Au cours des semaines qui suivirent, une routine s'établit vite.
Le soir, ils mangeaient de la soupe, que Duo avait appréciée
sans réserves jusqu'à ce qu'il apprenne que ça contenait
des algues, et du poisson frit, ou cru. Puis ils allaient se coucher dans le
grand futon. Quelquefois Wufei était au milieu, quelquefois c'était
Heero. Duo restait toujours sur le côté. Une nuit sur deux environ,
Duo se réveillait au milieu de la nuit parce que ses hôtes faisaient
des galipettes et prétendait dormir en attendant qu'ils finissent. Souvent,
il s'endormait au milieu de leur troisième fois, trop fatigué
pour maintenir une gêne et une indignation suffisantes pour rester réveillé.
Plusieurs fois il se demanda s'ils se doutaient que tous les efforts qu'ils
faisaient pour être discrets ne suffisaient pas, mais poliment, aucun
d'entre eux n'y faisait la moindre allusion.
Il se réveillait enseveli sous les dragons, quoique ils aient vite appris
à s'enrouler autour de lui et non pas sur lui. Il leur gratouillait le
menton un moment, supportait leurs léchouilles en guise de bonjour, puis
une fois que Ichiro se levait, s'extirpait du lit. Il se lavait dans la rivière
pendant que Heero pêchait, puis Wufei apparaissait d'il ne savait trop
où et ils mangeaient les poissons du petit brun.
Ensuite, Duo jouait avec soit Fei Long soit Ichiro, tout en discutant de coutumes
européennes avec Wufei ou en s'envoyant des vannes avec Heero.
Un de leurs grands sujets de chamaillerie était la pudeur, ou plutôt
le manque de pudeur du Japonais. Wufei était généralement
habillé de ses multiples kimonos superposés, et Duo espérait
un jour résoudre le mystère de leur rangement et nettoyage, mais
Heero ne portait toujours que son yukata trop court, ou son hakama qui, une
fois trempé, avait tendance à jouer la fille de l'air. Ce qui
arrivait souvent, puisque Heero passait ses journées dans l'eau. Aller
pêcher nu dans la rivière ne dérangeait pas l'adolescent.
Ni jouer dans le lac avec Fei Long, qui semblait adorer Heero autant que Ichiro
aimait taquiner Wufei.
Il passait quelques heures à prendre soin de sa jument, qui avait réapparu
un jour sans se presser. Malgré tous ses encouragements, elle refusait
de traverser pour aller sur l'île, mais elle était bien dressée
et restait sans problème sur l'autre rive.
A midi, ils avaient un bol de riz, et des crevettes, ou des sushi.
L'après midi, Duo s'entraînait au Go avec Wufei. Il progressait.
Le noble avait maintenant besoin de quinze coups pour l'écraser. Ensuite,
au crépuscule, il faisait le tour de l'île au pas de course, puis
des étirements, des pompes et des abdos, puis il s'entraînait avec
son épée.
Le soir venu, ils mangeaient un bon repas de soupe aux algues et de poisson frit (voire même cru, ça dépendait des jours) et puis ils allaient se coucher. Duo espérait que cette fois il pourrait passer la nuit sans être réveillé par un besoin de contempler la philosophie du plafond.
Et tout recommençait.
Manger du poisson.
Gratouiller Daisy et les dragons tout en ayant des conversations métaphysiques
ou ordurières avec les humains.
Manger du poisson.
Ordonner à Heero de s'habiller décemment pour changer.
Manger du poisson.
Se faire latter au go par Wufei.
Manger du poisson.
S'entraîner.
Manger du poisson.
oOo
Quand Duo voyait les dragons ensemble, ils étaient en train de faire
des nuds. Quand Duo voyait les deux Asiatiques ensemble, ils étaient
en train de se peloter.
-Juste comme ça, qu'est ce que vous foutez dans la flotte dans le coin
?
-Des dragons, pourquoi ?
-Vu ce qu'ils font dans l'eau, ça explique beaucoup de choses, grommela
l'Anglais en essayant de ne pas regarder la main de Wufei posée avec
négligence sur le genou nu de Heero.
Les deux Asiatiques échangèrent un regard. Duo avait l'air gêné...
voire même carrément mal à l'aise.
-Quelque chose ne va pas, Duo-san?
