Kurama ouvrit la porte coulissante du temple de Genkaï d'un mouvement
brusque, la faisant claquer dans son cadre. Yusuke, qui s'amusait à tenir
en équilibre sur deux doigts, en perdit l'équilibre de surprise,
et son postérieur entra rudement en contact avec le tatami, lui arrachant
un grognement de douleur. Kuwabara, assis en tailleur à ses côtés,
se retourna vivement, et regarda fixement le Yohko.
-Ben, Kurama, ça ne va pas ? T'as pas l'air de bonne humeur, dit Yusuke.
-Ouais, ajouta Kuwa, t'as pas l'habitude d'être aussi brutal. Quelque
chose ne va pas ?
Sans répondre tout de suite, Kurama referma la porte derrière
lui, la refaisant claquer, avant de se retourner vers ses amis. Il fronçait
les sourcils, l'air à la fois énervé et soucieux. Genkaï
lui adressa un regard inquisiteur, se levant pour se diriger vers lui. Il prit
une profonde inspiration, se passa les mains dans les cheveux, puis se lança.
- J'ai un petit problème...
Kurama, assis sur le tatami à côté des autres, acheva son
résumé de la situation.
-Eh bien, où est le problème ? demanda Yusuke. On n'a pas de mission,
on n'a rien à faire
Si ça fait plaisir à ta mère
Tu pourrais inviter aussi Keiko et Yukina
La jeune fille des glaces, qui venait de les rejoindre avec le thé, acquiesça,
heureuse.
-Oh, oui ! ! S'il vous plaît Kurama-san, j'en serais si ravie ! s'exclama-t-elle
en battant des mains comme un enfant. Je peux venir ?
-Bien sûr
- Y aura du saké? demanda Genkaï.
- Euh
Malheureusement, non, je ne pense pas que ma mère voudra
me permettre l'alcool.
- Bon, je ne pense pas que je viendrai, alors, excuse-moi
Mais je ne crois
pas que ta mère me connaisse.
- Comme vous voulez, Genkaï-shihan. Le problème
continua le
Yohko, revenant à la question de Yusuke. Tu veux que je te fasse un dessin,
Yusuke ?
-Oh, tu ne nous fais pas confiance ou quoi ? On sait se tenir, et on fera très
attention à ne rien dire à ta mère qui pourrait l'inquiéter.
Bon, c'est d'accord ! Ne fais pas cette tête, tout se passera très
bien, tu verras, on va bien s'amuser !
-Ouais, ajouta Kuwabara, on ne fera pas de bêtises, on ne mettra pas les
pieds sur la table, on ne dira pas de gros mots
Où est donc ce
problème ?
Kurama entortilla une mèche autour de son doigt, encore mal à
l'aise.
-Le problème, c'est que ma mère veut que Hieï vienne aussi.
Un grand fracas de branches brisées retentit dans la cour, suivi du bruit
sourd d'un corps heurtant le sol et d'une bordée de jurons plutôt
- très - grossiers, et assez pittoresques pour le monde des humains (les
humains jurant rarement " par les couilles d'Emma "). Genkaï
ouvrit calmement la porte coulissante, et, sur le côté de la cour,
sous un arbre dont une branche était brisée, ils purent voir Hieï
qui se relevait, s'époussetant, l'air totalement incrédule.
- J'ai mal entendu, interpella-t-il Kurama en s'avançant vers lui, sa
voix basse grondant sourdement. Ta mère veut QUOI ?
-Que tu viennes à ma fête d'anniversaire, soupira Kurama.
-Une fête de quoi ? demanda Hieï en levant un sourcil.
-La fête que les humains font chaque année pour célébrer
la date de leur naissance.
-Une fête
répéta Hieï, l'air surpris et un peu
désemparé.
-Un truc où on se réunit pour s'amuser, manger
- J'avais compris. Je ne viens pas, déclara-t-il d'un ton définitivement
décidé.
-Mais ma mère t'a vu, elle veut que tu viennes, je vais avoir des ennuis
-Je m'en fiche, dit-il sèchement en faisant demi-tour.
-Ne compte plus sur moi pour te soigner après la bataille si tu n'es
même pas capable de me rendre un petit service, déclara Kurama,
sa voix durcie par l'urgence de faire changer le petit démon du feu d'avis
avant qu'il ne fiche le camp.
-Je pourrais demander à Botan
ou à Yukina, répondit
Hieï en jetant un coup d'il à sa sur, mais il s'arrêta
toutefois au milieu de la cour.
-Je transformerai en plantes carnivores tous les arbres sur lesquels tu dormiras,
dit Kurama.
-Des menaces maintenant ? releva Hieï, agacé mais plus surpris que
véritablement en colère.
-Tu ne me laisses pas le choix. Il faut absolument que tu viennes. S'il te plaît
Tu ne veux quand même pas que je te supplie à genoux ?!
-Hn ! Ce serait amusant, mais ça ne me ferait pas changer d'avis.
-Oh, je vous en prie, Hieï-san ! s'exclama Yukina, les mains enlacées
sur sa poitrine en une attitude de prière. Ce sera amusant ! Ce ne serait
pas bien de nous amuser sans vous, vous faites partie du groupe aussi
Je vous en prie, je ne pourrai pas profiter de la fête si je sais que
vous être tout seul dehors
Elle s'avança vers le démon du feu qui la fixait en rougissant,
figé au milieu de la cour, et le saisit par sa cape.
-Je vous en prie
Pour me faire plaisir , demanda-t-elle, un sourire plein
d'espoir sur le visage.
Hieï grommela dans sa barbe, très mal à l'aise, mais sans
oser se dégager. Il tourna les yeux, rougissant quelque peu, incapable
de soutenir plus longtemps le regard de Yukina. Il tira doucement sur le bord
de sa cape pour qu'elle le lâche, puis, s'écartant de quelques
pas, sur un ton rendu furieux par sa défaite, avec un grand geste coléreux,
il dit :
-Très bien, je viendrai ! Mais si quelque chose ou quelqu'un m'ennuie,
ajouta-t-il avec un coup d'il suspicieux en direction du grand rouquin,
je fiche le camp aussitôt !
Kuwabara fronça les sourcils, les yeux écarquillés par
la surprise, stupéfait de ce que sa douce amie ait réussi à
faire plier ce nain hystérique et pyromane sans y laisser la vie - alors
que lui ne pouvait même pas le regarder de travers sans se retrouver à
" profiter " des soins de Kurama. Yusuke dut se mordre les lèvres
pour ne pas rire de la déconfiture du petit démon et de la manière
dont sa sur l'entortillait autour de son petit doigt pour lui faire faire
ses quatre volontés, même si elle ne se rendait probablement pas
compte de l'influence qu'elle avait sur lui. Genkaï se contenta de secouer
la tête, avec un petit sourire amusé au coin des lèvres.
Kurama soupira, soulagé.
-Merci, Hieï. Tu ne le regretteras pas, promis.
-Je regrette déjà, grogna-t-il.
Il se détourna pour partir, mais au dernier moment, Kurama se souvint
de quelque chose, et le rappela.
-Hieï, attends ! Il y a encore un léger petit détail
-Hein ? ronchonna le Youkaï.
-Ma mère ne t'a vu que de loin, et chez les humains, on n'a pas autant
de variété dans les tailles que
-Arrête de tourner autour du pot, déclara sèchement le Koorime
en se plantant face à lui, mains sur les hanches.
-Elle croit que tu as douze ans. Il va falloir que tu te fasses passer pour
un jeune garçon.
-NANI ?!?!! Jamais !! Tu m'entends ?!
-Et il va falloir que tu changes de vêtements, tu n'es pas vraiment à
la mode
-TU BLAGUES ?! PLUTOT CREVER ! ! !
Kuwabara se mordit violemment les joues pour éviter d'éclater
de rire, mais ça ne lui servit pas à grand-chose ; c'était
vraiment trop drôle. La vue du démon du feu, vêtu non plus
de sa cape sombre mais d'une très jolie salopette en jeans, aux jambes
roulées pour s'accorder à sa taille, et d'un t-shirt (tenez-vous
bien) Pikachu, les poings serrés et les mâchoires crispées
à s'en faire péter l'émail, lui donnait l'air non plus
d'un redoutable adversaire sadique et sans pitié - mais d'un sale gosse
faisant un caprice. Yusuke regarda fixement le démon de feu quelques
secondes, puis tourna lentement ses yeux vers Genkaï. Elle s'éclaircissait
la gorge en regardant le sol. Kurama se mordait les lèvres, les joues
rouges à la fois de gêne pour lui et d'envie presque irrésistible
de s'exclamer : " Kawaï ! " -à laquelle il ne résistait
que parce que Hieï avait gardé à portée de main son
inséparable katana.
Kuwabara échangea un regard avec Yusuke, et ils éclatèrent
de rire ensemble, incapables de se retenir. Ils s'étouffaient à
force de s'esclaffer, et plus ils riaient, plus les joues du démon devenait
d'un rouge profond, et plus ses poings se crispaient. Kurama ne put résister
au fou rire général et se mit à pouffer sans pouvoir s'arrêter.
Genkaï suivit d'un petit ricanement sec, puis (goutte d'eau qui fait déborder
le vase pour l'humeur déjà monstrueusement mauvaise de Hieï)
Yukina, entraînée par les autres, gloussa, bien qu'elle fasse vraiment
tous ses efforts pour s'en empêcher. Une fois seulement, mais le mal était
fait.
-Arrêtez ! ! ! hurla Hieï, furieux.
