The werewolf

Avertissements pour cet épisode: Heu. Désolée? Je pense que c'est plus un secret pour personne que j'ai quitté le fandom GW, et que d'écrire les garçons, c'est devenu vraiment compliqué (et chiant. Franchement je m'amuse plus vraiment avec ce fic.)
Les Ozzies sont de retour. (Ils sont encore pire à écrire. Argh.)
Pas de Heero ou Duo ou Wufei dans ce chapitre (sûrement une des raisons qui m'ont fait décrocher au début, avant que ma paresse naturelle ne prenne le relais XD)
Bon, y a eu des tonnes de questions, mais j'ai perdu les mails, désolée.

Loreilai Yuy:
-Hildie va intégrer la 'meute' d'HeeroOkami ?
Je voulais pas répondre à ça, mais bon. ...Eventuellement. n.n
-Ca va finir en 1x2x5x2x1x5x1 ou juste en 1x2x1 ?
J'aime bien le trio 1x2x5, mais j'ai promis 1x2, cette histoire a été axée 1x2 depuis le début, et en plus il a été établi plusieurs fois que Wufei est hétéro, la fois avec Heero c'était juste un accident. C'est pas crédible qu'ils deviennent tous pédés comme des phoques. (même si ça serait sexy XD) En plus Duo et Wufei se tolèrent, ils sont même presque amis, mais y a rien de sexuel entre eux.
-Relena/Hilde plus tard ?
J'y ai pensé, je verrai bien... chaipastrop. Relena en garou? XD elle serait quoi, une biche? Une colombe? Un caniche? En plus, un couple sérieux, je sais pas si ça durerait. Mais des petits trucs mignons, pourquoi pas.

Et maintenant pour les choses sérieuses..

J'ai promis plusieurs fois que je finirais ce fic, mais c'était à l'époque où je ne pouvais même pas concevoir de quitter le fandom, même dans dix ans. J'ai toujours envie de le finir, ne serait-ce qu'en tant que marque de respect envers tous ceux qui l'ont lu et aimé, et qui m'ont écrit pour me le dire. Mais ça va être difficile, et très long. Mes priorités ont changé, j'ai oublié comment je voulais que certaines choses se passent... en gros, ne vous attendez pas à ce que je me remette à poster tous les mois, ou même plus de deux à trois fois par an. (enfin d'un autre côté, si vous attendez encore la suite après si longtemps, ça devrait pas être difficile d'être patient... XD)
Autrement dit: le feedback, c'est toujours très sympa, même si c'est loin d'être obligatoire.
Le harcèlement, "DIIIS C'EST QUAND QUE TU FINIIIIIS, ON ATTEND, NOUS, ON EN A MAAAARRE", déjà un peu moins.
Les flames et les chouineries du genre: "PUTAIN MAIS ECRIS OU JE TE BUTE!!! WAHH JE VEUX LA SUITE JE TE DETESTE COMMENT PEUX TU OSER!" ça me donne qu'une envie: enfermer ce fic dans une armoire et balancer la clef.
Qu'on se mette d'accord sur une chose: je suis très heureuse que vous aimiez mon fic et soyez si curieux à son propos. Pendant toutes ces années, j'ai toujours été ravie chaque fois que je recevais un email d'encouragements à ce sujet -- et je le suis toujours. Mais au final, ça reste MON fic, que je partage parce que je VEUX le partager, parce que j'AIME le partager. Personne ne me paye pour l'écrire. Autrement dit, non, je ne suis en fait PAS forcée de le finir, pas plus que vous n'êtes forcés de reviewer. Fortement encouragée, peut-être, sur le plan moral (je sais à quel point c'est cruel de faire traîner les choses aussi longtemps pour les lecteurs), mais pas forcée.
Je n'ai presque plus de liens émotionnels avec cette histoire, alors ça ne me coûtera pas grand-chose personnellement de l'enlever de ffnet et des autres sites qui l'hébergent, si ça m'aide à me débarrasser des emmerdeurs qui se figurent que j'ai une dette envers eux. (et j'espère qu'ils se reconnaîtront. è.é) Franchement j'ai été à deux doigts de le faire déjà plusieurs fois.
A tous les autres qui m'ont encouragée ou ont tout simplement écrit pour me faire part de leur appréciation, des idées que mon fic leur donnait, de leurs suppositions pour la suite -- voire même qui m'ont envoyé du fanart! -- merci. Je ne peux plus promettre de le finir, mais je peux promettre d'essayer et de faire de mon mieux.
* * * * * * * * *
Beta: Kymoon et Neko². Merci les filles! (note: elles n'ont eu accès qu'à la première moitié du fic, alors on a une première moitié super belle et une deuxième moitié où la grammaire est bâtarde d'anglaise la plupart du temps. J'avais pas la patience. XD)


Sans Titre

Lorsqu'ils avaient su que la base presque abandonnée où Zechs avait réparé le Gundam de Heero allait passer des mains d'OZ à la nouvelle faction militaire de Romafeller (nommée très intelligemment Armée de Romafeller, ou AR), et qu'ils s'étaient rendus compte que les diagrammes de construction de Wing y étaient probablement toujours stockés, le choix de pilotes s'était fait de lui-même : Trowa connaissait la base et les trois autres étaient toujours en train de trifouiller dans leurs Gundams. Mais maintenant qu'il y était, Quatre se demandait franchement ce qu'il glandait en Antarctique.
Premier problème : il était seul avec Trowa.
Peut-être n'était-ce plus réellement un problème maintenant qu'ils avaient arrangé leur différent, mais c'était quand même ennuyeux. Quatre se devait de faire passer sa mission avant sa vie sentimentale et c'était ce qu'il faisait, aussi ne craignait-il pas de se laisser distraire au mauvais moment; il était plus professionnel que ça.
Mais quand ils ne planifiaient pas, et qu'il pouvait enfin penser à autre chose qu'à son devoir, le seul sujet qui lui venait en tête était : comment faire changer Trowa d'avis? Et pour le moment, il n'en avait pas la moindre idée. Avoir une chance avec Trowa était une surprise énorme et une responsabilité encore plus grande; il en venait presque à regretter le temps où, persuadé qu'il n'arriverait jamais à rien, il se contentait de rêver en secret. Au moins c'était plus facile. Mais il n'était pas assez lâche pour ne pas saisir sa chance quand elle lui passait devant...
... seulement pas très inspiré.
Second problème: Trowa le lui avait dit. Heero le lui avait dit. Il le savait lui-même, intellectuellement. Mais savoir intellectuellement que l'Antarctique, c'est FROID, et le ressentir jusque dans la moelle de ses os, c'est différent.
Le guépard frissonna et se mit à fouiller son sac à la recherche d'un autre pull à enfiler par dessus les trois qu'il portait déjà. Malheureusement, le seul qu'il avait était trop petit pour passer par-dessus; il aurait dû le mettre en premier et il n'y avait pas moyen qu'il enlève ceux qu'il portait, même une seconde. A défaut de mieux, il le jeta sur ses épaules comme un châle et croisa les bras, frissonnant.
Si c'était ça à l'intérieur d'une maison étanche et vaguement chauffée, il ne voulait pas savoir ce que ce serait à l'extérieur avec du vent. Il espérait juste que la mission nécessiterait les Gundams. Ils avaient des radiateurs. Quoique vu qu'ils allaient devoir être discrets...
Enfin, tout ça dépendrait des renseignements préliminaires; Trowa devait être en train de lire les relevés des radars pour déterminer à quelle distance les Gundams pourraient s'approcher. Frissonnant toujours, l'Arabe sortit de la chambre et le rejoignit.
-Alors, quoi de neuf? demanda-t-il, souriant poliment.
Trowa ne souriait pas. Son regard n'était pas pensif comme d'habitude, mais sérieux, même un peu grave.
-Les Rommies sont en avance.

