balader avec un prétexte de travail, mais alors ce serait
un mensonge, il ne faisait rien dans Wing. Il était juste venu pour se
sentir un peu plus à l'abri. Et ne plus entendre Duo chanter dans la
pièce à côté, de sa voix grave impossible à
ne plus entendre, ni sentir l'odeur de Quatre changer lentement, autant à
cause de la métamorphose que de sa peur de ce phénomène.
-Hnn?
-Salut… lâcha Wufei en hochant la tête vers lui.
Il désigna du menton le rebord de la porte.
-Ca te dérange si je m'assois?
-… Non…
Heero regarda le chinois se poser sur le rebord, silencieux. Ils restèrent
comme ça sans rien dire pendant de longues minutes, ni l'un ni l'autre
ne sachant de quoi parler, mais sentait qu'il y avait trop de choses irrésolues
entre eux pour les passer sous silence.
-Tu voulais quelque chose, Wufei?
-… Juste … socialiser un peu? répondit le chinois avec juste une petite
touche d'hésitation derrière l'ironie.
Heero laissa échapper un reniflement railleur qui pouvait passer pour
un petit rire.
-Toi aussi, Quatre et Duo se sont ligués contre toi pour te graver leur
speech sur la camaraderie dans la tête? demanda le japonais.
Wufei se mit à rire. C'était une surprise bienvenue de découvrir
que Yuy avait bel et bien un sens de l'humour… et un qui ressemblait fort au
sien, discret, mais mordant et sarcastique, avec un sens aigu du ridicule et
du dérisoire.
-Ca, et les mémos que je reçois régulièrement de
mon sensei… avoua Wufei.
-Hn, acquiesça le pilote de Wing en hochant légèrement
la tête.
Ils se turent encore un moment, mais cette fois c'était beaucoup moins
tendu. Ils n'étaient pas de ceux qui en peuvent pas supporter un silence
dans une conversation.
-Quel effet ça fait? demanda soudainement Wufei, surprenant légèrement
Heero qui s'était laissé aller à dériver en pensée.
-Nani?
-Etre un loup. Quel effet ça fait?
Heero fit une pause pour réfléchir à la question. Depuis
qu'ils savaient, seuls Duo et Wufei avaient osé poser des questions sur
sa transformation, Quatre trop effrayé et Trowa non concerné,
mais de la part de pilote de L5 elles étaient plutôt orientées
sur ses nouvelles capacité et l'impact que ça pourrait avoir sur
son devoir de pilote. Contrairement à l'américain il n'avait encore
jamais essayé de savoir des choses plus personnelles.
-Je suis libre, finit-il par lâcher tout doucement.
Heero remonta un genou sous son menton, calant son talon sur le bord de son
siège. Il ferma les bras autour de sa jambe et laissa son regard errer
sur le hangar.
-Il n'y a plus de soldat, plus de devoir, plus de dilemmes… Plus de guerre.
Juste la liberté de la nuit, juste les odeurs et les bruits et les bêtes
qui se cachent, juste le présent… Je peux avoir envie d'une chose, et
puis la faire, comme ça, sans avoir à me poser de questions, si
je peux, si il ne vaut mieux pas, si ça ne portera pas à conséquences,
si ça ne contredit pas mon entraînement… Je suis libre, répéta-t-il.
Wufei hocha la tête lentement, comme s'il comprenait… et peut-être
était-ce le cas, partiellement du moins. Il pouvait comprendre le désir
de se libérer d'un carcan. Lui-même était, avait toujours
été, prisonnier d'une série de règles et de traditions.
Il avait accepté de plein gré de porter cette armure-prison, de
lui-même, cette auto-discipline… mais même si la plupart du temps
il savait bien pour quelles raisons il était important qu'il s'astreigne
à ces règles, il se surprenait quelquefois à souhaiter
que les lourdes responsabilités aient été lâchées
sur d'autres épaules que les siennes.
Quelquefois il ne savait plus s'il continuait à supporter ses devoirs
parce qu'il les jugeait réellement importants, ou parce qu'il avait été
trop bien entraîné à ce faire, et était trop habitué
pour essayer de changer.
Yuy avait de la chance dans son malheur, d'une certaine manière. Il allait
pouvoir apprendre à se découvrir, à savoir enfin ce qu'il
y avait sous les impératifs. Découvrir la personne sous le soldat,
peut-être.
Ce qu'il pensait devait se voir dans ses yeux, parce que quand il leva la tête
vers son camarade, il vit une lueur de compréhension dans les yeux bleus.
* * *
Nul ne saura jamais ce qu'ils auraient pu se dire ensuite. Un énorme
sac à dos sur l'épaule, Duo débarqua dans le hangar en
courant et le fragile moment de compréhension se brisa. Les deux asiatiques
se renfermèrent dans leur coquille comme s'il ne s'était rien
passé, et Wufei se releva en époussetant son pantalon blanc avant
de se laisser glisser à bas de Wing, tandis que Heero s'absorbait dans
les relevés de son tableau de bord.
-Hé les gars!!! Wufei, Heero!! Z'êtes là? cria l'américain
en se précipitant vers le fond du hangar. On a un problème!
L'américain ne souriait pas et il avait appelé Wufei par son nom
entier et correct. Et il avait couru très vite.
-Nani? demanda sèchement le japonais en sortant la tête de son
cockpit.
Duo se pencha en avant et posa les mains sur ses genoux, tête basse. Il
haleta quelques secondes avant de réussir à reprendre suffisamment
de souffle pour parler.
-Oz nous a repérés. Un bataillon avance par ici. On doit filer
d'ici avant un quart d'heure si on veut pas se retrouver piégés.
Le chinois était parti vers la maison à toute allure avant même
que le garçon à la natte ait fini sa première phrase. Celui-ci
fila vers Deathscythe et agrippa le filin pour se faire hisser jusqu'au cockpit.
Heero se demanda s'il devait lui aussi retourner dans la maison chercher ses
affaires, mais il ne possédait rien qui ne soit remplaçable. Ce
n'étaient que des vêtements. Pour les armes, il portait toujours
son revolver sur lui, et les stocks de grenades et d'explosifs dans la maison
étaient bien plus petits que ce qu'il gardait dans son Gundam. Quand
à son ordinateur, il serait ennuyé d'avoir perdu certains travaux,
mais ça pouvait se refaire. Difficilement, mais…
-Ne lance pas Wing en marche dès maintenant, on va se faire repérer
avant que les autres aient le temps de revenir! lui lança Duo par l'intercomm.
