Heureusement qu'Ashram l'avait prévenue d'avance que son frère
et lui étaient jumeaux, parce que le moins qu'on pouvait dire c'était
qu'elle risquait pas de le deviner toute seule.
D'abord, Uriel était un ange.
Un VRAI ange, avec les plumes et tout. D'apparence générale calme,
pensive, agréable; pas très grand, mince, presque pas musclé,
plutôt androgyne. Ses yeux aux pupilles rondes étaient d'un gris
aussi argenté que ceux d'Ashram étaient dorés, et ses cheveux
mi-longs, coupés au dessus des épaules, étaient d'une jolie
teinte bleue presque blanche qui hésitait entre le ciel et le pastel.
Mignon, gentil, calme et inoffensif. Tout le contraire de son frère,
quoi!!
Quand ils finirent par le trouver, il était assis sur la margelle d'un
puits et faisait un pansement à un vieux démon aux ailes atrophiées
qui s'était ouvert le bras. Soudain, il sentit leur présence parmi
la foule bigarrée et se retourna, congédiant gentiment le vieux
qui se confondit en remerciements. Ses yeux croisèrent ceux de son frère,
et il les regarda approcher de lui d'un air qui était étonné,
certes, mais pas franchement stupéfait. Alizea se demanda un moment s'il
avait reconnu son frère, et s'il n'était pas plutôt, elle
ne savait pourquoi, étonné par elle. Mais il les regarda approcher,
impassible, puis se leva et tendit la main à son jumeau.
-Salut, mon frère. Tu as réussi à te libérer, finalement?
J'avais senti que tu n'allais plus tarder.
Ashram écarta la main tendue d'une claque, soudain en colère.
-Ouais, je suis libre, et c'est pas grâce à toi!!! gronda-t-il
d'un ton venimeux. T'aurais pu venir me chercher, enfoiré!! Tu l'as hérité,
toi, le pouvoir d'ouvrir les pentacles!!! Pourquoi tu m'as laissé pourrir?
Si Ashram ne lui avait pas dit un peu plus tôt qu'il avait hâte
de revoir sa famille, elle ne l'aurait pas cru. Quoique
Il avait seulement
dit qu'il avait hâte, c'était elle qui avait interprété
ça comme l'aveu qu'ils lui manquaient
Apparemment, il était
surtout pressé de pouvoir se venger
Ashram leva le poing sur son frère, prêt à l'abattre. Mais
Uriel ne fit même pas un geste pour se protéger.
-Du calme, grand frère
Je n'y pouvais rien
dit-il d'une voix
douce et apaisante. Les Archanges ont placé des sorts sur les pentacles,
qui les préviennent de leur ouverture, quand bien même on trouverait
un cercle dont le sort n'a pas été renforcé. Et ils ont
recensé chaque Mage blanc qui posséderait ce pouvoir en dose suffisante.
Et la punition est la déchéance pure et simple et la privation
de tous ses pouvoirs à jamais pour quiconque transgresserait cet interdit.
Et puis, je ne savais pas où tu étais. La Terre des Humains est
aussi vaste que la notre
-Ca va, ça va
En gros t'as eu la flemme
-Non, c'est maman qui me l'a interdit. Elle disait que tant qu'on sentait que
tu allais bien, ce n'était pas la peine de risquer de me perdre aussi.
-Du favoritisme pur et simple.
-Ashram!!! cria l'ange, blessé, exprimant pour la première fois
une émotion violente. Tu n'as pas le droit de dire ça!!!
-Non, c'est vrai
répondit Ashram d'un ton las. Excuse-moi, je me
suis pas mal emmerdé dans ce trou
Uriel soupira puis accepta ses excuses.
- J'imagine
Je rêvais de toi, des fois, tu sais
Je voyais
par tes yeux
- T'as vu? Pas grand-chose à faire dans les Limbes.
-Tu auras peut-être des ennuis, quand on saura que tu reviens du monde
des humains
Surtout avec la jeune fille qui t'accompagne
Il lança un doux sourire à Alizea.
