Le Connaisseur

Auteur: Asuka Kureru (askerian at hormail.com)
Série: Gundam Wing
Notes: Ce fic est une réponse au challenge du quinze Mars 2004, ou plus précisément le challenge du jour 1x5x3x2x4.
... Je respecte pas l'ordre exact, au cas où. ^^;
Merci à Zania, Killraven et Joosetta. *câline ses épouses bien-aimées*
D'autres réponses au challenge sont archivées à www.Sweetlysour.net . On s'en fout si vous êtes en retard, écrivez-en une! ^____^

Duo vint à lui le premier, au début de la guerre. Il était curieux à propos des traditions Arabes et à propos de sa famille et la manière dont marchaient les magnétoscopes et une centaines d'autres choses. Il était effronté par ses mots et timide par ses actions. Il voulait être réconforté après l'autodestruction de Heero. Il voulait se sentir accepté, désiré, en sécurité. Il voulait ressentir un sentiment d'appartenance, faire partie d'un groupe encore une fois. Il avait peur qu'ils deviennent trop proches. Alors Quatre l'attira plus près, et quand Duo réalisa qu'il était piégé par ses sourires doux et ses gestes affectueux et sa chaude, honnêtes affection, il ne sut pas comment le combattre. Il s'enfuit; mais ensuite il revint. Il ressentait cette appartenance. Il appartenait à Quatre, et Quatre prenait soin de ses captifs avec amour. Duo était affamé d'amour. Après un moment, il cessa de le combattre, et s'autorisa à se relaxer.
La prise de Quatre sur Duo était douce, mais ferme. Même la mort ne le ferait pas lâcher prise. Il voulait Duo, pour le garder et le chérir. Il ne l'abandonnerait jamais. Duo n'avait pas une chance d'y résister.

Trowa aurait dû être plus facile malgré son attitude distante. Il était un soldat sans armée, un loup sans meute. Il était à la dérive, solitaire. Il était aussi engourdi presque tout entier en son cœur, sauf ce noyau de culpabilité et de tendresse et de regret d'une innocence perdue, ce noyau que Quatre avait entraperçu quand ils avaient joué ce duo.
Avec du temps, il se serait dégelé, aurait accepté la place que Quatre lui offrait à ses côtés, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Mais il y eut Zero, et il oublia Quatre, oublia la musique qu'il avait partagée, et perdit tous les murs qu'il avait érigés pour protéger son âme fragile entre-temps.
Il était juste un adolescent ordinaire quand Quatre le revit, des mois plus tard, perdu et effrayé. A l'enfant sans mémoire, Quatre offrit une amitié innocente et sa chaleur et combattit pour le convaincre que ça ne se reproduirait plus, qu'il garderait contrôle de lui-même et jamais ne le blesserait à nouveau, regagnant sa confiance en même temps qu'il se prouvait à lui-même qu'il en était digne.
Quand le mercenaire se réveilla, la confiance était restée, et ainsi Trowa s'autorisa à accepter la proposition, sans faire d'histoires.

Heero était un défi d'un certain côté, mais pas d'un autre. Le chemin qui menait à lui était clair pour Quatre. Mais c'était un chemin escarpé et glissant, dangereux.
Heero n'était pas compliqué. Ce qui le faisait tiquer était évident. Mais le rayon de l'explosion en retour devait être calculé soigneusement. Pour lui, Quatre ne pouvait utiliser les contacts amicaux qui avaient conquis Duo ou le silence pensif qu'il partageait avec Trowa. Heero était acéré et agressif, sa culpabilité et sa rage et ses tendances autodestructrices prudemment emprisonnées. Il n'autorisait personne à se rapprocher, préférant leur opposer un mur d'indifférence glacé avant qu'ils ne puissent entrer en contact avec sa colère sans cible et sa haine de lui-même, tous les brûlants, sombres et instables sentiments obscurcissant son cœur.
Alors Quatre força le passage.
Tout au fond, Heero ne voulait pas haïr qui que ce soit, mais il ne s'autorisait pas à ressentir autre chose, alors il se haïssait lui-même pour les sentiments qu'ils provoquaient en lui. Il cherchait à être parfait, mais il était loin de l'être. Il se détestait davantage. Il avait des remords pour ses échecs, pour les morts qu'il avait causées. Il voulait, avait besoin d'être puni, mais son idée de la punition idéale aurait été de mourir et il avait déjà essayé d'expier avec sa vie et n'avait pas réussi. Tout le monde l'admirait pour des choses qu'il voyait comme des tares ou l'évitait; ce qui était mérité mais ne l'aidait pas.
Alors Quatre le punit.
Il lui donna la douleur que Heero estimait mériter, et le réprimanda pour ses erreurs, et quand Heero explosa, concentrant sa haine sur lui, rageant contre les chaînes de gundanium, Quatre subit l'orage sans reculer. Il contrôlait la situation. Il punirait Heero s'il faisait encore des erreurs, et sévèrement. Mais il s'assurerait aussi que Heero sache comment éviter ces erreurs à l'avenir. Il lui dirait que faire pour éviter de tuer plus d'innocents, de faire du mal aux gens qui osaient l'admirer, l'aimer. Heero pouvait cesser de ressasser sa culpabilité maintenant, et relâcher cette tempête de douleur et de méfiance qui l'avait forcé à éviter les autres. Quatre le contrôlerait. Quatre était assez fort pour le contrôler, et assez bienveillant pour s'assurer qu'il ne serait pas utilisé à de mauvaises fins, qu'il ne dériverait pas vers l'obscurité.
Quand Heero s'abandonna finalement, il le fit sans réserves.