Tiens au fait, j'ai récupéré ton ordinateur portable, il
est dans mon sac, je te le file dès que je peux! Il y avait autre chose?
-Non, répondit Heero en secouant la tête. … Merci, ajouta-t-il
d'un ton vaguement surpris.
Quand à savoir s'il était surpris de ce que Duo ait pris la peine
d'aller chercher son ordinateur ou qu'il prenne LUI la peine de le remercier,
il ne savait pas trop.
-Je t'ai aussi pris deux trois débardeurs et un pull au passage, mais
pour ce qui est du bas, je vais devoir te prêter un jean, j'en ai bien
peur…
Le japonais Hnn-a d'un air méprisant. Comme s'il avait besoin d'un pantalon.
Il avait ses shorts en spandex.
Il sourit sarcastiquement, la mimique inconnue de tous, perdue dans l'obscurité
du cockpit.
Résolument, il se mit à s'infiltrer avec aisance dans les programmes
des trois autres gundams, grandement aidé par le fait qu'il avait conçu
la plupart de leurs protection anti-hackers, leur donnant l'ordre de se mettre
en attente et d'ouvrir leurs sas. Pendant ce temps, Duo lui renvoyait ce que
le radar plus performant de son Gundam captait, ainsi que des propositions de
plans pour s'échapper. En quelques minutes, ils avaient choisi ensemble
le meilleur chemin à prendre pour éviter la confrontation.
-Heero, c'est bien beau ce plan, finit par avouer Duo après quelques
secondes de réflexion, mais après qu'on les a semés, on
va où? On peut pas s'éloigner trop de cette région, on
a une mission dans le coin, tu te rappelles?
Les trois autres entrèrent dans le hangar à ce moment-là.
- Sept minutes trente-cinq avant contact, leur lança le japonais par
les haut-parleurs.
Les pilotes lancèrent leur machine en marche en même temps. Quand
Duo leur signala qu'ils avaient été repérés, trente
secondes plus tard, Heero démolit le hangar d'un coup de son sabre avant
de passer en bird mode et de filer directement par le trou, sans s'ennuyer avec
la porte. Wing était le plus rapide en vol et Deathscythe avait le meilleur
équipement pour la furtivité, leur rôle était tout
désigné. 01 et 02 seraient chargés de distraire les troupes
ennemies avant de rejoindre les autres à un point qui leur serait communiqué
plus tard…
… ils ne savaient pas encore lequel. Ils n'avaient pas le temps de prévenir
les professeurs pour qu'ils leur trouvent un autre abri dans la région.
* * * * * *
Quelques heures plus tard, une fois l'alerte passée, un message avec
des coordonnées parvint aux pilotes sur la bande secrète qu'ils
s'étaient réservée pour la communication exclusive entre
eux cinq.
Comme les quatre autres, Heero s'était creusé la cervelle mais
malheureusement il n'avait rien trouvé de correct… sauf sa propre planque
personnelle, celle dans laquelle il avait comatosé pendant deux semaines
après sa contamination. Elle serait franchement petite, sans compter
qu'elle ne contenait sûrement pas assez de nourriture et autres nécessités
pour cinq adolescents en pleine croissance, mais ils devraient s'en contenter
le temps que les remous disparaissent et que leurs ennemis les croient enfuis
ailleurs. C'était juste assez loin de la zone pour qu'on ne pense pas
à inclure cet endroit dans la recherche, et juste assez près pour
qu'on pense qu'ils n'auraient rien de plus pressé que de filer. Ca leur
laissait le temps de trouver mieux.
Il reçut confirmation et renvoya à chacun une coordonnée
de location pour cacher leur Gundam. Il en avait découvert plusieurs
lui-même au cours de ses explorations du terrain, des grottes assez grandes
ou des lacs assez profonds, mais n'en utiliserait qu'une. La plus lointaine
cache devait être à une heure de marche, la plus proche à
vingt minutes de la cabane. Correct.
Juste avant de fermer le lien, il ne put s'empêcher d'ajouter un petit
mot.
"Gardez la main sur votre arme. C'est là que je me suis fait mordre."
Seul le besoin de garder le silence radio empêcha Duo de lui renvoyer
un mail d'insultes et de commentaires sur sa santé mentale et les diverses
institutions qu'il avait fréquentées.
* * * * * *
Wufei arriva à la cabane en premier. Après avoir vérifié
les coordonnées, il déposa son sac derrière un buisson
et se glissa comme une ombre vers la petite maisonnette dissimulée sous
les grands arbres. Il vérifia d'abord que toutes les fenêtres étaient
bien fermées et intactes, puis chercha d'éventuelles empreintes
de pas sur le sol. Mis à part quelques daims et autres animaux, rien
du tout, sauf une semelle presque indiscernable qu'il pouvait attribuer sans
erreur à ces horribles sneakers jaunes appartenant à Yuy. Silencieux
comme une ombre, le pilote se glissa vers la porte de derrière et se
servit de la clef cachée pour ouvrir la porte. Il eut une dizaine de
secondes pour éteindre la bombe à retardement que le japonais
avait placée sur la porte. C'était une procédure standard
pour lui, il leur avait appris à désarmer ce genre de pièges
en vitesse, car bien que bien entraînés dans le domaine des explosifs,
ils n'y seraient certainement pas arrivés seuls en si peu de temps.
Il fouilla la petite maison de fond en comble avant de se déclarer satisfait,
et de retourner chercher son sac.
La maison était spartiate, vraiment digne de Yuy. Pas de canapés,
juste une table et trois chaises dans le salon, et une table plus petite avec
une autre chaise dans la cuisine. L'un d'entre eux allait devoir s'asseoir par
terre pour les repas. La salle de bains n'avait qu'une douche, pas de bain,
et visiblement fournie à l'eau de pluie, froide comme il se devait. Un
seul lit dans la petite chambre. Une seule prise électrique, fournie
par un générateur. Autrement dit strictement réservée
à l'ordinateur portable de Yuy. Et absolument pas de télévision.
Maxwell allait encore criser.
Il se sentit sourire.
* * * * * *
Trowa s'extirpa d'Heavyarms et jeta le filet de camouflage sur lui. Il vérifia
que le mecha n'était pas visible à travers les hautes branches
qui masquaient le renfoncement dans la petite falaise puis jeta son sac à
dos sur son épaule et se détourna avant de se diriger vers les
coordonnées de la planque.
Son pas léger ne faisait pas craquer une branche et il se fondait dans
les sous-bois comme s'il leur appartenait. Il ne mettrait pas longtemps.
