Il y avait encore de longs cheveux bruns sur sa brosse. Wufei fronça
les sourcils. "DUO!!! Bon sang, utilise ta propre brosse la prochaine fois!!"
lança-t-il d'une voix encolérée.
Maintenant, comment est-ce qu'il allait --aha!
Emergeant de la chambre, Heero entra dans la salle de bain, juste à
temps pour voir Wufei utiliser son peigne pour ratisser les dents de sa brosse
à cheveux, arrachant les cheveux de Duo. Il lui jeta un regard noir.
Le Chinois n'eut pas la politesse de prendre l'air coupable.
"C'est mon peigne."
"Oui."
"Tu es en train d'utiliser mon peigne pour nettoyer ta brosse."
"Oui. Mais ton peigne est beaucoup plus facile à nettoyer que ma
brosse. C'était la décision la plus logique."
Hnn. Cette logique était difficile à contrer.
"De plus, c'est de la faute à Duo. Il aurait dû user sa propre
brosse."
"Alors pour réparer sa profanation de ta brosse, tu dois profaner
la mienne?"
"On parle de profanation ici? Vous auriez dû m'appeler," lança
Duo, donnant un coup de hanche à Heero pour le pousser hors de son chemin.
Wufei lui lança un regard noir. "Oui, on parle de ta profanation
de ma brosse," gronda-t-il, poussant ladite brosse sous son nez. "Pourquoi
ne pouvais-tu pas prendre la tienne?"
Duo réalisa que d'entrer dans la salle de bain avait été
une grave erreur et fit un pas en arrière pour s'échapper, mais
se cogna contre le torse de Heero. Prisonnier. Uh oh.
"Je pouvais pas parce qu'elle est foutue," expliqua-t-il, espérant
pacifier Wufei. "La moitié des dents ont disparu."
"Et pourquoi ça?"
"Comment veux-tu que je le sache? Peut-être que ma brosse était
juste merdique. De toute manière elle est morte, repose en paix et tout
ça. Et je peux pas utiliser le peigne de Heero! Ca me prendrait des heures."
"Peut-être que si tu te foulais à mettre de l'après-shampoing,
tu ne seras pas obligé de te battre avec ta crinière pendant des
heures chaque matin."
"Mais l'après-shampoing c'est pour les gonzesses!" protesta
Duo. Il comprit que ça avait été la mauvaise chose à
dire quand l'expression de Wufei s'assombrit encore davantage.
"Est-ce que tu viens juste de me traiter de fille?"
"Ne t'inquiète pas, Wufei," répondit Heero, sarcastique,
alors qu'il arrachait son peigne de sa main, "il faut être un vrai
homme pour se pomponner sans se sentir émasculé."
Duo commit l'erreur de rire. Deux secondes plus tard les deux hommes aux yeux
bleus couraient hors de la salle de bain, plongeant à couvert pour esquiver
la brosse et les nombreuses bouteilles que Wufei leur jetait à la tête.
La bouteille deux-en-un shampoing+après-shampoing de Heero (un maximum
d'efficacité, un minimum de féminité) rencontra le coin
de la table basse en une explosion très mouillée.
"T'as intérêt à nettoyer ça," grommela-t-il,
toujours caché derrière le canapé avec Duo. Wufei lui montra
les dents et son majeur en un parfait salut à un doigt. Heero jeta un
regard réprobateur à Duo pour lui avoir transmis cette manière
de communiquer, un regard que l'autre homme ignora complètement.
A la seconde où Wufei quitta la salle de bain avec une serpillière,
Duo roula par-dessus le dos du canapé, atterrissant à quatre pattes,
et plongea vers la salle de bain inoccupée. La porte claqua une demi-seconde
avant que Heero ne l'atteigne.
"C'était mon tour, connard!!" le Japonais rugit en donnant
un coup de pied à la porte.
"Et maintenant c'est le mien, pas de chance!" riposta Duo, en sécurité
derrière le battant verrouillé.
"Tu n'as pas intérêt à défoncer la porte à
coup de pied encore une fois," commenta Wufei tout en épongeant
le shampoing renversé, "je commence à être fatiguée
des regards qu'ils nous lancent à la quincaillerie."
Grommelant, l'homme aux cheveux courts décida d'utiliser le temps libre
qu'il venait de gagner et le peigne qu'il avait toujours en main et commença
à le glisser dans ses cheveux drus. Wufei renifla avec mépris.
"Plus besoin de me demander pourquoi tu as toujours l'air de te coiffer
à la dynamite. Tu y vas dans le sens opposé de tes épis."
"Vu que chaque mèche pousse dans une direction différente
de ses voisines, je ne vois pas comment je pourrais changer ça. De toute
manière, ça enlève les nuds, c'est tout ce qui importe."
"Ah bon? On ne dirait pas," commenta le Chinois, caustique.