* * * * * *

Duo avait passé les cinq derniers jours à tester sans relâche le fonctionnement des nouveaux lance-flammes de Deathscythe, et ça semblait marcher, quoique pas encore parfaitement.
Il finit de taper les résultats de son dernier recalibrage et envoya le document à Howard avec un soupir de soulagement. Enfin, la tâche si ennuyeuse était finie! Il jeta un coup d'œil à l'horloge de son ordinateur. Seulement cinq heures de l'après-midi, il était plus tôt que ce qu'il aurait cru. Il eut un sourire. Pas qu'il n'avait pas adoré passer des heures à bricoler pour ajuster son nouveau joujou, mais enfin, un peu de temps pour lui-même! Que faire...?
'Ca fait longtemps que j'ai pas passé un peu de temps avec Heero,' pensa-t-il avec un sourire amusé. Pour une fois que c'était lui qui délaissait son ami pour cause de rapport à taper... Il se leva d'un bond, s'étira, et partit d'un pas énergique à la recherche de son partenaire.
Heero était à l'arrière de la ferme, dans le pré du fond, en train de se battre avec Wufei. Duo se sentit alarmé pendant un moment, jusqu'à ce qu'il réalise qu'ils s'entraînaient. Quand Wufei réussissait à toucher Heero, Heero imitait son mouvement pour se le mettre en tête et Wufei lui montrait comment le bloquer, ou vice-versa. Pour ajouter un peu de difficulté, ils ne le faisaient pas dans l'ordre. Quelquefois Wufei sortait un nouveau coup alors que Heero en était toujours à répéter le premier et Heero devait inventer un autre moyen de parer.
Duo les observa pendant un long moment. Ces formes stylisées de combat ne lui étaient pas vraiment familières, il était surtout doué en street-fight et "tous les coups sont permis", mais à regarder, c'était magnifique, presque comme une danse. Heero et Wufei avaient tous les deux un rythme, un équilibre, une grâce, qui rendait ce qu'ils faisaient aussi beau que mortel.
Aussi longtemps qu'il les regarda, ils n'échangèrent pas un mot. Synchrones... apparemment c'était loin d'être la première session de ce type. Il ne savait même pas s'ils savaient qu'il était là; ils n'en donnaient pas l'impression, et pourtant leurs sens surdéveloppés auraient dû les prévenir... Mais ils semblaient tellement concentrés l'un sur l'autre qu'au final, il n'aurait pas été surpris d'apprendre qu'ils avaient oublié le reste du monde.
Après une demi-heure, ils n'avaient toujours pas l'air de ralentir. Il s'aperçut que Wufei l'avait vu, mais puisqu'il n'avait pas l'air surpris, Duo en conclut que le garçon l'avait senti venir à un moment ou à un autre.
Le chinois recula d'un bond et quitta sa position de combat, désignant Duo du menton. Heero se retourna, essuyant la sueur sur son front d'un revers de bras.
-Tu voulais quelque chose? demanda-t-il.
Comme s'il avait besoin de vouloir quelque chose pour venir les voir, se dit Duo.
-Non, répondit-il simplement.
Heero cligna des yeux, puis se retourna vers Wufei comme s'il allait reprendre l'entraînement sans plus se soucier du visiteur. Wufei vit les yeux de Duo s'étrécir et se dit que Heero avait peut-être beaucoup changé, mais il avait quand même des moments de totale insensibilité.
-Tu veux pratiquer, Maxwell? demanda-t-il.
Duo eut un grand sourire et approcha d'un pas énergique.
-Ouais, bien sûr!
Heero fronça des sourcils à l'encontre de Wufei, comme s'il lui reprochait d'avoir invité le pilote à la natte, et Duo se sentit soudain malvenu.
-Je dérange? demanda-t-il avec un sourire qui était un peu moins sincère que le précédent.
Heero cligna des yeux et se rendit compte de la manière dont ses actions pouvaient être interprétées.
-Ce n'est pas ça, mais... Duo, tu n'es pas un garou, et...
-Parce que je suis pas un garou, je peux pas me battre avec vous? répliqua Duo, haussant un sourcil -- franchement, il aurait préféré les froncer. T'es un bon combattant, et Wufei aussi, mais je sais me défendre. En plus, aucun d'entre vous ne saigne, donc pas de risques de contamination, et puis, un peu d'entraînement ne me ferait pas de mal non plus.
-Ce n'est pas ça, essaya d'expliquer Heero. On est plus résistant et plus forts, on pourrait te frapper trop fort et ne pas se rendre compte.
-Yuy, rassure-moi, le coupa Duo d'un ton soudainement froid. Tu n'es pas en train de me dire que je suis trop faible et trop fragile pour t'affronter?
-Non, mais... soupira le garçon.
Mais Duo pouvait lire sur son visage, clair comme le jour, que c'était exactement ce qu'il pensait.
Wufei grinça des dents et s'écarta prudemment.
Soudain, Duo en avait assez. Il avança jusqu'à être presque nez à nez avec Heero, et lui décocha calmement un coup de pied dans le tibia, le faisant chanceler en avant. Prise de t-shirt, coup de poing au ventre, croche-pied -- avant qu'il ait eu le temps de penser à réagir, Duo l'avait flanqué par terre.
-J'ai passé ma vie entière à trouver des moyens de casser la gueule à des mecs plus forts et plus résistants que moi, lâcha-t-il avant de faire demi-tour et de rentrer dans la maison.
Heero resta étalé par terre à le regarder s'éloigner, ébahi.
-Alors là, félicitations, Yuy, commenta Wufei d'un ton cynique, lui tendant la main pour le relever. C'est ce qu'on appelle mettre les pieds dans le plat, et en beauté.
-Mais qu'est-ce que j'ai dit? demanda-t-il, éberlué.

* * * * * *

Habituellement, Noin se considérait comme une jeune femme calme, raisonnable et professionnelle.
Habituellement.
Quand Zechs ne paradait pas devant des soldats d'une faction rivale en essayant de prétendre qu'il allait parfaitement bien.
Enfin, elle devait avouer que c'était uniquement parce qu'elle le connaissait bien qu'elle remarquait sa pâleur inhabituelle et la fatigue dans ses gestes. Il le dissimulait aux autres officiers avec un brio hallucinant... Mais s'il y avait eu une autre solution que de l'envoyer superviser la passation de pouvoir sur cette base en personne, elle l'aurait probablement enfermé dans sa chambre pour qu'il se repose.
Quoique... finalement, non, l'enfermer n'était pas une bonne idée, se dit-elle en se rappelant cette nuit trois semaines plus tôt... la nuit de la dernière pleine lune.