* * * * * *
Duo se laissa descendre à bas de Deathscythe par le filin, lança
une série d'ordres par son communicateur au poignet, et s'éloigna
de la berge tandis que le mecha s'éloignait de quelques pas pour aller
se dissimuler au fond du lac. Le garçon vérifia que son Gundam
n'était pas visible au fond des eaux sombres avant de s'éloigner
en direction de Sandrock. Leurs deux planques étaient proches et avec
l'état de Quatre il était hors de question qu'il se balade tout
seul dans les bois. Le petit blond était censé l'attendre près
de son Gundam pour qu'ils fassent la route ensemble.
Il rejoignit son ami au bout d'une dizaine de minutes à peine.
-Duo!! s'exclama Quatre en le voyant arriver, perché sur le ventre de
Sandrock.
-Ca va petit gars? répondit Maxwell en clignant de l'œil.
Le pilote blond lui fit un grand sourire et agita la main, puis se laissa glisser
à bas de son véhicule. Avec l'aide de l'autre pilote, ils eurent
vite recouvert le Gundam d'un filet de camouflage. Quatre prit l'un de ses sacs
contenant des vêtements et se retourna vers l'américain.
-On peut y aller, lâcha-t-il en se retournant une dernière fois
vers Sandrock pour lui dire au revoir.
* * *
La forêt était grande, sombre, les branches feuillues empêchaient
toute visibilité et les rares sentiers qu'il y avait ne menaient généralement
pas très loin avant de tourner à quatre-vingt dix degrés
ou de tout simplement disparaître au fond d'un hallier ou d'un buisson
de ronces. Ils devaient sans cesse se frayer un passage pour continuer dans
la direction que le compas leur donnait.
Quatre avait le cœur qui battait plus fort qu'il ne l'aurait dû. Il avait
chaud et froid en même temps, sa fièvre faisait une petite poussée,
mais il ne voulait pas alarmer son ami.
Et il y avait autre chose. Heero l'avait prévenu que ça arriverait,
mais il s'en serait bien passé... ses sens avaient soudainement augmenté,
comme si quelqu'un avait tourné le commutateur de quelques degrés.
Il se sentait incroyablement nerveux. La forêt était si silencieuse,
aucun oiseau, pas de vent dans les branches, rien… et d'un autre côté,
ses sens surdéveloppés percevaient quand même quelques froissements
de feuilles, mais si légers que son cerveau non habitué à
un volume si bas refusait de les croire réels. Un battement sourd et
régulier emplissait ses oreilles; son propre cœur, ou celui de son camarade?
Et ces odeurs puissantes qui envahissaient ses poumons, lui montaient à
la tête et l'étourdissaient, qu'il ne reconnaissait pas, si entêtantes…
Ses yeux se concentraient sur la plus petite feuille frémissante du passage
d'un animal, la moindre différence dans les jeux de la lumière
de ce sous-bois si immobile.
Il se demanda d'un air absent s'il allait s'évanouir. Il entrait en surcharge
de sensations. Il ne pouvait plus penser, juste sentir et ressentir. Et ces
drôles d'émotions totalement étrangères, qui ne cessaient
d'aller et venir dans sa tête, trop vite pour qu'il les analyse.
Exactement ce que Heero avait décrit. Dommage que celui-ci n'ait jamais
trouvé une solution.
Il avait l'impression de se trouver de nouveau dans la forêt de ses rêves…
cet endroit hostile irradiant la présence d'ombres indéfinies
et malintentionnées. Et pourtant la couleur et l'odeur de son sang perlant
d'une petite piqûre de ronces étaient trop fortes et trop entêtantes
pour que ce soit le cas, pour qu'il soit vraiment retourné là-bas.
Il ne parla pas à Duo de son malaise. Il se contenta juste de s'assurer
qu'il tenait fermement son coude, comme une ancre dans la réalité.
* * * * * *
Ils étaient à peine arrivés en vue de la maison que Heero
bondit vers eux, les surprenant. Il ne parut pas s’alarmer des couteaux prêts
à être lancés ou du revolver braqué sous son nez
que les deux garçons avaient fait jaillir par réflexe.
-Vite, dedans, leur siffla-t-il en scrutant les buissons.
Quatre et Duo se regardèrent puis obéirent instinctivement, sans
comprendre.
-Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? lui demanda l’américain.
Mais le Japonais ne répondit pas et se contenta de les bouscule à
l’intérieur de la maison avant de fermer la porte à clef derrière
eux.
-Que se passe-t-il ? demanda Duo en fronçant les sourcils, surpris
de sa brusquerie.
Wufei et Trowa les regardaient sans rien dire, mais ils avaient l’air aussi
confus qu’eux.
-Ils sont dehors, finit pas avouer le japonais une fois qu’il eut fermé
la porte.
-Qui ç... QUOI ? ! ? ?
-Tu es sûr ? demanda Wufei en posant la main sur son katana.
-Leur odeur autour de la maison... Ils passent par ici, souvent. Je ne sais
pas s’ils sont proches mais s’ils ne savent pas déjà, ils vont
vite savoir qu’on est là. On ne peut pas rester là.
-A ce point ?
-Je ne sais même pas si on tiendra une nuit sans être repérés.
Demain il faut que nous soyons partis d’ici.
-Mais... objecta Quatre. Même s’ils nous attaquent, je veux dire, on a
des armes...
Heero le regarda, puis fixa des yeux son revolver, posé à côté
de lui sur la table juste à portée de main, avant de baisser les
yeux sur le tapis mité et poussiéreux qui recouvrait les planches
du sol.
-Ce n’est pas seulement ça... c’est chez eux ici, je n’ai rien à
y faire...
-Tu veux dire que tu te sens mal à l’aise parce que tu ne fais pas partie
de cette meute ? Demanda Trowa.
-... Oui. C’est leur territoire. Et vous ne serez pas tolérés
non plus... Vous portez mon odeur.
-Tu as senti la leur ?
-Elle est partout dans cette forêt... lâcha Heero d’un air presque
découragé.
-Ils sont nombreux ?
-Je ne sais pas ; mais au moins une douzaine. Je n’aurais jamais dû
proposer cette maison-là...
-Si ça te soulage, proposa Quatre, je peux lancer mon réseau de
recherches sur le problème, j’ai des connexions que vous n’avez pas,
d’ici demain j’aurai peut-être trouvé quelque chose d’autre.
Heero hocha la tête et se tourna vers Duo. Celui-ci sortit son ordinateur
portable de son sac et le lui tendit
-Voilà mon cher, livraison à domicile... plaisanta l’américain.
-Merci , répondit d’un air absent le pilote de Wing en se dirigeant vers
la prise pour brancher son ordinateur.
