Warning!! Yaoï!! RELATIONS HOMOSEXUELLES, et pas qu'en tant qu'allusions cette fois! Scène de suggestive à presque Lemon là-dedans ! Public non averti, passez en vitesse!!!

Remarquez, quand on sait de qui est cette histoire et la vie de quel personnage du Cercle elle raconte...

  Cercle de Silence Hors Série: l'adolescence de Reiyel.

Asuka Kureru

* * *

Le nouvel amant de Jibriel s'interrompit en pleine action, coupé dans son élan. Celle-ci, étonnée et déçue, se redressa tant bien que mal, luttant pour s'extirper du canapé.
- Qu'est-ce qui te prend? demanda-t-elle. Ca ne va pas?
- C'est CA qui ne va pas, gronda-t-il en désignant le haut de l'escalier dans le fond du salon.
Entre deux barreaux, deux yeux inquisiteurs, d'un bleu intense et froid, brillaient dans le noir, apparemment très intéressés par leurs activités.
-Ah, ça m'a coupé, j'en ai marre de ton putain de gosse! Tu l'as pêché où, cet emmerdeur?
- Ben, souffla Jibriel, essayant de le calmer, c'est le démon qui m'a "déchue". C'est lui qui m'a foutue en cloque. Et quand je m'en suis rendue compte, il était mort, alors j'ai même pas pu l'engueuler.
- T'avais qu'à avorter, putain!!
-Mais je venais de sortir de la ville des anges pour la première fois, et là-bas, si tu savais comme un avortement est mal vu... Si j'avais su comme il m'emmerderait, je l'aurais fait, ajouta-t-elle en coulant un regard noir à Reiyel.
- N'empêche que tu l'as pas fait!! J'supporte plus ce merdeux, à chaque fois qu'on essaye de baiser, faut qu'il soit là à mater!! Pourquoi tu fais ça, p'tit con?!! demanda-t-il au jeune garçon.
-J'm'instruis! répondit-il en souriant d'un air moqueur.
- Et moi je m'casse, tu t'instruiras avec un autre!! Quand ce cloporte se sera tiré, peut-être que je reviendrai te voir, cria-t-il à Jibriel en tournant les talons.
L'ex-amant de Jibriel sortit en claquant la porte. Jibriel explosa.
- J'en ai marre, sale petit bâtard!!! Tu me casses tous mes coups!! J'vais te faire la peau!!
Elle fonça sur le jeune garçon, dans l'intention très nette de lui coller la raclée du siècle, mais celui-ci ne l'avait pas attendue, et il se précipita dans le grenier, qui lui servait de chambre. Il barricada la porte avec les restes d'un fauteuil qui avait connu des jours meilleurs avant même que Jibriel ne le récupère, puis bondit sur la fenêtre, et de là grimpa sur le toit aux tuiles glissantes, trébuchant plusieurs fois au bord du vide dans sa hâte à se mettre à l'abri. Il savait d'expérience que la porte ne tiendrait pas longtemps. Et cette fois, pas question de se laisser coincer. Il dut lutter contre son vertige pour gagner le surplomb de sa fenêtre, où il s'assit à califourchon. Un fracas incroyable lui apprit que le pauvre fauteuil avait rendu l'âme, puis Jibriel se précipita à la fenêtre, et se pencha vers le toit, sachant très bien que dans la pièce presque vide, il n'y avait pas la place de se cacher. Elle se tordit en arrière pour le voir, mais il était hors d'atteinte.
- Cette fois, je veux plus jamais te revoir!! T'as compris, sale bâtard?! Ne reviens jamais!!!
Reiyel se pencha par dessus le bord du toit.
- Gueule pas comme ça, tu vas te faire exploser les cordes vocales... Puis tu ferais bien de prendre garde, tu vas prendre froid!
En effet, elle ne s'était pas rhabillée. Les voisins la regardaient, stupéfaits, hurler à la fenêtre totalement à poil. Il se releva en vitesse pour échapper à la main qu'elle avait lancée vers lui, puis gagna le faîte du toit et se mit à y courir en équilibre, ses petites ailes aux plumes presque entièrement noires déployées pour l'aider à maintenir son équilibre. Le dernier souvenir qu'il emporta de sa mère fut celui d'une vieille mégère vociférant des injures, penchée à poil à sa fenêtre, ses ailes d'un blanc sale toutes déplumées.

* * *

Reiyel erra dans la rue une bonne partie de la nuit, ne sachant où aller, ni surtout comment faire pour obtenir de la nourriture. Il commençait en effet à avoir faim, et se rendait progressivement compte des trésors d'ingéniosité qu'il devrait déployer pour satisfaire ses plus humbles besoins. Il fit le bilan, et découvrit qu'il avait comme avantages, pour survivre seul, sa débrouillardise naturelle, sa jolie frimousse, son agilité, et comme désavantages, ses ailes de plumes dans une ville de démons, et son âge: il était en effet au début de la puberté, ce qui l'empêchait d'en imposer par son aspect, ou de se défendre grâce à des pouvoirs hypothétiques qu'il était trop jeune pour posséder. Hypothétiques car chez les métis ange-démon de première génération, il était possible que les deux magies, blanche et noire, si elles étaient de même niveau, s'annulent purement et simplement. Autrement dit, la bouffe, c'était pas gagné.