Mais son cri de rage n'eut comme effet que de décupler l'hilarité
des spectateurs.
-Désolé, hoqueta Kurama entre deux gloussements, mais tu es trop
-Trop quoi ? gronda le démon, une menace clairement audible dans sa voix
rageuse.
-Mignon
lâcha Kuwabara, carrément asphyxié.
-Grrrr
rugit le petit démon, ses yeux écarlates fixés
sur le stupide Ningen qui avait eu l'incroyable bêtise de lâcher
le mot.
-Oh oh
souffla Kurama, son envie de rire instantanément disparue
en entendant le grondement que son instinct lui indiquait comme annonciateur
d'ennuis.
L'énergie de Hieï augmentait de façon inquiétante
Soudain, Kuwabara poussa un hurlement et se précipita de toute sa vitesse
vers le petit étang au fond du jardin, où il se jeta les fesses
en premier. Un petit filet de fumée marquait la trajectoire qu'il avait
empruntée, et de la vapeur s'éleva de l'eau en sifflant, tandis
que des bulles d'ébullition commençaient à se former. Hieï
se retourna lentement vers les autres, ses yeux rouge sang flamboyant de rage
et de menace.
-Y en a un autre que ça fait rire ? demanda-t-il d'une voix dangereusement
douce, sa main enveloppée de flammes.
-Moi je trouve que ça vous va bien, dit doucement Yukina en lui souriant
gentiment, le faisant perdre sa maîtrise du feu qui s'éteignit
tout seul. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne vous remarquera pas, vous avez
l'air d'un humain totalement normal. Par contre, les cheveux
- C'est vrai, déclara Kurama d'un ton méditatif en se grattant
le menton. Il faudrait quelque chose
-Je sais, dit Genkaï en partant d'un bond vers le temple.
Elle revint quelques secondes plus tard, et s'avança vers Hieï.
En se plaçant devant lui, elle le cacha à la vue des autres, et
ils ne purent voir ce qu'elle faisait qu'une fois qu'elle se fut écartée.
Le pire, c'est que la casquette lui allait bien. Un parfait, adorable, irrésistible
sale gosse.
-Pffr
pouffa Yusuke.
Le lendemain, quatre heures
-Ding Dong !
- J'y vais Kaasan ! s'exclama Kurama en se dirigeant vers la porte.
Keiko et Yusuke se tenaient sur le seuil. Ils étaient les derniers attendus,
Kuwabara, Yukina et Botan étaient arrivés quelques minutes plus
tôt.
- Konnichi wa ! Entrez, tous les deux, invita Kurama.
-Salut Kura
Shuichi, rectifia vivement le Mazoku sous le regard sombre
du Yohko.
-Evite de gaffer, Yusuke
lui chuchota Kurama d'un ton menaçant,
en lui passant dans le dos une main, apparemment amicale, mais à la pression
rien moins que préventive.
Le Kitsune les précéda jusque dans le salon, où sa mère
servait une assiette de petits gâteaux aux trois autres invités.
-Je vous présente ma mère, Shiori.
-Bonjour, madame, très heureux de vous rencontrer !
Yusuke se tourna vers Kurama et lui donna ce qu'il tenait à la main.
-Tiens, ton cadeau
Désolé, on n'a pas eu le temps de chercher
un truc un peu plus...
-Un rosier
dit Kurama, et il pouffa en même temps que sa mère.
Derrière eux, sur la table du salon, il y avait trois rosiers miniatures.
Yukina, Kuwabara et Botan se mirent à rire aussi. Ils avaient tous eu
la même idée.
-On, ça me va très bien, arigato ! Bon, eh bien
Il est quatre
heures, on pourrait goûter ?
-Le petit garçon n'est pas venu ? demanda Shiori.
Kuwabara et Yusuke pouffèrent dans leur gâteau, postillonnant des
miettes un peu partout.. Kurama leur jeta un regard mauvais.
-Je ne pense pas qu'il pourra venir, je ne sais pas
Shiori soupira, déçue, et se dirigea vers la cuisine pour aller
vérifier où en étaient ses gâteaux. A ce moment,
la sonnerie retentit.
Hieï se tenait sur le pas de la porte, renfrogné
Mais bel
et bien vêtu de la salopette et de la casquette. Il avança lentement,
comme malgré lui, et se planta face à Kurama.
-Je suis venu, déclara-t-il sèchement, sous-entendant par là
que Kurama lui en devait une belle, à présent, et qu'il n'allait
pas lui laisser l'oublier de sitôt.
-Merci
lui dit Kurama, vraiment ravi et stupéfait que Hieï
ait fait cet effort incroyable.
De toutes façons, pensa-t-il, il était toujours prêt à
tout pour aider son ami, alors
Une dette ne changeait pas grand-chose.
A ce moment il aperçut la bosse curieuse qui déformait le devant
de la salopette. Il allait demander ce que c'était quand elle bougea,
et une petite tête au museau pointu, recouverte de poils roux duveteux,
émergea de l'ouverture, une de ses oreilles pliée en arrière
d'une manière irrésistiblement adorable.
-Oooh ! s'exclamèrent en chur les trois filles. Kawaïï
! !
Hieï extirpa la boule de poils de sa salopette par la peau du cou, et la
tendit à Kurama.
-Cadeau, grogna-t-il avec un petit reniflement qui montrait qu'il était
heureux de s'en débarrasser.
-Mais, c'est un renardeau ? ! s'exclama Kurama, stupéfait, quand il l'eut
vu en entier. Tu l'as trouvé où ?
-J'l'ai pas trouvé, j'suis passé à côté.
-Quelle différence ? demanda Kuwabara.
Hieï lui jeta un regard mauvais, déposa la boule de poils au sol,
et fit mine de s'éloigner.
Gnap !
Le renardeau s'était dandiné vers lui de toute la vitesse dont
étaient capables ses petites pattes mal coordonnées et l'avait
agrippé par le bas de sa salopette, plantant ses crocs dedans. Hieï
tenta d'avancer, mais le renardeau ne le lâchait pas, se laissant traîner.
Il poussait de petits gémissements, mi-jeu, mi-peur d'être abandonné.
- C'était moins fatiguant de le porter que de le traîner comme
un boulet.
- C'est gentil, Hieï, déclara vivement Kurama pour étouffer
les envies de rire de Kuwa, mais
Je ne sais pas si je peux le garder
Et sa mère alors ?
-Morte. J'croyais que t'aimais les renards
ajouta le démon du feu
avec un reniflement moqueur et plein de sous-entendus.
Kurama accepta donc le renardeau, mais il en fut vite délesté
par Keiko, qui tenait absolument à câliner un peu (beaucoup) cette
adorable peluche gigotant.
De l'humble avis de Kurama, Hieï lui avait " offert " ce renardeau
pour une seule raison : se débarrasser de lui. Mais le fait qu'il ne
l'ait pas tué ou l'ait forcé à lâcher prise pour
partir était plutôt étrange
Ca ne cadrait pas avec
le Hieï qu'il connaissait. Est-ce que, finalement, l'habit faisait le moine
? Ou était-ce un côté qu'il dissimulait habituellement,
mais qui existait en lui ? Ou l'influence de sa sur, peut-être
Bizarre, totalement inattendu, mais
Kurama était content. Même
si ce cadeau était un peu empoisonné
Le renardeau était
bien jeune pour être facile à élever.
A ce moment, Shiori sortit de la cuisine. En voyant Hieï, elle eut un grand
sourire et s'avança vers lui vivement. Il lui jeta un regard suspicieux
et recula d'un pas, mais trop tard.
Kurama hoqueta de surprise en voyant sa mère se pencher sur Hieï
pour lui faire la bise, comme aux autres invités. Il ne s'était,
bêtement, pas du tout attendu à ce que sa mère le traite
comme ça, et ne put que prier que l'habit faisait VRAIMENT le moine,
et que Shiori n'allait pas se retrouver incrustée dans le mur.
Le démon de feu se figea, indécis, et prit une jolie couleur écrevisse
ébouillantée en sentant le contact de la mère de Kurama.
Il ne savait pas quoi faire, partagé entre le besoin de s'écarter-
ou de l'écarter elle, et pas en douceur- et la nécessité
de se faire passer pour un garçon normal- et de ne pas mettre Kurama
très très en colère en envoyant balader sa mère
Et peut-être aussi le dérangeait le constat, difficile à
admettre, que ce n'était pas désagréable
Shiori s'écarta légèrement du petit démon, et le
prit par les épaules pour le tourner vers elle, sans noter qu'il se crispait-
son instinct de Youkaï ayant grandi dans un monde extrêmement dangereux
lui interdisait de laisser quelqu'un porter la main sur lui et envahir son espace
vital. Il n'avait pas survécu aussi longtemps seul étant enfant
en se laissant tripoter par le premier venu, après tout. Le moins qu'on
puisse dire, c'est que la situation lui était difficile à gérer
-Alors c'est à ça que tu ressembles
sourit Shiori. Je suis
contente de te rencontrer.
Il lui jeta un coup d'il presque affolé, très mal à
l'aise, et baissa la tête, marmonnant on ne savait quoi dans sa barbe.
Shiori vit qu'il était gêné et, gentiment, elle reporta
son attention ailleurs
Sur la boule de poils que Keiko avait déposée
à terre sur laquelle étaient penchées Botan et Yukina.
-Oh, qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle au " petit garçon ".
-Un chiot, Kaasan, répondit Kurama à la place du démon
du feu, lui arrachant un coup d'il soulagé. Il l'a trouvé
sur la route, il ne peut pas s'en occuper et il veut me le donner
Je peux
le garder ?