Wufei... Pendant longtemps Quatre pensa qu'il était une cause perdue. Il était souvent en retrait du groupe, et Quatre le voyait observer les dynamiques; c'était comme s'il comprenait qui tenait les rênes dans la bande, et faisait de tout son possible pour ne jamais se retrouver dans la sphère d'influence de Quatre. Mais il pouvait être subtil tout autant qu'il pouvait être violemment franc et Quatre ne trouva jamais un moyen de s'assurer que c'était volontaire. Wufei était son plus grand challenge, le seul qu'il pensait avoir une chance de perdre. Pas que ça l'empêche de chercher un angle d'attaque.
Et puis la guerre se termina et il disparut, et Quatre et ses compagnons pleurèrent la perte de leur cinquième, le solitaire qui avait refusé de prendre sa place dans leur groupe.
Quand ils le retrouvèrent, il était leur ennemi.
Ca leur fit du mal à tous. Heero reconnaissait les côtés les plus sombres de lui-même dans la rage à peine contrôlée de Wufei et son besoin de se venger sur un bouc émissaire. Duo se sentait trahi par un membre de son gang, lui qui avait déjà perdu deux familles. Trowa se contenta de prétendre que son amitié avec Wufei n'avait jamais existé. Il oublierait leur lien, mais ne pardonnerait jamais sa trahison. Quatre eut mal pour eux tous et plus. Il n'avait pas été prêt pour ça. Mais ça ne fit que renforcer sa résolution.
L'honneur de Wufei l'avait poussé à trouver un moyen de réparer les torts qu'il avait causés à Mariemeya et à fixer tout ce qui était toujours injuste dans ce monde soi-disant parfait qu'on leur avait promis. L'honneur de Wufei fut sa perte. C'était trop rigoureux pour qu'il puisse se cacher longtemps à quel point il s'était fourvoyé.
Quatre ne fit rien, se contentant d'attendre qu'il en vienne à la conclusion qu'il avait trahi les quatre personnes qui étaient toujours là pour lui pour courir après des rêves absurdes de justice absolue qui faisaient plus de mal que de bien aux gens qu'il était censé protéger. Il attendit, et quand Wufei eut fini de repayer ses erreurs et qu'il n'y eut plus rien à faire, plus de moyen de calmer sa culpabilité dévorante, il lui pardonna et l'accueillit. Duo comprenait le besoin de revanche et à quel point la route sur laquelle la vengeance menait était sombre. Heero comprenait la rage et le besoin de garder les gens qu'il pourrait aimer à distance de peur qu'ils se retrouvent comptés dans les dommages collatéraux. Trowa comprenait comme c'était difficile de faire face à des amis en tant qu'ennemis et de considérer ses convictions plus importantes que ses attachements personnels, et puis se rendre compte qu'on s'était trompé, qu'on avait trahi pour rien, et devoir continuer avec cette part de son histoire pour laquelle on se jugerait toujours coupable.
Quatre se contenta de lui pardonner. C'était assez.

Ce fut difficile au début. Chaque fois qu'il en conquérait un autre, c'était difficile, mais avec Wufei encore plus. Il leur avait échappé si longtemps, ils avaient une routine qui ne l'incluait pas; ça déséquilibrait les choses. Ca ne dérangeait pas Quatre. Ca gardait les choses intéressantes. Il n'allait laisser aucun d'eux partir, et finalement ses compagnons s'arrangèrent. Tout va comme sur des roulettes maintenant. Ils sont heureux.
Personne ne sait. Quatre ne le veut pas. Ils n'ont pas besoin de partager ça avec quiconque de toute manière, des étrangers ne comprendraient jamais. Ils savent à qui ils appartiennent, et c'est assez.

Maintenant Heero se tient debout derrière lui, sur sa gauche, pendant qu'il travaille à son bureau, le gardant fidèlement. Trowa est agenouillé à côté de sa chaise, la tête sur ses genoux, à demi endormi. Il le mérite après avoir joué de la musique jusqu'à ce que Quatre s'endorme hier soir. Les cheveux de Wufei sont libérés de sa queue de cheval douloureusement restrictive et il joue avec les longues mèches de Duo pendant qu'ils se reposent sur leurs coussins près de la cheminée, la peau bronzée de Wufei et ses muscles déliés un contraste étonnant avec le teint pâle, rosé de Duo et ses membres gracieux. Leurs colliers sont assortis.

Et Quatre sourit.