* * *

La jeune démone éclata de rire au compliment impudent de Reiyel sur sa poitrine avantageuse.
-Dis donc, t'as l'air d'un petit vicieux, toi! T'as quel âge?
-Cent vingt ans! ( à peu près quatorze ans... Ce qui était faux, Reiyel en avait trente de moins. C'est à dire douze et demie. Mais il fallait avouer que cela ne se voyait pas spécialement... Surtout pas à son regard.)
-Je me demande si t'es aussi doué en actes qu'en paroles...
-Je ne demande qu'à te le montrer! répliqua-t-il avec un sourire malicieux et plein de promesses.

* * *

Le lendemain, quand il se réveilla dans la petite maison abandonnée qui leur avait servi de refuge, il était seul. Mais il était heureux, car il avait eu deux choses qu'il n'avait pas la veille: une nuit au chaud et son dépucelage. C'était encore plus intéressant que ce qu'il croyait... Reiyel avait l'impression d'avoir eu la révélation de ce que serait le but de sa vie: tout apprendre, tout savoir, tout ressentir sur le plaisir qu'on pouvait tirer de son corps et de celui des autres. Il se jura de tout essayer dans ce domaine, déjà son domaine de prédilection. Reiyel se rendit compte du sourire stupide qu'il arborait en imaginant ce qu'il pourrait essayer la prochaine fois, et se secoua pour essayer de penser plus à une chose concernant davantage sa survie immédiate. Mais malgré tous ses efforts, il ne pouvait penser qu'à ce que la fille et lui avaient fait, et à ce qu'il aurait pu faire... A ce qu'il allait faire... Il roula sur le ventre en soupirant rêveusement. Ce faisant, un tintement le réveilla de ses songes. Une pièce d'argent roulait sur le sol, délogée de sa poche de chemise dont il s'était servi comme d'une couverture. L'attrapant par réflexe, il réfléchit quelques instants à cette manne miraculeuse et arriva à une conclusion rationnelle.
- C'est la fille qui me l'a donnée...? Chouette!

* * *

Et voici comment il débuta une longue et prometteuse carrière de gigolo.