~flashback~

-Le périmètre est bouclé correctement?
Noin hocha la tête, se refusant à commenter sur le ton encore plus sec que d'habitude d'Une et son air suspicieux. Elle détestait le Colonel cordialement, mais elle comprenait combien Une était stressée, aussi se refusa-t-elle de se sentir outragée par l'implication selon laquelle elle faisait mal son travail.
Dans l'autre coin de la petite pièce douillette, Otto trafiquait un système de surveillance, l'améliorant à ses spécifications. Noin était contente qu'il ait réussi à convaincre Une de le laisser venir. Il était un bon soldat, très compétent en mécanique et tout aussi dévoué à Zechs qu'elle, peut-être même plus. Lui aussi était énormément inquiété par l'état instable de Zechs.
Zechs et Treize étaient tombés malade (ou avaient été empoisonnés, personne ne savait au juste) presque un mois auparavant, quelque temps après la capture manquée des pilotes. Aucun des docteurs qui les avaient examinés n'avait été capable de déceler quoi que ce soit et de peur de révéler une faiblesse à leurs ennemis, Une avait décidé d'emmener Kushrenada dans une retraite secrète. Noin avait dû déployer des trésors de persuasion pour la convaincre de prendre Zechs aussi.
La seule chose que les docteurs décelaient d'anormal était les taux d'hormones absolument insensés, mais à part les sautes d'humeur, cela n'expliquait rien; ni la manière dont leur ouie devenait soudain hypersensible, dont ils se rendaient malades à sentir des choses dont personne d'autre qu'eux n'était conscient, ni la vitesse à laquelle ils se fatiguaient, ni les réactions bizarres, à la limite de la psychose, que les deux hommes exhibaient, et encore moins pourquoi les injections pour rétablir un taux d'hormones normal ne fonctionnaient jamais.
Ils ne savaient même pas d'où c'était venu. Avant que ça ne devienne un réel problème, Une avait mis l'irritabilité exacerbée de Kushrenada sur le compte de l'évasion du pilote 05 et avait essayé de ne pas le prendre personnellement. La seule chose qu'ils savaient, c'était qu'apparemment Treize avait été touché plus tôt, et avait contaminé Zechs avec la transfusion.
Noin était à moitié sûre que c'était de la faute de Chang Wufei. Ce serait bien son genre d'infiltrer leur base dans le seul but d'infecter Général Kushrenada avec un nouveau virus ou agent biochimique. Il n'avait pas hésité une seule seconde à faire exploser les dortoirs de ses Cadets plutôt que de se fatiguer à détruire les Mobile Suits qu'ils devraient piloter, après tout.
La jeune femme s'adossa au mur de bois, bras croisés, et considéra pensivement la petite pièce. Le chalet n'était pas très grand, à peine suffisant pour leur petit groupe. La seule chambre à coucher n'avait que deux lits, occupés par Kushrenada et Merquise. Une, Otto et elle devraient probablement alterner l'occupation du canapé.
-Comment vont-ils? se décida-t-elle à demander à voix basse.
Une haussa les épaules d'un geste brusque et se leva pour aller jeter un coup d'œil à la carte de la région sur le mur. Noin ne savait pas ce qu'elle cherchait, vraiment; si elle avait choisi ce coin là c'était bien parce qu'aux alentours, il n'y avait rien.
-Leur état est stationnaire, lâcha-t-elle sans se retourner pour lui faire face, les épaules crispées.
Noin comprit qu'elle mentait.
-Ils n'ont toujours pas repris conscience? demanda-t-elle pour confirmer, essayant de ne pas se laisser submerger par l'inquiétude.
-C'est ce que je viens de dire, non? répliqua Une agressivement.
Otto lui jeta un coup d'œil compatissant et Noin se calma. Elle ne pouvait pas voler dans les plumes d'Une, aussi satisfaisant que ça puisse être. D'une c'était sa supérieure et de deux ça n'arrangerait rien. Zechs et le Général Kushrenada seraient toujours en train de -- non, pas en train de mourir. Ils allaient se rétablir bientôt. Elle le savait. Ils avaient subi pire que ça et s'en étaient sorti...
Pour une fois elle regrettait de ne pas fumer. Elle en aurait bien eu besoin.
Elle se redressa et se dirigea vers la porte de la chambre en silence, saisie par le besoin de vérifier. Sa main était sur la poignée quand Une remarqua ce qu'elle faisait.
-Ils se reposent! Laisse-les tranquille.
A ce moment, Noin entendit un mouvement à travers la porte.
-Il y en a un qui est réveillé, répondit-elle, contente de l'excuse.
Elle ouvrit la porte prudemment. Par réflexe, Otto étendit la main pour éteindre la lumière, sachant qu'il y avait une bonne chance que leurs supérieurs y soient hypersensibles, et elle lui lança un sourire de remerciement.
Il ne l'éteignit pas assez vite pour qu'elle ne voie pas le double reflet étrange dans l'un des lits, comme deux lucioles dans le noir.
Les yeux de Treize étaient ouverts et il la regardait.
-Général...? appela-t-elle doucement, pas certaine qu'il soit d'humeur à se laisser approcher.
-Où sommes-nous?
Elle se détendit. Il sonnait normal.
-En Suisse, mon général.
Une la bouscula et entra dans la pièce. Treize se redressa lentement, et Une donna l'impression qu'elle allait se précipiter pour l'aider. Mais il leva la main pour lui dire de ne pas approcher, et elle se figea.
-Monsieur Treize...
Elle semblait surprise, un peu blessée, et Noin la comprenait ; elle aussi aurait été blessée si Zechs lui avait interdit d'approcher. Mais elle comprenait Treize aussi. Pendant une fraction de seconde, alors que Une avait été prête à s'élancer, elle avait vu les muscles de son supérieur se tendre brièvement et son expression se durcir, comme s'il avait été au bord d'une autre de ses étranges crises de fureur. Il était assez sain d'esprit pour se rendre compte à quel point il était instable.
-De l'eau, s'il vous plaît, Lady Une ? la coupa-t-il avec une version fatiguée de son sourire charmeur.
Une hésita, puis, apparemment rassurée par son expression calme, fit demi-tour pour aller lui remplir un verre d'eau. Noin resta près de la porte, jetant un regard à Zechs qui dormait d'un sommeil agité, les jambes emmêlées dans ses couvertures et ses longs cheveux blonds collés à sa peau humide de sueur. Suivant son regard, Treize observa son subordonné d'un air impénétrable, puis se tourna vers la brunette.
-Où sommes-nous, Lieutenant ?
-Alpes Suisses, près de Genève, un chalet dans la forêt, mon Général. Votre état s'aggravait et le Colonel Une a jugé prudent de vous mettre à l'abri en attendant votre rétablissement.
-Quel jour sommes-nous ? demanda-t-il, continuant son interrogatoire méthodiquement.
Elle lui donna la date, rassurée de voir que son cerveau de tacticien était déjà en train de travailler sur le problème.
-... Cinq jours depuis mon dernier souvenir précis, remarqua-t-il à voix basse. Qui est au courant ?
-A part le Colonel Une et moi-même, juste le Lieutenant Otto, mon Général.
Son regard se fit vague pendant une seconde, comme si son attention était attirée ailleurs, et elle eut peur qu'il ne dérive encore.
-... C'est lui, l'homme dans l'autre pièce, alors, murmura-t-il, comme pour lui-même.
Noin hocha la tête, puis se dit qu'elle ne lui avait pas dit qu'il les avait accompagnés, alors comment savait-il où Otto était?
-Comment va Zechs ? lui demanda-t-il avant qu'elle ait pu poser la question.
Elle se mordit la lèvre.
-... Il n'a plus été lucide depuis dix jours, mon Général. Il alterne crises de douleurs, sautes d'humeur et ... crises de... ce qu'on ne peut qu'appeler démence. D'ailleurs...hésita-t-elle.
-... Ca m'arrive aussi, termina Kushrenada d'une voix pensive.
Derrière Noin, il y eut un éclat de voix étouffé, et elle se retourna juste à temps pour voir Une lâcher le verre plein d'eau, qui roula sur le plancher en éclaboussant ses bottes. Ses yeux étaient écarquillés et la jeune femme aux cheveux courts ne l'avait jamais vue avec cette expression ouverte et vulnérable.
-Lady...
-Je vais vous chercher un autre verre, lâcha-t-elle en disparaissant à nouveau.
Noin se demanda quand elle s'était détachée les cheveux.
Treize soupira, l'air un peu triste.
-Vous vous en rappelez, mon Général ?
-Pas réellement, répondit-il avec un sourire sans humour. Les souvenirs sont là, mais ils sont trop confus pour que je les comprenne. Et je ne vais pas essayer de les démêler maintenant, ajouta-t-il calmement, cela risquerait de provoquer une autre crise.
Il redevint silencieux, son regard vague une fois encore, et le Lieutenant Noin décida de le laisser penser. Elle faisait confiance à ses capacités mentales. Et elle ne savait pas trop que demander.