-C'est rien, répondit l'homme à la natte en riant, mais son rire
sonnait faux et ils le réalisèrent tous. C'est juste que... C'est
pas important.
-C'est étrange, c'est la première fois que je vous vois mentir.
Est-ce que vous avez peur de nous heurter?
Sursautant, Duo se retourna pour dévisager Wufei. Sa main était
toujours sur la jambe de Heero, et après un petit coup d'il pour
confirmer, il détourna les yeux encore une fois.
-... cela vous dérange tant que ça? Demanda Wufei d'une voix
presque douce.
-Heu... ben... ouais, un peu.
-Un peu beaucoup, commenta Heero en le dévisageant.
Duo eut l'impression qu'il les avait déçus.
-Je sais, je sais, votre vie privée ne me regarde pas...
-Mais vous avez le droit de ne pas la voir étalée sous votre
nez. Je vous présente mes excuses, répliqua Wufei, son ton formel
et détaché.
L'absence de l'humour et de la complicité habituelles dans sa voix lui
faisaient froid. Duo remarqua qu'il s'était écarté de son
amant et qu'ils se tenaient maintenant assis à une distance tout à
fait respectable, et se sentit coupable.
-Ne faites pas ça pour moi! C'est chez vous ici, c'est vraiment pas
à moi de dire ce que vous pouvez faire...
-En tant qu'hôtes, nous nous devons de vous mettre à l'aise.
Duo avait l'impression qu'il sonnait las maintenant.
-Mais l'un comme l'autre je serai pas à l'aise!! Je préfère
encore que vous le soyez et que moi je ne le sois pas plutôt que personne
ne le soit!
Duo espéra que c'était clair; il était pas sûr de
s'être compris lui-même.
-Je veux dire... on est chez vous ici, ça a l'air d'être normal,
alors j'ai rien à dire. A Rome, fais comme les Romains et tout ça
quoi...
Les deux Asiatiques échangèrent un regard.
-Ce n'est pas normal chez vous? S'étonna Wufei.
-C'est puni du bûcher.
Duo eut la vague impression qu'il avait jeté un froid.
-...ah.
-Enfin bon, ça nous vient de notre religion, et vous avez pas la même
religion, alors heu je suppose que c'est pas si grave et... et... heu... enfin,
je sais que j'ai pas le droit de critiquer, et je critique pas, c'est juste
que je... comprends pas.
Encore une fois, les deux Asiatiques échangèrent un regard qui
en disait plus long que tout un discours. C'était un regard que Duo associait
en général avec des personnes âgées qui avaient été
mariées toute leur vie. Ca le troublait et le rassurait en même
temps. D'un côté c'était totalement inattendu de le trouver
entre deux hommes, mais de l'autre au moins le péché de chair
qu'ils commettaient n'était pas juste pour assouvir un désir perverti
-- et depuis quand était-t-il devenu une grenouille de bénitier?
-Pourquoi vous faites ça? Demanda-t-il levant les yeux pour les regarder
franchement.
-Parce qu'on s'aime.
Duo en resta un peu bête pour quelques secondes. Et puis il se mit à
rougir. Mais aucun des deux ne rit de sa réaction.
Bon, ça, il ne pouvait pas le mettre en doute. Il se risqua à
leur faire un petit sourire gêné, et fut soulagé de voir
leurs regards se dégeler un peu.
-Bon, ça je le savais, c'est juste que je savais pas que ce genre d'amour,
ça pouvait exister entre deux hommes. Je veux dire... En Europe, on considère
que l'homme et la femme se complètent ... heu, un peu comme un Yin Yang,
vous voyez?
-Il n'y a pas que des homosexuels au Japon, tu sais, même ici ça
reste une minorité, commenta Heero d'un ton sarcastique.
Duo rougit encore plus, et Wufei balança un coup de coude discret à
son amant.
-Donc, bref, un homme et une femme, ça se complète quoi... Je
comprends pas ce qu'un homme peut trouver à un autre homme.
Même si ça lui était arrivé avant d'avoir des pensées
impures envers quelques hommes, il avait toujours su que c'était mal
et s'était toujours efforcé de les chasser de son esprit... il
aimait les femmes, il le savait. Il n'avait jamais compris ce qui lui passait
par la tête quand il se surprenait à trouver un homme attirant.
Peut-être qu'ils avaient la réponse.