* * *

Nous le retrouvons vingt ans plus tard ( treize ans et demi et quinze centimètres en plus), dans le quartier des nobles, à plat ventre sur un toit, près d'une fenêtre, en train de mater. Cette fenêtre donnait, en effet, sur quelque chose de passionnant pour lui: une salle de bains.
Occupée.
Le démon de pure souche qui se lavait sous ses yeux était absolument fascinant pour Reiyel. Il avait les cheveux blonds, très fins, qui lui fouettaient les reins. Son corps était parfait, un modèle à la fois de beauté virile et de grâce. Il avait des cornes très étranges, contournées comme celles d'une lyre qui ferait des boucles, très esthétiques. Des ailes à quatre doigts dont la peau fine et translucide semble douce... Et surtout, il n'avait pas de queue.Autrement dit pour Reiyel, rien pour boucher la vue...
Le démon se releva, saisit une serviette pour se sécher, et se retourna calmement pour jeter un coup d'œil à l'ange noir, comme s'il savait depuis le début qu'il était là... Et c'était sûrement le cas; il n'avait pas l'air d'un type qu'on pouvait surprendre dans le dos.
- T'es bien jeune pour mater, gamin... soupira-t-il d'une voix lasse en s'essuyant les jambes.
-Les bonnes choses, répondit Reiyel avec un clin d'œil, y a pas d'âge pour en profiter! T'es vraiment le mec le plus canon que j'ai jamais vu, soupira-t-il, admiratif.
-Et toi le gamin le plus culotté que j'aie jamais vu! s'exclama-t-il en commençant à se sécher les bras. Tu n'as pas peur de moi? demanda-t-il d'un ton légèrement étonné.
-Pourquoi? Tu veux me violer? Si c'est le cas, j'demande que ça, tu sais!
Le démon ne put s'empêcher d'éclater de rire, ses yeux bleu-vert si pâles et si froids se réchauffant brièvement.
-Mais non!! Mais ça ne plaît pas à tout le monde de découvrir qu'on le mate, et j'aurais pu réagir violemment...
-Et alors?
Le démon le regarda, très surpris.
-Tu ne sens pas ma puissance?
-Si, et c'est la puissance la plus remarquable que j'aie jamais sentit. T'es au moins un haut seigneur, si t'es pas même un archidémon. Mais j'm'en tape, c'est à ton cul qu' j'm'intéresse, pas à ta magie. Puis si tu m'avais tué, tant pis, j'aurais vu quelque chose de beau avant de mourir!
Le démon ne répondit pas, trop occupé à tenter de se sécher le dos, car la manœuvre était rendue difficile par ses ailes. Mais Reiyel avait la sensation très nette qu'il s'absorbait autant dans cette tâche pour éviter d'avoir à lui répondre.
Il sauta à terre, s'approcha du démon, lui prit la serviette des mains et commença à lui sécher le dos. Mais malgré un sursaut de surprise, le démon ne bougea pas, et se laissa finalement faire, rentrant même les ailes pour lui offrir un accès plus facile. Reiyel lui sécha donc le dos, puis les hanches, puis les fesses...
Le démon se crispa, et son dos s'arqua involontairement quand la main de Reiyel remplaça la serviette, et qu'il commença à explorer du bout des doigts l'endroit où l'intérieur de ses cuisses rencontrait la chair sensible de ses fesses. Il frissonna et saisit doucement la main de l'ange noir, et se retourna, lui lançant un regard impénétrable. Reiyel soutint son regard inexpressif, se demandant si le démon n'avait pas changé d'avis... Jusqu'à ce que celui-ci lui relève le menton du bout des doigts pour l'embrasser longuement.
Reiyel poussa un petit grognement satisfait et se suspendit au cou du démon, lui rendant son baiser avec fougue. Leurs lèvres et leurs langues se caressaient et s'affrontaient tour à tour pour gagner le contrôle du baiser. Reiyel était doué à ce petit jeu, mais le démon aux yeux pâles l'était plus que lui, et il avait davantage d'expérience; et il anticipait avec un pincement d'orgueil blessé et un frisson de plaisir le moment où il serait vaincu.
L'ange noir lui abandonna finalement le contrôle de leur étreinte, quand le blond glissa ses mains dans les cheveux de Reiyel et se mit à lui chatouiller le crâne, lui envoyant des frissons jusque dans le bas des reins. Il ne s'était pas attendu à ce que ça lui fasse un tel effet... Un des bras du démon se glissa autour de son torse, et il appuya Reiyel contre le mur, sans cesser d'explorer sa bouche, le faisant lutter pour reprendre son souffle.
Soudain, il le lâcha et s'écarta de lui, une main appuyée au mur à côté de sa tête. Reiyel fronça un sourcil, intrigué et un peu déçu. Il avait encore changé d'avis, ou quoi?
-Pourquoi tu t'arrêtes? lui demanda-t-il d'un ton qu'il voulait anodin mais où perçait quand même une petite touche de frustration.
-Pour rien... répliqua le démon en souriant malicieusement, tirant sur les lacets de la tunique de Reiyel.
Reiyel voulut l'aider, mais il repoussa sa main.
-Non, c'est moi qui te déshabille, gronda-t-il en lui mordillant l'oreille, le faisant gémir de surprise et de plaisir.
Il glissa ses doigts sous la tunique, caressant son torse dont la peau n'avait pas perdu encore le velouté de l'enfance, puis, faisant glisser ses mains vers ses épaules, il repoussa la tunique, la lui faisant tomber sur les bras. Reiyel devait se mordre les lèvres pour ne pas précipiter le mouvement, mort d'envie de se débarrasser de ses vêtements d'un geste et de se serrer contre le corps nu de l'autre, d'y faire courir ses mains... L'attente était une torture. Mais c'était une torture si agréable...
Le démon rit doucement, et Reiyel lui lança un coup d'œil surpris.
-Je devrais avoir honte, c'est de la pédophilie...
Reiyel ouvrit la bouche, vexé et prêt à lancer une réponse cinglante... Le démon l'embrassa longuement, profondément, et ne le relâcha que quand il fut à bout de souffle, jouant avec ses sensations comme un virtuose de son instrument. Il s'écarta encore, et, froidement, presque méprisant, il toisa le jeune garçon, l'observant, scrutant le moindre pouce de peau.
- Tu fais quoi? demanda Reiyel, agacé et vaguement humilié qu'il le traite comme un cheval au marché.
-Je t'imagines dans quelques années, répondit le démon d'un air gentiment moqueur.
-Et? demanda Reiyel en lui souriant d'un air tout aussi moqueur que le sien, voulant lui montrer qu'il ne le déstabiliserait pas ainsi.
-Et, répondit le démon... Je veux garder le contact. Tu seras sublime...
- C'est pas dans quelques années que j'ai envie de toi, c'est maintenant, râla Reiyel en tapant du pied - mince, se reprocha-t-il, l'autre allait penser qu'il était encore puéril, mais ce n'était pas de la gaminerie, c'était la frustration de voir ce corps parfait à quelques centimètres du sien et d'être tenu à distance par ce regard si froid...
-Vraiment? lui demanda le démon d'un ton condescendant, haussant un sourcil. Bon à savoir...
Reiyel se mordit la langue pour ne pas hurler de frustration. Il fronça les sourcils et s'empourpra, commençant à en avoir assez d'attendre que ce type glacé ne se décide...
Il se décida.
-Désolé, j'ai été méchant, murmura-t-il à son oreille, tout en l'enlaçant. J'arrête de jouer. Prêt à passer aux choses sérieuses, gamin? Reiyel réagit comme il l'avait espéré au défi dans sa voix. Il laissa tomber son pantalon et sa tunique en un tournemain, et se suspendit au cou du démon, enserrant sa taille entre ses jambes pour parvenir à hauteur de son cou. Il lui mordit l'épaule, et croisa ses chevilles derrière ses reins, l'étreignant violemment, caressant de tout son corps le corps de l'autre, frôlant du bout des ongles la colonne vertébrale du démon. Il alternait ses baisers humides avec des morsures et des caresses de sa langue, pressant l'autre de lui répondre enfin, de lui rendre ses caresses.
-Prends-moi...
Le démon aux longs cheveux de soie blonde ne se fit pas prier plus longtemps pour lui obéir.