* * *

Une revint, verre d'eau à la main, mais s'arrêta près de la porte, incertaine. Il lui fit signe de venir à son côté, et elle s'approcha à petits pas, son expression anxieuse et adoratrice à la fois. Gênée, Noin détourna le regard et sortit, et s'adossa au mur près de la porte. Ca semblait trop personnel pour qu'elle y assiste, mais elle ne pouvait s'éloigner plus que ça. Si Treize avait une crise maintenant, Une aurait besoin d'aide immédiatement.
Elle entendit Treize boire, un froissement de draps comme s'il se redressait lentement et difficilement dans son lit, et puis, après un moment de silence, sa voix basse et harmonieuse.
-Il y a quelque chose au fond de moi qui se bat pour sortir... et si je ne reste pas calme et en contrôle de moi-même à chaque instant, il me dévorera. J'ai besoin que vous restiez forte pour moi, Lady. Quand vous êtes en désarroi, je souffre aussi.
Otto et Noin échangèrent un regard de sympathie, aussi inconfortables l'un que l'autre, puis retournèrent à leur tentative de passer pour du papier peint.
-... Je comprends, murmura le Colonel de sa voix douce et presque timide. Je me maîtriserai mieux à l'avenir, monsieur.
-Je vous remercie.
Embarrassée, Noin s'éloigna en silence, restant hors de vue, et alla rejoindre Otto pour voir où il en était.
Deux minutes plus tard, la voix d'Une s'élevait, de nouveau autoritaire et froide.
-Lieutenant Noin, Lieutenant Otto. Général Kushrenada vous demande.
Il était en sueur, pâle et les mains imperceptiblement tremblantes, et bien qu'ils se soient habitués à le voir décoiffé quand il était inconscient, les deux Lieutenants ne purent s'empêcher d'échanger un rapide regard de surprise à la vue de ses mèches en bataille, trempées de sueur.
-Mon Général, vous semblez fatigué...
-Je me reposerai plus tard, trancha-t-il, fronçant les sourcils.
Plutôt que de provoquer son tempérament instable, ils acquiescèrent.
-Quelle est la situation ?
Ils lui expliquèrent tour à tour comment ils les avaient enlevé Zechs et lui, puis pourquoi la montée en influence de Commandants rivaux de Treize, dans OZ et d'autres groupes, l'avait rendue nécessaire. Sans Treize pour les forcer à le suivre ou à s'unir contre lui, ils commençaient à essayer d'échapper à son influence. Romafeller, qui avait été la maison mère de OZ avant la sécession, restait leur adversaire le plus inquiétant, mais des colonies comme de nombreuses régions du globe, des soldats, des mercenaires, des politiques venus de diverses classes sociales s'unissaient selon leurs intérêts pour faire valoir leurs propres revendications.
Fatigué, Treize ferma les yeux.
-... Au moins ils ne s'unissent pas contre nous.
Il pouvait déjà entrevoir le défi que ça serait de convaincre la plupart de ces partis, de ces factions de se ranger une fois encore sous la bannière d'OZ, et de détruire ceux qui n'accepteraient pas de se ranger à leurs côtés pour le bien commun, trop obnubilés par leurs intérêts propres pour se soucier des intérêt de la race humaine elle-même.
S'ils ne le suivaient pas, il les détruirait. Il était déjà résigné à faire le deuil des inévitables entêtés, mais ce n'était pas ça qui allait l'arrêter.