-Qu'est-ce qu'un homme peut trouver à une femme? Rétorqua Heero.
Duo bloqua pour quelques secondes.
-Des sei-- heu, je veux dire, de la douceur, de la tendresse...
-De la mièvrerie, de la faiblesse, répliqua Heero.
-Hé, toutes les femmes ne sont pas faibles! protesta Duo.
-Et comment appelez-vous une femme forte comme un homme? Une femme qui se bat,
qui refuse d'être protégée?
Duo réfléchit quelques secondes.
-Une hommasse, répondit-il finalement, concédant le point.
Wufei fit la grimace brièvement, pensant visiblement à quelque
chose, puis se ressaisit. Duo décida de ne pas demander ce à quoi
il pensait.
-Oui bon bref, donc un homme peut aimer une femme parce qu'elle l'oppose et
le complète.
-On peut se compléter sans s'opposer en tout.
-Rhâlâlâ, tu tournes encore ça en un débat
philosophique, Wufei! Ca m'aide pas vraiment tu sais. J'aimerais mieux des exemples
concrets.
-Certains hommes aiment savoir que leur femme dépend d'eux pour leur
protection, et se sentent plus fort quand ils peuvent protéger quelqu'un
de faible, répondit Heero. Moi je me sens plus fort quand je sais que
Wufei ne me refusera jamais le droit de gagner ou de perdre mes propres batailles,
qu'il comprend et respecte mon envie de ne pas être traité comme
un soumis mais comme un égal, mais que pourtant il sera là pour
m'affronter, m'aiguiser comme une lame, pour que je sois plus fort, pour que
je puisse vaincre mes ennemis. Et pourtant si je suis submergé, il gardera
mon dos comme je garderai le sien.
-En gros vous êtes ensemble parce que vous êtes égaux? Demanda
Duo, confus; personnellement il avait du mal à comprendre en quoi un
noble philosophant tout ce qui bougeait et un petit paysan brutal et vulgaire
pouvaient être égaux.
Ca devait se voir sur son visage, parce que Wufei prit sur lui de lui expliquer.
-Nous sommes des guerriers tous les deux, et pour nous c'est beaucoup plus
qu'une simple profession; c'est un art de vivre. Etre avec une femme ne ferait
que nous émousser.
Duo devait admettre que vu comme ça, tout ça paraissait très
logique. Enfin bon, c'était de la logique asiatique, c'est-à-dire
allant à contresens de tous ses instincts.
-Heero est un guerrier?
-Je suis fils de samourai, grogna le petit brun en lui jetant un regard mauvais.
J'ai tenu mon premier sabre à cinq ans.
L'Anglais dévisagea le petit brun débraillé pendant quelques
secondes. Ca le changeait de ceux en armure qu'il avait vus à la cour
de Quinze.
-T'as pas l'air du genre de samourai que je connais.
-Premièrement, tous les samourai ne sont pas riche, deuxièmement...
je suis un rônin, admit Heero avec mauvaise grâce.
-C'est quoi un rônin?
-Un samourai sans maître, répondit Wufei calmement.
-Ah bon, je croyais que Wufei...
-Nous n'avons pas ce genre de hiérarchie entre nous.
Pensif, Duo se tut. D'après de qu'il avait observé, ils n'avaient
pas de hiérarchie du tout entre eux. Heero déférait à
Wufei pour les questions de politesse et l'expérience supplémentaire
que lui donnait son âge, mais ce n'était pas qu'il lui reconnaissait
une supériorité réelle; juste que c'était un domaine
qui n'entrait pas dans ses compétences personnelles.
Ils compensaient en certains points pour les déficiences de l'autre,
et se renforçaient mutuellement en d'autres.
Comme un couple normal, quoi.
-Etes-vous déjà tombé amoureux?
Surpris par la question, Duo cligna des yeux. Il y avait bien eu cette servante
qu'il avait beaucoup aimée, mais... et puis cette princesse avec qui
il flirtait sans cesse... mais... non. Il les avait laissées derrière
toutes les deux sans remords en quittant l'Angleterre. C'était la première
fois qu'il pensait à elles, et d'ailleurs il n'en préférait
aucune.
-... non, jamais.
-Dans ce cas, nous pouvons le justifier, mais pas vous le faire comprendre.
Ca ne s'explique pas. C'est, ou ça n'est pas.