-Oui, bien sûr, nous avons un grand jardin
Et il est si mignon !
s'exclama-t-elle en s'agenouillant au-dessus du bébé qui mordillait
affectueusement les doigts de la fille des glaces. Je vais lui faire chauffer
du lait, il a l'air d'être trop jeune pour se nourrir seul
Elle fila à la cuisine, laissant à Kurama le soin de les amener
dans le salon. Le Yohko haussa les épaules et leur fit signe de les suivre.
Ils s'installèrent sur le canapé et les fauteuils, Yusuke à
côté de Keiko, et Kuwabara à côté de Yukina
- Hieï poussa un grognement bas, énervé de le voir coller
sa sur, mais il ne dit rien de plus - il savait qu'il n'avait pas le droit
d'intervenir dans la vie de Yukina sans prétexte et sans lui dire pourquoi
il se mêlait de ses affaires. Il s'assit d'un bond sur la fenêtre
ouverte, derrière le fauteuil de Botan, et se mit à regarder fixement
l'arbre dans le jardin.
Ne sachant trop de quoi parler, les garçons commencèrent sur un
sujet sans risques, l'école. Les filles, pendant ce temps, mettaient
en pratique leur instinct maternel sur la pauvre petite bête, qui essayait
désespérément d'échapper à leurs caresses,
cajoleries, gratouilles, agaceries, etc. .. et poussait de petits gémissements
incessants en se tortillant comme un ver coupé, sans réussir à
se dégager ; à chaque fois qu'il échappait à l'une,
l'autre le rattrapait
Pauvre petite chose, pensa Kurama, compatissant.
Shiori revint quelques minutes plus tard avec un biberon de lait chaud et une
assiette remplie à ras bord de muffins, de brownies et autres petits
gâteaux. Les filles se chamaillèrent quelque temps pour savoir
qui allait nourrir le renardeau, puis Yukina l'emporta. Le bébé
Kitsune poussa encore quelques petits glapissements agacés, puis sentit
le lait et se mit à téter avidement, sa petite queue se balançant
en cadence.
- C'est pas trop tôt, soupira Kuwabara en mordant dans son muffin. Je
me demandais s'il allait se taire un jour
Y a pas, c'est imparable le
biberon !
-Oui, ça avait cet effet aussi sur Shuichi, déclara sa mère
en riant. C'est son biberon, après tout ! Qui sait, il a peut-être
une vertu spéciale !
- Kaasan ! Ne me dis pas que tu as gardé ce biberon !
-Bien sûr que si ! Tu étais si mignon avec
Yusuke riait ouvertement, malgré le regard menaçant de Kurama.
Il lui fit une grimace malicieuse et demanda à sa mère, avec un
grand sourire :
-Mais dites-moi, madame, vous devez bien avoir encore des photos de lui, non
?
-Bien sûr, j'en ai au moins trois volumes
Ca vous intéresse
?
-Oui ! répondirent-ils tous en chur, des sourires jusqu'aux oreilles.
-Non ! cria Kurama, les joues écarlates. Kaasan, s'il te plaît,
pas ça !
-Pourquoi donc ? demanda-t-elle en saisissant dans le buffet un tas d'albums
photos. Tu étais vraiment très mignon !
-Kaasan, non ! J'veux pas ! Il n'est pas question que tu leur montres mes photos
de bébé!
La photo de Kurama à deux ans pataugeant dans la gadoue, constellé
de taches de boue, riant aux éclats, remporta un franc succès,
tout comme celle de lui à sept ans tout barbouillé de confiture,
ou celle, à quatre ans, où il était installé sur
trois bottins sur la chaise du bureau de son père, les lunettes de celui-ci
sur le nez, en train de " lire " le journal; mais la préférée
de toute l'équipe était sans conteste celle où, vers ses
trois ans, il pataugeait tout nu dans la baignoire, en train de faire couler
un canard en plastique dans les profondeurs sans nom du bain moussant, à
l'aide d'un redoutable avion de chasse-porte-savon.
- J'ai hooooonte
-Mais dites-moi, les enfants, demanda la mère de Kurama une fois qu'ils
eurent fini de scruter les photos de son fils, je ne connais pas tous vos noms
je crois ?
Elle se tourna vers la jeune Guide des morts.
-Vous vous appelez Botan, n'est-ce pas ? Un joli nom, original
Il signifie
la pivoine, si je me souviens bien ?
-Haï !
-Yusuke, intervint l'intéressé, ça signifie le fantôme-
quelque chose, mais j'sais pas quoi
Ma mère était bourrée
quand elle m'a baptisé
Oops, dit-il en croisant le regard agacé
de Kurama-- exact, Shiori n'avait pas à savoir que sa mère était
complètement alcoolo.
- Kazuma, c'est
bonne fraîcheur
avoua l'intéressé
avec un sourire gêné, et un petit froncement de sourcils qui prévenait
qu'il prendrait assez mal ne serait-ce que le moindre petit sourire.
Kurama- qui personnellement mettait bien à profit son grand self-control-
crut qu'il rêvait quand il entendit pouffer du côté de Botan.
Il lui jeta un regard suspicieux, mais elle ne disait rien, il avait bien entendu
ce qu'il croyait
Le bruit venait de derrière elle
De Hieï.
Il se mit à ricaner ouvertement, de son air si moqueur qui donnait envie
à n'importe qui de rentrer sous terre.
Kurama aurait préféré apprendre que Hieï avait le
sens de l'humour à un autre moment que devant sa mère et aux dépens
d'un de ses invités les plus colériques. Kuwabara siffla de colère,
prêt à attaquer, mais se retint en surprenant le regard plein de
menaces du Yohko.
-Et toi, c'est pas mieux ! se contenta-t-il de répondre, sa voix pleine
d'agressivité contenue.
- C'est loin d'être pire
ricana le Youkaï. Bonne fraîcheur
Pfrr
- C'est vrai, intervint Shiori, je ne connais même pas ton nom, jeune
homme
-Euh
Hieï.
-Quels Kanji ?
-Ombre et Voler, répondit simplement le Koorime.
Etrange, se dit Kurama, je pensais qu'il ne savait même pas lire. Comment
les connaît-il?
-Joli, décida Shiori après un instant de réflexion ; joli,
très évocateur, mais pas très joyeux
Et ton nom de
famille ?
-Euh
dit Hieï, cherchant frénétiquement un nom à
donner à Shiori.
Il n'avait pas de nom de famille, il n'en avait jamais eu. Même son prénom,
il se l'était donné lui-même, d'après les qualificatifs
que lui lançaient les voleurs avec qui il traînait était
enfant, et ses propres désirs- en effet ils n'avaient pas jugé
utile de le baptiser autrement que " le gamin " (quand ce n'était
pas " le petit emmerdeur " ou " le nain ", ou encore "
l'autre hystérique "
). Et sa mère évidemment
ne lui avait pas donné de nom de famille, d'ailleurs, les femmes des
glaces n'en utilisaient pas
Les femmes des glaces
-Koorime. Hieï Koorime, lâcha Hieï, presque affolé par
l'urgence de combler la brèche avant que Shiori ne commence à
se poser des questions.
Il baissa les yeux, gêné, et ne surprit donc pas le regard stupéfait
que lui lança Yukina
Elle était une Koorime, une femme
des glaces ; Hieï était un démon du feu. Elle avait beau
réfléchir, elle ne comprenait pas pourquoi Hieï avait pensé
à donner sa race à elle pour son nom. Et puis elle, maintenant,
elle allait dire quoi si on le lui demandait? Elle ne pouvait pas dire qu'elle
s'appelait Yukina Kuwabara, quand même, pensa-t-elle en rougissant.
-Et vous Yukina-chan ? demanda Shiori, réalisant sans le savoir la crainte
de la fille des glaces.
-Mon nom signifie la fille des Neiges
dit-elle en souriant, espérant
que la mère de Kurama ne lui en réclamerait pas plus.
-Yukina Koorime, c'est très joli
sourit Shiori.
-Hein ? ! s'exclama Yukina avec confusion. Mais je ne
-Vous n'êtes pas frère et sur ? demanda poliment la mère
de Kurama, légèrement surprise. Vous vous ressemblez tellement
Surtout les yeux.
Les réactions de ceux qui étaient au courant furent remarquablement
synchrones. Yusuke lâcha la tasse de café qu'il tenait, que Kurama
rattrapa au vol uniquement par réflexe, se brûlant la main au passage
sans y prendre garde. Botan s'étouffa avec son gâteau et se mit
à tousser comme une tuberculeuse en phase terminale.
Quand à Hieï, il ne devait qu'au fait d'avoir une jambe calée
de l'autre côté de la fenêtre de n'être pas purement
et simplement tombé comme une masse sur le parquet.
-K'sooo
souffla Yusuke en lançant à Kurama un regard affolé,
que celui-ci ne put que lui rendre.
Quand à Kuwabara, il renifla de dégoût à cette idée-
la femme de sa vie, si mignonne et si douce, apparentée avec ce petit
gnome teigneux et tout ébouriffé, aux yeux brûlant sans
raison de rage permanente... Berk ! ! Keiko se contenta de les regarder l'un
après l'autre, sentant instinctivement qu'il y avait quelque chose qui
lui échappait dans cette affaire.