Duo fixa son dos d’un air ahuri.
-Mais, de rien... répondit-il lentement, incrédule.
Il l’avait remercié... Et le pire c’était qu’il ne semblait même
pas s’en rendre compte. Comme si c’était si habituel que c’en devenait
naturel chez lui.
/si seulement c’était le cas... peut-être qu’il y a de l’espoir
pour lui/
Yuy lança l’ordinateur et tapa un mot de passe, suivi de tout un code.
Une fois la machine allumée et tous les pièges qu’il avait posés
passés, il se connecta sur le net et mit en marche son système
de re-routage anti-traçage. Puis il se leva de la chaise pour laisser
la place à Quatre. Il resta toutefois à côté de lui
quand celui-ci se brancha online, suivant sa progression, prêt à
prendre sa place dans la seconde si jamais un hacker relevait sa trace électronique.
Les trois autres se mirent à visiter la petite maison. Ce fut très
vite fini... Wufei échangea un sourire ironique avec Trowa quand on entendit
la litanie de protestations et de remarques plutôt originalement formulées
venant de l’américain. La bordée de jurons qu’il émit quand
il découvrit la douche fut plutôt instructive, bien qu’elle décrive
avec plus de détails qu'ils n'avaient envie de connaître des actes
moins érotiques qu’acrobatiques que la plupart des personnes de plus
de trente ans ne devraient même pas envisager hors de la présence
d’un chiropracteur confirmé. Quand à sa réaction en apercevant
la chambre...
-Alors, qui prend le lit cette nuit ? demanda-t-il d’un ton las une fois
qu’il eut épuisé son souffle et son inspiration.
-Quatre le prend toute la nuit, répondit Trowa. Il est encore malade.
Les autres alterneront. Un qui monte la garde, un qui partage le lit avec Quatre
et l’autre sur le canapé. Correct ?
-Je resterai par terre, répondit Wufei en haussant les épaules.
Je n’ai pas besoin d’un lit pour dormir.
-Peut-être mais tu vas être sacrément courbatu demain matin,
répliqua l’américain. Moi en tout cas je ne passerai pas l’opportunité
de dormir dans un lit. ... Quoique vue la taille je sais pas si ça me
reposera beaucoup...
* * *
Quatre finit par trouver une maison assez grande appartenant à un ami
d’un ami de son père, qui se trouvait en vacances en ce moment. Personne
ne remonterait jamais la trace jusqu’à eux. Ils devraient être
à l’abri pour quelques semaines au moins.
La nuit tomba dehors et ils s’installèrent pour la nuit. Heero laissa
le premier quart à Trowa et alla s’installer sur le canapé, où
il s’endormit aussitôt. Wufei s’assit contre la porte et se laissa glisser
dans un état où on ne savait pas s’il méditait, dormait,
ou bien se reposait juste mais dont il se sortait en quelques secondes et toujours
en forme. Quatre n’insista pas trop pour laisser le lit à quelqu’un d’autre.
Il n’avait pas commencé à protester contre ce traitement de faveur
que la fièvre montait d’un coup, le laissant jambes flageolantes et l’estomac
au bord des lèvres en un petit tas au milieu de la pièce. Trowa
le mit au lit d’office, et il était encore en plein milieu d’une tirade
comme quoi il devait être traité pareil que les autres quand il
s’endormit comme une masse.
Le garçon à la mèche s’assit en tailleur au milieu de la
pièce et se mit à faire des étirements, attendait que Duo
ait fini avec ses cheveux dans la petite salle de bain.
Il avait senti plusieurs fois les poils de sa nuque se hérisser quand
il se dirigeait vers la cabane dans les bois. Un signe sûr que quelqu'un
l'observait.
Il se demandait si Yuy ne les avait pas jetés involontairement dans la
gueule du loup… sans mauvais jeu de mot.
* * *
Dans la petite maison tout était calme. Quatre dormait sur le lit, se
tournant et se retournant sans cesse, en proie à un début de cauchemar
causé par sa fièvre. Chassé par ses coups de pieds, Duo
avait abandonné l'idée de dormir à côté de
lui et s'étalait par terre, enroulé dans une couverture. Trowa
était étendu de tout son long sur le canapé. Heero se reposait
sur une chaise.
Wufei finit son tour de la maison et soupira en silence. Il n'était pas
assez stupide pour se dire que les tours de surveillance qu'ils avaient mis
en place étaient inutiles et qu'il pouvait aller dormir, mais quand même,
il s'ennuyait un peu. Il ne pouvait pas faire d'exercices sans déranger
ses camarades, il pouvait pas lire sans électricité, et ne savait
pas à quoi penser… pour éviter de penser à la "maladie"
de Yuy et Winner, et aux répercussions qu'elle causait.
Quatre n'avait même pas paru se rendre compte de la voracité avec
laquelle il avait attaqué sa viande pendant leur repas du soir. Mais
ça n'avait pas échappé à Yuy. Il avait échangé
un regard avec lui, et l'avait fixé une seconde, sachant que Wufei aussi
avait remarqué.
Ca ne leur avait pas échappé non plus, ni à Yuy et lui,
ni à Barton qui surveillait le petit blond comme un aigle, ni même
à Maxwell, comme le pilote de Sandrock bouillonnait d'énergie
nerveuse, même fatigué comme il était. La manière
si intense et calculatrice dont il avait fixé la fenêtre et la
porte, comme Yuy l'avait fait, pour juger de la distance et de la résistance
qu'elles lui opposeraient. Sa nervosité. Son refus de les quitter des
yeux. Ses doigts qui pianotaient sans cesse. Et ses moments d'absence, trop
concentré sur un seul sens.
Ses pensées furent interrompues quand Yuy se releva d'un bond de sa chaise
et sauta sur ses pieds, passant du sommeil à l'éveil en une seconde
à peine. Il se tourna vers Wufei, la main déjà sur son
arme.
-Ils sont là, articula-t-il en silence, sachant que Wufei pouvait lire
sur les lèvres aussi bien que n'importe lequel d'entre eux.
Ses yeux s'agrandirent insensiblement, puis Wufei se leva, silencieux comme
une ombre, et se dirigea vers la petite chambre. Heero l'arrêta par le
coude.
-Pas Quatre, murmura-t-il.
Wufei hocha la tête et partit réveiller Duo pendant que Heero posait
une main sur l'épaule gauche de Barton endormi, prenant soin de se mettre
hors de portée d'un éventuel coup. Celui-ci se réveilla
instantanément mais n'ouvrit pas les yeux, ni même ne changea de
rythme respiratoire, un truc qu'il avait appris chez les mercenaires. Mais Heero
sentait son odeur changer et se pencha pour lui chuchoter à l'oreille:
-Garous, dehors.