-En gros, vous ne pouvez pas me dire pourquoi, juste pourquoi pas.
Une autre fois il s'abîma dans ses contemplations.
Pareil que pour un homme et une femme, vraiment. Il y avait des gens qui avaient
l'air faits l'un pour l'autre et qui ne s'aimaient pas vraiment et d'autres
qui s'aimaient et pourtant ne pouvaient que se rendre malheureux. Il n'y avait
pas de vraie raison imparable, pas de loi immuable; c'était là
ou pas.
Il releva les yeux, leur jeta un petit sourire.
-Je crois que je comprends. Un peu.
-Avez-vous d'autres questions? Lui demanda Wufei d'un ton satisfait.
Une lui vint à l'esprit, le faisant rougir; Heero lui jeta un petit
sourire sarcastique et suggestif.
-Comment on fait au lit? C'est simple...
-Heero, l'avertit Wufei. Je ne pense pas qu'il veuille ce genre de détails.
Duo fit la moue, le visage écarlate.
-J'ai déjà une petite idée, de toute manière. Y
a quelques chansons paillardes sur le sujet...
Quoique, il ne voyait vraiment pas comment ça pouvait être agréable,
mais ça, ça n'était vraiment pas son problème.
Bon, maintenant il fallait changer le sujet avant que Heero ne décide
de l'éclairer quand même.
-En fait, si ça vous dérange pas, je voudrais bien savoir comment
vous vous êtes rencontrés? Demanda-t-il.
Les deux Asiatiques échangèrent un regard sombre.
-Je l'ai repêché dans la rivière, répondit Wufei
sobrement.
Surpris de leurs expressions, Duo fronça les sourcils, essayant de comprendre.
-Il faisait quoi?
-Je me noyais, répliqua Heero, le visage sans expression.
-... Oh.
Embarrassé d'avoir posé une question qui évoquait visiblement
de mauvais souvenirs, Duo se mordit la lèvre. C'était ce qui s'appelait
mettre les pieds dans le plat.
Toujours aussi impassible, Heero laissa son regard dériver vers la rivière.
-Duo, l'informa-t-il calmement, ton cheval est en train de brouter nos herbes
médicinales.
L'Anglais se redressa d'un bond et se jeta vers l'autre rive.
-Aaaahh! Désolé!! Daisy, arrête ça tout de suite!!
Il fallut l'intervention d'Ichiro pour que la jument daigne quitter le petit
jardin.
oOo
Les dragons étaient de plus en plus familiers. Duo ne pouvait pas mettre
les pieds dans l'eau sans qu'ils ne viennent jouer avec lui, ou simplement s'approcher.
Duo avait décidé de qualifier Ichiro de 'plus jeune' que Fei Long,
rapport non seulement à sa taille, mais à son caractère
de chien fou. Le dragon vert plongeait, ressortait, se secouait comme un chien
avant d'aller traverser la cascade et réapparaître dans le lac,
il fonçait sur Wufei ou Fei Long, plus rarement Duo après que
le Chinois lui ai fait la remontrance, changeait de direction au dernier moment,
ou allait enquiquiner son compagnon jusqu'à ce que celui-ci quitte sa
méditation profonde et accepte de jouer ou de s'accoupler.
Fei Long était, comparativement, beaucoup plus calme. Certes, ça
lui arrivait aussi de plonger bruyamment, éclaboussant tout le monde
au passage, ou de monter des embuscades à son jeune compagnon, mais la
plupart du temps, le dragon blanc se contentait de flotter paresseusement à
la surface du lac.
Malgré ça, Duo préférait jouer avec Ichiro. Le
jeune dragon (est-ce qu'on disait dragonnet ou dragonneau?) était plus
agité, mais nettement moins impressionnant que Fei Long.
Duo avait vu le dragon blanc se battre un jour contre un sanglier. Pas les
animaux sombres de la taille d'un veau que Duo avait souvent chassé avec
son Roi, mais une immense bête, plus haute qu'un cheval, aux poils noirs
et aux impressionnantes défenses d'ivoire jaunie. Duo n'avait pas pu
assister au duel en entier, car à peine le sanglier avait surgis sur
la rive qu'Ichiro avait saisi l'Anglais par les bras et s'était envolé
en direction de la cabane, ou Heero l'avait accueilli. Mais l'Anglais avait
eu le temps de voir le dragon se hérisser, ses écailles pointant
dans tout les sens, les crocs au clair, puis se ruer sur le sanglier, ses crocs
se plantant dans le dos épais de l'animal.