Yukina jeta un regard indécis au démon de feu. Il n'était
plus à demi tourné vers l'extérieur, l'air indifférent
et ennuyé, il fixait la mère de Kurama d'un il stupéfait,
penché en avant, les mains crispées si fort sur le rebord que
ses phalanges en devenaient blanches. Yukina vit qu'il avait l'air incroyablement
mal à l'aise. Elle se laissa aller à son instinct et répondit
avec un sourire innocent :
- C'est exact, nous sommes frère et sur, dit-elle, espérant
que le démon du feu ne mettrait pas son petit mensonge en l'air. Mon
nom est donc : Fille des Neiges des Femmes des Glaces. Ca fait un peu une répétition.
-Et Hieï est l'Ombre Volante des Femmes des Glaces, ajouta la mère
de Kurama d'un ton pensif et amusé.
L'Ombre Volante poussa un grognement indécis, lui lança un regard
indéchiffrable, puis détourna vivement les yeux, et s'assit en
tournant carrément le dos aux autres. Yukina se demanda pourquoi il était
aussi rouge, et pourquoi il avait l'air aussi atrocement mal à l'aise.
Elle lui semblait si indésirable que ça dans le rôle de
la sur ? C'était dommage, elle, elle aimait bien ce petit démon
têtu
Elle ne savait pas du tout à quoi son vrai frère
ressemblait, et elle l'aimait tel qu'il était même sans le connaître,
mais si elle avait pu choisir, elle aurait volontiers accepté Hieï
Il était si gentil sous son air bourru, au fond
-Ta mère est admirablement perspicace, souffla Yusuke à Kurama.
-Oui, grimaça le Yohko, je me demande si mon influence ne lui a pas fait
développer des dons de médium.
-Je me demande quels secrets vous échangez, tous les deux
intervint
sa mère, le faisant déglutir convulsivement. Bon, je vais chercher
le gâteau.
Shiori retourna vers la cuisine, et au bruit qu'elle fit en reculant sa chaise,
le renardeau qui s'était endormi sur les genoux de Keiko se réveilla,
et se mit à gémir. Kurama lui fut très reconnaissant de
cette diversion bienvenue.
Le renardeau réussit à force de se tortiller à échapper
à Keiko, et glissa sur le parquet. Il se mit à déambuler
dans la pièce, suivi du regard par tout le monde (à défaut
d'un sujet de conversation sans risques
).
Soudain, Botan s'exclama :
-Tiens, et si on lui trouvait un nom ?
Elle se pencha sur le renardeau et essaya de l'attraper. Mais avant qu'elle
ait pu refermer ses mains entièrement sur lui, il se retourna, et lui
lança un vif coup de crocs, de ses petites dents pointues comme des aiguilles.
-Aïe ! !cria-t-elle en reculant vivement la main.
Le renardeau en profita pour se faufiler entre ses jambes et alla se camoufler
sous la table basse. Instantanément, les filles se penchèrent
de tous les côtés pour essayer de le rattraper, mais il se terrait,
effrayé, et il refusa de sortir, malgré les doux appels, murmurés
d'une voix apaisante, lui demandant de sortir, les promesses de câlins,
et les morceaux de chocolat tendus vers lui.
Kurama tenta de décourager les filles de le faire sortir, comprenant
fort bien l'angoisse de la petite bête (eh, il avait eu cet âge,
lui aussi, et s'il avait été coincé étant enfant
par une bande d'humains, il se serait caché tout aussi bien.) . Mais
les filles insistèrent, et Yusuke lança :
- Il faut bien qu'il s'habitue aux êtres humains, ton bestiau, il va devenir
sauvage
Essaye, toi, après tout, il est à toi !
Kurama s'agenouilla près de la table, et lança un coup d'il
vers la boule de poils. Elle était roulée en boule, la queue ramenée
sous le ventre, et elle tremblait. Le Yohko jeta un coup d'il vers la
cuisine, mais sa mère ne faisait pas mine de sortir. Il allait pouvoir
essayer...
Il s'allongea sur le côté pour pouvoir voir le petit, et se mit
à pousser un étrange cri de gorge, un gémissement comme
ceux qu'en poussent les chiens
Et les renards évidemment. Ce cri
signifiait, en gros : N'aie pas peur, je te protège. N'importe quel canidé
pouvait le comprendre, c'était un cri universel, pas besoin d'être
un Yohko. Le sens en était évident.
Pas pour la boule de poils.
Il se recula encore plus, et poussa un gémissement plaintif. Suivi par
beaucoup d'autres. Sa voix perçante et aiguë semblait capable de
briser les vitres, et Kuwabara et Yusuke appuyèrent vivement leurs mains
sur les oreilles avec une grimace de douleur.
-Il pleure sa mère, déclara Kurama en se relevant. Il ne comprend
pas pourquoi elle ne vient pas. Il faut lui laisser le temps de s'habituer,
c'est tout.
-Dis-moi, Hieï, demanda Kuwabara d'un ton soupçonneux, t'es sûr
que sa mère était morte ? Sinon, faut le lui rendre en vitesse,
il est insupportable
-Si elle ne l'était pas, faut qu'elle me donne la recette, répondit
sèchement le démon du feu. Sauf si elle a pas la formule pour
recoller les morceaux. Vivre en pièces détachées ne doit
pas être pratique.
- Eeeerk
T'es dégueu ! s'exclama Kuwa en s'imaginant la scène.
- C'est toi qui m'as demandé, répliqua Hieï avec un reniflement
de mépris.
- Vous êtes très gentil d'avoir pris si bien soin de lui, dit Yukina
d'une voix douce ; le pauvre petit bébé
Hieï se crispa et ses joues devinrent de la même couleur que ses
prunelles.
-Euh
Ben
dit-il en baissant vivement les yeux au sol. C'est juste
que j'arrivais pas à le détacher
C'est tout
- T'as pas pensé à lui casser la mâchoire pour te dégager
? demanda Yusuke, soulevant des protestations de toutes les filles et une tape
de Keiko. Mais Aïeuh ! Ben quoi ? C'est pas un truc que j'ferais, mais
ce s'rait bien du genre de Hieï
Pas vrai ?
- Hn
J'devais amener un truc pour Kurama, déclara le Youkaï
en s'absorbant dans la contemplation des lames du parquet. J'ai pris la première
chose qui m'est tombée sous la main
Il jeta soudain un regard suspicieux à sa jambe qui pendait du rebord
de la fenêtre, puis la releva lentement.
-Ou plutôt, qui s'est agrippée à mon pied, ajouta-t-il d'une
voix grondante en amenant à la vue de tous le petit renardeau suspendu
à son talon.
-Iiiiii
Iiii, gémit le renardeau, les mâchoires crispées
sur la chaussure de Hieï, les pattes à vingt centimètres
du sol.
Le démon du feu ramena son pied devant lui, sur le rebord de la fenêtre,
et détacha difficilement les dents de la petite bête de sa basket.
Le renardeau se retrouva assis assez brusquement sur le large rebord, en face
de Hieï. Celui-ci détourna son regard de la boule de poils et se
tourna vers les autres.
-Botan
dit-il lentement en indiquant le bestiau du pouce, lui signifiant
par là qu'il verrait d'un assez bon il qu'elle l'en débarrasse.
Mais avant que la Guide des Morts ait eu le temps d'obtempérer, le renardeau
se décida à bouger. Il s'approcha encore du Koorime et posa une
patte sur sa cuisse, gémissant pitoyablement. Hieï le regarda, surpris.
Le renardeau referma ses dents sur le bord de sa salopette et tira dessus, piaillant
d'un ton suppliant.
- J'ai une hypothèse, annonça très sérieusement
Kurama au milieu du silence général. Tu es la première
chose qu'il a vu et il t'a " imprimé " en tant que sa mère.
Tu sais, comme les canards
Tout le monde se mit à rire. Le Youkaï lança à Kurama
un regard brûlant qui prédisait une brûlure plus réelle,
énervé comme il était toujours qu'on se moque de lui. Le
Yohko se hâta de rectifier le tir avant de n'avoir plus comme seule option
que d'appeler les pompiers en urgence.
-Non, sans rire, il a dû avoir très peur quand sa mère a
été tuée, et tu es celui qui l'a mis à l'abri
Dans ta salopette. C'est pour ça qu'il veut y retourner. Il te fait confiance,
Hieï, ajouta Kurama après un instant d'hésitation.
C'était une chose bizarre à dire, trouvait-il. Il n'avait pas
pensé mettre un jour ces deux mots dans la même phrase
-Hn ! grogna le démon du feu en fronçant les sourcils.
- Franchement, il a un jugement assez bizarre ! s'exclama Kuwabara, clamant
tout haut ce que tout le monde pensait tout bas, sous des formulations légèrement
différentes. S'il y a quelqu'un avec qui il ne devrait pas être
en confiance, c'est bien Hieï !
-Ta gueule, Haleine Fraîche, lança vivement le démon du
feu. Ningen no baka !!
Il saisit le renardeau par la peau du cou, et, à la surprise des spectateurs,
qui s'attendaient à le voir effectuer un lancer de renardeau à
une distance olympique, le remit dans sa salopette. Puis il leur tourna le dos,
les deux jambes pendant par la fenêtre, prêt à bondir.
Kurama tendit une main en avant, se demandant si le Youkaï avait réellement
l'intention de partir, mais il n'eut pas le temps de faire plus.
-Ca y est, le gâteau est cuit, les enfants ! Asseyez-vous, déclara
Shiori en entrant dans la pièce.
Les invités s'installèrent autour de la table, légèrement
confus de cette interruption. Yusuke profita du moment où ils s'installaient
pour échanger un regard de soulagement avec Kurama.