-Ce n'est pas un reproche que je vous fait, de l'avoir accompagné, mademoiselle,
mais
Ici, on n' pas vu d'humains depuis deux mille ans, et beaucoup de
ceux qui y étaient leur en veulent encore d'avoir dû s'exiler
- C'est pas volontairement que je l'ai suivi, répondit Alizea avec un
petit haussement d'épaule, pour qu'il ne se méprenne pas sur la
relation entre son frère et elle. J'ai mis trop de puissance dans le
sort et je suis partie avec, c'est tout
Je n'avais jamais utilisé
un tel sort avant.
L'ange aux cheveux bleus la dévisagea en relevant les sourcils assez
haut pour qu'ils disparaissent sous sa frange.
-Vous l'avez ouvert assez vite pour ne pas esquiver? Votre pouvoir doit être
grand
-Elle est presque de ton niveau, Uriel
trancha Ashram. Et ça fait
seulement un mois qu'elle a commencé la magie. Bon, fini de discuter,
emmène-moi à la nouvelle maison, j'ai faim.
Quelques instants plus tard, ils étaient au bout d'un petit sentier
qui escaladait la falaise surplombant la ville. Le sentier s'arrêtait
au bord du précipice. Ouvrant les ailes, Uriel s'approcha du bord et
sauta, se laissant descendre en vol plané. Ashram allait l'imiter quand
il se rappela que les ailes d'Alizea auraient été trop petites
même si elle avait pu les sortir à volonté. Il s'approcha
d'elle et la cala à califourchon sur sa hanche, puis sauta à la
suite de son frère, sans tenir compte de sa crispation de peur.
On ne voyait pas la corniche qui était l'entrée de la maison avant
d'être à sa hauteur, ou presque. Il y avait devant la porte une
terrasse naturelle d'une demi-douzaine de mètres carrés. Une partie
de la falaise surplombait cette terrasse. Autour de la porte, des colonnes du
genre grec. Dans toute la falaise, sur une vingtaine de mètres autour
de l'entrée, il y avait des fenêtre percées. C'était
une maison troglodyte.
Ashram siffla entre ses dents comme ils se posaient sur la terrasse.
-Wow!! Papa a fait fortune ou quoi? C'est vraiment cette baraque?
-On va dire qu'elle lui a été léguée au combat
répondit l'ange avec bonne humeur.
Soudain, Ashram se tut. Une jeune femme venait de surgir par la porte. C'était
une ange
Non, pas vraiment. Elle avait des dents pointues, les grands
yeux argentés d'Uriel, mais ses pupilles fendues étaient celles
d'Ashram. De même pour ses traits, ils mélangeaient ceux des jumeaux.
Elle était d'un roux flamboyant, aux longs cheveux bouclés. Ses
ailes
C'étaient des ailes blanches d'ange. Mais les tiges des plumes
étaient noires. Des lames en jaillissaient à l'équivalent
du coude. Et elle avait une queue de démon, qu'Alizea n'avait pas vue
tout de suite car elle était cachée sous sa robe.
Elle se précipita vers Ashram et l'étreignit passionnément.
-Tu n'as rien, mon fils adoré?! Oh, mon chéri
Tu n'es pas
blessé? Malade? Affaibli?
-Euh
Non
fit Ashram d'un air abasourdi.
Il n'avait pas l'air de se souvenir que sa mère avait l'habitude de lui
prodiguer de telles marques d'attention.
La mère d'Ashram se retourna, et s'adressa à quelqu'un dans l'entrée,
qu'Alizea ne distinguait pas très bien car il était caché
dans l'ombre.
-Il n'a rien, mon amour!!
-Alors je peux le remercier de son "absence?!"
Et sans attendre la réponse, il se rua à l'extérieur et
se jeta sur Ashram, lequel, sentant venir l'assaut, s'était prudemment
écarté de sa mère et d'Alizea. Le choc fut énorme.
Mais Ashram, qui l'attendait, réussit avec plus ou moins de bonheur à
l'amortir. Il rendit son coup à l'autre, qui esquiva sans difficulté
Ensuite, tout se passa trop vite pour qu'Alizea puisse dire autre chose que
'Ashram semblait se prendre une raclée'.
Uriel prit Alizea par le coude et l'entraîna vers la porte, sans plus
se soucier des combattants.
-Tous pareils, ces démons, pas fichus de régler leurs problèmes
autrement que par la violence
Pauvre Ashram, il ne méritait pas
de se faire jeter à peine rentré
Papa va lui coller une
de ces raclées
Avant qu'Uriel ne la fasse entrer, elle se retourna pour apercevoir le père.