* * *

Quelques heures plus tard, ils s'écartèrent de l'autre, encore haletants. Reiyel souriait de bonheur pur, radieux. Il venait d'apprendre: 1) qu'il lui restait encore énormément à apprendre sur le sexe (ce qui le rendait heureux de savoir qu'on lui réservait donc encore des surprises), et 2) que le démon ici présent pouvait déjà lui en enseigner une bonne partie.
-Pas mal pour un gosse, rit l'autre, essoufflé. Au fait, comment tu t'appelles? tu vaux la peine que je m'en souvienne...
-Reiyel.
-Quel clan? demanda-t-il en roulant sur le ventre pour se rapprocher du jeune garçon.
-Je sais pas... répondit l'ange noir en haussant les épaules. Ma mère est du clan Michaël, et mon père était démon des Glaces... -Métis, donc? A prédominance ange ou démon?
-Tu parles au physique ou au mental? rit l'ange noir. Parce que ça n'a rien à voir...
- Au physique, au mental je suis renseigné... répliqua le démon en suivant du bout des doigts la colonne vertébrale de Reiyel.
-Ange aux plumes noires, ronronna-t-il en arquant le dos sous la caresse.
-Ca a de la classe, décida l'autre en frôlant le lobe de l'oreille pointue du métis.
-Et toi, comment tu t'appelles? demanda Reiyel en inclinant la tête pour lui faciliter l'accès à ce point sensible.
-Tu ne le sais réellement pas? demanda le démon, surpris. Reiyel fit la moue.
-J'te l'ai dit, c'est à ton cul que je m'intéresse...
-Beli'yaâl, ou Bélial.
- L'archidémon? répondit le jeune garçon, légèrement étonné. J'savais pas que les archidémons baisaient aussi bien... Si les autres sont comme toi, j'vais peut-être essayer de m'en faire un autre!!
Il éclata de rire en apercevant l'expression offensée et jalouse de l'autre.
- T'inquiète, j'irai pas avant d'avoir épuisé tes connaissances... Et y en a pour un bout de temps! -Tu te fiches vraiment de tout sauf du cul, toi, hein?
-Oh que oui!! répliqua-t-il avec un grand éclat de rire, roulant sur le ventre pour s'appuyer sur le dos du démon, frôlant sa nuque de ses lèvres, mains prêtes à partir en exploration. Tiens, la preuve!