"Eponge et boucle-la, connard." Heero promptement disparut dans la
cuisine pour vérifier l'état de la cafetière.
Quand Wufei le rejoignit deux minutes plus tard, il était assis à
la table de la cuisine et regardait le liquide sombre tomber goutte à
goutte dans le pot. Le Chinois rinça la serpillière pleine de
shampoing, et s'assit en face de lui. Heero continua de fixer la cafetière.
Les doigts de Wufei commencèrent à tapoter la table.
"Quoi?" demanda Heero, ses yeux toujours fixés sur le café.
"... Est-ce que tu peux me prêter ton peigne? Je n'ai pas eu le
temps..." demanda l'homme aux cheveux noirs, vaguement embarrassé.
Heero arqua un sourcil, mais ce ton venant de Wufei était assez rare
pour valoir à peu près cinq minutes de suppliques de Duo; et donc
il tendit son précieux peigne à Wufei.
Qui tira sa brosse à cheveux de sa poche et se remit à la nettoyer.
Heero eut un frisson de dégoût.
"Pas à table, bordel! C'est dégueulasse."
"Dégueulasse comment? Ce n'est pas comme si je le faisais au-dessus
de la table."
"Ouais, ben tu ne te coiffes pas au-dessus de la moquette dans le bureau
et je ne peux pas faire un pas dans cette pièce sans que mes chaussettes
acquièrent des semelles de cheveux. Et la prochaine fois que je trouve
un cheveu avec mon repas, je vais tuer quelqu'un."
Wufei haussa les épaules tout en poussant sa longue crinière
lisse par-dessus son épaule pour la brosser correctement. Les mèches
d'ébène avaient beaucoup poussé depuis la guerre et atteignaient
maintenant facilement le milieu de son dos. Heero se rappela de la fois où
il en avait avalé un et avait été obligé de le tirer
hors de sa gorge avec dégoût. Il avait failli gerber. S'il n'avait
pas des fantaisies tenaces concernant les cheveux longs à en concurrencer
l'amour de Duo pour les petits culs musclés, il y a longtemps qu'il les
aurait rasés tous les deux dans leur sommeil.
"Tu es vraiment une chochotte, Yuy."
Heero gronda. "La seule chose qui serait pire que d'avaler un de tes cheveux
serait d'avaler un de Duo."
"T'as pas déjà fait ça?" commenta Duo, lui souriant
d'un air moqueur et suggestif à la fois. Il était appuyé
contre la porte, un pouce dans la ceinture de ses boxers. Des boucles châtain
en dépassaient, rampant vers son nombril. Ce n'était pas de son
crâne que venait ce que Heero avait dû décoincer d'entre
ses dents l'autre nuit.
"Pas moyen que je te tire une pipe tant que tu n'as pas taillé
ça, Duo. Ce n'est pas un buisson, c'est une vraie forêt."
"Hé, si t'aimes ma pilosité là haut," répondit
Duo en secouant sa lourde queue de cheval comme un lion rebelle, "t'as
intérêt à accepter ma pilosité en bas. Et partout
ailleurs sur moi, d'ailleurs."
Wufei renifla. "A la seconde où je vois un poil sur ton dos, tu
peux te considérer plaqué, Maxwell. Ces jambes couvertes de fourrure,
c'est déjà limite."
"Parle pour toi," répliqua Heero. "Qui ça intéresse
si elles offensent ton sens de l'esthétisme? Il se trouve que j'aime
les sentir contre les miennes."
Le Chinois haussa un sourcil sarcastique. "Il y a deux secondes, tu détestais
la simple idée d'un poil, et maintenant tu aimes son tapis?"
"HE! C'est quoi toutes ces critiques de ma toison virile? C'est pas ma
faute si vous êtes aussi nus et lisses qu'une fesse de bébé,
mesdames les Asiatiques."
"Je ne suis pas si imberbe que ça," protesta Heero.
"Oh, bien sûr, tu as besoin de te raser peut-être une fois
par semaine," le rembarra Wufei.
"Contrairement à toi qui en as besoin...? Une fois par mois peut-être?
Tu es sûr que tu as atteint la puberté?" répliqua Heero
avec dérision . "De toute manière, ce que je déteste,
est l'idée d'en avaler un. Je peux très bien les supporter tant
qu'ils restent là où ils sont censés être."
"Alors ça ne te ferait rien si Duo avait des poils dans le dos?"
Duo grimaça. "C'est quoi tout ça à propos de poils
sur mon dos? Pourquoi est-ce que j'aurais des poils dans le dos!? C'est dégueu!"