Tout ce qu'elle vit distinctement de lui, ce furent ses longs cheveux d'un noir
bleuté et ses étranges ailes: bâties comme celles d'un démon,
avec des doigts, mais couvertes de plumes brun cuivré à la place
du cuir.
Ils se battaient sauvagement, et pas du tout de manière à ne laisser
que quelques bleus. En fait, ils semblaient vouloir s'étriper mutuellement.
-Ils ne vont pas
Se blesser? Ton père a l'air de vouloir le tuer!
- S'il avait voulu tuer, Ash serait déjà mort. Mon frère
n'est pas de taille à lutter contre le terrible mercenaire Killian le
Sans Pitié! Non, il va juste lui flanquer une raclée monstrueuse
pour avoir fait une petite escapade et s'être fait prendre comme un imbécile
Deux mille ans d'absence, c'est pas mal quand même pour une simple fugue.
Encore heureux que le lien entre nous ait été là pour nous
rassurer sur son sort
Bah!! Disons qu'il aura du mal à s'asseoir
pendant quelques jours
Et il l'entraîna à l'intérieur sans plus s'occuper de son
frère.
Uriel avait raison :Ashram eut quelques difficultés à se déplacer
les jours suivants. Quand à son père, il n'avait pas même
une marque.
Ashriel, la mère des jumeaux, avait tout de suite adopté Alizea.
Elle était très jeune mentalement autant qu'au physique, et elles
étaient devenues vraiment copines. Quand à Killian, il était
agréable avec elle, bien qu'elle ne puisse s'empêcher de se sentir
mal à l'aise en sa présence. Bien que fort sympathique au demeurant,
il avait une détermination, une froideur dans le regard que son fils
n'arborait que très rarement.
Ce qui avait le plus étonné le métis, c'était bien
qu'ils étaient dans le monde magique depuis presque deux jours et qu'elle
était toujours vierge. Il traita son fils de honte pour tous les démons
de la famille, mais quand il suggéra de le faire à sa place, sa
femme lui signifia, avec un grand sourire, mais sans erreur possible, qu'elle
n'était pas tout à fait d'accord. Et il lui obéit très
vite, ce qui suggérait qu'il aimait vraiment sa femme ou qu'elle avait
des arguments "frappants."
Ce à quoi Uriel, à qui elle avait posé la question, éclata
de rire et répondit: "les deux!!"
Une semaine plus tard, Alizea habitait toujours chez Ashram. Ashriel et Uriel
l'avaient adoptée définitivement, ils avaient un sens de l'hospitalité
à toute épreuve, sa mère était de plus en plus une
vraie amie et Uriel connaissait en magie blanche des sorts dont son grimoire
ne contenant que de pâles répliques
On lui avait même
donné une chambre, assez grande
(Plus que la sienne chez son oncle
en tout cas.)Elle était meublée d'un lit deux places avec un dais
de voilages transparents, qui lui faisait rêver de princesses la nuit,
et il y avait une large fenêtre taillée à même le
roc, dans laquelle elle avait la place de s'asseoir, et qui donnait une vue
magnifique sur les forêts et la ville en contrebas. L'atmosphère
pure et non polluée était un délice, et les dédales
ocre et rouge de la cité auraient fait le bonheur de nombreux peintres
Alizea avait l'impression de se retrouver transportée au Moyen Age.
Sauf qu'au Moyen Age, il n'y avait pas de griffons qui nichaient à quelques
mètres en dessous des fenêtres. Et que les gens se déplaçaient
à pied ou à cheval, pas à ailes ou à Wyvernes.
Et la maison d'Ashram était vraiment merveilleuse
Elle comprenait
mieux pourquoi il avait demandé si son père avait fait fortune.