Les quatre pilotes se rassemblèrent dans le petit salon, yeux durs et
méfiants.
Heero se surprit à perdre sa concentration une seconde quand il posa
les yeux sur le tableau amusant d'un Duo avec une expression très sérieuse
et les cheveux ébouriffés en couronne autour de sa tête,
mais son attention revint vite au problème qu'ils avaient sur les bras.
-Comment tu le sais? demanda Duo, toujours en silence.
Heero désigna son nez. Puis il leva une main ouverte, la referma et leva
deux doigts, puis délia les trois derniers. Entre sept et dix se trouvaient
à l'extérieur.
-Hostiles? demanda Trowa, toujours sans faire un son.
Heero secoua la tête et haussa une épaule tout en vérifiant
son arme.
-Sais pas. Ils se contentent de faire le tour de la maison pour le moment.
On entendit soudain un grattement de patte à la porte, et ils se tendirent.
Puis un museau renifla sous la porte, une fois, avant de disparaître.
Heero découvrit ses dents dans un grondement silencieux. Les crocs étaient
trop longs pour une bouche humaine. La manière dont ses yeux luisaient
n'était pas humaine non plus.
Ils attendirent.
* * *
Ca faisait dix minutes qu'ils se tenaient immobiles et prêts à
tout et les garous ne faisaient rien de plus que de faire le tour de la maison…
Jusqu'au moment où un hurlement retentit à pas dix mètres
de la porte d'entrée.
-ahrrrrrrrrrrrh….
Duo tourna brièvement la tête et jeta un coup d'œil surpris vers
la porte. Heero grondait sourdement, et les jointures de ses mains devenaient
blanches à force de serrer la crosse de son arme. Sans réfléchir,
le pilote de Deathscythe posa une main sur son épaule et serra doucement.
-Chhhh…
Yuy étouffa son grondement, mais il était visible que ça
lui demandait des efforts.
-On fait quoi? demanda Duo. Je veux dire, ils vont rester là jusqu'à
quand? Ils doivent savoir qu'on est là, et si leurs sens sont aussi développés
que les tiens, ils savent même que nous sommes réveillée
et au même endroit… Non?
Heero fronça un sourcil. C'était exact. Mais il ne pouvait quand
même pas sortir comme ça pour aller les voir, non? Des humains
passe encore, mais il était un intrus chez eux. Même rester une
seule soirée ne serait pas toléré.
Il se figea soudain, saisi d'un sombre pressentiment. Ils se faisaient discrets
dehors…
Et soudain, il y eut un fracas de planches fracassées derrière
eux.
Heero était déjà en train de courir vers la chambre de
Quatre quand la porte et les fenêtres du devant de la maison subirent
le même assaut. Les trois pilotes restants de mirent à tirer à
travers le bois. Il y eut un glapissement de douleur et le fracas cessa. Duo,
Wufei et Trowa se rapprochèrent l'un de l'autre, se plaçant dos
à dos, et laissèrent leurs armes fixées devant eux, prêts
à viser.
* * *
La forêt de ses rêves était sombre et menaçante. Encore
plus que d'habitude, et ce n'était pas peu dire. Mais cette fois, la
menace était multiple…
/hainecolèremenacemalice/
et il se réveilla d'un bond, en sueur, confus et désorienté,
son cœur battant la chamade, juste avant que la fenêtre n'explose et ne
le douche d'éclats de bois.
Il roula sur le sol par réflexe, accroupi en position de combat, mais
ses jambes faibles le trahirent et il ne réussit pas à reculer
assez vite pour esquiver l'homme…le loup… la chose qui lui fonçait dessus.
Une main poilue et griffue se referma sur son avant-bras et le tira en arrière
au moment même où la porte s'ouvrait d'une poussée derrière
lui pour aller se fracasser contre le mur. Il entendit un hurlement de rage
pure /heero/ et une main se pressa sur sa gorge, coupant sa respiration
et le sang qui venait à son cerveau, l'attirant, dos contre un torse
recouvert d'une fourrure épaisse. /peur! colère! / Il essaya
de se débattre, mais sans résultats. Mal réveillé,
affaibli, il commença à voir trouble très vite et à
sentir son monde tourner, la nausée monter dans sa gorge.
/douleur… mal, j'ai mal… Hee…ro… aide-moi…/
Il eut juste le temps de se sentir soulevé et de jeter un dernier regard
dans des yeux d'un bleu trop intense qui brillaient de fureur dans une face
en pleine transformation, avant de perdre conscience.
* * *
Yuy ne réussit même pas à articuler le hurlement de fureur
qui montait à sa gorge quand, faisant irruption dans la chambre du petit
blond, il découvrit un garou en forme hybride, humanoïde mais à
la tête et aux pattes de loup, en train de tirer à lui le jeune
garçon. Il bondit en avant… Et se retrouva forcé de stopper net
quand l'intrus prit Quatre en otage, griffes contre sa gorge, et serra. Si l'autre
garou avait ne serait-ce que la moitié de sa propre force, il pouvait
lui écraser la trachée sans forcer. Il le savait trop bien.
Des yeux d'un bleu-vert aquatiques troublés par la douleur et la peur
se fixèrent brièvement sur les siens, puis se refermèrent
lentement.
/ma meute il attaque MA meute IL OSE ATTAQUER MA MEUTE!!!!/
Rendu incapable de réfléchir plus longtemps par la fureur du Loup,
il bondit, rugissant, se transformant déjà. Oubliant totalement
le pistolet qu'il avait eu en main.
/TUER!!!/
Mais l'intrus ne l'avait pas attendu, et avait sauté par la fenêtre,
Quatre toujours contre lui. Il le rata de quelques centimètres à
peine et hurla de rage en faisant le saut qui le mènerait dehors. Il
se glissa dans l'étroit passage qu'il y avait entre la petite fenêtre
et la falaise derrière, sa course rendue difficile par la transformation
progressive de ses membres.
Mais il avait tout juste passé le coin de la maison quand trois autres
garous lui bondirent dessus. Seule la rapidité de ses réflexes
lui permit de reculer dans le passage. Il s'accroupit à quatre pattes,
déjà plus animal qu'humain, et les fixa tour à tour d'un
regard brûlant de haine. Dans la forêt, il vit disparaître
entre deux arbres une chose à la fourrure sombre portant en travers de
l'épaule quelque chose de très clair. Une tête aux cheveux
d'or ballottait de droite à gauche, sans vie.