* * *

Dix ans après, Reiyel avait totalement oublié qu'il avait eu un jour peur de ne pas savoir où dormir. Sa réputation était devenue telle qu'il n'avait plus vraiment de problèmes à ce sujet... Chaque soir ou presque, il dormait dans un lit différent. Il était riche. Y a pas, ce travail, ça rapporte. Quoique pour lui, ce n'était pas un travail mais un plaisir. Même s'il n'avait jamais demandé d'argent à personne, il en avait plus qu'assez.
Mais il s'en fichait.
Ce qui l'intéressait dans sa réputation, c'était qu'elle lui ouvrait toutes les portes beaucoup plus facilement... Surtout les portes de chambres. Il avait connu beaucoup de gens différents, des deux sexes, démons, anges, fées, elfes noirs ou blancs... Presque tout ce qui était humanoïde, il connaissait, sauf les dragons.
Et, très régulièrement, il revoyait Bélial. Qui de jour en jour s'attachait plus à lui.
Mais ce jour-là, il était satisfait pour autre chose que du sexe. (Eh oui, ça lui arrivait; rarement, mais ça lui arrivait.) Son pouvoir venait de se révéler. Ténèbres et Glace, avec une pointe de magie blanche due à sa mère, mélange très inhabituel. Pour la glace, il n'était pas si étonné, même s'il n'avait jamais su quel avait, été le pouvoir de son père, il avait toujours eu des affinités avec la neige, et le froid ne le gênait jamais. Mais posséder à la fois une magie noire et une blanche, même aussi faible, voilà qui était franchement exceptionnel...
Il en était là de ses réflexions quand il se retrouva soudain bousculé par-derrière. Il fit volte-face, sur le qui-vive. Un énorme démon- bouc, très laid, au ventre énorme de buveur de bière confirmé, se tenait devant lui.
- C'est toi, enflure, qui as dépucelé ma fille!!! Mens pas, j'te r'connais!!!
- C'est tout à fait possible, je ne nie pas, répliqua Reiyel avec son grand sourire habituel. Elle ne doit pas te ressembler, je pense? Sinon, ça m'aurait sûrement beaucoup marqué...
-Tu t'fous d'moi?!! rugit le démon. J'VAIS TE TUER!!!!
Il agrippa Reiyel par les cheveux et le souleva du sol. La réaction du jeune garçon fut instinctive. De la fontaine à deux pas d'eux jaillirent soudain de grandes éclaboussures, qui à mi-chemin se transformèrent en éclats acérés de glace, et vinrent lacérer le visage du démon. Rugissant de douleur, il projeta violemment Reiyel sur un mur, puis saisit son visage ensanglanté à deux mains. Reiyel grogna sous la douleur dans son dos, et tenta vainement de se relever. Le démon se redressa, une main de sous laquelle suintait du sang plaquée sur sa figure. Lentement, il ôta sa main, et Reiyel constata avec un sursaut d'orgueil qu'il ne l'avait pas raté... L'œil était englué de sang, et définitivement clos. Le démon avança lentement vers lui, et Reiyel se sentit perdu. Il n'avait plus une goutte de pouvoir, il n'avait pas d'arme, il ne savait pas se battre...
Il serra les dents, secoua la tête, repoussant ses mèches en arrière, et tenta de se camper sur ses jambes, levant le menton avec défiance et un courage qu'il ne ressentait pas.
Et vit soudain se poser sur l'épaule du démon une lame d'une longueur impressionnante.
-Stop...
Celui qui venait de parler était sans doute l'un des modèles les plus étranges et les plus réussis du métissage ange-démon. Il avait des cheveux d'un noir bleuté, des yeux d'or aux pupilles rondes d'ange, des oreilles pointues de démon, pas de queue et les ailes les plus inhabituelles que Reiyel avait jamais vues. Elles avaient des doigts, comme un démon, mais elles n'étaient pas recouvertes de cuir mais de plumes d'un brun cuivré. Reiyel était absolument sûr de ne l'avoir jamais rencontré. Un beau gosse aussi étrange que celui-là, il s'en serait souvenu!!
-Casse-toi, gros lard. Tu devrais crever de honte de t'attaquer à un gamin.
-Un gamin?! Un GAMIN??!! Il était pas trop gamin quand il a dépucelé ma fille!!! Et elle était prêtresse vierge au temple!!
-Si elle s'est laissée faire, c'est qu'elle n'avait rien à foutre au temple. Elle devait avoir le feu au cul et elle a sauté sur l'occasion... Pour ta fille ou pas, tu es un lâche d'attaquer un type aussi jeune comme ça.
-Et toi, t'es pas lâche de m'attaquer par-derrière? réplique le démon, visiblement satisfait de sa répartie.
Le métis soupira d'un air fatigué et rengaina son épée. Le démon se retourna, ravi apparemment d'avoir trouvé un adversaire plus à sa hauteur, dédaignant Reiyel qui se terrait contre le mur sans les quitter des yeux. L'ange noir ne pensa pas une seconde à en profiter pour disparaître, fasciné par ce guerrier inconnu qui se battait pour lui... Oui, il allait se battre, même sans son épée... Et Reiyel connaissait assez bien les hommes pour dire que même s'il ne dégageait aucune magie, il était trop sûr de lui pour risquer quelque chose.
-Tu aurais mieux fait de te taire, annonça le métis d'on ton froid. Je t'aurais épargné. Je ne t'attaquais pas, je te retenais juste. Mais il ne sera jamais dit que Killian du clan Astaroth aura laissé quelqu'un le traiter impunément de lâche.