-Ta mère a un sens du timing à toute épreuve
-Elle a aussi un sens de l'hospitalité assez développé
Tu crois qu'après les petits gâteaux et les muffins, tu as encore
assez faim ? Je te préviens que celui-là n'est pas le dernier
-Encore combien de gâteaux ?
-Connaissant Kaasan
T'auras plus envie de manger pendant trois ou quatre
jours.
- Encore vos messes basses ! Qu'est-ce que vous marmonnez les garçons
?
-Rien m'dame ! s'exclama Yusuke, l'air aussi innocent qu'un agneau qui vient
de naître (mais qui se rappelle un tas de trucs vachement intéressants
de ses vies antérieures).
La mère de Kurama commença à distribuer les parts, mais
elle se tourna soudain vers Hieï qui était resté perché
sur sa fenêtre, toujours aussi crispé.
-Eh bien, tu ne viens pas mon petit? Tu n'aimes pas les gâteaux ?
Hieï lui jeta par-dessus son épaule un regard expectatif, et se
décida à se tourner lentement vers elle et à se laisser
glisser doucement du rebord.
-Tu as l'air bien prudent
-Si j'le réveille, y va me bouffer ma salopette, s'expliqua le Koorime
d'un ton à la fois bourru et timide en montrant à Shiori la petit
bête endormie dans ses vêtements.
-Oooh , que c'est mignon ! s'exclama Shiori en joignant les mains. Je vais chercher
l'appareil, ne bouge pas !
- L'appareil
? demanda Hieï en jetant un regard inquiet à
Kurama.
-Oh, rien de bien méchant, lui assura Kurama en se mordant les joues
pour ne pas exploser de rire.
Kaasan avant raison, Hieï était
Tout simplement adorable.
C'était une image qui méritait cent fois d'être classée
dans les annales, ne serait-ce que pour garder pour la postérité
un moment aussi unique et inattendu
Hieï, adorable
Encore deux autres mots que la bande n'aurait jamais
pensé employer un jour dans la même phrase. Ils le regardaient
tous, figés, essayant désespérément de s'empêcher
de bouger pour ne pas risquer de briser cet instant si exceptionnel.
Kuwabara pouffa.
Quel andouille, il fallait croire que l'autre fois ne lui avait pas servi
de leçon. Yukina poussa un glapissement surpris, puis un cri affolé,
en voyant monter des cheveux de son ami un filet de fumée. Kuwabara leva
les yeux, intrigué, et se releva vivement en sentant la chaleur, bousculant
sa chaise qui bascula en arrière.
-Hyaaa ! Ce malade mental a mis le feu à mes cheveux !
-Bah
Ca sera pas une grande perte, souffla le démon du feu. T'as
vraiment une coupe gerbante.
Yusuke se releva lui aussi et essaya d'éteindre les cheveux de son ami,
mais Kuwabara était totalement affolé, et il se mit à courir
à travers la pièce sans regarder où il allait, cherchant
désespérément une mare où plonger comme il faisait
d'habitude. Yusuke le poursuivit sans réussir à le rattraper.
Botan et Keiko les regardaient courir, dans l'expectative, sans savoir comment
elles pouvaient les aider.
-Mais attends, espèce de crétin !
-Hyaaaa ! répondit Kuwabara en trébuchant sur un tabouret.
Kurama jeta un regard assassin à Hieï. Et voilà, il n'avait
pas pu se retenir ! C'était à attendre
Pourvu que le démon
du feu n'ait pas tout fichu en l'air
Celui-ci leva sur le Yohko de grands
yeux innocents, et lui lança un sourire candide qui le pétrifia
de surprise. Hieï
candide ? Quel comédien, ce type, mine de
rien !
Avant que cet idiot de Kuwabara ait renversé quelque chose, à
courir partout comme un poulet sans tête, Hieï lança négligemment
une jambe en travers de sa trajectoire, et, tout aussi négligemment,
il saisit le pot d'eau sur la table pour le verser sur la tête du rouquin
étalé au sol, qui était en train de se frotter la mâchoire
à l'endroit où elle avait rencontré le parquet. Kuwabara
toussa en respirant l'eau, surpris, et se retourna vers le démon avec
un air furieux.
-Espèce de sale petit nain psychotique
commença-t-il.
Kurama s'interposa vivement, certain que Hieï allait répondre violemment
à cette insulte, mais la seule réponse qu'il eut fut un grand
sourire innocent... Et le lâcher du pot d'eau qu'il tenait encore au-dessus
de la tête du Ningen. (" shboong ! ")
- Tu ne t'es pas fait mal au moins ? Je me demande vraiment comment tu as réussi
à tomber de cette manière
Le pot ne t'a pas blessé
?
La réaction fut unanime.
-Hein ? !
Yusuke ouvrait la bouche pour demander au Youkaï s'il allait bien quand
il entendit Shiori entrer dans la pièce, son appareil à la main.
-Oh ! Mais, que s'est-il passé ? Tu vas bien Kazuma ? demanda-t-elle
en voyant les dégâts.
-Euh
Oui, oui, madame, répondit celui-ci, honteux. Je
J'ai
trébuché et le pot m'est tombé sur la tête.
Tandis que Shiori immortalisait le Youkaï et son renardeau sans que celui-ci
la remarque, Kuwabara se releva, jetant à Hieï un regard assassin
que celui-ci ne lui rendit pas. Le démon du feu se dirigea posément
vers la table et prit place à la seule chaise encore libre, à
côté de Yukina. Il accepta le gâteau que lui tendait la mère
de Kurama avec un petit hochement de tête en remerciement, sous les regards
ébahis de l'assemblée, et commença à manger.
Kurama se gratta le crâne tout en s'installant en face de lui, perplexe.
Hieï avait VRAIMENT un comportement très inhabituel.
-Tu crois qu'il est possédé ? lui chuchota Botan à l'oreille.
- Botaaann
soupira le Yohko en fixant discrètement le petit démon.
-J'dirais bien qu'il a ses ragnagnas, mais d'habitude ça énerve
plus qu'autre chose
Ou alors il est malade. Oui, ça doit être
ça
Le Youkaï surprit le regard que Kurama lui lançait, et lui souffla
par-dessus le gâteau :
-Ben quoi, tu voulais que j'me comporte correctement, non ?
Kurama ne put s'empêcher de cligner plusieurs fois des yeux.
Incroyable.
Hieï faisait des efforts pour se comporter correctement. Etonnant, surprenant,
inconcevable, prodigieux, extraordinaire... etc. Il FAISAIT DES EFFORTS. Des
efforts. Kurama, Yusuke et les autres en étaient, pardonnez-moi l'expression,
sur le cul. Et ils avaient du mal à saisir le sens de la phrase. Il semblait
Normal. Presque
Innocent.
" Non, quand même, faut pas pousser, "pensa Kurama, en le surprenant
en train de lancer un regard narquois à Kuwabara avant de retourner à
son gâteau.
Ils mangèrent presque en silence, chacun concentré sur l'éclaircissement
de cet incroyable mystère. Mais le principal intéressé
de leurs cogitations se fichait pas mal des regards dont il était la
cible. Il se goinfrait de gâteau au chocolat, se constellant de miettes,
comme s'il n'en avait jamais mangé de sa vie
Ce qui devait effectivement
être le cas, se dit le Yohko. Le chocolat, et les mères aimantes
préparatrices de gâteaux, étaient déjà une
denrée fort rare dans le Makaï, alors pour un enfant abandonné
comme il l'avait été
" Je me demande si c'est le premier
qu'il mange. Sûrement. Qu'est-ce qu'il est kawaï avec toutes ces
miettes de partout. Un vrai gosse. Ca donne une de ces envies de les essuyer
"
-Tiens, on ne lui a toujours pas trouvé un nom, à lui
Yukina se pencha sur son frère- il lui lança un coup d'il
suspicieux et gêné- extirpa le renardeau de sa cachette en douceur,
malgré ses grognements de protestation, et le déposa au milieu
de la table. Il n'eut rien de plus pressé que de retourner vers Hieï,
en gémissant pour que celui-ci le reprenne. Le démon du feu se
contenta de passer un bras autour de la petite bête pour la tranquilliser
et l'empêcher de bouger.
-Boule de Poils, proposa Botan.
-Grrnnn
ronfla le renardeau.
- Ca ne lui plaît pas, remarqua Kurama.
-Médor, lâcha Kuwabara dédaigneusement- il n'aimait pas
les canidés, seulement les chats.
Hieï lui jeta un coup d'il apparemment indifférent, et lâcha,
sans avoir l'air d'y penser, le renardeau, qui traversa toute la table en se
dandinant sur ses petites pattes. La main de Kuwa traînait sur la nappe
-Gnap !
-Wouaïe ! Saloperie ! s'exclama le rouquin en dégageant tant bien
que mal sa main des petites dents.
-Kazuma-san, enfin ! lui reprocha Yukina, d'une voix douce, comme d'habitude,
mais en fronçant les sourcils d'un air réprobateur qui fit naître
un petit sourire moqueur sur le visage de son frère.
-Kit, proposa Yusuke- une fois qu'il eut cessé de rire de la morsure
qu'il avait infligée à Kuwabara.
-Hein ?
-Kitsune. Renard.
-Kit, Kitty, appelèrent les filles.
Le renardeau se mit à jouer avec une cuiller qui traînait sans
s'intéresser à elles.
-Ca n'a pas l'air de l'inspirer, remarqua Kurama. Rouquin ?