"Tu es déjà à demi-singe, Maxwell. Tu ne prendrais
pas froid si tu sortais en shorts dans la neige, et au lit j'ai l'impression
de dormir avec un ours en peluche, en moins doux. La seule raison pour laquelle
tes bras ne sont pas aussi poilus est parce que tu te débrouilles régulièrement
pour avoir un accident qui les brûle tous. Et je ne vais rien dire à
propos de tes aisselles."
Discrètement, Heero se versa une tasse de café et échappa
vers la salle de bain.
"Oh, alors MAINTENANT t'aimes plus mes aisselles? Tu chantais pas la même
chanson l'autre soir. J'ai toujours le suçon pour le prouver," ajouta
Duo en levant un bras pour le prouver. Wufei rougit.
"C'est différent," argua-t-il, se saisissant du pot de café
abandonné et remplissant deux tasses. "J'étais assis sur
la bite de Heero, je n'étais pas sain d'esprit."
Duo lui jeta un regard supérieur en agrippant sa tasse. "Bien sûr,
chéri. Ne nous préoccupons pas du fait que tu m'as attaqué
alors que Heero était toujours dans son pantalon."
"Non."
"Si."
"Tu as des hallucinations."
"Tu as un fétiche pour les aisselles, c'est ça que TU as."
Wufei prit l'expression de quelqu'un qui s'attend à boire du café
et se retrouve avec du jus de citron à la place. "Pourquoi est-ce
que j'aimerais CA? C'est--"
"Dégueu? C'est ce que tu as dit la première fois que j'ai
avalé ton foutre, ou quand on a réalisé que Heero devient
gaga à l'idée qu'on lui lèche le trou, si je m'en souviens
bien. Alors tu vois," ajouta-t-il, sa voix s'adoucissant pour prendre un
ton de compréhension absolue, "c'est pas grave si tu aimes des trucs
qui semblent beurk pour le commun des mortels de temps en temps. Tu dois réaliser
que tu n'es pas seul..."
Wufei gronda et essaya de donner un coup du dos de sa brosse aux fesses de
Duo. L'homme aux cheveux bruns esquiva, mais tout juste. "Whoa!! Je croyais
qu'on avait dit pas de SM avant le travail?" moqua-t-il tout en s'échappant
dans le salon. Riant, il finit sa tasse, qu'il abandonna sur la table à
café, avant de disparaître dans la chambre pour se changer.
Quand il en ressortit, portant son pantalon d'uniforme des Preventers et toujours
en train de boutonner sa chemise, Heero était agenouillé sur le
tapis, léchant et frottant sa joue le long du bas-ventre de Wufei, son
nez chatouillant la ligne de poils sombres grimpant à l'assaut de son
nombril, les doigts de Wufei perdus dans ses mèches épaisses.
Duo les regarda pendant quelques secondes avant de protester contre l'injustice.
"Et moi? Personne veut voyager sur mon chemin du bonheur?"
"Un chemin? Une autoroute, plutôt," commenta Heero, son souffle
caressant la bosse dans le caleçon de Wufei. "Ce que j'ai dit tient
toujours. Pas de pipe pour toi tant que tu as la forêt amazonienne entre
les jambes."
Duo leur jeta un mauvais regard, croisant les bras. Wufei soupira et roula
des yeux, le harponnant d'un doigt dans sa ceinture pour l'attirer plus près.
"Merci," l'Américain grommela d'un ton peu sincère.
"Tu pourrais être plus reconnaissant," commenta le Chinois,
arquant un sourcil toujours aussi moqueur.
"Ben excuse-moi, mais comparé à Heero, tu suces comme un
pied-- euh. C'est pas ce que je voulais dire..."
Heero s'étouffa sur son rire et l'érection de Wufei.
* * * * *
Duo jeta des petits coups d'il méfiants aux ciseaux pendant un
long moment avant d'admettre sa défaite. Il... ne pouvait pas. Ce travail
était tout simplement trop délicat pour un amateur comme lui.
"Allo?"
Une brunette agacée répondit au vidéophone, grattant ses
courts cheveux d'un air endormi.
"QUOI."
Duo fit la grimace. Sa meilleure amie était effrayante quand elle était
de mauvais poil. Mais c'était soit lui faire face, soit se débrouiller
avec moitié moins de sa dose habituelle de sexe. "Uhm. Salut bébé.
Tu sais, cet endroit où tu vas avant l'été?"
"De quoi tu parles?" demanda Hilde, ses yeux brillant moins d'agacement
et plus de curiosité. Il avait l'impression qu'elle lui ferait encore
du chantage avec ça quand il serait vieux et chauve.
"Heu. L'endroit... Tu sais... avant que tu puisses aller à la piscine," expliqua-t-il vaguement, imitant des ciseaux avec ses doigts. Sa masculinité était une chose appartenant au passé, mais on devait bien faire ce qu'il fallait pour s'envoyer en l'air. "...Est-ce que... est-ce qu'il y a des gars qui y vont aussi?"