En entendant le nom, le démon- bouc se figea. Mais il n'eut pas le temps de reculer. Brusquement, et sans effort apparent, le métis passa sa main à travers son torse. Reiyel ne l'avait pas vu se préparer à l'attaque. Le gros lard tomba lentement, éclaboussant le sol de son sang. Le métis lâcha le cœur, qui tomba sur les pavés avec un "floc!" en tapissant la rue d'un liquide écarlate.
- T'as quel âge, gamin? demanda le métis en se retournant vers Reiyel, qui venait de se relever. -Cent cinquante-deux, lâcha laconiquement l'ange noir. Reiyel n'appréciait pas vraiment qu'on le traite de gamin, mais ce type l'avait sauvé, il n'allait pas l'engueuler. Et Reiyel avait déjà entendu parler de lui dans quelques-unes des tavernes où il lui arrivait de se glisser. C'était un mercenaire très connu, avec une réputation... De sans pitié, justement, comme l'indiquait son surnom, que, comme la tradition voulait, il ne s'était pas choisi. L'ange noir comprenait, cependant. C'était un fait connu que Killian des Astaroth ne possédait pas de magie. C'était un fait bien plus connu qu'il était suffisamment dangereux, à mains nues comme avec n'importe quelle arme, pour ne pas en avoir vraiment besoin, et si les gens avaient fini par retenir le deuxième fait plus que le premier, ce n'était pas parce que le métis avait pris l'habitude de laisser les gens le traiter comme une carpette.
De plus il ne tenait pas vraiment à contrarier un type qui avait du sang jusqu'au coude, aussi il ne le rectifia pas, lâchant juste un petit "merci."
-De rien... réplique le métis avec un haussement d'épaule. Ca va? ajouta-t-il après quelques secondes, comme en arrière-pensée.
Reiyel ne répondit pas, se contentant de hocher la tête, encore étourdi. Il se redressa et chassa une mèche de son nez en soufflant dessus, comme à son habitude, tic qu'il avait depuis que ses cheveux étaient assez longs pour atteindre son nez.
Killian s'immobilisa, le considérant fixement pendant une bonne minute. Reiyel se crispa légèrement, se demandant ce qu'il avait fait encore.
-Tu me rappelles quelqu'un... murmura le métis.
Il saisit le menton de Reiyel entre ses doigts et le tourna vers la lumière, l'observant.
-Je ne m'étais pas trompé, dit-il en aparté après quelques minutes. Aras...
-Ah, je crois que vous connaissiez mon géniteur, répliqua Reiyel, qui venait de comprendre la raison du comportement du métis. Vous en savez sûrement plus que moi, ajouta-t-il avec un haussement d'épaule.
Le métis ne répondit pas, le fixant, toujours aussi sérieux. Il n'avait pas l'air en colère, mais il n'avait pas l'air non plus d'être ne serait-ce que vaguement amusé par l'effort de Reiyel de mettre de l'humour dans la situation. Reiyel se demanda ce qu'il allait faire à présent... A ce qu'il avait vaguement compris des récriminations de sa mère, son père était très loin de n'avoir que des amis. Si ça se trouvait, ce type...
-Je peux vous demander comment vous l'avez connu?
-On était frères de sang.
Reiyel cligna des yeux. Les serments scellés dans le sang étaient honorés et respectés de partout, même et surtout à Pandémonium. Ils étaient le plus rare type de serment, le genre de promesse dont seule la mort empêche l'accomplissement. Un pacte de frères de sang liait deux personnes ensemble encore plus étroitement que si elles étaient nées dans la même famille, puisque c'était un choix. Dans ce monde où le chacun pour soi et les siens était la règle en vigueur, un frère de sang était la seule personne au monde en qui vous pouviez avoir confiance pour faire passer vos intérêts avant les siens, vous conseiller franchement et sans arrière-pensées, vous aider en cas de besoin, quelquefois même donner sa vie pour vous protéger. En s'adoptant mutuellement, les gens qui signaient ce pacte devenaient encore plus proches que s'ils étaient fils du même clan, adoptant par la même occasion les alliances et les ennemis de leur frère avec tout le reste.
-Vous êtes mon oncle alors?
-Ne me vouvoie pas, ordonna l'homme, sans inflexion. Il semblerait, ajouta-t-il en considérant Reiyel pensivement.
Ce n'était pas pour ça que l'ange noir pensait que l'homme aurait une quelconque obligation envers lui. Des bâtards, il en naissait partout, et son père ne l'avait jamais reconnu. Il avait probablement des centaines de bâtards un peu partout; Reiyel n'était qu'un parmi d'autres demi-frères et sœurs qu'il ne connaîtrait jamais. Mais bon, ca pourrait être intéressant. Il n'avait jamais été vraiment curieux à propos de son géniteur, mais puisqu'il avait l'occasion d'en savoir plus, autant en profiter. Ce n'était pas comme si il avait imaginé l'homme d'une certaine manière et risquait d'être mortellement déçu d'être détrompé...
-Ta mère? demanda Killian brusquement, le coupant dans ses réflexions.