- Rrrr
grogna le petit Kitsune.
-Ca lui plaît pas non plus, lâcha Hieï.
-Eh bien, trouve, toi, puisque tu as l'air de le comprendre
Remarque,
entre bêtes sauvages
-Kazuma-Kun, mon cher, lança négligemment le Youkaï en souriant-
d'un sourire qu'on aurait dû photographier pour le mettre à côté
du mot 'ironique' dans le dictionnaire. Je crois que tes cheveux recommencent
à fumer
-Les garçons, enfin ! s'exclama Yukina. Ca suffit
soupira-t-elle,
fatiguée de leurs chamailleries incessantes. Et si on l'appelait Peluche
? Il y ressemble, non ?
Le renardeau grogna et se dirigea vivement vers Yukina, dans l'intention de
faire subir à sa main le même traitement qu'à celle de son
ami.
-NON ! ordonna Hieï, d'une voix forte qui l'étonna lui-même,
tout en le rattrapant par la queue. On ne mord pas ! dit-il, levant un doigt,
comme pour faire la morale au petit renard qui le regardait attentivement, assis
sur son arrière-train.
Kurama appuya le plus doucement possible sur le déclencheur de l'appareil
photo pour ne pas donner l'éveil au démon.
- C'est quoi ce bruit ?
-Rien, rien, sourit Kurama en mettant l'appareil à l'abri sur ses genoux.
Rien au monde ne lui ferait lâcher cet appareil, se jura-t-il, et surtout
la pellicule qu'il renfermait. Comme il était kawaaïïïï
On aurait dit qu'il rattrapait avec son comportement de sale gosse l'enfance
qu'il n'avait pas eu.
Hieï poussa un grognement, enfourna le renard dans sa salopette, et retourna
à son gâteau. Il le finit en quelques secondes sous les regards
ébahis des autres. Yusuke poussa un sifflement admiratif devant la contenance
inattendue de l'estomac du démon du feu. Il avait abandonné sa
part au bout de cinq bouchées, repu, quand aux autres, Kurama et Kuwabara
s'étaient contentés d'y donner un petit coup de dents, et les
filles n'y avaient même pas touché.
Le démon du feu repoussa son assiette et jeta un regard au plat, qui
était malheureusement vide.
-Y en a p'us ? demanda-t-il en se léchant les doigts.
-Vous pouvez
Tu peux prendre le mien
'Niisan, dit Yukina, butant
sur les mots. Je n'y ai pas touché.
Elle avait l'habitude de les vouvoyer tous, mais comme il passait pour son frère
Elle pouvait bien l'appeler grand frère, non ?
Elle ne s'attendait pas à le voir changer de couleur aussi vite.
-Hieï-san ? Ca ne va pas ? demanda-t-elle, inquiète de sa pâleur
et de son regard fixe.
- Si, si
Merci pour le gâteau, répondit-il vivement en saisissant
le gâteau que lui tendait sa sur et en le portant tout aussi vivement
à sa bouche pour éviter de lui répondre.
-Vache, dit Yusuke pour changer de sujet, t'avais pas mangé depuis deux
jours ou quoi ?
-Non, trois, répliqua le Koorime en lui lançant un regard méprisant.
On entendit soudain le carillon de la porte d'entrée. Kurama commençait
à se lever pour aller ouvrir, se demandant qui cela pouvait être,
mais sa mère, de la cuisine, lui cria qu'elle s'en chargeait. Il retourna
à ses invités.
Il proposa un pansement à Kuwabara, qui s'occupait de sa main percée
de deux petits trous, poussant des jurons dans sa barbe, et jetant des regards
agressifs au Jaganshi qu'il semblait tenir responsable des actes du renardeau.
" Mais c'est vrai qu'il l'est un peu. Il avait très bien compris
qu'il voulait le mordre
On dirait qu'il le comprend. Amusant"
Botan sirotait tranquillement son verre, sans rien dire pour une fois car elle
se méfiait de sa propension au bavardage inconsidéré et
ne voulait pas risquer de faire exploser la situation quelque peu " à
risques ".
Keiko observait pensivement une reproduction de tableau suspendue au mur, qui
figurait une jungle verdoyante envahissant une ville, tout en essayant de reconstituant
les morceaux de ce qu'elle avait appris sur les " épisodes "
qu'elle avait loupés.
Yukina, quand à elle, réfléchissait sur les réactions
pour le moins bizarres de Hieï. Il y avait quelque chose de pas normal
dans sa manière de se comporter, quelque chose qui lui mettait la puce
à l'oreille, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.
Il avait donné le nom de sa race à elle pour son nom de famille,
il avait eu l'air gêné que Shiori la croie sa sur
Il
avait eu l'air surpris qu'elle l'appelle grand frère
Non, pas surpris.
Stupéfait, gêné, choqué, et même atrocement
mal à l'aise. Il était gentil avec elle, plus qu'avec les autres
Yusuke mordit courageusement dans sa part, ne voulant pas laisser croire à
Shiori qu'elle cuisinait mal. Les filles pouvaient prétendre qu'elles
faisaient un régime, pas lui, se rappela-t-il pour s'encourager.
- C'est bon, Yusuke ? demanda Koemma, qui était adossé nonchalamment
au cadre de la porte juste derrière lui.
-Waaaaah !!! hurla Yusuke en faisant un bond sur sa chaise, postillonnant des
miettes de gâteaux jusque sur Kuwabara qui était assis en face
de lui. Mais c'est pas vrai, tu le fais exprès ? Tu veux me faire mourir
d'une crise cardiaque ou quoi ? Qu'est-ce que tu fous là d'abord ?
(Le hurlement fit perdre à Yukina le fil de ses pensées juste
comme elle était sur le point d'arriver à une conclusion.)
- Koemma -sama ! s'exclama Botan. Mais
Elle se bâillonna vivement sous le regard plein de menaces du Yohko.
- Il m'a dit qu'il faisait partie de tes amis, Shuichi
déclara
Shiori.
-Euh, oui, c'est exact
Vous
Tu as pu te libérer finalement
? Prends donc une part de gâteau
-Comment t'appelles-tu ? Koemma ?
-Euh
Oui, madame, c'est ça.
-Koemma- SAMA ? demanda-t-elle, en insistant bien sur le Sama.
- C'est une vieille blague entre nous, Kaasan, intervint Kurama en épongeant
discrètement une sueur froide, parce que son nom veut dire Fils d'Emma,
et le fils du Juge des Morts mérite bien d'être appelé seigneur
!
-Oh, je vois
Amusant ! Assieds-toi, je vais ramener du gâteau.
Koemma s'assit à la table, et la mère de Kurama les laissa pour
retourner à la cuisine. Il jeta un coup d'il prudent par-dessus
son épaule pour se rendre compte s'il pouvait être entendu, puis
se tourna vers la petite bande.
-Koemma, râla Yusuke à voix basse, on avait dit pas de missions
aujourd'hui
C'est l'anniversaire de Kurama !
-Je sais, je suis désolé, mais... C'est une mission très
rapide, elle ne nécessite qu'un seul d'entre vous
Et absolument
pas dangereuse. C'est juste un petit problème à régler
en vitesse, mais on ne peut pas agir dans le Ningenkaï directement, c'est
tout. Et puis je suis très pressé. Et comme c'était dans
le quartier
-Tu vas finir de tourner autour du pot et nous dire ce que c'est ? demanda Yusuke
en se balançant sur sa chaise.
-Voilà
Kurama, ça te concerne un peu. Vous savez (ou vous
ne savez pas) que les Yohko, les Esprits du Renard, ont tous été
avant leur transformation des renards tout à fait normaux. Chaque renard
naît avec un potentiel plus ou moins grand pour devenir un Yohko, c'est
tout. Il y a peu est né un renard qui a un potentiel extrêmement
grand. Pour comparer, disons qu'à l'âge adulte et en pleine possession
de ses pouvoirs, il surpassera Kurama. (" ooops " fut la réaction
de tout le monde) Evidemment, nous ne pouvons laisser se développer un
tel monstre sur Terre. Dans le Makaï, ce ne serait pas un problème
-Tu veux qu'on aille l'attraper et le lâcher dans le Makaï ?
-Non
De toute façons il est trop jeune pour survivre seul. Le problème,
c'est que les projections du carnet d'Emma prédisaient pratiquement toutes
qu'il devait se faire dévorer par un chien aujourd'hui, après
que sa mère ait été écrasée par un camion.
Mais on n'a retrouvé que le cadavre de la mère et celui du chien,
coupé en deux comme par un sabr
Qu'est-ce qu'il y a?
Les regards de toutes les personnes s'étaient fixées lentement
sur Hieï. Il abandonna sa part de gâteau, et leur renvoya un regard
furibond.
-Pour une fois, Koemma, tu auras eu raison en parlant de mission rapide, déclara
Yusuke. Hieï ?
-Quoi ? demanda-t-il d'un ton rogue.
Il fit du regard le tour de l'assemblée, et, avec un soupir agacé,
il renonça à prétendre ne pas comprendre ce qu'on attendait
de lui, extirpa de sa salopette le petit renardeau qui s'était rendormi,
et le déposa devant lui. La boule de poils s'étira en bâillant,
découvrant ses petites dents-aiguilles d'une manière qui fit frémir
Kuwabara.
-NANI ? ! s'exclama Koemma en manquant tomber de sa chaise. Alors c'est TOI
qui as modifié le destin ? !
-Ben quoi ? Ce clebs avait vraiment une trop sale gueule, se justifia Hieï,
son ton bourru et agressif lui servant d'écran pour masquer sa gêne.