Trois jours plus tard, Duo retrouva l'immense carcasse pourrissant à
une bonne cinquantaine de mètres de l'abri.
-Ew, quelle horreur...
-Je suis d'accord, grommela Heero, pressant la manche de son yukata sur son
nez.
-Pourquoi Fei Long ne l'a pas mangé? Vu la taille du bestiau, il en
aurait eu pour au moins une semaine...
-Fei ne mange pas de viande, répondit Heero, saisissant le poignet de
Duo pour l'entraîner loin de la carcasse.
-Ah? Il mange quoi alors? Des sushis? S'amusa Duo.
-Oui.
Un moment, Duo se demanda si le Japonais se fichait de lui. Il n'arrivait jamais
à déterminer quand est-ce que les deux Asiatiques étaient
sérieux ou pas.
-En fait non, reprit Heero, il ne prend pas la peine de cuisiner. Il avale
le poisson tout cru.
-Erk.
-Mais c'est bon, protesta Heero.
-C'est bon cuit avec une sauce, rétorqua Duo et si je savais cuisiner,
je te convertirais aussi sec à la bouffe Anglaise.
Le Japonais prit l'air dubitatif mais ne commenta pas.
oOo
Quand Heero commit l'erreur de lui proposer de s'entraîner ensemble,
le petit brun dut se rendre compte que, malgré les siècles d'expériences
supplémentaire des arts martiaux Asiatiques sur les arts martiaux Européens
et sa propre souplesse et rapidité, il avait un petit mais significatif
désavantage contre Duo.
L'Anglais pesait quinze kilos de plus et était une brute.
-Aloooors? Qui est-ce qui a gagné? Articule haut et fort surtout, fit
Duo, pesant de tout son poids sur le petit Japonais.
-Fascinant, déclara Wufei, qui avait observé le combat, assis
sur la véranda de la cabane. C'est la première fois que je vois
Heero se faire battre aussi vite.
-Ce n'était pas loyal et honorable, grommela l'adolescent, essayant
de lutter contre la prise de Duo.
-C'est pas un art du combat, c'est un art de survie, déclara Duo, ça
m'a sorti du pétrin plus de fois que je peux le compter et c'est ça
qui importe.
Heero ronchonna.
-Et j'ai toujours pas entendu ta réponse gamin, qui a gagné?
-Heureusement que je sais que ce n'est pas ce dont ça a l'air, sinon
je pourrais me sentir jaloux, commenta Wufei tranquillement.
Duo glapit et relâcha Heero brutalement.
-C'est Wufei qui a gagné, ricana celui-ci en se relevant d'un bond.
Duo aurait juré que le Japonais se vengeait le soir même en proposant
pour le repas un grand plat de sashimi.
oOo
Le lendemain ce fut Wufei qui se proposa pour l'affronter. Et ce fut Duo qui
mordit la poussière.
-Comment ça se fait? Grommela l'Anglais en essayant de se relever.
-Je ne pratique pas le même art martial que Heero, expliqua Wufei, se
tenant toujours calmement assis, les mains serrées devant lui. Je retourne
la force de mon adversaire contre lui. Plus il est fort, plus je suis fort.
Un grand sourire commença à étirer les lèvres de
Duo et l'Européen tourna la tête vers le Chinois, lui jetant un
regard malicieux.
-Tu m'apprends?
-Après manger, accepta Wufei.
Heero montra qu'il n'était pas jaloux de l'attention que son amant apportait
à l'Anglais ni du fait qu'il était privé d'adversaire en
leur préparant avec amour des anguilles grillées qu'il avait,
en gage de fraîcheur, décapitées juste devant Duo.
oOo
Et la vie continua.
Manger du poisson.
Gratouiller Daisy et les dragons tout en ayant des conversations métaphysiques
ou ordurières avec les humains.
Manger du poisson.
Ordonner à Heero de s'habiller décemment pour changer.
Manger du poisson.
Se faire latter au go par Wufei.
Manger du poisson.
S'entraîner.
Manger du poisson.
Et ce qui devait arriver arriva.
-Y'EN A MARRE DU POISSON!!
[Où l'on contemple la métaphysique...] [Où l'on en a marre du poisson]