-Elle m'a foutu dehors à quatre-vingt dix ans. J'me débrouille seul.
Killian se tut, réfléchissant un instant avant de faire part à Reiyel de sa décision.
- Ashriel va me tuer si je te ramène pas à la maison... Allez, suis-moi.
L'ange noir cligna des yeux et ouvrit la bouche, mais finalement ne dit rien. Il avait envie d'en savoir plus après tout, quand il se débrouillait pour se foutre dans les emmerdes il s'en était toujours tiré, et puis il n'avait pas l'impression que Killian avait l'intention de lui faire du mal. L'homme disait qu'il avait été le frère de sang de son père après tout, et vue la réputation qu'il avait, Reiyel doutait qu'il soit un menteur. Il avait trop l'air de se foutre de ce que les gens pensaient de lui pour apprendre à mentir d'une manière aussi convaincante. Et puis Killian n'avait pas eu l'air de lui demander son avis. Ils marchèrent en silence quelques instants, vers le quartier des Astaroth.
- C'est qui Ashriel? demanda-t-il au bout d'un quart d'heure, sa curiosité finalement dépassant son instinct de survie.
-La mère de mes gosses. Ca fait bien trois cent ans qu'on vit ensemble...
Record inégalé chez les démons, à la connaissance de Reiyel...
-Mon père la connaissait?
Killian renifla d'un air moqueur et eut un minuscule demi-sourire.
-Ca, pour la connaître... Je ne te raconterai pas le nombre de fois qu'il a essayé de se la faire et qu'elle a dû le soigner...
-Tu le frappais?
- J'avais pas besoin, répliqua Killian, souriant à présent franchement. C'est une sacrée bonne femme, mon Ashriel, et puis, elle est à demi démone du feu. Elle n'a besoin de personne pour se défendre... Mais je vais pas t'embêter avec ces commérages sur ton vieux...
-Ca m'embête pas, au contraire... dit Reiyel avec un sourire heureux, ravi d'en savoir plus sur ses origines. Tout ce que je sais sur mon père, c'est que je lui ressemble beaucoup trop... Et en général, quand ma mère lâchait ce genre d'information, c'était pas pour me faire un compliment. J'aimerais bien en savoir plus, si ça te fait rien...
-Oh... Il était... Bagarreur, et puis, avec une manière de lancer des vannes qui te faisait rentrer sous terre n'importe qui, répondit l'homme avec un discret sourire nostalgique. C'était un démon des Glaces. Tourné entièrement vers le froid et les Ténèbres, et de niveau haute noblesse, quand il pensait à s'appliquer...
-De quoi il avait l'air? le relança Reiyel quand il vit que le métis laissait le silence retomber.
-Toi adulte avec de la barbe et des ailes de cuir noires, et trois cornes sur le front, répliqua Killian en souriant d'un air moqueur. Il était "aventurier", tu vois le genre...
-Bandit de grand chemin, quoi? rigola Reiyel, amusé.
Ce n'était pas comme s'il s'était attendu à ce que son paternel ait été un modèle de droiture. Et s'il l'avait été, l'ange noir aurait bien rigolé.
-Ouais. Il était toujours en vadrouille dans les terres du Nord, les steppes, les déserts de glace, les montagnes aux Blanches Cimes... mais quand on l'avait rencontré une fois, on ne l'oubliait pas de sitôt. Et puis, il avait une petite ressemblance de caractère avec toi, d'après ce que j'ai entendu de ta dispute avec l'autre... Il était complètement obsédé du cul. Il pensait presque qu'à ça, mis à part se bastonner et gagner du fric pour se payer de l'alcool. C'était son passe-temps favori... Surtout pervertir les innocents. Je crois que c'était ça qui l'avait amusé avec ta mère, elle était vraiment coincée quand il l'a ramenée, tu sais...
Reiyel ricana.
-Elle a vachement changé alors!! Je crois que je l'aurais bien aimé ce gars-là, ajouta-t-il toujours riant.
-Il avait un autre compagnon quand je l'ai rencontré, c'était un Berserker, un garou métis d'ange avec un pouvoir de flammes.
-Whoa. Sans rire? Comment il a réussi à devenir pote avec lui?
-Me demande pas, j'en sais rien, je sais même pas comment il a fait pour survivre à leur première rencontre. Enfin c'est vrai que pour un Berserker, le Shaman était très calme...
-Attends, tu veux dire que mon père, c'était cet Aras-là?! s'exclama Reiyel, incrédule.
Aras et le Shaman avaient été l'un des plus fameux duos d'aventuriers des siècles derniers, leur réputation encore supérieure à celle de Killian lui-même.
-Pourquoi je te mentirais? Ton père était vraiment très proche de Reiyel... ajouta-t-il en voyant Reiyel baisser la tête, ennuyé de n'avoir pas su tenir sa langue.
-Hein? demanda l'ange noir, pensant avoir mal entendu.
-Le Shaman, expliqua Killian, c'était un surnom, son vrai nom c'était Reiyel. Pourquoi? L'adolescent écarquilla les yeux.
-Sans rire? C'est le mien aussi...
-Je vois... Bizarre que ta mère t'ait baptisé comme ça, surtout qu'il est mort avant ta naissance?
Reiyel haussa les épaules. Il n'avait aucune idée de la manière dont il s'était retrouvé avec le nom du Shaman. Mais ce n'était pas assez courant pour être une coïncidence.