* * *

Ils continuèrent à discuter à voix basse pendant plusieurs minutes. Au début, Noin vérifia régulièrement qu'ils ne dérangeaient pas Zechs; il avait besoin de repos. Mais comme il ne bougeait pas, elle cessa de s'inquiéter.
Le grondement derrière elle la prit entièrement par surprise.
Otto fit volte-face, se plaçant entre les deux lits pour protéger Treize. Noin l'imita, plus lentement. Zechs s'était acculé contre le mur et tremblait, ses mains se crispant et se décrispant dans les draps. Comme à chaque crise, l'expression sur son visage n'avait plus rien de civilisé. Sa lèvre supérieure était retroussée en un rictus agressif et ses yeux étrécis. Pourtant on n'aurait pas cru qu'il pouvait réellement voir quoi que ce soit. Ses yeux paraissaient ... vides. Nulle trace de son intelligence, de son humour discret, de son éducation dans ces prunelles glacées.
Nulle trace de lui.
Il commença à s'agiter, donnant des coups de pieds pour se libérer des draps. Au début ils furent lents, endormis, mais Noin et Otto avaient fait l'expérience de ce genre de crises et en général elles finissaient par un déchaînement de violence aveugle et frénétique. Les premières fois, ils avaient essayé de l'attacher au lit pour le garder sous contrôle, mais ça ne faisait que rallonger les crises et les rendre encore bien pires, et que Zechs finisse par briser ses liens ou pas, il se débrouillait toujours pour se blesser avec les entraves. Le mieux à faire, avaient-ils découvert, c'était encore de s'écarter et de le laisser se calmer tout seul. Mais avec Treize lui aussi dans la pièce...
-Lieutenant Otto, poussez-vous.
Surpris, les deux Lieutenants jetèrent un coup d'œil derrière eux. Le Général était assis contre la tête du lit, fixant Merquise avec une intensité étonnante -- et peut-être pas tout à fait normale.
-Mon Général...
-Poussez-vous.
Il y avait un petit raclement rauque dans sa voix, et Otto se déplaça sans répondre, inquiet.
Treize ne dit rien pendant de longues minutes, se contentant d'observer. Noin ne savait plus à qui prêter attention, lui ou Zechs.
-Mes crises ressemblent-elles à ça? demanda-t-il finalement.
Il avait l'air si parfaitement détaché, on aurait pu croire qu'il parlait du temps qu'il faisait.
-Oui... mais elles sont en général plus courtes et moins fréquentes. Nous n'avons pas été capables de déterminer la raison de cette différence.
Sa voix, pourtant prudemment douce, déclencha un nouveau sursaut et un grondement menaçant de la part du blond. Les yeux de Zechs parcoururent la pièce sans s'arrêter sur rien, et il fronça les sourcils, comme s'il s'efforçait de percer du brouillard.
Ses yeux et ceux de Treize se rencontrèrent pendant une seconde, et elle eut l'impression que pour la première fois, Zechs avait vu. Ca ne dura pas malheureusement; deux secondes plus tard le blond en était de nouveau à gronder sourdement et à déchirer les draps qui le restreignaient.
-La fenêtre... Ouvrez-la.
Noin hésita.
-Mon Général, il fait froid...
Elle le vit étrécir les yeux, son expression hésiter juste entre agacé et féroce.
Elle alla ouvrir la porte-fenêtre.
Dehors, le soleil allait se coucher, et le ciel s'assombrissait déjà malgré l'heure pas si tardive. Elle laissa les volets juste entrouverts, pour que le reste de lumière ne dérange pas Zechs. Il était déjà suffisamment agité comme ça.
L'effet fut contraire à ce qu'elle avait craint. Zechs se calma vite, ses muscles tendus se relaxant. Il leva la tête, les yeux à demi-ouverts, toujours voilés, les narines palpitantes.
Treize l'observait en silence, pensif. Il fit signe à Noin de s'écarter de la porte-fenêtre, et elle recula lentement entre les deux lits.
Les grondements sourds s'échappant de la gorge du blond s'espacèrent puis disparurent.
-Ne le couvrez pas, conseilla le Général quand il vit Noin hésiter, une couverture en main. Rapprochez la couverture de lui, mais ne la mettez pas sur lui.
Elle se rapprocha prudemment, mais même si les yeux bleu clair de Zechs se tournèrent vers elle -- sans vraiment sembler la reconnaître comme toujours-- il se contenta de se tendre un peu, la laissant amonceler les couvertures tout autour de lui, comme une sorte de nid, sans protester davantage.
C'était étrange de voir un homme aussi grand, aussi large d'épaules que Zechs, se rouler en boule comme un enfant, comme un chat presque. Dérangeant, pas tellement pour la position elle-même, mais pour le naturel avec lequel ça semblait lui venir. Mais au moins il était calme. Peut-être que tout ce dont il avait besoin, c'était de ne pas se sentir prisonnier. Il n'était pas claustrophobe habituellement, mais ...
Finalement, il fut clair que la crise était passée, et quand Treize ferma les yeux et parut vouloir se reposer, Otto quitta la pièce sans bruit. Noin hésita longuement dans l'embrasure, puis finalement décida de laisser la porte entrouverte, juste au cas où. Une était assise sur le canapé, enroulant et déroulant l'une de ses nattes en chignon, et ne semblait pas vouloir reconnaître leur présence, ce qui convenait très bien à Noin.
La jeune femme s'assit à la table, se trouva un rapport de mission à lire, et finalement, laissa la quiétude du crépuscule la convaincre de se relaxer.
Le soleil disparut entièrement, le ciel se peignit de couleurs plus sombres, des roses et des violets somptueux, un petit vent frais courut dans la maison, et enfin elle s'immergea complètement dans son travail.
Et puis la lune se leva, et la situation tourna soudain au cauchemar.

* * * * * *

Elle secoua la tête et observa Zechs en silence alors qu'il échangeait des platitudes polies avec les autres officiers. Mis à part une fatigue chronique régressant lentement, il semblait parfaitement remis. Son apparence était exactement la même qu'avant; pas de zone de pilosité trop drue, pas de déformation musculaire ou osseuse; au contraire, au scanner, son avant-bras gauche ne montrait presque plus de trace de cette fracture datant de l'académie militaire, et les signes de stress que son cœur gardait après la crise cardiaque que le Tallgeese lui avait infligée s'étaient volatilisés. Il était en meilleure forme qu'avant. Mais elle ne pouvait accepter que c'était fini, que tout était rentré dans l'ordre.
Tout n'était pas rentré dans l'ordre, elle le savait; ils le savaient tous. Leurs sens étaient toujours hyperactifs, et ils avaient imperceptiblement changé.
Elle se rappellerait probablement toujours de la terreur qu'elle avait ressenti quand il s'était rué dehors à travers la fenêtre, trébuchant, rampant dans sa lutte désespérée pour atteindre la lisière de la forêt, qu'il avait commencé à se métamorphoser, masse de chair changeante, juste assez loin du chalet pour qu'elle ne puisse voir les détails les plus horribles et juste assez près pour qu'elle puisse les imaginer bien mieux qu'elle ne l'aurait voulu -- quand Kushrenada avait changé aussi, en pleine lumière cette fois, juste sur le porche -- quand Otto, Une et elle avaient dû faire face à la scène de cauchemar, à la manière impossible dont leurs corps se brisaient, fondaient pour mieux se reformer en quelque chose de totalement étranger. Elle se rappelait encore du goût acide dans sa gorge comme elle se retenait de vomir, des sanglots d'horreur étouffés d'Une...
Otto les avait tirées en arrière, à l'abri, et verrouillé la porte. Puis ils avaient entendu un hurlement de bête dans les bois, et, réalisant ce que c'était, Otto s'était effondré dans un coin et avait passé un bon quart d'heure à avoir une crise de nerfs. Noin s'était débrouillée pour n'avoir la sienne qu'après avoir barricadé toutes les issues.
Elle n'avait jamais imaginé que les monstres de légende puissent exister.
Mais le lendemain, l'homme nu endormi sous le balcon, c'était toujours Zechs... Sale, cheveux emmêlés, mais miraculeusement sain d'esprit.
Ou presque.
Parce que le coup de retrousser la lèvre quand quelqu'un se penchait sur lui ou lui disait quelque chose qu'il n'aimait pas, c'était un tic qu'il n'avait jamais eu avant.

* * *

L'infiltration fut plutôt facile, tout compte fait. Il neigeait légèrement, et la visibilité des gardes s'en trouvait considérablement réduite. De plus, les soldats étaient distraits par la conférence qui avait lieu en ce moment même, sachant que si quelque chose tournait mal ils devraient réagir très vite, et les deux factions passaient presque autant de temps à se regarder en chiens de faïence qu'à surveiller les alentours.
Au final, Trowa et Quatre n'eurent même pas besoin d'agresser qui que ce soit. Trowa, qui jouait les éclaireurs, fut aperçu deux fois tout au plus, et comme il portait son uniforme d'OZ et se déplaçait comme s'il savait parfaitement où il allait, personne ne pensa à l'arrêter.
Ca se passait bien trop aisément pour la tranquillité d'esprit de Quatre, en fait. Il espérait seulement que les plans d'urgence allaient suffire.