Koemma se redressa et se rassit correctement, tirant sur son écharpe
d'un air gêné. Il était Dieu, d'accord, mais le Jaganshi
avait un de ces regards... Brr !
- Je comprends, je comprends
déclara-t-il d'un ton pensif, le menton
dans sa main. Cet événement était tellement improbable
qu'il n'avait même pas été pris en compte
-Pfffr
pouffa Kuwabara dans sa main.
Hieï lui jeta un regard mauvais, agacé que la remarque en apparence
si sérieuse de Koemma fasse naître des gloussements étouffés
chez tout le monde. Son innocence et sa ressemblance avec un petit garçon
avaient entièrement disparu avec le retour de sa maussaderie, même
si la salopette était un cadre inattendu pour une telle concentration
de mauvaise humeur, se dit Yusuke, avant de se mordre la main pour contenir
son rire- il ne tenait pas à finir en brochette.
-Et alors ? demanda-t-il. On en fait quoi ?
- J'ai bien peur qu'il n'y ait qu'une seule solution
D'abord, sa mère
est morte, et puis il deviendra vite dangereux
La proposition de Koemma souleva un tollé chez les filles
Et chez
Hieï.
Il n'aimait pas spécialement les animaux, en fait, il s'en fichait, comme
de tout mis à part la bagarre. Mais ce renardeau
Il lui faisait
confiance. Il venait vers lui quand il avait peur. La boule de poils avait besoin
de lui, elle se mettait délibérément sous sa protection
à lui; et c'était une situation qu'il n'avait jamais connue qu'une
seule fois avant. D'une manière ou d'une autre, ça lui rappelait
la première mission qu'il avait effectuée avec Yusuke, quand celui-ci
avait remis le sort de toute l'équipe entre ses mains. Le porche de la
Trahison. Et sa réaction était la même à présent.
Il ne pouvait pas, il n'était absolument pas capable de trahir une confiance
si absolue.
Il laissa tomber toute trace de sa réserve habituelle, se releva vivement,
repoussant sa chaise, et se pencha en avant vers Koemma.
-Kurama peut s'en occuper, il a dit, clama le Koorime, et puis il s'y connaît
en Yohko, il saura l'élever !
Koemma le regarda fixement, stupéfait de l'intervention de la dernière
personne qu'il se serait attendu à voir parler, et se décida à
répondre.
-Hieï
Je ne sais pas pourquoi tu tiens à cette bestiole, mais
Sans une excellente raison, je ne peux pas le laisser vivre.
Hieï chercha désespérément un argument raisonnable,
mais eut du mal à trouver- en effet, il avait rarement l'habitude de
régler ça par des mots quand quelqu'un lui disait quelque chose
qui ne lui plaisait pas. Soudain, une idée lui vint.
- S'il est élevé depuis tout petit pour être Reikaitantei
Tu as dit qu'il sera plus puissant que Kurama. Tu crois pas que ce serait vachement
pratique un monstre aussi balèze du côté du Royaume ?
-Là, j'avoue que tu marques un point
-Et tu pourras le surveiller tout au long de sa croissance pour vérifier
qu'il ne devient pas cinglé ou kek'chose comme ça.
-Ce serait comme un apprenti détective, c'est ça ? Hm
Yusuke réussit à sortir de sa stupeur pour renchérir.
-Oh, allez, ça serait cool ! On lui apprendrait toutes nos techniques
et tout
-Et puis si on s'occupe bien de lui depuis tout petit, renchérit Keiko,
il ne risque pas de devenir mal élevé et de finir voyou
Enfin, à condition que Yusuke ne se mêle pas trop de son éducation.
("méheu!!")
-Oui, et puis
intervint Yukina, sa voix douce, comme toujours, mais résolue.
Il est hors de question de s'abaisser à tuer un petit bébé
comme lui. On ne peut pas faire ça. S'il a une enfance heureuse, ce n'est
pas comme s'il est livré à lui-même, il ne risquera pas
de devenir bagarreur (" hem ", soupira Hieï ), voleur ("
ips "), ou violent et agressif (" ergl ! "), ou grossier et mal
élevé( " hiii
"), ou
Kurama se rendait compte que Hieï clignait des yeux et poussait un petit
hoquet à chaque nouveau qualificatif, les mots de Yukina le touchant
en plein dans le mille. Et le fait que ce jugement vienne de la seule personne
dont l'avis avait de l'importance à ses yeux le mettait encore plus mal
à l'aise. Le démon du feu déglutit convulsivement, gêné,
puis se ressaisit et fixa Koemma dans les yeux.
-Il aura une dette envers le Royaume qui l'a laissé vivre, il sera lié
par cela. Même s'il le veut, il ne vous désobéira pas.
-Bon, c'est d'accord, céda Koemma, ne voulant pas discuter plus avec
le Youkaï qui, il devait se l'avouer, l'effrayait quelque peu maintenant
qu'il se mettait à contester les ordres. Kurama, tu peux le garder jusqu'à
ce qu'il atteigne sa forme de Yohko, ensuite, on avisera. Quel branle-bas pour
une boule de poils
Keiko regarda la fille des glaces, et elles eurent un regard complice. Avant
que les garçons aient eu le temps de réagir, Keiko avait attrapé
le renardeau par la peau du cou, l'arrachant à la poigne de Hieï,
et elle le passa à Yukina, qui le déposa innocemment sur les genoux
du fils du Juge des Morts.
Koemma cligna des yeux, surpris, et considéra, surpris, le bébé
qui geignait, effrayé par son brutal déplacement. Il le retint
par réflexe quand il commença à glisser de ses genoux,
et le petit renardeau le regarda. Ses yeux étaient brun clair aux reflets
cuivrés.
Les filles avaient raison, il était si mignon! Koemma avança une
main hésitante et se mit à le gratouiller derrière les
oreilles. Le renardeau poussa un petit gémissement de plaisir et se serra
contre le ventre du garçon, essayant de se faire un nid dans ses vêtements.
-Tu vois Koemma, il est trop adorable pour qu'on lui fasse du mal
- Moui
grommela l'intéressé, se reprochant d'avoir été
si visiblement touché par la petite bête- Botan allait le raconter
à tout le monde en enfer, et sa réputation naissante serait définitivement
foutue.
- Il est
Mignon
Il baissa la tête, encore attendri malgré lui par la manière
qu'avait la boule de poils de réclamer de l'affection- échappant
par là même au regard meurtrier du Koorime, jaloux. Pourquoi la
boule de poils ne le mordait pas, comme les autres? Bon, ça ne pouvait
qu'arranger ses affaires, de s'insinuer dans les bonnes grâces de Koemma-Sama,
mais
Ca l'ennuyait un peu, quand même
C'était SON renard,
à lui!
Koemma ne s'occupait pas de tout ça, mais seulement de la balle de fourrure
rousse sur ses genoux. Il était mignon
Et puis il avait l'air intelligent,
et affectueux
Et il était si doux à caresser, si chaud
Si
Humide?
Pris d'un doute affreux, le jeune dieu souleva lentement le renardeau, le faisant
glapir de surprise.
C'était bien ce qu'il avait craint.
La charmante, adorable petite bête, si tendre, si affectueuse, venait
de lui pisser dessus.
-Espèèèèce de
Les amis les fixèrent, horrifiés. Koemma était vraiment
contrarié, ça allait mal finir pour la pauvre bête!!!
Soudain, le renardeau lui fut ôté des mains, avant qu'il ait pu
le punir comme il en avait l'intention.
-Vilaine bête! le gronda Hieï en le tenant suspendu par la peau du
cou. T'es dégoûtant, c'est pas bien!
Il lui donna une tape sur les fesses et le déposa dans un large pot de
fleurs. Kurama soupira. Bah, ça les fertiliserait.
Le chiot geignit, repentant, puis se mit à farfouiller dans la terre
du pot, mettant à nu les racines et envoyant du terreau sur la moquette,
histoire de se creuser un trou convenable pour y faire sa grosse commission.
Koemma, pris de court, cligna deux ou trois fois des yeux avant de se calmer
un peu. Sa réaction avait été un peu disproportionnée
Ce n'était qu'un bébé.
-Kurama, tu ferais bien de donner des vêtements propres à Koemma,
déclara Hieï sans tourner la tête, surveillant de près
la boule de poils.
-Euh, oui, bien sûr! Koemma, suis-moi
-Mmm
acquiesça l'intéressé.
Seuls dans l'escalier, ils n'échangèrent qu'un regard surpris
devant la manière dont Hieï prenait les choses en main quand sa
boule de poils était impliquée, avant de retourner à leurs
cogitations personnelles sur la cause de cet attachement inattendu.
Habillé de propre, le fils du Juge des Morts prit congé de ses
amis et de la mère de Kurama, et voulut partir.
-Mais tu viens juste d'arriver
protesta la mère.
-Oui, mais j'ai du travail à finir
-Oh, très bien. Mais tu prendras bien une part de gâteau, ne serait-ce
que pour la manger sur le chemin
Koemma fixa la part de gâteau qu'elle lui tendait, puis finit, poussé
par le regard mais-si-tu-as-très-faim de Kurama, par la prendre d'une
main hésitante.
-Je vous remercie, madame, dit-il en s'inclinant devant elle.
Kurama, regardant par la vitre, s'aperçut que Koemma, une fois dans le
jardin, mordait prudemment dans le gâteau, puis, l'ayant apparemment trouvé
à son goût, se mettait à le dévorer à belles
dents. " On aurait dû lui demander de rester, " pensa-t-il.