La maison était non seulement grande, elle était bâtie autour
d'un patio naturel, un espèce de puits très large qui menait jusqu'en
haut de la falaise. Il était impossible d'y pénétrer autrement
qu'en volant, ce qui ajoutait une garantie de sécurité pour la
famille. Le style était plutôt gréco-romain, mais avec des
motifs originaux. Les pièces étaient grandes, hautes de plafond,
décorées de bibelots d'origines extrêmement diverses
Rien que la salle de bains méritait une attention soutenue. Elle était
grande, éclairée par trois flambeaux qui envoyaient des reflets
dansants sur les murs de pierre grossiers aux veines de quartz, sur le sol dallé
de marbre noir, sur l'eau
En effet, ce n'était pas une baignoire,
mais deux bassins reliés, un petit pour se laver et un grand, format
piscine de jardin, assez profond, avec des marches qui descendaient dans l'eau.
L'eau chaude tombait en petite cascade dans le petit bassin
La pièce
était assez imposante et ressemblait un peu à des Thermes, un
bain public romain.
Alizea sortit de sa contemplation de la salle de bains et entreprit de se déshabiller,
puis elle se glissa dans le petit bassin. Elle se savonna vigoureusement, puis,
une fois rincée, se laissa aller dans l'eau chaude, rêvassant,
à demi endormie par le glouglou de la cascade.
Ce fut le bruit de la lourde porte s'ouvrant en grinçant qui la réveilla,
perçant le barrage sonore que faisait la cascade. Elle se retourna, flottant
dans l'eau peu profonde.
Ashram se tenait accroupi sur le rebord du bassin, vêtu en tout et pour
tout d'une serviette de bain, sous sa forme de demi-démon (sans les ailes
ni la queue, ni les cornes, mais les oreilles, les yeux, les dents et les cheveux
comme d'habitude
). Il la regardait d'un air pensif et presque rêveur.
Il se leva, se dirigeant vers les marches. En les atteignant, il laissa tomber
sa serviette puis descendit lentement dans l'eau, regardant toujours Alizea,
qui, troublée, n'osait plus bouger. Elle ne pouvait que le regarder nager
vers elle, puis s'accouder au rebord du petit bassin. Il la fixait toujours,
sans sourire.
Il grimpa soudain sur le rebord, puis se laissa glisser à côté
d'elle. Ca la réveilla brusquement. Elle commença à s'éloigner
de lui, effrayée. Cette fois, sans même un vêtement pour
le freiner
Alizea ne put aller bien loin. Il l'attrapa à bras le corps alors qu'elle
essayait de passer par-dessus le rebord, la força doucement à
s'immerger jusqu'au cou, contre lui
Soudain, comme un éclair, une pensée la traversa. Elle était
nue, lui aussi
Elle sentit son corps contre le sien, qui la frôlait
sous l'eau. Elle était dans ses bras
Plus rien à faire.
Prisonnière.
Elle refusa d'accepter ce qu'elle voyait soudain comme une défaite. Alors
qu'il croyait qu'elle ne réagirait plus et commençait à
la cambrer en arrière pour pouvoir l'embrasser, elle plongea brusquement,
échappant à ses bras d'une torsion de tout le corps, puis fonça
le plus vite qu'elle put vers le rebord, et le passa d'une glissade. Elle plongea
dans l'autre bassin, suivie de près par le démon. Comme il essayait
de la retenir alors qu'elle grimpait sur le sol, elle saisit ce qu'elle put,
en l'occurrence son jeans, et le lui flanqua sur la figure. Elle profita de
sa surprise pour grimper sur le rebord et s'éloigner du bassin.
-Eh, pas la peine de t'énerver!! Pourquoi tu me repousses comme ça
tout le temps?! J'vais finir par croire que t'es lesbienne
-Crétin!!
Alizea commença à passer son t-shirt en vitesse, les joues écarlates,
car Ashram, qui était resté dans l'eau, ne perdait pas une miette
du spectacle qu'elle lui offrait en s'habillant devant lui; mais malheureusement,
elle n'avait pas le choix.
-Sérieusement, Liza, pourquoi? J'te plais bien, j'le sais
T'as
peur? C'est con, faudra bien qu't'en passes par là un jour ou l'autre
lui demanda-t-il, très sérieux.
Elle ne voulait pas l'écouter, et continua à s'habiller en vitesse,
malgré sa peau encore trempée qui la gênait pour passer
ses vêtements. Mais elle n'avait pas l'intention de rester nue avec lui
en attendant d'être sèche.
-Et pour passer le cercle, comment je ferai, alors, si je suis plus vierge?!