* * *

Le meeting traînait en longueur. Noin en avait marre, et pourtant tout ce qu'elle avait à faire, c'était de se tenir debout derrière Zechs, de surveiller les issues et les autres assistants, et de fournir documents et références demandés en cas de besoin. Ce qui arrivait très rarement parce que la mémoire de Zechs marchait très bien et qu'il se souvenait de ce qu'il voulait pour étayer ses arguments de lui-même.
Finalement, son homologue de Romafeller se leva, et elle soupira discrètement, soulagée. La fin du meeting?
Apparemment non, parce que maintenant ils en étaient de nouveau à échanger des platitudes polies et en apparence innocentes. Elle n'écouta pas; l'une des raisons pour lesquelles elle n'était jamais montée bien loin en grade était son manque total d'intérêt pour les politesses pleines de sous-entendus empoisonnés, qui était si nécessaire en politique.
Tant que Zechs avait pu se concentrer sur des décisions concrètes, il était resté parfaitement en contrôle, mais quand le Colonel ennemi se pencha vers lui avec un sourire faussement amical, tapota son épaule d'un air paternel et lui demanda avec sollicitude des nouvelles de sa santé, il gronda, sourdement. Noin sursauta. Il se tendait, comme s'il allait bondir. Ni lui, ni le Général Kushrenada, ni Une, Otto ou elle-même n'avaient réussi à déterminer à quel point l'animal restait présent durant les jours de lune décroissante, et elle avait espéré...
Noin se précipita à son côté sans avoir l'air trop urgent, lui touchant le bras, et lui demanda d'un air vaguement concerné:
-Toujours ce rhume?
C'était nul comme mensonge, mais elle ne pouvait penser à rien d'autre. Elle pouvait voir les officiers Rommies les regarder étrangement et ne put qu'espérer qu'il jouerait le jeu. Heureusement, Zechs se reprit vite, et se mit à tousser discrètement, comme s'il essayait de maîtriser une quinte. Coupant court aux usuels salamalecs de post-réunion, Noin les excusa auprès des officiers et le guida -- ou le traîna -- hors de la salle, chassant fermement hors de son esprit une vision de muscles se déchirant sous sa main, d'une gueule bardée de crocs se refermant soudain sur sa gorge. Otto les suivit, impavide, se plaçant de l'autre côté du Colonel à la seconde où la lourde porte se referma derrière eux.
-Zechs?
Il gronda encore, son visage se tordant lentement de colère. Otto et Noin échangèrent un regard alarmé, se demandant s'il fallait s'enfuir.
-Zechs, du calme. Quel est le problème? demanda-t-elle calmement, espérant rendormir ses instincts agressifs en faisant appel à sa raison.
Il ne répondit pas, les repoussant avant de s'avancer à grands pas le long du corridor, au bout duquel il tourna sans hésitation sur la gauche. Noin voulut le suivre, mais Otto la retint.
-Laissez-lui de l'espace, Lieutenant, conseilla-t-il.
Elle hocha la tête, catastrophée. C'était la première fois depuis la pleine lune qu'il... qu'il... subissait une... Une rechute. Voilà, une rechute, se dit-elle en le suivant de loin. C'était une maladie, une catastrophe même, mais pas une malédiction. Il était toujours l'homme qu'elle avait rencontré à l'Académie. Il avait juste un petit problème.
Un problème dont ils essayaient toujours de définir les limites et conditions. Un problème qui était probablement contagieux, et pouvait s'avérer mortel pour son entourage.
Otto lui donna une tape sur l'épaule et elle se tira de sa contemplation.
Sans les attendre, l'homme aux cheveux blonds s'avançait dans le dédale de couloirs à grands pas, comme suivant quelque chose. Il hésitait souvent aux intersections, mais, suivant des indices que Noin et Otto ne pouvaient discerner, retrouvait toujours le fil.
Finalement ils arrivèrent dans une salle de contrôle. Zechs enjamba les gardes assommés sans même les regarder; Otto vérifia qu'ils étaient vivants alors que Noin suivait leur supérieur à l'intérieur, son arme en main.
Zechs vérifia la salle, grondant encore une fois quand il aperçut un ordinateur juste en train de se remettre en mode veille.
-Ils sont partis.
-Tu es sûr? demanda Noin en finissant de vérifier les rangées de bureaux méthodiquement.
Zechs ouvrit la bouche comme pour la rabrouer vertement, mais la referma et secoua la tête. Noin sentit un nœud de tension se dénouer en elle; il revenait à la normale.
-Je suis sûr, affirma-t-il d'une voix toujours intense, mais plus aussi agressive. Je les sentirais.
-Pouvez-vous savoir depuis combien de temps ils sont partis? Demanda Otto calmement en les rejoignant.
Le blond secoua la tête, frustré.
-Pas bien longtemps...
Il soupira et, cédant à la frustration, donna un léger coup de poing dans le mur.
La grille d'aération se détacha du mur lentement et tomba sur le sol avec fracas. Tout au bout du tunnel, quelque chose qui aurait pu être un rat disparut au tournant. Sauf que c'était une chaussure.
-... Je vois ce que tu voulais dire, commenta Noin d'une voix étranglée avant de tendre la main pour déclencher l'alarme.