-QUAAAAAAAAAAAAAATRE!!!!! rugit-il, la fin du cri devenue hurlement bestial.
Les trois garous grondèrent et s'avancèrent vers lui, et il reporta
son regard sur eux, un incendie de rage dans les yeux. Ses oreilles se dirigèrent
en avant sur son crâne déjà presque lupesque, et sa queue
se dressa haut en signe de dominance, hérissée comme un tire-bouchon.
Sa fourrure ressemblait à une pelote d'aiguilles. Il s'accroupit, prêt
à bondir. Ils l'empêchaient d'aller rejoindre un membre de sa meute.
Il allait les tuer tous.
Un des hommes-loups aplatit les oreilles en arrière et gémit quand
il se rendit compte, une seconde trop tard, que même à trois contre
un le loup brun sombre n'était pas dans leur ligue.
Ca ne l'empêcha pas de se retrouver bousculé sur le sol, trois
côtes cassées, quand Heero le chargea à coup d'épaule
après avoir proprement égorgé un de ses compagnons et éventré
l'autre d'un coup de griffe latéral, laissant ses intestins se déverser
sur le sol dans un bruit immonde. Il se recroquevilla et gémit, offrant
son ventre d'un roux plus pâle que le reste de sa fourrure, presque crème.
Heero faillit presque le tuer quand même, trop furieux, mais le Loup l'en
empêcha.
/il est soumis, il n'attaque plus, laisse/
Un des autres garous tenta de profiter de sa seconde d'hésitation pour
attaquer sa gorge par l'arrière. Il se contenta de se ramasser sur le
ventre, laissant l'élan de l'attaquant le faire trébucher par-dessus
son dos, puis de lui ouvrir sa gorge dévoilée d'un claquement
de crocs.
Il se détourna et sans un regard en arrière bondit par-dessus
les corps de deux garous tués à coups de balles et partit en courant
sur la piste de celui qui avait enlevé Quatre.
* * *
Duo eut juste le temps d'abaisser la main de Wufei quand il voulut descendre
le loup d'un brun sombre qui se précipitait dans la forêt, comme
ils avaient fait avec les deux autres qui avaient été assez stupides
ou assez lents pour ne pas se mettre à l'abri quand les jeunes hommes
avaient commencé à tirer par les trous des planches fêlées.
-Duo!! pesta le chinois quand il se rendit compte que ce moment de distraction
avait suffi à sa cible pour disparaître.
-C'est Heero, idiot!
Wufei haussa un sourcil tout en canardant les quelques autres loups qui avaient
essayé de poursuivre le loup brun.
-Sûr?
-C'est le seul que j'aie vu avec la gorge et le bout de la queue blanche, répondit
l'américain en rechargeant son arme.
Ils se regardèrent puis se tournèrent vers Trowa. Il se tenait
dans l'ouverture de la porte de la chambre, tourné vers le lit vide et
la fenêtre fracassée, sa main crispée si fort sur son revolver
que les jointures de ses phalanges en devenaient blanches.
-Trowa… Heero est parti à sa recherche. Il le retrouvera. En attendant
on ferait mieux de se trouver un endroit où se planquer… Pas question
de sortir dans la forêt comme ça en tout cas, hein, ce serait franchement
stupide…
Trowa ne semblait même pas l'écouter. Puis, alors que Duo allait
poser la main sur son épaule, il jura en espagnol et frappa le mur de
son poing, si fort qu'une trace sanglante en décora le mur.
-Trowa, il va le ramener. Il VA le ramener.
-Pourquoi on n'a pas vu cette putain de fenêtre?
Duo eut l'air surpris, puis aperçut les morceaux de papier jauni qui
flottaient encore.
-Elle avait été cachée sous le papier peint… Ce n'était
pas une vraie fenêtre, juste un truc pour aérer un peu la pièce.
Tro…
-On aurait dû la voir!! Pourquoi Heero ne l'a pas vue? C'est SA cabane,
foutredieu!!!
-TROWA!!! SUFFIT!!!
Ce n'était pas le moment pour les reproches. Duo le saisit par le poignet
et le tira vers la cuisine, où Wufei était déjà
en train de tirer la perche qui ouvrait l'accès au grenier.
-On attendra là, décida le chinois. Moins d'ouvertures s'ils reviennent.
Prenez des recharges, conseilla-t-il.
Trowa grimpa en silence, sans plus faire d'histoires. Duo vida le frigo avant
de le suivre, et Wufei lui jeta un regard affligé.
-Bah quoi? on sait jamais combien de temps y vont mettre à revenir, hein?
répliqua le pilote de Deathscythe en escaladant la petite échelle
fragile.
Wufei soupira et secoua la tête, affligé, et il allait le suivre
quand il se rappela d'une chose. Il fit volte-face et se saisit de l'ordinateur
portable du japonais. Puis, une fois en haut, les deux garçons aux cheveux
longs remontèrent l'échelle et la fixèrent en place.
Duo haussa un sourcil dans sa direction.
-Tu connais le code d'entrée dans son ordi? demanda le chinois à
son camarade sans s'expliquer.
-Wu, si on fouille dedans…
Chang lui jeta un regard à demi exaspéré.
-Laisse faire, soupira Duo en prenant l'ordinateur et en le lançant.
Heureusement, il avait été rechargé à bloc au cours
de la nuit. Il allait pouvoir fonctionner correctement…
Duo passa les codes et les pièges et tendit le portable à Wufei.
-Je ne veux même pas savoir comment tu connais les mots de passe, lâcha
le chinois d'un air absent en cherchant dans les programmes.
-Tu fais quoi? demanda Duo en essayant d'effacer son air coupable de son visage.
-Si je connais bien Yuy… répondit Wufei d'un air absent en fouillant
dans les logiciels.
-Oui? Si tu connais bien Yuy?
-Voilà, répondit le chinois avec un petit sourire supérieur.
<……… log on…
<back alarm on
<front alarm on
<movement detector on
<Would you like to open view of the heat detector?
<yes>
<video cameras on
<Would you like to open views of the video cameras?
Avec application, Wufei tapa:
<yes>
<Security system fully operational
<Close video feedback by clicking on x
… et blablabla… Sous le regard admiratif de Duo, trois petites fenêtres
s'ouvrirent, chacune montrant une vue infrarouge des environs de la petite maison.
-Les alarmes sont allumées…
-Et pourquoi il a pas pensé à les foutre avant? entendirent-ils
Trowa gronder
Il était assis au fond du grenier, ses genoux sous le menton, ses bras
serrés autour de ses jambes, et il les fixait tous les deux avec une
rage froide.