-Pff! Ridicule! T'en as pas vraiment besoin, si t'apprends à maîtriser
tes pouvoirs, objecta-t-il en sortant de l'eau à son tour.
Et il se planta devant elle, les poings sur les hanches, toujours nu. Il avait
un corps magnifique
Alizea l'admira, incapable de faire autre chose, mis
à part rougir. Beau et effrayant. Elle ne savait plus à quelle
impulsion céder, fuir ou l'embrasser?
-Et pourquoi au juste tu veux tant repartir?
C'était vrai, pourquoi?
-Pour ton enfoiré d'oncle? Pour tes salopes de copines de classe?! Pour
ton monde pollué, tes études à la con, ta vie de merde?!!
Il cria ces derniers mots. Puis, s'avançant vers elle, il lui tendit
la main.
-Reste, Alizea, reste
Tu seras bien dans ce monde
Tu pourras rencontrer
des gens qui comprennent ta magie, tu t'feras des amis, t'as de quoi vivre comme
une reine avec le pouvoir que t'as, t'auras de l'imprévu tous les jours,
ce sera pas mieux que de devoir passer chaque jour huit heures sur des études
débiles sans pouvoir être sûre que tu te décrocheras
un boulot avec lequel tu t'feras chier toute ta vie? Réponds, ça
serait pas mieux?
-Je
Je sais pas, répondit-elle, la voix tremblante. Je ne vais
pas abandonner mon monde
?
-Pour ce que ton monde a fait pour toi, il ne mérite pas que tu y tiennes!!
T'es si bien que ça, là-bas? De toute façon
A qui
tu manqueras si tu restes? Reste
Et il se pencha sur elle pour l'embrasser, sûr de son accord. Mais sa
résistance farouche à ses approches avait été affaiblie
par ses questions, pas vaincue. Elle le repoussa violemment, en criant, soudain
furieuse:
-Tu veux que je reste uniquement pour pouvoir me sauter! Au fond, ce que je
ferai ensuite, t'en as rien à foutre!!!
Et tournant les talons, elle s'enfuit de la pièce.
Uriel la retrouva un quart d'heure plus tard dans le patio, cachée
sous la tonnelle, pleurant à gros sanglots. Sans rien dire, il s'assit
à côté d'elle, attendant qu'elle se calme. Au bout de quelques
minutes, elle arriva à stopper un peu ses larmes.
-Tu veux me parler de ce qui ne va pas? demanda-t-il à voix basse, gentiment.
Elle hésita un instant, puis, recommençant malgré elle
à pleurer doucement, elle lui raconta tout ce qui s'était passé
entre elle et Ashram depuis leur rencontre. Il l'écouta avec une attention
soutenue.
-Tu sais, je ne pense pas que tout ce qui l'intéresse en toi est d'ordre
sexuel, comme tu sembles le penser
C'est un démon, rappelle-toi.
S'il ne voulait que ça de toi, il n'aurait pas hésité,
il t'aurait prise, sans se soucier de tes préférences. Et tu n'aurais
rien pu faire pour l'en empêcher. Il est bien trop fort pour toi
Et c'est une belle preuve d'ailleurs, qu'il recule avec si peu de douleur
Tu ne dois pas lui faire très mal en fait. D'un autre côté,
s'il ne s'intéressait pas vraiment à toi, il t'aurait abandonnée
une fois dans notre monde, ou il se serait cherché quelqu'un d'autre
Il n'a pas vraiment de problèmes avec la drague, tu sais
Moi je
pense qu'il s'intéresse vraiment à toi, et pas juste pour ta virginité,
sinon, tu ne l'aurais déjà plus.
Alizea s'essuya les yeux, et d'une voix tremblante, elle lui demanda:
-Tu crois?
-Non, j'en suis sûr!! Tu sais, ça fait plus de dix mille ans que
je suis son frère, je commence vaguement à le connaître!
Encore tremblante d'émotion, elle hésita puis lui rendit son sourire.
Le lendemain, elle accepta de se réconcilier avec Ashram, après une engueulade sanglante. Mais elle éviterait désormais de laisser la porte de la salle de bain et de sa chambre ouvertes, et de rester seule avec lui Elle s'en méfiait quand même beaucoup. Maintenant qu'il n'avait plus de raisons de réfréner ses envies