* * *

Trowa savait déjà que Quatre était un bon tacticien et un bon pilote, mais jusqu'à présent il n'avait pas pleinement apprécié le fait que Quatre était aussi un bon soldat. Oh, il savait que le blond pouvait très bien se débrouiller, mais l'ex-mercenaire ne pouvait jamais vraiment oublier qu'il avait été entraîné depuis l'enfance, alors que Quatre n'avait guère plus que deux ans d'expérience de combats en Mobile Suits, et bien moins que ça en infiltration.
Il fallait avouer une chose; quand il planifiait, sous une pluie de balles, une attaque que Trowa aurait jugée impossible, et qui non seulement détruirait plusieurs réservoirs de fuel et empêcherait une trentaine de soldats de les courser, mais en plus les emmèneraient tout droit à travers trois lignes de fortifications, ça ne se voyait pas.
Il fallait avouer aussi que d'escalader un Mobile Suit effondré en travers d'un mur coiffé de barbelés, c'était bien plus facile avec des coussinets qu'avec des bottes. Il pouvait entendre les soldats qui les avaient suivis jurer quand ils glissaient le long du métal pour se planter dans les congères.
Empêcher la transformation de continuer, c'était déjà plus difficile. Il laissa Quatre le traîner, comme Trowa l'avait traîné en haut du mobile suit, trébuchant dans la neige, le son de ses os craquant couvrant à peine les jurons du blond.
-Il faut que tu remettes tes chaussures, tu vas attraper des engelures, commenta Trowa entre ses dents serrées.
Quatre supportait très mal le froid, et la température était si basse que c'était déjà un miracle qu'il ne soit pas resté collé au mobile suit, coussinets sous les pieds ou pas. Ses pieds étaient déjà violacés.
Les pieds de Trowa étaient en bonne voie de devenir des pattes. Serrant les dents, il admit qu'il n'allait pas être capable de l'arrêter. Il se tortilla hors de ses vêtements tant bien que mal, laissant Quatre supporter la plus grande partie de son poids. Le blond ne lui jeta pas un coup d'œil, trop occupé à surveiller les alentours.
-Statut? demanda-t-il rapidement en l'entraînant dans l'ombre d'un tas de neige.
-Perte de contrôle. Pas blessé, répondit-il, à bout de souffle.
Il n'arrivait pas à baisser la fermeture éclair de son anorak. Le tissu était suffisamment résistant pour qu'il s'inquiète du résultat quand sa cage thoracique entamerait la transformation, et que les articulations de ses épaules changeraient d'angles.
Quatre dévala la pente escarpée d'une faille dans le glacier qui tenait lieu de sol, maintenant Trowa contre son flanc comme un paquet encombrant. Trowa retint son souffle et s'interdit de bouger, ne voulant pas compromettre le contrôle déjà précaire de Quatre sur leur glissade. Ils se retrouvèrent enterrés jusqu'à la taille dans une congère, dans l'ombre du glacier.
La pente continuait encore en dessous d'eux, formant un canyon. S'ils glissaient plus bas, ils seraient définitivement à l'abri des détecteurs infrarouges, mais ils auraient de grandes difficultés à remonter ensuite. Quatre traîna Trowa par le col vers un renfoncement dans la paroi et l'y poussa, lui assurant un terrain presque stable. C'était compliqué de se débattre dans la neige, mais au moins elle était dure et ils ne s'y enfonçaient pas trop.
Trowa lui fit un signe de tête en remerciement quand Quatre commença à l'aider à s'extirper de ses vêtements. Haletant, il ouvrit les yeux -- quand les avait-il fermés? -- et adressa à Quatre un petit sourire réconfortant. Le blond grimaçait en le voyant nu, à moitié dans la neige, les lèvres déjà bleues, mais la brûlure du froid ne dura pas, remplacée par le fourmillement de la fourrure perçant sa peau. Trowa se rendit vaguement compte qu'elle était plus épaisse que la dernière fois qu'il s'était transformé -- pas assez, loin s'en fallait, pour assurer une protection totale contre le froid polaire, mais toujours mieux que d'être nu. Pourvu qu'ils restent en mouvement, ça irait.
Il roula sur le côté, toujours haletant, laissant Quatre tirer ses vêtements à lui par à-coups, ne prenant pas la peine de s'extirper du trou que son propre poids creusait. Il ne risquait pas de tomber plus bas, et de toute manière, il avait trop mal pour être suffisamment coordonné. Il entendit le blond rouler ses affaires, probablement pour les attacher à son sac à dos. Au loin, des hélicoptères vrombissaient -- le choc sourd d'un mobile suit en marche, des bouts de glace crissant en dévalant la pente sous eux...
-Ca va?
Il se redressa lentement, se secouant.
-Hé, attention, Quatre protesta en souriant, levant un bras pour se protéger de la neige qu'il projetait hors de son pelage. Il portait l'anorak de Trowa en plus du sien.
Sur quatre pattes, c'était plus facile de se frayer un chemin, même si les conditions n'étaient toujours pas idéales. Ils restèrent à flanc de falaise, suivant la ravine. Des hélicos leurs passaient au-dessus, attendant qu'ils ressortent.
Le froid brûlait les sinus du loup, sec et mordant, mais il continuait à humer l'air, et finalement capta un courant d'air venant d'une autre direction que le canyon principal.
Il y avait une autre craquelure dans le glacier, presque perpendiculaire au canyon, sauf que des chutes de neige importantes s'étaient accumulées par-dessus, cachant la faille de la surface. Elle était étroite, et la neige semblait instable; Quatre et lui échangèrent un long regard avant de s'y engager prudemment.
Le "plafond" était bas; Quatre devait avancer courbé.
-Peut-être que je devrais me transformer aussi, murmura-t-il.
Trowa eut un reniflement dédaigneux et se concentra sur des images de sable, d'ondes de chaleur déformant l'air. Quatre grimaça, recevant le message clairement.
-Tu as raison, le guépard est probablement encore moins bien adapté que l'humain pour ce genre de terrain.
Ils continuèrent le long du tunnel secondaire, devant se tortiller et ramper plusieurs fois quand le passage rétrécissait, évitant à peine plusieurs chutes dans des crevasses -- et ce moment de terreur absolue où le plafond leur tomba dessus. Heureusement, ce n'était qu'un mètre de neige à peu près, et ils s'en extirpèrent relativement vite, mais après ça ils se méfièrent encore plus. Le terrain était très nettement instable, et la faible lumière qui filtrait à travers la glace n'était pas d'une grande aide.
Finalement, après des heures à ramper et tituber, le tunnel s'élargit et ils virent au-dessus d'eux une faille s'ouvrant vers la surface. Leur soulagement ne dura que jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que même en se redressant, Quatre ne pouvait pas toucher le plafond.
Grommelant, Trowa commença à creuser, repoussant des paquets de neige sous l'ouverture. Peut-être qu'en tassant bien, ça aiderait...
Ils se mirent au travail, gestes mécaniques, sentant à peine le froid. Trowa pouvait voir dans les mouvements lents de Quatre qu'il ne demandait rien de mieux que de s'asseoir juste une minute pour se reposer, mais ils savaient tous les deux que c'était une mauvaise idée.
Finalement, Trowa se roula sur le tas de neige pour le tasser, puis prit des appuis solides et attendit. Quatre le regarda pendant quelques secondes avait de comprendre.
-Oh. Marchepied. ... Okay.
Grimpant sur le dos du loup, il trouva des prises et se faufila à travers l'ouverture. Trowa se ramassa et bondit, ses griffes s'enfonçant dans la glace. Il sentit son support se briser sous son arrière-train et se démena pour grimper avant que tout s'effondre -- trop tard.
La main de Quatre se referma sur la fourrure de sa nuque et le tira vers le haut. Patinant désespérément, il se tortilla à travers l'ouverture et se jeta aussi loin de la faille que possible, Quatre se précipitant derrière lui. Deux secondes plus tard, la glace s'effondrait dans le tunnel.
Haletant, Quatre se laissa tomber sur les fesses, et jeta un coup d'œil aux alentours avant d'adresser un petit sourire épuisé à Trowa.
-Il va falloir te mettre au régime, toi.
Trowa gronda.
-Je plaisantais, l'assura Quatre, surpris, mais Trowa ne l'écoutait pas.
Il se jeta sur lui, le bousculant dans un tas de neige, juste à temps pour le dissimuler aux yeux du pilote de l'hélicoptère qui les survolait.

* * *

-Là!! Quelque chose bouge!! s'exclama l'un des hommes. L'espion!!
Le pilote fit virer son hélicoptère. Le jeune soldat pointait du doigt un renfoncement où une forme sombre se terrait, jubilant. Ils allaient attraper les espions! Ils seraient sûrement décorés, et...
-... Steve... C'est juste un clebs.
-... Oh.
Steve sembla se dégonfler comme un ballon.
-Qu'est-ce que ce satané clébard glande là, d'abord?! protesta-t-il, menaçant du poing l'animal accroupi dans la neige qui montrait les dents à l'hélicoptère, queue entre les pattes.
-Y a quelque chose sous lui...
-Un sac poubelle probablement. M'étonnerait pas qu'il vive sur les déchets de la base. Y a pas grand-chose d'autre à bouffer dans le coin.
-Je crois que c'est un loup, commenta leur camarade, un grand au crâne rasé, qui jusque là était resté silencieux.
-Je croyais que l'espèce était éteinte en liberté? s'étonna Steve.
-Qui serait assez barge pour aller les chercher au milieu de toute cette foutue neige? commenta le pilote, philosophe. Bon, on la terrorise, cette pauvre bête, on se barre.
Les deux soldats d'OZ, qui les accompagnaient en tant que guides, échangèrent un regard vaguement surpris, mais en raison de leur incapacité à piffrer les Rommies, négligèrent de leur mentionner que des loups bruns en Antarctique, c'était à peu près aussi fréquent que des pingouins dans le Sahara.