" S'il aime, il aurait pu finir nos parts
Kaasan va encore s'inquiéter
pendant je sais pas combien de temps en croyant qu'elle a raté sa recette.
Elle ne comprend pas que son problème, ce n'est pas la qualité
mais la quantité
"
Koemma parti, tout le monde se tourna vers le démon du feu. Ils avaient
fait front commun avec lui tant qu'il y avait eu urgence pour sauver cette boule
de poils que tout le monde avait adoptée, mais à présent
que le danger était écarté, leur stupéfaction devant
ses actes refaisait surface.
Le Youkaï baissa les yeux sur la boule de poils qui couinait dans ses bras,
et souffla, apparemment perdu dans ses pensées mais assez fort pour être
entendu de tous :
- Mais si c'est moi qui t'élèves, c'est à moi que tu devras
quelque chose, pas au Royaume
-Ah, je vois ! Tu t'es débrouillé pour qu'il reste libre ! s'exclama
Yusuke. Pas bête ! C'est vrai, il n'a rien promis lui-même !
Hieï lui lança un petit sourire moqueur en coin, et se tourna vers
Kurama. Il lui jeta un regard embarrassé avant de baisser les yeux, feignant
d'être fabuleusement absorbé par la manière dont ses lacets
arrivaient à se croiser sans jamais se tromper de trou pour ressortir.
-Désolé de te le mettre sur les bras, Kurama
Le Yohko lui lança un regard accompagné d'un doux sourire. Il
était si adorable quand il avait l'air gêné
Et c'était
bien la première fois de sa vie qu'il l'entendait s'excuser
Au
moins, s'excuser en croyant à ce qu'il disait.
-Oh, c'est pas gra
-Je m'en occuperai, continua le Koorime, sa gêne le rendant volubile.
Après tout, c'est moi qui l'ai trouvé, c'est moi qui ai insisté
pour le garder, et...
-On y tient tous, ici, Hieï, le coupa Yusuke. On aime tous bien cette boule
de poils(" oui ben pas moi " " Tais-toi Kuwabara "), et
on va s'en occuper ensemble, OK ? (" oui ben sans moi " " TAIS-TOI
KUWABARA ! ").Tu ne t'en chargeras pas seul (" oui ben sans moi "
" vlan!! " " AÏE ! " " joli coup, Botan "
" merci, Keiko, j'ai copié ta technique "). Et puis tu voudrais
le mettre où ? Quand tu dormiras sur tes arbres, tu ne pourras pas le
mettre indéfiniment dans tes vêtements.
-Et les renards ne sont pas doués pour l'escalade, crois-moi sur parole,
intervint Kurama. Laisse-le moi tant qu'il ressemble encore à un renardeau
banal, il sera bien ici. Tu me fais confiance, non ?
-Hnn
souffla le démon du feu. OK, je te le laisse
Après
tout, c'est ton cadeau d'anniversaire, sourit-il.
Un très petit sourire, mais un sourire quand même. Un vrai sourire,
pas une grimace moqueuse ou un prélude à un éclat de rire
cruel, pas quelque chose plein de crocs. Un sourire
légèrement
ironique, il était vrai, mais
- Clic, fit l'appareil photo.
-Kurama, qu'est-ce que c'est que ce truc ? demanda le Koorime d'un air soupçonneux.
Ca fait plusieurs fois que tu me braques avec
-Non, c'est rien !
- T'as l'air trop sincère pour être honnête
Donne-moi
ça ! ordonna-t-il en déposant le renardeau sur la table et en
s'avançant lentement vers lui.
- Ah, non alors ! Pas question !
- Donne, je t'ai dit !
Sous les rires de la bande, Hieï se mit à pourchasser Kurama tout
autour de la pièce, essayant de lui arracher l'appareil que le Yohko
serrait désespérément contre son cur.
-Donne !
-Jamais ! Yusuke, au secours ! cria un Kurama essoufflé et riant, en
se réfugiant derrière le Mazoku.
Yusuke s'interposa, explosé de rire. Hieï s'immobilisa face à
lui, mais avant de décider de ce qu'il allait faire (contourner Yusuke
ou l'envoyer embrasser le mur- de qui se mêlait-il, d'abord? Il avait
bien le droit de trucider un peu Kurama, quand même!!) il fut interrompu
par un glapissement de détresse.
-Aaah ! Botan, le tiens pas comme ça ! Sa patte, abrutie !s'exclama-t-il
avant de se précipiter sur elle pour lui arracher le renardeau, qu'il
serra contre lui d'un air possessif.
Botan cligna des yeux, à mi-chemin entre la peur et la surprise. Elle
avait été sûre que le Youkaï allait la frapper
Il était si possessif envers la boule de poils, on aurait dit une mère
renard défendant son petit, pensa-t-elle
Elle dut se mordre la joue pour ne pas exploser de rire en se représentant
le démon du feu à quatre pattes, avec des oreilles pointues, une
queue touffue, en train de lécher le renardeau pour faire sa toilette.
-Et il a toujours pas de nom, remarqua Keiko. D'ailleurs, on ne sait même
pas si c'est un mâle ou une femelle
Aussi sec, Hieï saisit la boule de poils par la peau du cou et la retourna
sur le dos.
- Mâle. Un renard rouge
Un nom pour un Yohko rouge
marmonna
Hieï, absorbé dans ses pensées. C'est la pleine lune ce soir,
non ? Akatsuki.
-Hein ?
-Lune Rouge. T'en penses quoi Aka-chan ?
-Yip ! aboya l'intéressé en remuant la queue.
-Ca a l'air de lui plaire! s'exclama Yusuke. Tant mieux ! C'est pas pour dire,
mais il est plutôt difficile, celui-là ! Ouais, AkaTsuki, ça
a de la classe
-Yip ! confirma Aka-chan en léchant vigoureusement la figure du démon
du feu.
-Aah ! Arrête, t'es dégoûtant ! s'exclama le Youkaï
en tentant de se détourner.
Ce faisant son regard tomba sur l'autre Yohko.
-Eh, Kurama, je rêve ou tu t'es encore servi de ton machin ?
Vers les sept heures et demie, les invités de Kurama se décidèrent
à partir. Il fallait bien rentrer, et se décider à terminer
ce qui avait été, en fin de compte, un excellent moment. Yusuke
se leva le premier.
-Il faut que j'y aille, sinon mon ivrogne de mère va siffler toute la
réserve de saké sans m'en laisser une goutte
Ouille, Keiko
! Arrête ou je te raccompagne pas !
Hieï ébouriffa une dernière fois les oreilles d'Aka-chan
et le déposa dans les bras de Kurama, puis se dirigea résolument
vers la porte. Mais il avait tout juste passé l'entrée du vestibule
qu'un hurlement perçant le faisait se retourner.
AkaTsuki se tortillait désespérément dans les bras du Yohko
debout à côté de sa mère, pleurant et gémissant
d'un ton à faire pitié à un ogre affamé.
-Iiii Iiiii Iiii
-Silence, Aka-chan ! T'es pas si petit ! s'exclama Hieï en faisant mine
de repartir.
-Aouououh ! !
-Tu le fais exprès, c'est ça ? Tu veux me donner mauvaise conscience?
Ca ne marche pas !
- Wououououh ! Wouf wouaououh ! ! !
-Grr
OK, donne-le moi, grogna Hieï en faisant demi-tour.
- J'ai l'impression qu'il ne veut pas te laisser partir, Hieï, pouffa Yusuke.
Tu vas être obligé de rester le temps qu'il s'habitue à
Shuichi
-Oh oui, ça serait une bonne idée
Tu crois que tu peux,
Hieï ? demanda Kurama.
-Ben
-Je préviendrai maman, dit Yukina en lui lançant un clin d'il
complice. Tu peux bien rester quelque temps, grand frère.
-Euh
D'accord, toussa Hieï en baissant les yeux, pris de court par
la proposition. Ca vous dérange pas, Shiori- san ?
-Oh, non, pas le moins du monde ! Tu dormiras dans la chambre de Shuichi- Kun.
-Euh
dit encore le petit Youkaï en regardant fixement le Yohko.
-Ben quoi, t'as peur de moi ? lui chuchota-t-il à l'oreille.
-Pas du tout !
Le groupe se dirigea vers le vestibule, après avoir pris congé
de la mère de Kurama. Celui-ci les raccompagna jusqu'à l'entrée.
Yusuke et Keiko furent les premiers à sortir, suivis de Botan. Kuwabara
suivit, accompagné de Yukina. Hieï, le renardeau sous le bras comme
un paquet, resta à côté de Kurama dans l'embrasure.
Yukina stoppa en plein milieu de l'allée, dit à Kuwabara qu'elle
avait oublié une chose, et se dirigea vers la porte d'entrée qui
n'était pas entièrement refermée.
- Shuichi-San, attendez ! J'ai oublié quelque chose de très important
!
-Vraiment ? demanda Kurama en rouvrant la porte pour laisser le passage à
la fille des glaces.
Pourtant, il était sûr que personne n'avait rien laissé
derrière lui
Elle se glissa à l'intérieur, avança vivement vers le démon
du feu, et, avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit, elle l'avait attrapé
par le cou et lui avait laissé un gros baiser sur la joue.
-Bonne nuit grand frère
Elle était partie depuis trente secondes déjà quand Kurama
vit la main de Hieï se lever lentement jusqu'à son visage et frôler
l'endroit qu'elle avait embrassé.
-Bonne nuit petite sur