-Parce qu'elles sont connectés à de puissants explosifs, voilà
pourquoi. Toute la maison est piégée, j'ai vu ça pendant
mon examen des lieux. Si nous avions eu à sortir en vitesse pour quelque
raison que ce soit, on aurait été blastés jusqu'à
la lune. La porte de derrière est blindée d'explosifs et la porte
de devant c'est pire, il y a une mitraillette dessus. Le grenier est le seul
endroit qui soit à peu près sûr.
-Et si Heero revient avec Quatre et qu'ils savent pas qu'on a fait ça?!
s'exclama Duo.
-Heero sait que je suis au courant, il fera attention. Je parie qu'il connaît
les angles morts mieux que quiconque. Et puis… C'est à ça que
servent les caméras et le détecteur de mouvements, andouille!
s'exclama le chinois d'un ton presque amusé. Rien de plus gros qu'un
lapin ne peut entrer dans cette clairière sans qu'on le sache…
-Et je répète, pourquoi il a pas pensé à les foutre
avant?
-Les batteries n'étaient pas encore assez rechargées pour que
ça marche, répliqua Wufei en haussant les épaules. Je suis
pas sûr que ça va durer longtemps d'ailleurs, hein…
Trowa grommela derrière sa mèche et baissa la tête jusqu'à
ce qu'on ne voie plus son visage. Duo et Wufei se regardèrent puis s'installèrent
plus confortablement pour passer ce qui restait de la nuit.
-Duo…?
-Mmm?
-Si tu manges tous les crackers pendant la nuit, je te jette hors du grenier.
* * *
Pendant ce temps, Heero était toujours entrain de courir de toute sa
vitesse derrière le kidnappeur de Quatre. Il gagnait lentement du terrain
sur son ennemi, l'autre était plus massif et légèrement
handicapé par le poids du jeune pilote. Mais il connaissait mieux les
bois…
Plusieurs fois la piste s'interrompit et Heero dut mettre à profit toute
l'intelligence humaine qu'il pouvait maîtriser dans cette forme pour comprendre
la manière dont le garou ennemi avait coupé sa trace. Mais au
final il le retrouvait toujours. Puis la piste partit tout droit, dans un sentier
qu'on pouvait aisément parcourir. Et l'odeur de son ennemi n'avait jamais
été plus forte…
Il faillit presque ne pas sentir l'odeur de l'autre garou qui avait marqué
les branches de l'arbre au dessus de lui. Le loup brun cligna des yeux plusieurs
fois en essayant d'analyser ce qu'il sentait, puis il comprit. Le loup ennemi
s'était entièrement transformé pour courir plus vite. Mais
s'il le faisait, c'était qu'il n'avait plus Quatre… Et, bingo, deux minutes
plus tard, quand il trouva l'odeur du deuxième garou, elle était
mêlée avec celle du pilote de Sandrock.
/tuer l'autre plus tard, la meute est plus importante que la vengeance/
'de toute façon, la vengeance est meilleure quand elle a gelé'
Il poursuivit l'autre garou en silence sur plusieurs kilomètres. Son
sens de l'orientation lui apprenait qu'ils avaient lentement décrit un
arc de cercle et qu'ils ne se trouvaient pas si loin que ça de la maison…
Une demi-heure de course à pied pour un humain, pas plus. La cache de
Shenlong était assez proche de cet endroit. S'il arrivait à récupérer
Quatre… QUAND il aurait récupéré Quatre, il filerait soir
vers la maison, soit s'il ne pouvait pas, vers le Gundam. Il espérait
que le chinois ait mis lui aussi en place le programme qui permettait à
n'importe lequel d'eux cinq d'ouvrir le cockpit, pas juste le pilote désigné.
Personnellement il ne l'avait fait que parce que ça avait été
un ordre direct; il ne savait pas si Wufei avait jugé bon d'obtempérer.
L'odeur sur la piste et l'espacement des rares empreintes indiquait que sa proie
ralentissait… Il ralentit lui aussi pour réfléchir… Et n'esquiva
ainsi que par hasard la première balle, qui s'écrasa sur une racine
d'arbre après être passée juste là où son
poitrail aurait dû se trouver. Deux secondes plus tard, il se recevait
une soixantaine de kilos de muscles et de fourrure noire sur les endosses. Il
roula sur le sol, déséquilibrant son assaillant, rua comme un
cheval, l'écrasant entre son poids et un tronc d'arbre, et avant que
l'autre garou ait pu se ressaisir, se jeta immédiatement à sa
gorge.
/NON!!!!/
Confus, il recula, grondant. L'autre loup était un ennemi, il devait…
L'éliminer.
'tous ceux qui s'opposent à moi sont mes ennemis. tous mes ennemis doivent
mourir'
Il avança, crocs prêts à saisir son adversaire.
Et recula, secouant la tête. Ses instincts lui hurlaient de laisser l'autre,
de ne pas l'attaquer. Il ne comprenait pas pourquoi. Le garou noir en profita
pour lui bondir dessus, et il réagit instantanément, s'écrasant
au sol sur un côté hors de sa trajectoire, et le bousculant d'un
coup d'épaule, l'envoyant encore une fois rouler dans la poussière.
Cette fois, il se jeta sur l'autre et fixa ses pattes sur son ventre, le clouant
au sol. Son adversaire essaya de se dégager, mais il était plus
lourd et avait une meilleure prise. Heero gronda sourdement, ses crocs à
quelques centimètres de la gorge de l'autre loup, et celui-ci s'immobilisa,
comprenant qu'il était totalement à sa merci.
Mais pourtant le Loup en lui ne voulait pas le laisser l'achever…
Le loup était noir sur le dos et gris sur le ventre, et assez mince surtout
comparé aux autres. Svelte, mais pourtant définitivement adulte.
Alors ce n'était pas parce que c'était un chiot qu'il…
Une femelle.
Avec une portée s'il en jugeait par l'odeur de lait. Merde.
Il claqua des dents devant son fin museau, et finalement, elle se soumit, lui
présentant sa gorge. Deux secondes plus tard, après lui avoir
sévèrement mordu l'oreille en avertissement, Heero était
parti d'un bond suivre la piste. Il ne pouvait pas se forcer à tuer une
femelle comme ça, mais si jamais elle se mettait encore entre lui et
un membre de sa meute, il se débarrasserait d'elle, petits ou pas.