* * *

Quand ils arrivèrent à la maison de Killian, Reiyel ne s'était pas rendu compte que c'était la première fois qu'il passait une demi-heure suspendu aux lèvre d'un type de cette manière-là.

* * *

A peine présenté, Reiyel fut jugé, inspecté, examiné sous tous les angles par Ashriel. Elle avait paru tellement inquiète en apprenant qu'il venait de se faire agresser et qu'il vivait seul qu'elle avait refusé de le laisser avant d'être sûre qu'il allait bien. Elle cherchait des traces de mauvais traitement ou de malnutrition autant que des blessures, mais mis à part le bleu que lui avait fait l'autre, Reiyel ne portait aucune marque. Soulagée, elle lui indiqua en souriant la table, où elle l'assit avant de filer à la cuisine pour lui chercher de quoi manger. Il sentit une bouffée soudaine et complètement inattendue d'émotion lui nouer la gorge. Elle s'inquiétait pour lui, elle qui n'était pas sa mère, et encore moins une de ses clientes... Elle lui lança un sourire affectueux en déposant l'assiette face à lui.
-Tu voudras rester chez nous? On a de la place, et plus qu'assez d'argent pour nous occuper d'un troisième enfant, tu sais...
On aurait pu battre Reiyel à mort qu'il n'aurait pas perdu son sourire moqueur, mais il se sentit pourtant sur le point de pleurer.
-Je me débrouille tout seul depuis longtemps, vous savez... Le vouvoiement lui avait échappé, lui qui tutoyait les Archidémons.
- J'ai de l'argent. Plus qu'assez.
-Tu le gagnes comment? demanda Killian d'un air soupçonneux.
-Je ne le vole pas!! s'exclama Reiyel, vexé du sous-entendu. J'en demande même pas, mais on m'en donne spontanément, je ne vais pas insulter en refusant !... Surtout que j'ai quand même besoin de manger...
-On t'en DONNE?! Qui ça? s'étonna Killian, stupéfait et incrédule.
C'était la première fois que Reiyel n'était pas très fier de ce qu'il faisait.
- Ben... Mes...Mes amants. C'est pour ça que j'ai pas vraiment besoin d'une maison à moi, j'en change souvent...
-Autrement dit, demande lentement le métis, tu es gigolo?
-Oui, et j'aime ça, répondit-il posément à Killian.
Ashriel parut effarée, mais elle ne fit aucun commentaire, avertie par le sérieux de son ton de sa susceptibilité en ce domaine.
-Eh bien, si tu veux, ma proposition de dormir ici quand tu veux tient toujours...
Même si sa gorge ne lui jouait pas encore des tours, Reiyel n'aurait pas eu le temps de répondre.
-'Man, c'est qui le garçon à plumes noires?
Le petit garçon d'environ soixante-dix ans (neuf ans) avait l'air maussade de quelqu'un qui vient d'être réveillé dans sa sieste et tient à ce que cela se sache. Ses yeux aux pupilles ovales étaient dorés, ses cheveux rouge sang, ses oreilles pointues et ses canines aussi saillantes que celles d'un jeune chiot. C'était un parfait démon qui ne portait aucun signe de métissage.
-Reiyel, déclara Ashriel, je te présente notre fils, Ashram.
- C'est marrant, il n'a hérité que du démon!! rit l'ange noir, heureux de cette occasion de détourner la conversation.
- T'as rien vu... déclara le gosse en le toisant. URIEEEEL!!! DESCEND!!
Un petit ange aux ailes en duvet, du même âge qu'Ashram, apparut par la porte qui menait à l'étage. Il avait les cheveux bleu très clair, les yeux argentés aux pupilles rondes. Il regarda Reiyel en se cachant derrière son frère, intimidé, puis s'approcha lentement, et lui demanda d'une voix douce:
-Bonjour, qui tu es? Il fallut à Reiyel quelques secondes pour se sortir de sa surprise.
-Je m'appelle Reiyel, je suis un cousin.Vous êtes vraiment frères? Un ange et un démon, c'est marrant!!
-On est jumeaux, répondit le petit Ashram avec un soupir ennuyé qui indiquait qu'il répondait pour la énième fois à cette question. Celui-là avait l'air d'avoir le caractère qui correspondait à son apparence...
-Kestufélà? On savait pas qu'on avait un cousin...
-Je le savais pas non plus, répondit Reiyel en haussant les épaules.
-Tu vas rester? demanda Uriel, ses grands yeux d'argent exprimant un espoir incertain.
Avant qu'il ait eu le temps de répondre, ils se mirent à crier en chœur, improvisant autour de lui une danse sauvage:
-Reste!!! Reste!! S'teu pléééééé!!!
-Allez!! cria Ashram. Uriel, il sait pas jouer à la guerre, il m'embête!!! Tu sais toi, hein? Dis!!
Uriel continua:
- S'il te plaît!! Ca ferait comme un grand frère, ça serait bien! Et puis, tu serais pas tout seul, j'aime pas savoir qu'il y a des enfants tout seuls...
Grand frère. Pas seul. Pour un peu, il se jetterait sur ce gosse pour le bâillonner. S'il continue à lui dire des chose comme ça, il va vraiment pleurer...
-Ben... Il doit s'éclaircir la gorge avant de continuer. Les gamins le regardent, pleins d'espoir.
-Je pense pas que j'aimerais ça, de vivre toujours au même endroit, mais... Je vais rester quelques jours, et puis je viendrai très souvent pour vous voir, d'accord?
-Ouais!!! Ils recommencent leur danse, l'entraînant à leur suite.

* * *

Reiyel vient de se trouver une famille. Il en est aussi heureux que quand il a connu Bélial. Et plus surpris.