* * *

A la base, Otto tendit la main vers la radio et cliqua la petite fiche qui avait dirigé le son vers les haut-parleurs.
-... Un loup au bout de la piste...? murmura Noin lentement.
Soudain, le comportement de Zechs prenait sens. Vaguement.
-Quelle zone patrouillait cet hélicoptère? demanda-t-elle en se penchant par-dessus l'épaule d'Otto.
-Nord-Ouest. Je peux prévenir...
-Ce ne sera pas nécessaire, Lieutenant, lâcha Zechs à voix basse. Romafeller nous suivrait et je nous vois mal expliquer pourquoi nous trouvons un simple animal si fascinant.
-Mais, Zechs!! Il est...
... comme toi, ne dit-elle pas. Il aurait peut-être des réponses, des explications... et elle avait une envie folle de faire payer à quelqu'un ce que ces barbares avaient fait endurer à son ami, et à elle-même.
-C'est sûrement l'un des Cinq, commenta Otto en posant la main sur l'épaule de la jeune femme pour lui indiquer de se ressaisir. La coïncidence serait trop énorme.
-Si c'est le cas, trancha Merquise, nous finirons bien par les retrouver. Mais sans risquer d'avertir Romafeller, cette fois.
Le blond eut un sourire prédateur.
-Je peux attendre. Nos chemins finiront bien par se croiser à nouveau.

* * * * * *

Le retour à la cachette se fit lentement. Les soldats ennemis ne se décourageaient pas, sillonnant une large aire autour de la base, et souvent Quatre et Trowa durent se dissimuler dans des crevasses, voire même sous la neige, dans de petites cachettes rapidement creusées par le loup. Quatre ne le regrettait pas trop. Il était trop épuisé pour marcher longtemps.
Et puis, Trowa était chaud. La première fois ils furent tous les deux un peu gênés, mais au bout de la quatrième interruption, Quatre n'hésita plus à lui frotter vigoureusement les flancs, les dégelant un peu tous les deux, et à se pelotonner contre lui, soufflant gentiment sur ses coussinets qu'il réchauffait entre ses mains. Les pattes de Trowa étaient en lambeaux, déchirées par la glace, et Quatre ne pouvait pas dire si c'était pire que ses doigts de pieds, rouges et enflés à tel point qu'il songeait sérieusement à avancer sur les genoux. Enfin, c'était mieux que de ne plus les sentir du tout, supposait-il.
Enfin, des deux, il était quand même le plus mal en point, mais il mit un point d'honneur à ne pas le faire remarquer.
Finalement, après des tours et détours à n'en plus finir, ils arrivèrent à l'endroit où ils avaient laissé la motoneige. Trowa se retransforma -- dix minutes total, Quatre les passa à compter chaque seconde et à se demander s'il était trop épuisé pour réussir et ce qui se passerait s'il restait coincé entre deux formes.
Evidemment, Trowa agit exactement comme s'il n'était pas épuisé du tout et s'octroya d'office la place du conducteur. Quatre protesta, mais des bruits de moteur se firent entendre au loin et ils n'eurent plus le temps de discuter.
Le retour à la cabine leur prit quelques heures, mais ils s'éloignaient du territoire ennemi et Quatre faillit s'endormir contre son dos plusieurs fois, pas suffisamment fatigué pour ne pas être content de la proximité. Trowa ne semblait pas tendu ou agacé, et même s'il ne savait pas trop qu'en penser, Quatre décida d'apprécier le moment.
Ils avaient récupéré quand ils arrivèrent à la cabine. Les coupures sur les mains et les pieds de Trowa avaient même disparu. Ils expédièrent la nourriture qu'ils avaient emporté rapidement -- Trowa dévorait comme s'il n'avait pas mangé de la semaine; Quatre pensant qu'il y avait probablement un lien -- puis commencèrent à récupérer leurs affaires.
Quatre était en train de fourrer son sac de couchage dans son sac à dos quand Trowa, assis à la table en train de dévisser la radio, prit la parole.
-Merquise est un garou, lâcha-t-il pensivement.
Quatre se figea, son sac à dos à la main.
-Quoi? Zechs...
-Sentait le loup, confirma Trowa en continuant à démonter la radio.
Il la rangea rapidement, puis commença à rassembler ses affaires personnelles tandis que Quatre le fixait, stupéfait.
-Tu es sûr? Et ça n'était pas qu'il avait touché... okay, non, oublie ça, se coupa-t-il.
Quand il était transformé, son odorat n'était pas aussi bon que celui d'un canidé, mais quand même suffisant pour qu'il se rende compte qu'il y avait une différence entre une odeur qu'on porte et une odeur qu'on émet. Ce qui voulait dire que Trowa avait raison.
C'était une info de taille, même s'il ne savait pas quoi en faire.
-Mais comment -- le virus lycanthrope est extrêmement rare, commença le blond, fronçant les sourcils d'un air pensif. La plupart des garous hésiteraient à contaminer quelqu'un d'un si haut rang. Tout le monde le connaît, de plus il fait partie d'une organisation militaire, donc il subit sans doute des check-ups régulièrement. S'il était contaminé, ce serait une catastrophe pour les meutes. OZ a largement les moyens d'organiser des recherches pour retrouver la source de ce virus. Et -- il ne peut pas être né ainsi, ou bien miss Relena le serait aussi.
Trowa hocha la tête tout en enfournant ses habits dans son sac marin.
-Ce qui veut dire qu'il l'a probablement attrapée de l'un d'entre nous; la coïncidence serait trop énorme.
Quatre fronça les sourcils encore une fois.
-Selon Sally, le virus ne peut pas survivre à l'air libre plus de cinq minutes. Alors quand est-ce que l'un d'entre nous...
-Wufei, finirent-ils en même temps, échangeant un regard troublé.
-Peut-être qu'ils ont fait des prélèvements, commenta Trowa d'un air pas convaincu.
Quatre secoua la tête.
-Non; ils ne pouvaient pas savoir ce que ça allait donner; Wufei ne s'était encore jamais transformé. Son code génétique n'aurait donc pas exhibé la quadruple hélice. Je les vois mal injecter ça à leur précieux Zechs Merquise s'ils ne savaient même pas en quoi ça pouvait résulter.
Pensifs, ils se séparèrent, Trowa sortant pour démarrer leur véhicule et Quatre empaquetant les armes. Puis Quatre sortit à son tour, la mallette en main et son sac à dos sur l'épaule.
-Wufei ne nous a pas parlé d'un accident de ce genre, commenta Trowa en le dépassant pour retourner dans la cabane.
Quatre arrima solidement son sac au côté de la motoneige et attendit le retour de son camarade.
-C'est vrai... D'un autre côté, que savons-nous vraiment sur ce dont il se souvient de cette époque?
-On lui posera la question, répliqua Trowa en enfourchant la motoneige, finissant là la conversation.
-Hep là! Si ça ne te dérange pas, je conduis, protesta le blond en donnant une tape à l'épaule de son ami. J'ai été suffisamment ballotté comme un paquet aujourd'hui. En plus, j'ai plus hâte que toi de partir d'ici.
Amusé, Trowa glissa en arrière sur la selle, laissant à Quatre tout juste la place de s'asseoir.
-Tu sais, commenta le garçon aux yeux verts d'un ton moqueur, il fait plus froid à l'avant.
Quatre se contenta de lui tirer la langue. Pour une fois, le froid ne serait pas malvenu. Avec les bras de Trowa autour de sa taille et son corps plaqué contre le sien, il craignait déjà d'avoir bien trop chaud.


La suite dans un siècle ou deux. Reviewez si vous voulez. Chouinez à vos risques et périls.