Finalement, il arriva dans une clairière contre une falaise… probablement
la même que celle où était adossée la cabane. Une
douzaine de loups et d'hybrides se dressaient devant lui… la plupart étaient
des femelles, l'air agressives. Il y avait quelques mâles, mais la plupart
devaient avoir été balayés dans l'attaque contre la maison.
Il se sentit partir d'un rire féroce quand il se rendit compte qu'ils
ne s'attendaient sûrement pas à une telle résistance.
Quatre était étalé au milieu de la clairière, toujours
inconscient. Deux garous en hybrides se tenaient devant lui. Heero s'efforça
de redevenir humain ne serait-ce que pour les avertir qu'il voulait son ami.
-Ecartez-vous de lui, gronda-t-il quand sa gorge fut redevenue fonctionnelle.
Mais les mâles ne l'écoutèrent pas et bondirent pour l'attaquer.
Il en soupira presque… Ils n'apprendraient jamais, on dirait.
Il brisa la patte du plus rapide à l'attaquer d'un coup de mâchoire,
mais n'eut pas le temps d'achever son propriétaire qu'il était
assailli par deux autres loups. Il les jeta à terre, eux aussi, s'ébrouant
violemment. Il était toujours en hybride, il en profita pour leur assener
de violents coups sur le museau.
A partir de là, la mêlée fut trop confuse pour qu'il s'en
souvienne dans les détails. Mais un moment il se battait, et l'autre
les loups reculaient devant lui en gémissant, lui montrant le ventre.
Apparemment ils en avaient eu assez.
Il ne savait pas ce qu'il était censé faire ensuite. Le Loup lui
envoyait trop d'influx contraires, trop d'informations qu'il n'était
pas assez sensible pour comprendre.
Il se contenta de se diriger vers Quatre qui reprenait doucement conscience,
de le pousser du museau et de le traîner hors de la clairière par
la manche le plus vite qu'il put, sans quitter une seule fois des yeux les autres
lycanthropes.
-Le prochain qui m'attaque moi ou mes camarades est mort. Mâle ou femelle;
gronda-t-il, férocement.
Les garous ne répondirent que par des gémissements, couchant leurs
oreilles et baissant la tête.
Heero redevint à demi-humain sur le chemin, avec des pattes arrière
de loup et des griffes sur les mains et chargea Quatre sur son dos quand celui
trébucha, puis partit en courant en direction de la maison, tout droit.
Ils croisèrent Shenlong en route, et préférant ne pas courir
de risque, le pilote de Wing y grimpa et lança un appel à Wing.
Il laissa Quatre dans le cockpit après avoir calculé une petite
trajectoire qui devrait l'amener dans la clairière autour de la cabane
et partit en courant pour la maison.
* * *
<BIIIIIIIP>
Duo poussa un juron en se tournant vers l'ordinateur de Heero. Il avait juste
commencé à s'endormir…
-Ptain mais c'est pas vrai, ce truc de… …. Wu-man? Fei-fei? Yohooo, Wu-chan!
-Mmm, 'm'appelle pas comme ça, Maxwell…
-Wu, dis moi que tu avais fermé le cockpit de Shenlong.
Si ce n'était pas le cas cela voulait dire qu'un étranger faisait
mumuse avec le Gundam…
-Qu'est ce qu'il y a avec Nataku?
-Elle bouge ta Nataku, valà ce qu'il y a…
-QUOI?!? hurla le pilote chinois en se précipitant sur l'ordinateur.
A la lisière des arbres, une grande forme blanche et verte était
en train de s'immobiliser.
-Mais qu'est-ce…
L'une des unités de communication grésilla soudain.
-<heu, Wufei… Je suis sincèrement désolé d'avoir emprunté
ton Gundam, Heero m'a plus ou moins mis dedans de force…>
Deux secondes plus tard pilotes 02 et 05 se retrouvaient chacun à plat
sur le dos de chaque côté du grenier, pilote 03 les ayant écartés
du chemin sans douceur excessive.
-QUATRE!! Ca va? s'exclama le normalement inexpressif et calme européen.
-<Oui, oui, un peu fatigué, mais… Qu'est-ce qui s'est passé?
je comprends pas trop… Je me suis réveillé dans une clairière
avec une dizaine de loups-garous autour de moi, brr… Et Heero qui grognait comme
un possédé, j'ai failli ne pas le reconnaître…>
-Oh, t'as juste été enlevé par les garous… lui révéla
nonchalamment Maxwell.
-<Oh, c'est to… Quoi?!?>
Duo aurait donné presque n'importe quoi pour avoir aussi les visuels.
* * * * * *
Une fois rassemblées toutes leurs affaires, les pilotes se dirigèrent
vers Shenlong. Wufei reprit sa place et conduisit les autres chacun à
leur tour à leur propre mobil Suit, attendant que chacun de ses camarades
soit bien à l'abri dans son armure de métal avant d'aller livrer
le prochain. Heero avait regagné Wing par ses propres moyens, car il
lui avait ordonné de se rapprocher. Et puis, il ne demandait qu'à
tomber sur le loup qui avait enlevé Quatre en premier lieu. Il ne le
croisa pas, malheureusement pour lui et heureusement pour le garou.
-Tu sais, Heero, lui dit Trowa sur un canal privé, si ça n'avait
pas REELLEMENT été le seul endroit où on pouvait se rendre,
je t'en voudrais vraiment.
Heero grommela dans sa barbe et baissa la tête, mort de honte. Il avait
mis en danger son petit frère de meute…
Pendant tout le temps où ils se dirigeaient vers leur prochain point
d'atterrissage, Heero fut le seul à ne pas mettre une liaison visuelle
avec les autres Gundams. Finalement, Duo lui demanda pourquoi. Comme Yuy refusait
de le lui dire, il commença à croire que peut-être son camarade
était blessé.
Heero soupira. Il ne voulait pas provoquer une panique mais il n'avait réellement
pas envie de passer en visuels maintenant.
-Et pourquoi ça putain? Donne moi une bonne raison de croire que tu essayes
pas juste de camoufler des blessures?
Finalement, le japonais en eut assez et céda sous la torture.
-J'ai pas récupéré mon sac, lâcha le pilote 01 d'un
ton presque gêné… enfin autant que pouvait l'être le ton
de l'iceberg vivant.
-C'est moi qui l'ai. Oui, et? insista Duo.
-Je me suis transformé, essaya encore Heero.
-Et?
C'était pas possible, il était vraiment lent!!! Heero poussa un
soupir excédé et décida de cesser les allusions qu'il n'était
visiblement pas capable de comprendre.
-Je suis à poil.
-Eeh?
Les trois autres pilotes se mirent à rire.